Le président du Conseil scientifique de l’Education nationale Stanislas Dehaene était l’invité du Grand entretien de France Inter dimanche 24 mars.
Écouter Stanislas Dehaene m’a ravie, moi une institutrice spécialisée en retraite. Tout ce qu’il a défendu m’a rappelé le travail accompli auprès des enfants-élèves en grande difficulté au sein d’un ITEP/IME. Nous, enseignants spécialisés, n’avons pas d’autre choix que de chercher sans cesse des méthodes pour permettre aux élèves de revenir sur les chemins de l’apprentissage. Ces élèves nous poussent dans nos recherches. Pour ma part j’ai trouvé beaucoup de réponses dans la pédagogie canadienne. Merci pour cet échange.
Je suis prof de maths depuis environ 20 ans et j’écoute M. Dehaene en ce moment.
Un tissu de banalité par un professeur totalement déconnecté de la réalité :
-la spiralisation est mise en œuvre depuis des années et de fait, un prof répète et répète toujours. Pas plus tard que vendredi, j’ai réexpliqué à mes terminales comment résoudre des inéquations du 1er degré (qui n’est pas maîtrisée par mes élèves alors qu’ils font cela depuis la 3ème… révélateur).
-les jeux, concours, animation, semaine des maths se sont multipliés depuis des années… Ce monsieur semble le découvrir. Contrairement à ce qu’il dit, cela n’est d’ailleurs pas un franc succès : les chiffres le prouvent.
-Il parle d’individualisation : on n’a pas attendu Monsieur Dehaene pour en faire. Ou en tout cas tenter, car comment faire de l’aide individualisée (AI) avec 30 élèves et des heures supprimées alors que la quasi-totalité des heures allouées à l’AI ont été grignotées années après années ?
-Il parle de démonstration qui est le cœur des mathématiques et il a tout à fait raison. En revanche, il oublie de dire que la géométrie du triangle qui est le cœur de la démonstration au collège et qui était le pilier de la quatrième a totalement disparu des programmes depuis la réforme de Mme Vallaud-Belkacem (et qu’elle n’a pas été réintroduite depuis). La conséquence est que des élèves de lycée, même en spécialité maths ne savent plus faire une démonstration et ont même oublié l’idée de justifier une réponse avec les conjonctions de coordination : or donc etc. etc. Normal puisqu’ils n’en ont jamais fait.
J’aime écouter votre émission le dimanche matin en buvant mon café devant ma fenêtre mais aujourd’hui j’ai coupé la radio pour vous écrire car, là, c’est insupportable.
Je sais que ce n’est pas l’esprit de votre émission, mais s’il vous plaît, invitez des gens de terrain : de vrais professeurs de maths, de vrais professeurs de français, et vous aurez une vraie photographie de la tragique situation actuelle de l’enseignement des mathématiques dans l’enseignement primaire et secondaire.
Toute cette bouillie pédagogique, servie par ce professeur du collège de France ne sert qu’à cacher la triste réalité : l’absence de candidats au CAPES de mathématiques et la réponse gouvernementale qui est très simple « pas de prof de maths, faisant moins de maths » (exemple : quand j’étais en 1ère S en 1991, j’avais 6h de maths tandis qu’en 2024, les élèves de spé maths n’en ont que 4). L’école meurt de la dictature du tableau Excel, de la recherche d’économies et de la suppression de postes : il n’y a pas grand-chose d’autre à dire et tout le reste n’est que du bla-bla s’appuyant sur des études statistiques et non sur des témoignages humains. C’est malheureux, mais encore une fois, invitez des gens de terrain et plusieurs et qui apporteront la contradiction à ce genre de pseudo-spécialistes confortablement installés dans leur beau bureau du Collège de France, bien loin, des élèves, bien loin de la réalité.
Le propos de M. Dehaene aujourd’hui n’aborde ni les aspects externes à l’école comme l’environnement familial des enfants ni la formation des enseignants de l’école primaire aux mathématiques (ils sont globalement mauvais) et aux biais introduits par l’enseignement.
Ce présupposé que l’école réglerait tous les problèmes est faux, tant ce qui se passe hors du contrôle du « maître » est important dans la construction de l’intellect.
Je donne depuis quelques années des petits cours de maths. J’aime beaucoup les maths et je trouve ça très drôle. C’est ce que j’essaie de faire passer dans mes cours. J’aime aussi beaucoup tout ce que fait Stanislas Dehaene que je suis depuis de nombreuses années.
J’observe néanmoins que l’apprentissage en spirale n’est pas toujours une solution (ou même peut être une mauvaise solution mais j’ai un gros biais vu que je ne vois que des élèves en difficulté. Je suis une ancienne chercheure au CNRS en Neuroscicences, je sais ce qu’est une approche scientifique.
Par exemple, j’observe que la notion de fonction est très difficile à comprendre pour les élèves. J’ai l’impression que les élèves qui ne comprennent pas cette notion la première fois qu’ils l’ont au programme, se disent qu’ils ne comprennent pas les fonctions et l’année suivante quand on va refaire les fonctions alors ils se disent que c’est foutu de toute façon « je ne comprends pas les fonctions ». Moi je trouve qu’il vaudrait mieux faire les choses une bonne fois pour toute à fond en prenant le temps plutôt que répéter tous les ans les mêmes choses à toute vitesse…
Idem, même si c’est moins grave, pourquoi étudier les polynômes du second degré pendant plusieurs années avant d’introduire le déterminant ? Ou alors faire des équations à trou !!!! Une catastrophe !
