Chaque semaine, les auditeurs nous écrivent pour suggérer des thèmes de reportages. Leurs courriels sont relayés auprès des rédactions qui parfois s’en inspirent ou bien qui ont déjà traité le sujet, nous vous proposons alors les liens des reportages réalisés par les antennes. Sélection.

Les professions mobilisées hors soignants

L’agroalimentaire

Je voulais amicalement vous rappeler il y a des travailleurs que personne ne cite et ne remercie jamais à 20h ; ils sont à peu près 60000 dans ma région en Bretagne, à travailler dans les métiers très peu glamour de l’agroalimentaire. Néanmoins ils remplissent discrètement beaucoup des rayons des supermarchés pour permettre aux Français de se nourrir; sans en avoir vraiment le choix, pour des salaires de misère et dans des conditions souvent très difficiles. Un reportage sur eux, un petit merci, leur feraient peut-être plaisir, et permettrait de se rappeler qu’ils font partie des travailleurs indispensables mais non visibles.

Les gestionnaires de paye

Nous allons rentrer dans notre 8e semaine de confinement. Depuis le début, comme la généralité des professionnels de la paye, nous nous acharnons à établir des dossiers pour la prise en charge de l’activité partielle. Nous « essayons  » de faire des bulletins de salaire malgré les changements de lois journaliers. Les informaticiens ont d’énormes difficultés à mettre à jour les logiciels. Nous sommes fatigués de tous ces changements de cap. Nous faisons toujours partie de l’ombre. Une petite pensée pour notre profession serait un baume au cœur. Ce matin pas de radio, trop fatiguée d’entendre toujours la même litanie. Et oui, les gestionnaires de paye feront partie des personnes en arrêt pour épuisement au travail.

Les personnels des maisons d’accueil spécialisées

Pouvez-vous faire une interview du personnel des maisons d’accueil spécialisées qui en cette période de pandémie risque sa vie tout comme le personnel hospitalier. La population des maisons d’accueil spécialisées sont des personnes en situation de handicap pour qui le CORONA VIRUS reste un ennemi redoutable. Je pense en particulier au personnel de l’alagh, 1661 Avenue Pinchard à Nancy.

Les gendarmes

Ma compagne est policière à la police municipale de Vaulx-en-Velin dans le Rhône. Elle part très tôt, termine très tard, comme ses 40 collègues. 6h, 20h ou bien 12h minuit (les horaires varient) et entre les deux, des heures d’incivilités, d’insultes, de jets de pierres, de violences, alors que la mission principale est la sécurité sanitaire des populations.  Depuis toutes ces semaines, je la vois s’étioler, se décourager. Y aura-t-il quelqu’un pour rappeler l’implication et le courage de ces policiers ou gendarmes ? Pour applaudir à la fenêtre ? pour les encourager dans leurs missions ? Est-ce politiquement incorrect d’encourager ces personnes dans le bon exercice de leur mission ?  

Les chauffeurs routiers

Mère d’un routier, je trouve insupportable que l’on ne parle pas plus de leur rôle et de leur engagement. Sans eux, il n’y aurait pas eu le minimum vital pour nous nourrir. Parlons aussi de leurs conditions de travail, de leur dévouement. C’est pratiquement le Moyen-âge ne pouvant voir correctement leurs familles avec des rythmes horaires sans nom. Je reste choquée de votre manque d’insistance et de régularité pour informer au mieux sur leurs situations ! 

France Bleu Normandie a réalisé une vidéo et un article consultables sur son site sur le quotidien de Romain Granval, chauffeur routier dans l’Eure, confiné sur les routes du nord de la France depuis le début de la crise.

Les professions en danger

Les saisonniers

J’aurais dû, comme beaucoup, commencer ma saison à Pâques. Mes droits allocation chômage terminent fin juin et je n’aurai en aucun cas travaillé les 6 mois requis afin de les rouvrir pour cet hiver. Lorsque j’ai contacté Pôle emploi, il m’a été conseillé de changer de métier. Un peu comme on m’aurai dit il y a quelques temps de traverser la rue. Nous sommes nombreux a envisager un long hiver de galère au RSA. Je suis un auditeur assidu de votre antenne et je désespère de jour en jour d’entendre que l’on existe. J’ai entendu des sujets sur toutes sortes de population du cas des prostituées au rugbymen professionnel déprimés mais rien sur les saisonniers du littoral français. N’oublions pas que derrière chaque établissement ce sont énormément de salariés. Et date du confinement oblige aucun n’a signé de contrat et donc aucun droit au chômage partiel et aucune assurance de travailler prochainement. J’espère entendre prochainement un petit mot sur nous qui pour une fois nous ferait démarrer la journée avec moins de haine envers ces DRH qui nous gouvernent

Dans un article, France Bleu fait état du manque de main d’œuvre saisonnière pour les arboriculteurs et maraîchers, notamment de main d’œuvre étrangère.

