- Le traitement éditorial de la mort du petit Émile
- 50ème anniversaire de la mort de Georges Pompidou
- Des interviews politiques inaudibles
- En quête de politique sur France Inter : « L’antisionisme est-il forcément un antisémitisme ? »
- Wajdi Mouawad, invité du Grand entretien sur France Inter
- Le changement d’heure
- L’absence de critique du film « Dune » dans le Masque et la Plume
- Le podcast « Louis-Ferdinand Céline, le voyage sans retour » sur France Inter
- Langue française
Le décès du petit Émile
Des ossements correspondant au corps du petit Émile ont été retrouvés samedi dernier à proximité du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence, une découverte mettant fin à neuf mois de recherches de l’enfant alors âgé de 2 ans et demi, mais dont la cause de la mort reste toujours inconnue.
Chute accidentelle, homicide involontaire, meurtre ? Les enquêteurs sont de retour sur le terrain, pour tenter de répondre aux questions autour de ce drame.
Le traitement éditorial du décès du petit Émile a fait réagir des auditeurs, ceux de Franceinfo et dans une moindre mesure ceux de France Inter. Ils estiment que la couverture de cet événement, avec des descriptions détaillées et des spéculations sur les circonstances de sa mort, a manqué de respect envers la victime et sa famille. Certains ont qualifié cette approche de sensationnaliste et macabre. Ils s’interrogent également sur le déséquilibre entre le temps consacré à cet événement et l’importance accordée à d’autres sujets d’actualité qu’ils jugent plus pertinents.
« Auditeur fidèle de Franceinfo et France Inter, je suis choqué par le traitement du décès du petit Émile sur Franceinfo. Je comprends la pertinence de relater la découverte des ossements de cet enfant comme élément nouveau. Mais les longs reportages et descriptions avec des détails de l’état de ses restes, les hypothèses sur les circonstances de son décès, me paraissent inutiles. Cela n’apporte rien au traitement de cette actualité et consiste en un manque de décence face au décès d’un enfant. Ce type d’angle sensationnaliste contribue à monter en épingle des faits divers, au détriment de sujets plus importants. »
« Indécente, la façon dont a été traitée l’actualité au sujet de la découverte des ossements du petit Émile aujourd’hui dans le journal de France Inter. Un mélange de voyeurisme et de sensationnalisme, alors que la juste parole serait de dire que l’enquête va pouvoir avancer. »
A la lecture des messages il est important de clarifier l’approche éditoriale de ce cas particulier. Tout d’abord, rappelons que la disparition du petit Émile a été un événement suivi de près par de très nombreux Français tout au long de l’été 2023 et les mois suivants.
Pour les rédactions de France Inter et de Franceinfo, l’objectif est d’informer le public de manière transparente et impartiale sur les développements de l’actualité, y compris les disparitions tragiques comme celle de ce petit garçon.
La découverte des ossements de cet enfant a constitué un développement majeur dans cette affaire. Non seulement cela a mis fin à l’incertitude entourant sa disparition, mais cela a également ouvert la voie à l’enquête visant à déterminer les circonstances de sa mort.
Cependant, les remarques des auditeurs évoquant la dignité de l’enfant sont parfaitement légitimes. Il est nécessaire de reconnaître que le traitement médiatique de ce type d’actualité est délicat. En l’espèce, la dignité de la victime n’est-elle pas d’emblée atteinte par l’horreur des faits ? Il est possible que certaines parties de la couverture médiatique comme les descriptions détaillées des restes humains, la mention des ossements, le crâne et les spéculations sur les circonstances de sa mort aient pu être perçues comme intrusives ou déplacées. Il ne s’agit pourtant que de la transmission d’informations factuelles, aussi sordides soient-elles.
Il est nécessaire de rappeler que les journalistes de Radio France exercent leur mission d’information avec éthique, en veillant à éviter toute exploitation sensationnaliste et dans le respect des personnes impliquées dans cette actualité tragique.
Comment une rédaction d’information en continu couvre une actualité aussi sensible ? Nous répondrons aux questions des auditeurs demain dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo à 13h20 et 16h20 avec Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction et David Di Giacomo, chef du service police-justice.
