La guerre en Ukraine a bien évidemment bouleversé le traitement de l’information de tous les médias français, mais, au bout de quinze jours, les analyses sur ce sujet semblent tourner en rond, et surtout prendre l’intégralité de l’espace médiatique, en particulier sur Radio France, au détriment de la campagne présidentielle. Pour le constater, il suffit d’ouvrir l’onglet de podcast intitulé « les grandes interviews des matinales [de Radio France] », et de constater la réduction du nombre d’émissions concernant la présidentielle à la portion congrue. Depuis le lundi 7 mars, je compte 18 émissions parlant de la guerre en Ukraine et 6 émissions abordant le sujet de la présidentielle (le 8h30 de Franceinfo ayant traité les deux sujets). C’est donc un rapport de 1 à 3. Je n’ai pas les moyens de comparer le temps d’antenne consacré aux deux sujets, mais la disproportion doit être encore beaucoup plus importante (de 1 à 6 ? ).
N’avez-vous pas peur de participer activement à l’enjambement de ce scrutin présidentiel, et ainsi de contribuer à l’affaiblissement de notre démocratie ? Est-ce que Radio France est prête à assumer que la présidentielle n’est plus un sujet d’information, et que le président de la République sera mécaniquement réélu faute de débats ? L’élection est déjà jouée d’avance, donc c’est un non sujet ?
Depuis l’attaque de l’Ukraine, on entend beaucoup dire que la campagne électorale risque de tomber à l’eau ; c’est en partie de la responsabilité des médias, et particulièrement du service public que ce ne soit pas le cas, la démocratie ne consiste pas seulement à mettre son bulletin dans l’urne ; l’élection doit être précédée d’une vraie campagne électorale, sinon il s’agit d’une démocratie purement formelle et une parodie d’élection. C’est très bien de nous parler de la guerre en Ukraine, mais puisqu’il reste assez de temps d’antenne pour nous parler des buts de M’Bappé, j’ose espérer que l’on continuera à parler de l’élection présidentielle.
La responsabilité des médias n’est pas de moins parler de l’Ukraine mais d’articuler les sujets internationaux avec des sujets qui mériteraient d’être débattus dans la campagne. Comme le rapport entre notre dépendance énergétique et le dérèglement climatique. Ou encore la sécurité nucléaire civile dont on voit la vulnérabilité ou la place du nucléaire dans la Défense européenne et ainsi de suite.
S’il vous plaît, que l’horreur de l’Ukraine ne vous fasse pas oublier la lutte des femmes Afghanes, sinon, pour elles, c’est la double peine.
Merci de continuer à les faire exister pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli et le désespoir.
Les informations et invités se suivent autour de la « guerre » du moment qui finit par accaparer le temps d’antenne (je me fonde surtout sur les émissions « les matins », les journaux ou « le temps du débat » de France Culture et sur l’ensemble des émissions de Franceinfo). Il me semble que cette situation a une part d’explicable journalistiquement quand on souhaite en partager des clés de compréhension avec les auditeurs. C’est le cas depuis 15 jours. Mais pour les auditeurs cette exclusivité a pour effet d’éloigner d’autres préoccupations de la parole médiatique : la campagne présidentielle, les effets sociaux de la hausse des prix (pas seulement ceux liés à la guerre), l’environnement (rapport du GIEC). Je pense que ces sujets ne peuvent être traités comme négligeables ; et négligeables, ils le sont devenus sur vos antennes. Preuve en est le fait d’interroger des notions comme le courage ou la patrie à travers l’actualité ukrainienne (pourquoi ne pas interroger la dépendance énergétique, alimentaire donc l’environnement et le libre-échange et ses limites). Les thèmes d’une guerre sont extensibles à l’envi (comme il en est toujours face à un conflit), mais on voit les effets immédiats de cette exclusivité. D’abord mettre de côté les autres thèmes importants pour les Français et le pays ; ensuite le débat disparait (la situation de l’Ukraine amène des infos-explications et par nature moins de débats) ; vous avez perçu par exemple aussi comme cette anormalité évènementielle et médiatique met en avant le Président en place… et contribue par effet à valoriser sa candidature sans qu’il ne dise rien aux Français sur d’autres thèmes que la guerre ou ses effets. Il en découle donc une personnalisation de l’information autour du chef existant. Ces trois défauts doivent être pris en compte par vos rédactions pour ouvrir enfin l’info à d’autres sujets (sans réduire au silence celui de l’Ukraine, je précise). Il en va ainsi de l’information démocratique. Le peuple a des choix à faire ; ils sont liés à la campagne présidentielle qui doit avoir une place autrement plus importante sur vos antennes.
