La parole des victimes de violences sexuelles continue de se libérer. Ces derniers jours, l’occasion a été donnée de reparler d’un grand tabou : l’inceste, avec l’affaire Olivier Duhamel.
Les auditeurs ont réagi à la suite de plusieurs émissions diffusées sur les antennes de Radio France. Une sélection de messages d’auditeurs à retrouver ici :

Je suis très surprise par tous les propos tenus dans les médias suite au livre de Camille Kouchner , concernant l’inceste et dénonçant Olivier Duhamel. Tout est dit ou presque, ce qu’il faut dénoncer, le silence, l’amnésie, les condamnations à envisager… Mais il me semble, que ce qui n’est jamais développé : pourquoi ? Pourquoi des hommes, car il s’agit bien d’hommes, même dans le cadre de pédophilie, pourquoi des hommes, tous milieux confondus sont amenés sont-ils amenés à ces actes terribles ? Un profil particulier ? Une explication psychanalytique ? Le nombre d’enfants ayant subi ces violences sexuelles est très important, je travaille à l’éducation nationale, et c ‘est encore une fois terrifiant d’imaginer que potentiellement, certains enfants que l’on croise tous les jours ont pu ou le sont encore des victimes d’inceste ou de pédophilie. Là pour le coup, les enseignants sont assez démunis et nous apprenons encore toujours tout par voie de presse. A l’occasion, un sujet sur ces hommes me paraitrait très judicieux

Je profite de votre antenne ce soir pour demander à vos invités pourquoi il n’existe pas en France une prévention faite directement à l’école dès la maternelle avec des outils adaptés aux différents âges des enfants afin de donner aux enfants et aux familles des outils pour parler, dire ce qui leur arrive et les sortir de l’isolement. Dans le rugby par exemple, il existe une association formidable qui s’appelle Colosse aux pieds d’argile créée par un rugbyman abusé par son éducateur quand il était enfant qui a créé et diffusé des petits livrets très bien faits afin d’aider les enfants à protéger leur corps, se rendre compte, mettre des mots et dénoncer ce qui leur arrive le cas échéant. Qu’attend-on pour mettre en place ce genre d’outils au niveau national, ce qui pourrait sauver du traumatisme et de la reproduction du traumatisme beaucoup d’enfants ?
Merci infiniment pour vos éclairages.

Je lis, sans avoir écouté l’émission « Signes des temps » par Marc Weitzmann de ce dimanche 10 janvier – dans la présentation du portail Internet de l’émission, dont le titre est « Les complexités de l’affaire Duhamel-Camille Kouchner  » : …alors que les faits sont proscrits… »
Deux mots m’interrogent, quand par ailleurs la rédaction du dernier alinéa m’apparait illisible (embarras du producteur ? Mes limites intellectuelles de compréhension?) : « Plus encore que le consentement, donc, La sortie de la familia grande met à jour les questions contradictoires posées par un monde qui a longtemps ou l’endogamie est la règle et qui est en train d’exploser. » (sic)
Les deux mots sont : « alors » et « proscrits ».
Doit-on comprendre ainsi cette rédaction : « …alors que – grâce à Dieu – les faits sont prescrits ? »
Je ne souhaite pas la publication de ces remarques, mais votre avis m’intéresse tant du point de vue lexical que sémantique concernant à la fois ces deux mots et l’alinéa cité.

https://www.franceculture.fr/emissions/signes-des-temps/les-secrets-de-famille-de-la-gauche Dans cet article il est question que les faits reprochés à Mr Duhamel seraient prescrits. Dans le cadre de la loi sur les agressions sexuelles sur un mineur de moins de 15 ans il n’y a pas de prescription. J’ai cru comprendre que les agressions qu’avaient subi le frère de Mme Kouchner avaient commencé à ces 14ans. Il n’y a donc pas prescription pour ces faits commis avant ces 15 ans. Je suis moi-même victime d’un bel oncle qui m’a attouché plusieurs années il y a plus de 25 ans alors que j’avais entre 9 et 12 ans. Il n’y a pas eu prescription contrairement aux mêmes faits qu’a subi mon cousin qui avaient lui 17 ans c’est à dire plus de 15 ans. Cette erreur est regrettable car elle protège la personne présumée d’avoir commis de tel acte et l’écarte de toute Justice publique. Ce qui est faux. Je défends la présomption d’innocence et le code pénal également. Des erreurs pareilles dans une émission du service publique pour des faits aussi grave est blessant pour une victime comme moi et les probables 10% de la population qui l’ont aussi étés. Merci de corriger au plus vite cet article et de faire une annonce concernant les inexactitudes que vous colportez semant le doute chez les victimes et l’impunité chez les bourreaux. Déjà que la Justice française est souple en matière de condamnation : mon bel oncle ayant été condamné à 24 mois avec sursis pour une cinquantaine de séances d’attouchement au bas mot alors que le jour même pendant la même session le tribunal à condamner un voleur a pour une somme de 500€, vol sans violence à 12 mois de prison ferme. D’ailleurs une agression sexuelle ou de multiples agressions constituent le même crime. Un pédophile ayant violé un enfant une fois ou cent fois risque la même peine. Qu’en pensez-vous, vous qui déformez le droit pour protéger directement ou indirectement un agresseur présumé ?