Des interviews politiques inaudibles
Des messages expriment une critique croissante à l’égard des interviews politiques menées sur France Inter en semaine et le week-end, dans le contexte des élections européennes. Des auditeurs se plaignent de la tendance des journalistes à couper fréquemment la parole à leurs invités, ce qui rend les échanges inaudibles. Certains soulignent que cela empêche les invités de développer leurs réponses de manière constructive, conduisant à des interviews confuses et frustrantes. Certains auditeurs avancent que cette interruption constante serait le reflet de « l’idéologie » des journalistes, plutôt que de permettre un débat informatif. Ils appellent à un changement de pratique, soulignant l’importance de laisser aux invités le temps nécessaire pour répondre aux questions et développer leurs arguments :
« Je suis une auditrice fidèle de France Inter surtout le matin. J’apprécie la qualité et la diversité des émissions. Mais je ne supporte plus la façon dont les animateurs font leurs interventions. Questions plus longues que les réponses, couper la parole sans arrêt, ce sont les invités que nous avons envie d’entendre et non pas les intervieweurs.
Cela devient de plus en plus insupportable surtout avec une campagne européenne qui commence ! Cette remarque ne met pas en doute les compétences des journalistes de France Inter. »
« J’écoute quasiment tous les jours France Inter et notamment les matinales… Et, à chaque écoute, je suis agacée de tous les journalistes qui passent leur temps à couper la parole à leurs invités et/ou à parler en même temps qu’eux, ce qui devient inaudible et mal élevé. Je prends la décision aujourd’hui, d’écouter une autre radio parce que je trouve cela insupportable… Les invités n’arrivent même plus à répondre aux questions de manière correcte sans être coupé dès qu’ils prennent une respiration… »
« Les entretiens politiques du matin sur France Inter deviennent inaudibles ! Les invités ne peuvent pas s’exprimer ! Les journalistes les interrompent sans arrêt. C’est insupportable ! Je me retrouve à changer de radio presque chaque matin pour ne pas démarrer la journée en colère ! La campagne des Européennes commence à peine ! »
Ces remarques nécessitent d’apporter un éclairage sur cette pratique journalistique. Certains auditeurs voient de l’impolitesse là où s’exprime de l’exigence, d’autres qualifient d’insolence ou de « joute verbale » ce qui n’est qu’esprit d’à-propos. Couper la parole n’est pas non plus l’expression d’un rejet des points de vue de l’invité sous prétexte que l’on ne serait pas sur la même ligne politique que lui. Les ficelles sont plus subtiles.
Lors d’une interview, tout journaliste a un objectif : que son invité soit compris par tous. Le propos ne doit être ni abscons, au risque de perdre les auditeurs, ni dans la simplification caricaturale qui jetterait le discrédit sur cet exercice journalistique. A fortiori dans une interview politique, il revient au journaliste de donner le change à la langue de bois, de contrecarrer les éléments de langage et la communication ultra formatée. Si l’invité ne répond pas à la question et tente de faire diversion, on l’interrompt. Idem s’il est trop long et pas clair. Imagine-t-on une personnalité politique déroulant sa réponse pendant de longues minutes ? Ce n’est plus une interview. C’est une tribune.
Apporter la contradiction ou demander d’approfondir un élément de réponse peut également être perçu comme le souhait de partager finement le raisonnement d’un invité, à plus forte raison s’il s’agit d’un interlocuteur à la pensée « complexe ».
De ces observations se dégage ce que l’on appelle l’équilibre, et lors d’une interview, en direct, dans un temps limité, cet équilibre est parfois fragile à trouver et à conserver, c’est une vigilance constante que s’impose le journaliste à l’antenne.
Il y a également un aspect capital à prendre en compte : le temps. Dans une matinale par exemple, chaque minute compte. Tout doit tenir : les journaux, les chroniques, les reportages, les interviews, les enquêtes, les billets, les promotions d’antenne, les questions des auditeurs, la météo, la revue de presse. Ces rendez-vous sont incompressibles et répondent à une mécanique d’antenne stricte. En direct, un journaliste a un chronomètre dans la tête et les yeux rivés sur la pendule. Il faut avancer.
Dans une interview, interrompre l’invité est un geste intégré dans l’ensemble des impératifs d’une antenne et non comme l’acte isolé d’un journaliste cherchant à se valoriser. Couper la parole est aussi l’expression de l’audace empreinte de curiosité pour faire avancer le débat des idées, pour nourrir la réflexion de l’auditeur, du citoyen.