Alors peut-être que les élèves qui ont ce problème ont une psychologie ou un apprentissage particulier, donc que le système en spirale marche pour certains et pas d’autres, je crois quand même que ces autres sont importants.
Evidemment j’observe aussi que les profs de haut niveau (en succès de transmission) arrangent leur cours comme ils veulent, ont leur approche pédagogique personnelle et c’est super.
Voila ce sont quelques remarques que j’aimerais transmettre aux personnes qui se demandent pourquoi on a si peu de succès dans l’enseignement des mathématiques.
J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt l’interview de M. Dehaene. Mon épouse, enseignante, a pratiqué depuis plus de 30 ans les « groupes de besoins », notamment à Lyon avec Philippe Mérieu. Rien de nouveau sous le soleil, mais cela fonctionne.
J’ai écouté avec un grand désespoir l’émission de ce matin :
« Aujourd’hui dans le 6-9, nous recevons, … à 8h20 dans le grand entretien, le neuropsychologue Stanislas Dehaene, président du Conseil scientifique de l’éducation nationale.
Stanislas Dehaene, publie “Science et école : ensemble pour mieux apprendre” chez Odile Jacob, compte rendu des derniers travaux du Conseil Scientifique de l’Education Nationale. »
En effet, depuis plus de 70 ans, et malgré le dénigrement injustifié dont elle est victime, Maria Montessori a apporté des solutions pédagogiques qui font leurs preuves dans toutes les bonnes écoles de ce nom et qui permettent de répondre aux difficultés que rencontre l’Éducation Nationale dans son approche pédagogique de l’enseignement.
Pour avoir fait l’IUFM et m’entendre dire que l’on ne parlait pas de Montessori parce que c’était dépassé, j’en ai été horrifiée, alors que si on se donnait la peine de se former à cette pédagogie toujours actuelle et de pointe, et de l’enseigner aux futurs professeurs des Écoles, et aussi aux professeurs des collèges et lycée, il est certain que 90 % des problèmes seraient résolus. Il serait temps de s’y intéresser vraiment, et de vérifier les résultats obtenus par les élèves qui ont reçu cet enseignement.
Ensuite, rentrer dans une culture de l’échange, de la coopération parents-enseignants, et d’un véritable respect et soutien de l’autorité parentale et de celle des enseignants, aiderait à résoudre les autres difficultés, en même temps qu’un véritable contrôle éducatif de ce qui est à portée des jeunes à la télévision (un film de crime sur au moins deux chaînes tous les soirs) et sur les réseaux sociaux, ainsi que dans notre société qui est de plus en plus dépravée dans tous ce qu’elle met à la vue de tous les publics (affichages dans les rues, dans les magasins, etc.). Il est temps que tous les citoyens se ressaisissent et donnent enfin le bon exemple et une vraie éducation aux enfants.
Merci de faire enfin des reportages sincères sur tous ces sujets, et sur les systèmes qui fonctionnent, car il y en a, et de le donner en exemple à ceux qui sont en échec.
Merci pour vos émissions, mais il serait bien de donner la parole à tous, et aussi à ceux qui font bien mais que l’on n’entend pas.
Journalistes de France Inter, je partage mon avis sur cette émission écoutée en replay. Les leçons de mathématiques pratiquées à Singapour sont exactement celles que l’on pratiquait en France dans les années 50/60.
En CP, manipulations, familles de nombres, interconnexions des signes entre eux. Les nombres jusqu’à vingt étaient parfaitement maîtrisés. En CE1, la table de multiplication/division s’apprenait par familles (5,10/2,4,8/3,6,9). Si bien que, de la table de 7, il ne restait à acquérir que 7×7.
Pour le français, comme l’a dit votre invité, décodage, séries et mémorisation de cinq mots chaque jour.
1968 est venu tout démanteler y compris les écoles normales. Le résultat en fut la promotion de l’enseignement privé catholique.
Il faudrait arrêter d’accabler les enseignants comme s’ils ne savaient pas enseigner…
Le programme de l’école maternelle est basé sur l’apprentissage à travers les jeux…
Il faudrait interroger l’environnement familial des enfants et la non-projection des familles sur la non-réussite des filles… Qu’est ce qui est fait pour changer cela ?
J’ai écouté avec attention l’intervention de Stanislas Dehaene.
Alors que les manifestations de parents d’élèves et profs se multiplient, pour défendre les moyens de l’école publique : manque de remplaçants, heures de cours perdues, fermetures de classes même en REP+ … je m’étonne que l’interview ne fasse porter la réussite scolaire que :
-sur les profs qui devraient adaptés leur pédagogie, sans questionner où et comment sont-ils formés ;
-sur les familles, les parents qui devraient limiter les écrans et aider à un respect du sommeil, sans questionner le nombre de jours où on doit au débotté garder nos enfants par manque de profs, tout en travaillant.
Votre interview a soigneusement évité de parler de la gestion collective d’un commun qui s’impose aux individus qu’est l’école publique. Avec les fermetures de classes, le manque de remplaçants, le nombre d’élèves par classes, le fait que les élèves avec handicap, non francophones, avec des besoins d’éducations spécifiques ne soient pas pris en compte dans les effectifs des classes : on pourrait qualifier les résultats PISA de miraculeux … si les fabricants de l’information et de l’opinion, journalistes, chroniqueurs, politiques osaient dire la réalité de l’éducation nationale en 2024 comme préalable à chaque intervention sur les sujets d’Éducation (harcèlement, laïcité, uniforme, pédagogies…).