Incroyable et même angoissante cette mobilisation contre Tesson. Qui peut aujourd’hui être assuré de ne pas sentir le fagot ? De même qu’un seul mot saisi sur un moteur de recherche fait surgir des milliers de récurrences, de même une étiquette d’infamie collée à un individu (pour Tesson « icone réactionnaire » ou « fasciste ») fait surgir de l’ombre des poètes sycophantes. Merci à William Marx pour sa prise de parole pondérée et sobre. Une voix précieuse. Mais sont-ils encore nombreux ceux qui, à son exemple, sont capables de considérer les faits avec recul et intelligence ? Merci aussi à Marc Weitzmann pour avoir joué également son rôle d’animateur avec pondération malgré le tropisme de France Culture pour les causes « progressistes » même quand il faudrait y voir d’un peu plus près.
Je vous sais grée d’avoir invité sur votre plateau de “Signes des temps “ sur France Culture des débatteurs aussi contradictoires. C’était une gageure… J’avais lu auparavant la tribune de William Marx dans Libération, dont je trouvais qu’elle était assez distanciée et juste (On se souvient effectivement de L.F.Céline, honni pour ses choix politiques, mais reconnu pour ses qualités littéraires. J’ai trouvé les arguments des signataires de la pétition un peu triste, un peu pauvre, deux personnes tellement pas sûre d’elles-mêmes qu’elles coupaient la parole à tout bout de champ…Le clou fut la déclamation à la fin de l’émission par la poétesse d’un de ses propres poèmes-il fallait oser- qui montrait la profondeur de l’abîme entre ces gens et ce que peut être la littérature au sens large. Je pense que Baudelaire ne s’y retrouverait pas… Bravo pour votre courage d’avoir tenté de les faire parler. Les années qui viennent seront riches de ce genre d’incompréhension, de ce refus de comprendre, je crois.
Sylvain Tesson n’est certainement pas pour moi Victor Hugo (ni même Joseph Kessel), mais à l’écoute du poème que vous avez proposé de lire à votre invitée signataire de la pétition, on comprend exactement l’enjeu du débat. D’un côté une bande d’écrivaillons qui se prétendent poètes en poussant leurs petits cris d’émoi éroticonarcissique, (on en avait presque honte en l’écoutant lire son poème) et qui ne sont « poètes » que parce qu’ils s’autodéclarent tels et se tiennent ensuite les coudes dans les organismes publics de subventionnement, de l’autre un écrivain qu’ils jalousent pour son talent réel, même si comme d’habitude les médias, qui ont besoin de stars, en font un peu trop à son sujet. Merci pour votre émission.
Je souhaitais remercier Marc Weitzmann pour son émission Signes des Temps, sur France Culture, qui choisit souvent des sujets difficiles. Et l’émission de ce dimanche sur la polémique Sylvain Tesson est vraiment tellement parlante des maux d’aujourd’hui. Je le remercie. Je trouve assez terrible de découvrir que le monde de la Poésie, comme le monde de la Culture de manière générale, devient un monde fermé. Là où l’artiste devrait défendre une part d’universalité, je n’entends qu’intolérance, censure, critique violente de ce qui n’est pas soi, ou de celui qui pense autrement. Mais quelle horreur ! Je suis assez troublée de tout ce que j’ai pu entendre aujourd’hui.
Sylvain Tesson n’est quand même pas une monstrueuse figure d’extrême droite ! Je trouve inquiétant d’entendre que les milieux dits « intellectuels » qui devraient plutôt nous ouvrir la voie vers l’échange, vers l’ouverture, vers l’acceptation de la pluralité (pluralité des idées, pluralité de vies, pluralité de points de vue), deviennent des défenseurs d’une pensée unique. A parler sans cesse d’inclusion, ils excluent.
Cette émission sur Tesson a permis de constater ce sectarisme chez des gens qui disent eux-mêmes qu’ils sont pour l’ouverture … merci à “Signes des temps “ sur France Culture.