Les métiers d’art

C’est très bien de parler des personnes dont le travail est à l’arrêt, mais vous n’êtes pas équitables ! Les restaurateurs, les restaurateurs sont cités tous les jours ou presque ! Le spectacle vivant aussi…. Beaucoup d’autres métiers ne sont pas cités : les créateurs et les détenteurs de savoir-faire, par exemple, les métiers d’art donc, et cela est grave. Cette catégorie comporte 281 métiers…Nous sommes souvent les oubliés de l’Etat et de la population… Alors durant ce confinement, n’oubliez pas de faire un reportage ou une interview sur ces gens qui sont dans la belle matière, loin du matérialisme.

Les conditions de déconfinement

Bonjour, je suis coiffeur barbier et je me retrouve dans une réflexion qui m’inquiète fortement ! cette inquiétude est liée au déconfinement prévu. On parle toutes les heures du périmètre de sécurité qu’il faut absolument avoir. Cela ne sera pas le cas pour les barbiers ni pour les coiffeurs ! Je trouve peu d’information sur ce problème dans les différents médias d’information. Il serait peut-être intéressant de lancer un questionnement sur cela ?

Le site de France Bleu recense plusieurs articles sur les conditions sanitaires de reprise dans les salons de coiffure.

Je vous écris ce jour pour porter à votre connaissance un problème qui nous est arrivé ce matin. Depuis ce matin, il est possible pour les TPE PME de moins de 10 salariés, sur un site internet dédié https://masques-pme.laposte.fr/,  de commander des masques pour protéger leurs salariés au moment de la reprise du travail. Sur ce site il faut simplement renseigner le numéro de SIRET de l’entreprise pour pouvoir commander. Ce matin, je me suis connectée pour commander pour notre entreprise de 3 salariés, mais j’ai eu la surprise de me voir indiquer que mon numéro de SIRET était déjà utilisé. Évidemment personne dans notre entreprise n’avait fait cette démarche avant moi. Le site de la poste ne procède à aucune vérification. Du coup il est extrêmement facile d’utiliser le SIRET de n’importe quelle entreprise pour commander des masques et se les faire livrer à n’importe quelle adresse. Nous avons déposé une pré-plainte dans l’heure qui a suivi, mais nous ne savons pas si cela va être suivi d’effet. Je suppose que nous n’allons pas être la seule PME dans ce cas. Je ne sais pas si le fait de porter ceci à votre connaissance peut changer quelque chose, mais nous sommes tellement dépités ! 

Les maires

Nous entendons bon nombre de maires actuellement sur l’antenne de FranceInfo. Depuis le début du confinement, je n’ai entendu qu’une seule fois un animateur avertir que l’intervenante était candidate aux élections municipales. Bien que la campagne soit suspendue, personnellement, je pense, à mon humble avis, qu’il serait intéressant de savoir si les maires interrogés sont candidat ou totalement désintéressés. Ça pourrait peut-être aussi expliquer la surenchère de certains maires dans leurs choix pendant le confinement ou l’après. 

Droit de retrait

Oserais-je vous suggérer de creuser de ce côté-là ? Les enseignants-parents d’un enfant, qui utilisent leur droit de ne pas scolariser celui-ci, sont interdits par leur hiérarchie de rester à la maison pour le garder, même en continuant à faire classe à distance pour leurs propres élèves. S’ils le font, ils sont menacés d’être renvoyés pour abandon de poste. Leur hiérarchie les taxe aussi de vouloir faillir à leur mission. Et leur demande de faire garder cet enfant par un voisin ou la famille. 