Enfant j’ai subi les attouchements de mon père et également d’amis de la famille et d’oncles… Je ne savais pas que cela n’était pas normal et je n’en ai parlé à personne sauf à ma majorité et cela a occasionné une rupture définitive avec l’ensemble de ma famille qui n’a pas pu croire (ou pas voulu).
J’en ai gardé la marque jusqu’à mes grossesses, je ne voulais pas de filles car cela me paraissait plus facile d’être garçon. Le hasard a voulu que je n’aie que deux garçons….
Cinquante ans après, j’en garde toujours la trace et je suis heureuse qu’on en parle enfin.
J’ai vu il y a peu le film « les chatouilles » qui décrit très bien ce qui se passe dans ce genre de relation et comment on en reste marqué pour toujours.

Pourriez-vous aborder la question de l’amnésie post traumatique dans les cas d’inceste ? En proportion, sommes-nous nombreux à « savoir » sans se rappeler ? C’est important de mentionner ce cas de figure et je n’ai pas trouver beaucoup de littérature spécifique de la mémoire post traumatique en cas d’inceste. Merci beaucoup pour votre émission, ça fait du bien et j’ai comme l’espoir que cela pourra être entendu par mon père à qui j’ai pardonné.

Je suis médecin généraliste en province, addictologue et hypnothérapeute. Saisie par le nombre de personnes concernées quand on ose poser la question, les dégâts irrémédiables provoqués, j’essaie de promouvoir un marque-page de prévention dans le carnet de santé des enfants, de tous les enfants, accessible à tous les parents, à tous les enfants et à tous leurs médecins, généralistes, pédiatres, PMI, car c’est la seule prévention qui n’est pas faite pour les enfants dans les carnets de santé!!!!

Je réagis à votre émission sur l’inceste de ce jour. Il me semble qu’il aurait fallu demander à Madame Giuliani si les mœurs des époques 70-80 où il était normal d’être nu chez soi devant les enfants n’a pas suscité plus d’incestes. Bien que ce ne soit plus les mœurs actuelles, ne faudrait-il pas moraliser les comportements familiaux ?

J’ai vécu 23 ans avec la mère de mes enfants
23 ans pendant lesquels j’ai accompagné sa souffrance d’avoir été l’objet sexuel de son père et aussi des amants de sa mère. Durant toutes ces années elle a justifié ces faits au nom de Mai 68 et d’une certaine liberté de bon ton au sein d’une intelligentsia parisienne. Au moment de trouver les moyens de protéger nos enfants de ces dangers, cette femme s’est réfugiée dans le déni, alimenté par un sévère syndrome de Stockholm. D’où ma question : comment faire valoir que Mai 68 ne peut pas être un paravent présentable contre l’horreur ? comment invalider la soi-disant liberté de mai 68 face à l’interdit de l’inceste qui prévaut dans quasiment toutes les sociétés et civilisations ?
merci de votre réponse

Des origines de l’inceste à la libération de la parole
Déçue de la conclusion de l’émission. Si l’application de la loi peut lutter contre l’inceste, il me semble important de donner la parole au sujet « attenté ». La prévention et l’information permettraient aux victimes de pouvoir envisager de se positionner (acteur) et le cas échéant de dire ce qui leur arrive. Consternée par l’assertion de F. Giuliani sur la psychanalyse. Dire que « l’enfant a un désir sexuel pour ses parents » n’est pas à prendre au pied de la lettre ! Il s’agit d’un fantasme inconscient pour lequel justement l’interdit de l’inceste est la loi fondamentale. La réserve de la psychanalyse revient plutôt à user de prudence avec la libération de la parole. Là aussi la personne doit pouvoir y consentir et en faire l’usage qu’elle veut. Pour finir, oui les hystériques « modernes » ça existe ! Merci pour vos émissions, bien cordialement,

Merci pour l’émission de ce matin et ses excellents invités à propos de l’inceste. Oui ils ont raison sur tout et j’ajoute qu’un petit enfant de moins de 2 ans peut dire beaucoup sur ce qu’il vit à condition qu’il se sente en confiance et se sente cru. Encore faut-il que l’adulte soit en mesure de l’écouter, de l’entendre de ne pas douter de lui. Oui le film avec Jacques Brel et celui de Louis Malle en 1990 ou 1991 où la mère couche avec le fils de11 ou 12 ans. Et oui, on l’oublie, les mères abusives des garçons qui ensuite ne peuvent qu’aller vers des hommes. Bon j’arrête, très complexe ce sujet et les affaires médiatisées ne sont qu’une partie de l’iceberg. Ce n’est pas 10 % de la population mais, du simple regard lubrique à la pénétration il serait question de 30% soit 3 sur 10. Mais pour survivre beaucoup d’abusés perdent la mémoire de leur vécu. Heureusement que France Culture existe, Le cours de l’histoire, la grande table, etc…si j’ai le temps j’écoute jusqu’à 15 h. Le samedi Confluences des temps. Merci de le leur dire.

Merci de rappeler qu’il n’y a pas que les hommes qui peuvent se rendre coupables d’inceste. Même si statistiquement les chiffres sont moindres, des femmes peuvent aussi être coupables. Cette négation de la responsabilité des femmes est très violente pour les victimes d’actes incestueux perpétrés par des femmes.

Depuis quelques jours je n’en peux plus d’entendre parler d’inceste alors qu’il s’agit d’abus sexuels sur mineurs. Il peut y avoir de l’inceste entre 2 adultes et il me semble que cela n’est pas la même chose qu’un abus incestueux ou non de mineur.