J’écoute France Culture depuis trente ans, sur la route, à la maison, en mer (podcasts : merci le progrès technique !). Je dois beaucoup à votre radio : découvertes, formation de la réflexion, compréhension de la complexité. C’est la première fois que je vous écris. C’est au sujet de la polémique qui bat son plein autour de la nomination de Sylvain Tesson au parrainage du Printemps des poètes. A son omniprésence médiatique (déjà légèrement gênante par son excès, et quelque bien qu’on pense de son écriture) à propos de son dernier livre, succède son omniprésence de victime (ou coupable, c’est selon) d’un rejet de cette nomination. A ses chiffres de vente s’ajoutent désormais des titres insurpassables : Prince des poètes, plus grand écrivain français, etc. Mais je ne lis ni n’entends rien sur la littérature, et encore moins sur la poésie. On (les médias) s’en tient à prendre part au match « conservateurs »/ »wokistes », tout cela à nommer avec des pincettes. France Culture prend un peu de hauteur en donnant quelques clés sur le phénomène « tribune » ou la littérature-politique. Et la poésie ? Et les textes ? Je rêve ces jours-ci d’émissions qui s’attelleraient à la mise en perspective, modeste et sérieuse, de l’œuvre de Tesson, à l’écart des dithyrambes comme des anathèmes. Je rêve encore (toute cette rêverie, c’est un peu de votre faute ; cette qualité depuis trente ans, ça n’est pas sans effets) d’entendre reprendre à sa racine cette question de la poésie : de quoi parle-t-on quand on prononce ce mot ? Qu’est-ce qui est là en jeu ? L’émission dédiée de Manou Farine pourrait s’y coller ? Et pourquoi pas une matinale, qui sortirait la poésie de l’enclos dans lequel elle se trouve toujours spontanément refoulée, neutralisée, par la culture commune ?
La commission en 2021 d’un « Eloge de la poésie » par un ancien directeur artistique du Printemps des poètes, Jean-Pierre Siméon, que j’ai récemment découvert, ouvre mille pistes de réflexion sur cet acte de parole et d’écriture qui s’articule à la vie même, et prend en charge non seulement le merveilleux des falaises d’Ecosse mais aussi les convulsions de l’histoire et le divers tragique des souffrances humaines. Les Editions Bruno Doucey, par exemple, montrent cela.
Ce serait l’occasion de recentrer ce débat (« Le temps du débat » serait un format possible) après tout peut être nécessaire aussi (la fabrication politique du grand écrivain, la distinction de l’homme et de l’œuvre, du style et des idées) sur son enjeu essentiel mais occulté par le barouf : en quoi écrire – et vivre – poétiquement a à voir avec la condition humaine de tout un chacun, et ouvre des issues aux désespoirs du temps. C’est le mal d’aujourd’hui.
La poésie mérite mieux que cela. L’art en général, le cinéma, la littérature méritent mieux que cela. Et si l’on souhaite vraiment lutter contre l’extrême droite, ce n’est certainement pas par la censure, mais bien par l’échange des idées, l’apprentissage de la tolérance, la compréhension de ce que vit l’autre, celui qui n’est pas moi, celui qui ne pense pas comme moi. Or ces artistes sont les premiers à refuser l’autre. L’art a un vrai rôle à jouer là-dedans, et passe totalement à côté.
J’écoute France Culture depuis trente ans, sur la route, à la maison, en mer (podcasts : merci le progrès technique !). Je dois beaucoup à votre radio : découvertes, formation de la réflexion, compréhension de la complexité. C’est la première fois que je vous écris. C’est au sujet de la polémique qui bat son plein autour de la nomination de Sylvain Tesson au parrainage du Printemps des poètes. A son omniprésence médiatique (déjà légèrement gênante par son excès, et quelque bien qu’on pense de son écriture) à propos de son dernier livre, succède son omniprésence de victime (ou coupable, c’est selon) d’un rejet de cette nomination. A ses chiffres de vente s’ajoutent désormais des titres insurpassables : Prince des poètes, plus grand écrivain français, etc. Mais je ne lis ni n’entends rien sur la littérature, et encore moins sur la poésie. On (les médias) s’en tient à prendre part au match « conservateurs »/ »wokistes », tout cela à nommer avec des pincettes. France Culture prend un peu de hauteur en donnant quelques clés sur le phénomène « tribune » ou la littérature-politique. Et la poésie ? Et les textes ? Je rêve ces jours-ci d’émissions qui s’attelleraient à la mise en perspective, modeste et sérieuse, de l’œuvre de Tesson, à l’écart des dithyrambes comme des anathèmes. Je rêve encore (toute cette rêverie, c’est un peu de votre faute ; cette qualité depuis trente ans, ça n’est pas sans effets) d’entendre reprendre à sa racine cette question de la poésie : de quoi parle-t-on quand on prononce ce mot ? Qu’est-ce qui est là en jeu ? L’émission dédiée de Manou Farine pourrait s’y coller ? Et pourquoi pas une matinale, qui sortirait la poésie de l’enclos dans lequel elle se trouve toujours spontanément refoulée, neutralisée, par la culture commune ? La commission en 2021 d’un « Eloge de la poésie » par un ancien directeur artistique du Printemps des poètes, Jean-Pierre Siméon, que j’ai récemment découvert, ouvre mille pistes de réflexion sur cet acte de parole et d’écriture qui s’articule à la vie même, et prend en charge non seulement le merveilleux des falaises d’Ecosse mais aussi les convulsions de l’histoire et le divers tragique des souffrances humaines. Les Editions Bruno Doucey, par exemple, montrent cela. Ce serait l’occasion de recentrer ce débat (« Le temps du débat » serait un format possible) après tout peut être nécessaire aussi (la fabrication politique du grand écrivain, la distinction de l’homme et de l’œuvre, du style et des idées) sur son enjeu essentiel mais occulté par le barouf : en quoi écrire – et vivre – poétiquement a à voir avec la condition humaine de tout un chacun, et ouvre des issues aux désespoirs du temps.