Plus d’informations utiles

Je ne veux pas compliquer votre travail, il n’est pas simple. Je souhaite cependant vous faire part de ma déception sur la manière dont France Inter et France Info traitent le sujet Covid-19. Beaucoup de titres soulignent les « hésitations », « volte-face », « démarches cahotiques », « polémiques » etc… Certes tout n’est pas clair, loin de là. Le Gouvernement hésite, vous avez raison de le montrer. Mais ne faut-il pas en même temps aussi souligner le peu de recul que l’on a sur cette pandémie ? Et qu’il ne peut, sauf à s’enfermer dans des croyances, qu’avancer au rythme de l’évolution des connaissances réellement scientifiques, faites d’avancées, de mise en garde et de doute. C’est d’ailleurs le doute scientifique qui est le moteur du progrès scientifique. Or à ne souligner que « volte-face », « insuffisances », polémiques, etc. (qui bien souvent n’en sont que visuellement et non pas fondamentalement) on contribue à renforcer le doute des français sur tout ce qu’on leur dit. Alors que les organes d’information devraient contribuer à tout le contraire (certes sans tomber dans la propagande !). Hier au journal de 13h par exemple vous nous avez fait parler une pharmacienne au sujet des masques. Pendant de larges minutes. Elle n’a strictement apporté aucune information sinon des réflexions de polémique indignées. A côté de cela vous avez signalé en quelques courtes secondes le fait que l’Ecole vétérinaire de Maison-Alfort avec l’INRAE et l’Institut Pasteur ont confirmé le fait que des chats peuvent être porteurs du Covid-19. L’étude est sérieuse et sans contestation possible. Il s’agit là d’une information à préciser (la matière existe) car vous savez bien que beaucoup de personnes âgées, à qui on répète constamment qu’elles sont les plus exposées aux effets graves du Covid-19, possèdent un chat comme seul compagnon.  Informer c’est donner parler de faits pertinents et importants. Ce n’est pas, ainsi que c’est bien trop souvent le cas, développer un titre accrocheur. Dire qu’il y a des polémiques, il le faut, mais leur donner une importance fondamentale au détriment d’autres informations moins spectaculaires ne peut être que le fait de média de seconde zone. Les français méritent autre chose ! Je souhaite ne pas rester sur cette remarque négative et vous donner tous mes encouragements pour que vous continuiez à avoir la volonté de donner une information de qualité. Ce qui passe par certaines précautions dont une que j’ai voulu ici souligner.

France Culture réalise depuis le début de la crise sanitaire un grand nombre de sujets de fond, relayant les études scientifiques autour du coronavirus : retrouvez toutes les chroniques de Nicolas Martin, « Radiographies du coronavirus ».

Les ressortissants marocains bloqués à l’étranger

Je souhaite attirer votre attention sur une situation dont on ne parle pas mais qui concerne des dizaines de milliers de personnes :  les ressortissants marocains bloqués à l’étranger après que leur pays a décidé de fermer ses frontières en quelques heures. Aucun plan de rapatriement n’a été mis en place, et le gouvernement se mure derrière un silence assourdissant. Certains vivent des situations humanitaires désastreuses, notamment en Espagne où les municipalités ont mis à la disposition de centaines d’exilés forcés, des gymnases dans lesquels ils sont entassés, dans des conditions sanitaires catastrophiques. Sans compter les personnes qui se retrouvent dans l’illégalité la plus totale avec des visas ou des passeports expirés. Pourriez-vous consacrer un sujet à ce problème qui concerne, au dernier recensement, 22 000 personnes. 

Enfants en situation de handicap

Je suis mère d’un enfant autiste sévère qui en temps de crise sanitaire n’est plus accueilli en établissement éducatif. Je trouve extrêmement choquant l’oubli du handicap et des situations très complexe créés par le confinement que ce soit au niveau politique, sanitaire, médiatique. Édouard Phillipe lors de son discours à l’assemblée, a totalement oublié de parler de 6 % de la population qui attend impatiemment de connaître son sort le 11 mai. Les français et journalistes semblent plus préoccupés de savoir s’ils vont pouvoir aller chez le coiffeur ou partir en vacances cet été que de connaître le sort des plus vulnérables. C’est scandaleux et conforte le sentiment que nous avions déjà que les personnes en situation de handicap sont des citoyens de dernière classe dont le sort ne mérite même plus qu’il soit traité par quelque décision ou info que ce soit.  Merci de relayer ce constat et cette « doléance » auprès de vos différents collaborateurs. 

Sur le site de France Bleu, retrouvez une série d’articles sur le quotidien des enfants et adultes en situation de handicap.

Sur France Culture dans l’émission « Hashtag », la journaliste Anne-Laure Jumet s’est entretenue avec des personnes handicapées.

Sur France Inter, le journaliste Jérôme Val a réalisé un reportage au foyer médicalisé de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), un foyer d’accueil pour personnes handicapées.

Dans le 7/9 de France Inter du lundi 4 mai, Michaël Jeremiasz, quadruple champion olympique de tennis en fauteuil, a évoqué au micro de Léa Salamé la situation des personnes en situation de handicap.