« Au cœur de ce qui s’annonce aujourd’hui comme une révolution romantique, nous sommes en droit de nous interroger : pourquoi faudrait-il faire table rase de notre héritage amoureux ? » Pour en débattre dans l’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut ce 24 février Victoire Tuaillon Productrice du podcast « Les Couilles sur la Table », et Noémie Halioua Journaliste et essayiste. Des réactions d’auditeurs à lire ici :
Quelle magnifique émission ! Quel riche débat ! Merci Alain Finkielkraut pour cette pépite, vous avez été très mesuré même si je vous sentais bouillonner !
Ce qui m’intéresse dans vos émissions, Monsieur Alain Finkielkraut, ce sont vos prises de position pour lesquelles d’ailleurs il m’arrive de ne pas toujours être d’accord, mais qui mènent toujours vers un débat qu’on qualifierait dans les milieux « autorisés » de très constructif.
J’écoute avec un grand intérêt votre émission de ce matin, « Faut-il réinventer l’amour », notamment Victoire Tuallion. Ce qui me heurte en premier lieu dans son discours, c’est son agressivité constante. Ne rechercherait-elle pas à remplacer le verbe « aimer », qui définit le plus beau des sentiments, par « baiser », qui est d’une trivialité trop souvent insupportable, provoquant ainsi les réactions de Noémie Halioua qui voudrait retrouver sous les draps, les plaisirs de la découverte de l’autre, de l’attente, dont certains, certaines disent que c’est le meilleur moment, de l’adrénaline, de l’inconnu et du risque. Car il y a parfois (et plus souvent qu’on ne le pense, surtout de nos jours), des hommes qui ne « concluent », qui s’abandonnent trop vite et qui ne « tabassent » pas pour autant, sa ou son partenaire. Échanges qui auraient conduire au crêpage de chignons, mais vous avez su l’éviter.
Les slogans, l’usage excessif de statistiques, les harangues, les appels à la vengeance n’ont jamais contribué aux combats des féministes, combats légitimes, mais bafoués par ces excès.
D’ailleurs, en énumérant des statistiques, je n’entendais pas ceux qu’une actualité diffuse en ce moment : la baisse de la natalité, les jeunes qui font de moins en moins l’amour, et les nouvelles formes de réseaux qui organisent les rencontres minutées. Des séries télévisées produites et animées par des femmes qui organisent des rencontres souvent les plus improbables…
Les mentalités changent, c’est une évidence, aidées justement par la littérature, les films, les séries dans lesquelles le « cahier des charges » inclue un équilibre dans les gouvernances homme-femme, une bonne répartition des hétéros, homos, transgenres… et c’est très bien, ça aide pour ces combats. Plus efficace d’ailleurs qu’un « wokisme » mal défini.
Nier le présent pour vouloir retenir un passé et justifier ainsi des combats pour définir les hommes comme des brutes me semble un combat perdu d’avance.
Très intéressant le sujet du débat et très encourageant qu’il y ait de nouvelles façons de voir les rapports humains. Par contre, parler de féminisme en disqualifiant une autre femme qui ne partage pas nos vues me semble une énorme contradiction, intéressante à en suivre les traces, d’autre part. À mon avis, les femmes en premier, devons-nous montrer mutuellement le respect qui nous est dû. Je doute que l’on puisse aller très loin dans cette aventure si on manque de cette base.
La dernière émission d’Alain Finkielkraut « Répliques » avait pour thème l’amour. Je trouve souvent de l’intérêt à cette émission qui donne une place affirmée au débat.
Deux femmes confrontaient « leur » version de l’amour. La première plutôt véhémente, auteur d’un blog intitulé « les couilles sur la table » en tenait pour la statistique et les données sociologiques. Elle voyait dans la lutte contre les meurtres des femmes par leur conjoint ou leur amant le principe même de toute lutte visant à la disparition de la violence entre les sexes ou plutôt de la violence des hommes envers les femmes. La seconde et, sans surprise avec le soutien d’Alain Finkielkraut, se référait plutôt à la littérature et aux mille et un détours que le sentiment amoureux peut prendre au cours de la vie.
Un psychanalyste, s’il ne peut négliger la dimension sociologique et participer en tant que citoyen à une évolution positive des inégalités existantes est certainement conduit à porter davantage son attention sur ce que la littérature autant que les expériences vécues par ses patients peuvent lui apporter et en ce domaine les surprises ne manquent pas. Le constat est cependant sans appel : la violence est une affaire également partagée entre les hommes et les femmes même si la violence physique est de fait l’affaire des hommes. Et Freud ne s’y trompe pas qui voit cette violence au cœur même de l’être humain.
J’en serai resté là si au décours de cet affrontement il n’avait été question des contes de fées et en particulier de celui de « La belle au bois dormant » dont j’appris que certaines parmi les « néo féministes » considéraient le réveil comme un viol et le fait de raconter cette histoire aux enfants une forme de modélisation des relations sexuelles entre les hommes et les femmes.