Merci pour avoir programmé le dialogue entre Pascal Bruckner et Arnaud Viviant sur France Inter. J’avoue que je prends un plaisir extrême à lire la prose de Sylvain Tesson qui, pour moi est très poétique. J’avoue aussi ne m’être jamais posé la question de son orientation politique, rien ne m’a jamais interpellée et s’il définit une frontière comme celle du christianisme, cela peut aussi s’entendre comme politico-géographique, non ? Être de droite, voudrait-il dire être automatiquement assimilé à des Eric Zemmour ou à des Marion Maréchal Le Pen ou Marine Le Pen ? Je trouve que les insultes fusent et n’attendent qu’un prétexte. Ces gens manqueraient-ils d’occupations ? Pour ma part, d’aucune étiquette, je continuerai à savourer l’écriture poétique de cet arpenteur de chemins, qu’ils soient noirs ou blancs de neige ou glacés du lac Baïkal et j’aimerai toujours autant l’écouter s’exprimer dans cette belle langue dont il sait manier les mots avec tant de justesse….et de poésie… Maintenant, je n’ai aucune opinion sur le choix du Parrain du Printemps des Poètes…C’est grave docteur ?
Dans la matinale de France Inter votre chroniqueur assène devant les milliers d’auditeurs que d’être choqué par la mise à l’index de S. Tesson relève d’une sensibilité de droite (voire d’extrême droite). Il oublie qu’une partie de la gauche est fondamentalement opposée à la dénonciation permanente et au lynchage médiatique. La gauche à d’autres combats à mener (certes plus courageux) si on veut éviter un régime populiste.
Comparer Sylvain TESSON à Victor Hugo ou Balzac fallait oser. C’est pourtant ce qu’a fait votre journaliste sur France Inter.
Tout d’abord, il est faux que Tesson ne parle pas des migrants qui traversent les Alpes dans son livre « Blanc » : je suis en train de le lire : A 2 reprises : p.23 et 43. C’est aussi ironiquement connoté, je vous l’accorde, mais il en parle. Et je ne suis qu’à la p.53… Ensuite, vous contestez que l’on s’étonne de cette tribune, faisant appel au débat démocratique pour justifier votre argument. Je ne comprends pas : en quoi une tribune, renforcée par une pétition, est un débat d’idées ? C’est une protestation, voire une dénonciation. Pour le citoyen lambda que je suis, le mot « tribune » n’est pas loin de « tribunal ». (Et je comprends tout à fait qu’on n’aime pas Tesson, surtout qu’il a la langue bien pendue).
Le mot « cafard » du Figaro est en effet choquant, et pour le moins, déplacé. Entièrement d’accord. Ce n’est pas une raison pour répéter cet argument au moins 3 fois dans votre intervention sur France Inter. C’est à mon avis un peu court. Je vous ai connu plus pertinent. Pour finir, Je sens Tesson plus « anarchiste de droite » que réactionnaire, c’est sa couleur politique. (Et alors ? Il faut se justifier ?) mais avant tout comme un artiste, un écrivain libre, surtout libre.