Allez-vous consacrer toutes vos matinées à l’Ukraine pendant des mois ? Ou bien allez-vous évoquer de temps en temps l’élection présidentielle en France ? Pourra-t-on, de temps en temps voir les journalistes provoquer et alimenter un débat démocratique ? Je peux vous paraître cynique. Je sais bien que vous autres, journalistes, êtes préoccupés par les horreurs de la guerre et que tout autre sujet est dérisoire par rapport à cela. Nous vous remercions de nous indiquer ce qu’il faut penser. Mais je suis étonné que des humanistes tels que vous aient passé, et continuent de passer sous silence les horreurs provoquées par d’autres conflits qui ont eu lieu et qui continuent d’avoir lieu sur la Terre. (Si vous ignorez lesquels, dites-le-moi, je me ferais un plaisir de vous envoyer une liste.)
Les yeux et les oreilles englués par l’Ukraine, les « journalistes » et autres animateurs n’ont pas vu (donc ont omis de nous parler) l’avancée et les massacres de Touaregs commis au Mali par les djihadistes de l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Je comprends que vous receviez des invités qui concernent la crise en Ukraine ces derniers temps, mais ne pensez-vous pas qu’il faille recevoir des invités qui nous parle du dernier rapport du GIEC aussi ? Les conséquences du dérèglement climatique seront sûrement au moins aussi catastrophiques… Merci.
Le deuxième rapport du Giec est sorti. Il est alarmant. « La guerre » climatique a déjà commencé et elle concernera tout le monde, y compris des milliers de Français habitant des zones exposées. In fine, c’est simplement l’extinction de l’humain sur Terre qui nous attend. Et je n’entends pas vos émissions en parler (ni même les autres chaînes). Pourquoi ? On parle présidentielle, sans mentionner ce rapport ni l’urgence climatique. Et on parle guerre en Ukraine. Voilà… Voilà les deux sujets majeurs entendus. Le reste ? Absent. Ou presque.
Je demande que les journalistes prennent leur responsabilité. La priorité climatique devrait aussi être une priorité médiatique.
J’avoue être très gênée par le traitement de la guerre en Ukraine. Non pas tant au niveau des contenus, que par des séquences extrêmement longues qui s’apparentent à du bourrage de crâne avec en contrepoint des interventions sentencieuses de certains journalistes. Prenez exemple sur la presse quotidienne régionale un peu de recul et d’autres infos moins sélectives.
Je n’ai pas entendu que les USA se rapprochaient du Venezuela sur le pétrole ou alors c’est une fausse information du Monde.
On aimerait que toutes les autres guerres attirent aussi l’attention et que toutes les populations déplacées soient des réfugiés et pas des migrants.
Alors réfléchissez au traitement des informations. Il me semble que vous êtes pris dans la logique de pilonnage des chaînes infos.
Au moment où les candidats veulent supprimer la redevance il serait bon de nous prouver votre plus-value qui est réelle mais qui demande un peu de mise en distance. Ce n’est pas en développant un climat anxiogène basé sur une vraie situation de crise qu’on rend service à la démocratie.