« Peut-on être antisioniste sans être antisémite ? »
Une question clivante en titre d’émission. Samedi dernier, « En quête de politique » de Thomas Legrand sur France Inter abordait un sujet souvent évoqué par les auditeurs dans leurs courriels depuis le 7 octobre. Le débat sur la possibilité d’être antisioniste sans être antisémite persiste depuis la création de l’État d’Israël, et avant la vague islamiste des années 90. Certains soutiennent que l’antisionisme ne signifie pas nécessairement antisémitisme, citant les exemples de groupes religieux ultra-orthodoxes ou d’intellectuels juifs de gauche opposés au sionisme. D’autres mettent en garde contre le fait que l’antisionisme peut parfois dissimuler des sentiments antisémites, en particulier lors de conflits géopolitiques complexes.
Avec la guerre entre le Hamas et Israël, l’essor du fondamentalisme islamiste et l’évolution vers un sionisme teinté de théocratie au sein du pouvoir ces dernières années, il devient actuellement de plus en plus complexe de distinguer les positions antisionistes de la résurgence d’un antisémitisme latent.
Dans son émission, Thomas Legrand a donc tenté d’explorer les complexités inhérentes à cette question en montrant que des juifs engagés pour la paix avec la Palestine peuvent également être antisionistes, et que l’antisionisme ne signifie pas nécessairement soutenir la disparition d’Israël.
Les auditeurs ont salué la qualité des débats et la diversité des points de vue présentés, en soulignant que cette émission offrait une occasion rare d’entendre des intellectuels discuter ouvertement de ce sujet très controversé. Certains auditeurs ont apprécié le fait que l’émission ait permis de clarifier des concepts complexes et de remettre en question des idées reçues, ce qui, selon eux, contribue à une meilleure compréhension des enjeux liés au sionisme et à l’antisionisme.
D’autres ont souligné la pertinence de l’émission, sa clarté et l’importance de donner la parole à des opinions divergentes afin de promouvoir un débat sur ces questions sensibles.
« Bravo pour votre émission de façon générale. Une prise de recul, une profondeur de réflexion et des témoignages rares. Le plaisir d’apprendre et de comprendre des concepts et des faits que trop souvent je pensais être des évidences. Ce qui revêt un caractère réellement salutaire à l’écoute d’« En quête de politique ». C’est particulièrement le cas de celle de samedi sur le sionisme qui m’apparaît comme un outil utile dans la lutte contre l’antisémitisme. Encore bravo et merci à vous. »
« Je voulais juste dire un grand merci à Thomas Legrand pour cet épisode, qui donne la parole à des intellectuels qu’on n’entend pas assez souvent dans le débat actuel sur ce qui se passe en Israël. Pourtant leur voix, leur point de vue est si éclairant et expose exactement les clés de la situation, posément et dans la nuance.
Merci plus largement à Radio France pour la qualité de ses émissions et podcasts sur le sujet du conflit en Israël. »
Le dramaturge Wajdi Mouawad sur France Inter
Les auditeurs ont plébiscité l’interview de Wajdi Mouawad, mardi matin sur France Inter, au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand. Ils se disent touchés par la sagesse et l’humanité dont il a fait preuve en abordant des sujets aussi délicats que le conflit israélo-palestinien et d’autres enjeux contemporains.
En mettant en lumière la nécessité de comprendre les conflits à travers le prisme de l’individu et de son parcours personnel, le directeur du théâtre national de la Colline a permis à des nombreux auditeurs d’envisager et d’analyser ces situations sous un angle différent ou dans une perspective nouvelle.
Après cette interview des auditeurs ont écrit pour partager leurs propres expériences et réflexions sur la question de l’acceptation de l’autre, inspirés par le message d’empathie et d’ouverture prôné par cet artiste engagé. Ils ont évoqué des souvenirs personnels et des remises en question sur la manière dont ils perçoivent et interagissent avec les personnes issues de cultures différentes, soulignant l’importance de l’intégration et de l’effort quotidien pour surmonter les préjugés et les stéréotypes.
Enfin, les auditeurs remercient la matinale de France Inter d’avoir donné la parole à un tel invité qui aborde avec profondeur ces sujets majeurs. Ils insistent sur l’importance d’offrir de la visibilité à des personnalités telles que Wajdi Mouawad, dont les paroles résonnent profondément avec leur sensibilité et contribuent à élever le niveau du débat public.
« Je prends enfin « ma plume » digitale pour vous écrire, à vous tous sur France Inter, mais en particulier à Nicolas Demorand et à son équipe. Je suis pédiatre néonatologiste (…). Je vous écris ce jour parce que j’ai entendu l’interview avec Léa Salamé et Wajdi Mouawad, le directeur du théâtre de la Colline, libanais chrétien dans ses origines.