Dans un premier temps cette interprétation m’a interpellé et je me suis replongé dans le livre que Bruno Bettelheim a consacré aux contes de fées. Il traite évidemment de beaucoup de contes et ne néglige pas celui de la Belle au bois dormant. Il y voit une illustration du temps de latence nécessaire à la maturation affective de l’adolescent – garçon et fille ce que Dolto appelle la période de la mue du Homard-et répond par avance à la critique que je venais d’entendre, même s’il ne néglige pas les différentes versions de l’histoire dans lesquelles initialement c’est bien non d’un baiser mais à la suite un rapport sexuel non consenti – voir ayant pour conséquence la naissance de jumeaux que s’éveille la Belle.
Il écrit ainsi : « Dans les contes de fées, les personnages des deux sexes apparaissent dans les mêmes rôles ; Dans la Belle au bois dormant, c’est le prince qui observe la belle endormie, mais dans Cupidon et psyché, et dans les nombreux contes qui en dérivent, c’est Psyché qui surprend Cupidon dans son sommeil, et qui, comme le prince, s’émerveille de cette beauté qui lui appartient ».
Pour ma part ce qui me frappe plutôt c’est la dimension passive qui est ici attribuée à la Belle. Elle n’a aucun désir et à l’instar de la Vierge (Bettelheim souligne l’influence de la religion catholique sur les contes) n’éprouve aucun plaisir lors de la relation sexuelle (elle ne pêche donc pas). Cette dimension de la femme comme n’ayant aucun désir sexuel et aucun plaisir sexuel a profondément marqué les esprits cela ne fait aucun doute. Elle ne fait que subir le désir de l’homme l’acceptant comme une fatalité pour seul but de garder le mari qui sinon irait voir ailleurs et donc pêcherait et aussi, bien entendu, de faire d’elle une mère. C’est bien me semble-t-il cette conception qui est au cœur du conte et il me semble qu’aujourd’hui cette non-passivité, cette affirmation d’un désir sexuel actif, du plaisir recherché lors de la relation sexuelle est pour les femmes est la véritable révolution pour les hommes comme pour les femmes. Sans doute alors peut-on penser que c’est cet aspect des choses qui peut être présent comme un sous texte du conte et non celui d’une illustration de ce qui est aujourd’hui une caricature du comportement supposé des hommes envers les femmes, boucs émissaires facile des transformations en cours dans les sociétés occidentales.
Je vous admire. Je vous écoute. J’aime votre calme, votre sérénité.
……mais, dans certaines de vos émissions que j’écoute – (je me répète) – régulièrement le samedi matin,
vos invitées féminines sont tellement véhémentes, logorrhéiques, et parlent à une telle vitesse, qu’elles
rendent cette émission pourtant passionnante carrément insupportable… quel dommage ! Et quel contraste avec votre façon tellement posée et calme de vous exprimer !!
Pourquoi, avant l’émission ne peut suggérer de ne pas parler toutes en même temps ? et pour une meilleure compréhension, surtout moins VITE ?
Ces flots de parole « typhonesques » sont épuisants….
Merci pour cette émission Répliques du 24/02/2024
Je voulais transmettre mes félicitations pour Victoire Taillon – d’expliquer l’Amour – Très attaquée – elle aurait pu se défendre en disant aussi que la violence de la guerre est bien créée par les hommes. La guerre et les hommes.
Merci pour expliquer tout ce que nous femmes hétérosexuelles d’après-guerre, nous avons vécu une violence au travail, en famille, qui nous amène au renoncement. Oui l’amour entre amie ou ami est plus important. Un nouvel amour ! Merci Victoire !
Merci Répliques pour cet affrontement. Quand on a une vision du monde aussi radicale et caricaturale que V. Tuaillon, on devrait, peut-être, explorer les raisons biographiques de ses prises de position. Ses généralisations simplistes s’appuient sur des arguments discutables ; en effet le métier d’infirmière n’est sans doute pénible que lorsque les conditions d’un exercice serein ne sont pas réunies. Tout ce que l’on risque de « gagner » c’est une riposte masculine, légitime, et dont toutes les femmes feront les frais. La « mégère » est un éternel féminin qui a de beaux restes malgré la remise en question des contes pour enfants… Sourire… Noémie Halioua a raison d’aller à contre-courant. La première est figée dans des positions tranchées. Le militantisme ressemble à une aliénation. Une émission qui mérite la mention : « exceptionnelle » plus que « formidable » si j’en crois un entretien de Monsieur Finkielkraut sur une radio de musique classique… Encore merci !
Merci beaucoup à l’équipe de la Répliques pour votre dernière émission-débat passionnant sur le thème « Faut-il réinventer l’amour ? »
Et si la question à se poser sur les thèmes de l’amour en générale à toutes les ampleurs et hauteurs, ne serait pas à prendre en considération les deux objectivent en parallèles et simultanément ? C’est-à-dire la réinvention continuellement de l’amour pour la sauver ?
Pour répondre à cette question il est déjà très bien de commencer avec le commencement, c’est-à-dire avec un débat ouvert entre les trois protagonistes (2f + 1h) comme vous avez pu le faire et démontrer avec votre excellente émission de ce samedi (et les prochaines qui vont suivre et qui touchent de loin et/ou de près ce sujet avec ces thèmes brulants de l’amour – platonique, corporelle, sentimentale, amicale, familiale, fraternelle et sororale, etc… – entre les humains). Merci et bonne suite avec vos émissions.