Comme le dit une étude récente sur les médias avant la guerre en Ukraine 80% des Français se disent heureux mais pour les médias le pays est à feu et à sang. Et pour habiter bien loin de Paris le sujet principal est plus l’augmentation des carburants qu’autre chose. Et je ne pense pas que mes interlocuteurs soient des fascistes déconnectés de toute réalité.
La hiérarchie de l’information dont parle vos intervenants est très relative. Le dernier rapport du GIEC, prédit une apocalypse probablement plus certaine et plus globale que la guerre en Ukraine. Couverture médiatique de ce rapport du GIEC ? Proche de zéro ! Ou en tout cas sans commune mesure avec l’Ukraine ou d’autre problématiques du moment… Voilà pour ma réflexion !
Je vis en Angleterre et tous les matins mon premier geste est d’écouter les infos. Aujourd’hui j’ai éteint et j’ai décidé de ne plus écouter votre antenne. La raison est simple : vous êtes une radio publique pour le peuple français, ils vous écoutent pour être informés sur toute l’actualité. Après le covid, voici la guerre qui détient 80% du temps dans les médias. C’est honteux d’oublier les autres à ce point. Vous croyez que c’est ce que les gens ont envie d’écouter ? Faites votre sondage il se peut que vous soyez surpris.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Présidentielle ne sont vraiment plus le sujet de vos journaux. Quand j’entends un reportage le matin sur les personnes âgées de Normandie qui ont vécu la seconde Guerre mondiale et craignent à nouveau les bombardements, je me dis que vous avez vraiment des minutes à perdre. Cette présidentielle sera, comme elle se profile, volée aux Français par un président que je soutenais jusqu’alors et qui refuse tout débat. Mais les journalistes auront une lourde part également dans ce qui se passe. Je ne doute pas que vous ferez de nombreux reportages sur la chienlit qui suivra ces élections ratées, quand les Gilets jaunes et bien d’autres se réveilleront. Ce sera alors l’occasion de changer de sujet et de ne plus parler de l’Ukraine ni du covid. Quand allez-vous comprendre que se polariser sur un seul sujet constamment vous fait perdre progressivement tout crédit ?
Aussi tragique et odieuse que soit la guerre contre l’Ukraine, elle occupe grandement les journaux et semble occulter ce qu’il se passe ailleurs. Notamment, au Haut-Karabagh où le conflit n’est toujours pas réglé, malgré la protection russe – eh oui, nous y voilà, la Russie a aussi ses « bons » cotés – et où l’Azerbaïdjan ne cesse de provoquer des « incidents » aux frontières avec l’Arménie. Il semblerait, d’après le peu d’informations qui arrivent de là-bas, que l’Azerbaïdjan ait endommagé (détruit ?) un pipeline de gaz approvisionnant l’Artsakh depuis l’Arménie, ce, depuis huit jours. Il faut savoir que l’hiver est encore bien présent dans cette région et que les habitants n’ont plus de quoi cuisiner et se chauffer. Qui proteste en Occident ? Par ailleurs, il ne se passe quasiment pas une semaine sans que des tirs azéris tuent ou blessent des civils arméniens du Karabagh. Qui proteste en Occident ? De plus, il faut encore et encore attendre que l’Azerbaïdjan restitue tous les prisonniers de guerre, d’ailleurs maltraités par les militaires azéris, en contradiction avec toutes les conventions de la guerre. Qui proteste en Occident ? Qui veut envoyer Alyiev devant la Cour Pénale Internationale ? la voix est bien faible car il ne faut surtout pas, encore plus aujourd’hui dans le contexte de guerre, se mettre à mal avec l’un des fournisseurs de pétrole et de gaz qu’est le dictateur de Bakou. Ceci dit, je ne suis surtout pas un admirateur de Poutine ni de quelque dictateur que ce soit, et je me méfie de certains « démocrates » qui ne font qu’attiser le chaos.