Quelle leçon de vie, d’humanité et de lucidité par rapport au conflit du Proche Orient qui dure depuis si longtemps. Même de grands historiens et auteurs comme Gilles Kepel n’arrivent pas à expliquer le fond des choses de manière aussi précise et puissante que ce que M. Mouawad a pu dire hier, c’est à dire au niveau de l’individu qui est né et a grandi dans cette zone de conflit « éternel ».
Merci, merci de tout cœur, c’est à l’échelle de l’homme individuel que les choses se passent, qu’elles doivent bouger, qu’elles doivent changer. France Inter y participe en faisant des émissions comme celles d’hier, elles sont nombreuses sur votre antenne, elles auront un impact un jour, je l’espère, continuez votre démarche de donner la parole aux personnalités comme M. Mouawad, aux individus intelligents et capables d’éclairer avec leurs paroles les ténèbres dans lesquelles nous vivons.
C’est la première fois en 40 ans d’écoute de votre station de radio que je me suis lancé à vous écrire un message, cela compte beaucoup pour moi dans ces moments difficiles, qui sont certainement aussi difficiles et inquiétants pour vous que pour vos auditeurs »
Le nouveau podcast de Philippe Collin
Une nouvelle série de podcasts signée Philippe Collin est toujours un « petit évènement » pour les auditeurs de France Inter !
Depuis dix jours, ils peuvent découvrir « Louis-Ferdinand Céline. Le voyage sans retour », dix épisodes de 54 minutes consacrés à l’écrivain, avec des historiens, des chercheurs, des auteurs, le tout enrichi de nombreuses archives sonores.
Louis-Ferdinand Céline, est connu pour ses œuvres marquantes telles que « Le Voyage au bout de la nuit » et « Mort à crédit ». Malgré son génie littéraire, ses idées antisémites ont suscité la controverse et remis en question son héritage. Son décès a été à la fois un soulagement et une source de débat, révélant la complexité de sa personnalité. En 2021, des manuscrits inédits de Céline ont refait surface, suscitant un nouvel intérêt pour son travail. Son retour en librairie a ravivé le débat sur sa place dans la mémoire collective. Est-il possible de séparer l’homme de lettres de l’homme politique ? Cette série documentaire de Philippe Collin propose une analyse approfondie de la vie et de l’œuvre de Céline, mettant en lumière les différentes facettes de sa personnalité et son influence dans la littérature française.
Toutes affaires cessantes, des auditeurs ont littéralement englouti ces neuf heures de récit, l’un d’entre eux confiant : « J’en suis au 6ème épisode, je n’ai plus de vie sociale mais c’est tellement bien… tellement passionnant. Merci… vraiment. » Tous les messages expriment de l’admiration pour ce travail remarquable. Les auditeurs saluent la qualité de l’analyse présentée dans la série, ainsi que la façon dont elle explore la complexité du personnage de Céline et éclaire son œuvre sous différents angles. La mise en perspective historique et littéraire est particulièrement appréciée, tout comme l’utilisation judicieuse des documents d’époque et des extraits de l’œuvre de Céline pour enrichir la narration.
Certains auditeurs avouent n’avoir jamais lu Céline ou ne pas s’y être spécialement intéressés auparavant, mais indiquent que la série les a captivés et a éveillé leur intérêt pour cet auteur controversé. Tous remercient Philippe Collin et son équipe pour cette réalisation exceptionnelle.
« Transmettez toute mon admiration à Philippe Collin pour sa série sur Louis-Ferdinand Céline. Remarquable à tout point de vue. Extraordinaire voyage dans une âme insondable torturée et insupportable à bien des égards. Magnifique mise en perspective de cette œuvre et de l’aventure d’un homme aussi maudit et abject qu’exceptionnel car le reflet de toutes les bassesses et les contradictions de cette époque… Encore bravo ! »
« Une nouvelle fois, Radio France nous livre une passionnante analyse, celle du personnage Céline. Les divers intervenants, les documents d’époque, les extraits de l’œuvre, parfaitement synthétisés et éclairés ont accroché, et je l’avoue un peu recadré, le lecteur amateur de Céline que je suis. Merci Philippe Collin. »
« Je félicite Philippe Collin et ses collaborateurs pour la remarquable série sur Céline, le voyage sans retour. Excellentissime ! »
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France