En ce début d’année, les messages évoquant le piteux niveau de langage sur les antennes de Radio France ne tarissent pas : « avalanche d’anglicismes, fautes de grammaire grossières, expressions infantiles, familiarité à la limite de la vulgarité » nous écrit un auditeur qui, en quelques mots, synthétise la teneur globale des nombreux messages que nous recevons.
Si des reproches sont fondés, il convient cependant de nuancer. Les critiques ne concernent pas l’ensemble des journalistes, animateurs ou producteurs, cependant elles rejaillissent incontestablement sur l’ensemble des intervenants de Radio France : « La langue française est admirablement belle, il faut choyer cette beauté, ne pas la souiller, la dénaturer, l’enlaidir. C’est également une langue précise, à la grammaire bien établie. On n’abîme pas un trésor, on le sauvegarde. Or, loin d’être convaincus du soin qu’il convient d’apporter aux paroles qu’ils prononcent, la plupart de vos journalistes paraissent animés d’un souverain mépris pour la langue de Racine, de Voltaire, de Proust, de Valéry ou encore de Mauriac. Ce sont des écorcheurs d’oreilles. »
L’usage pesant et continuel d’anglicismes sur les antennes est un fait objectif. Des professionnels de la radio rétorquent que, devant un micro, il faut parler comme tout le monde, d’autres, plus sensibles à la correction de l’expression, reconnaissent que les remarques des auditeurs leur permettent de prendre conscience de cet emploi immodéré de la langue anglaise.
Rappelons qu’en tant que média de service public, la valorisation et la préservation de la langue française est au cœur des missions de Radio France. Loin de valoriser celui ou celle qui l’emploie, un anglicisme traduit l’appauvrissement du patrimoine linguistique français. Pire, il peut être la manifestation d’une paresse de l’esprit, parfois d’un vide de la pensée. L’usage d’un anglicisme tente de faire passer pour une hypermodernité du discours un propos prétentieux et, en creux, une forme de snobisme.
Cette prolifération d’anglicismes a également été constatée rue de Valois, au cœur même du bureau de la ministre de la Culture. Une anecdote rapportée cette semaine par « Le Parisien aujourd’hui en France » nous apprend que Roselyne Bachelot, très sensible à la cause de la francophonie, a posé une tirelire sur la table de la salle de réunion de son cabinet : « Et le tarif, c’est un euro à chaque mot anglais utilisé ! » lit-on dans l’article. « Les membres de son équipe contribuent régulièrement mais la ministre elle-même s’est retrouvée mise à l’amende récemment (…) en utilisant les expressions « bottom up et top down ». Elle s’est immédiatement acquittée d’une pénalité de 4 euros (4 mots anglais, c’est 4 euros). »
Lundi, un anglicisme ponctuel a connu une belle vitalité sur les antennes : le « Blue Monday ».
Comment se fait-il que certains journalistes continuent à parler de « distanciation sociale » ? Je croyais que les auditeurs avaient fait un sort à cet anglicisme doublement absurde en français. Evitez de jargonner et parlez-nous de distances de sécurité, ou de garder ses distances. Tout le monde comprendra. Et pendant que j’y suis, je voudrais épingler quelques anglicismes entendus ces derniers jours, et qui, à chaque fois qu’on les emploie, contribuent à envoyer aux oubliettes un ou plusieurs mots français et donc à appauvrir notre langue : des entreprises « impactées » par le confinement : touchées, affectées la « newsletter » de 50 millions de consommateurs : la lettre d’informations la « hotline » d’une association de soutien psychologique : le numéro vert, d’appel, d’écoute, de soutien, etc Lorsque les policiers font des contrôles (d’autorisation de déplacement), ils ne sont pas « dédiés » à la lutte contre la délinquance (Marc Podevin !) : ils ne peuvent pas se consacrer à… (dédier qch à qq, c’est le lui offrir en hommage !!!) des mesures « drastiques » : vos journalistes n’ont plus que ce mot à la bouche, qui a complètement remplacé « des mesures draconiennes, radicales ». En conclusion, je voudrais que certains journalistes soient davantage conscients de la langue qu’ils pratiquent, et qu’ils fassent un effort pour parler français, tout simplement. Mais quand on voit que la maison mère, Radio France, donne le mauvais exemple avec ses « hashtags » et ses concerts « live », il y a de quoi être pessimiste.
Je suis scandalisée par tous ces mots, termes anglais utilisés sur votre antenne, service public : coach, burnout, hotline, hotspot, stress, podcast etc. alors qu’il paraît que notre langue est belle, riche et surement de nombreuses personnes l’apprennent grâce à la radio. On regrette Philippe Meyer ! Je pense que c’est par paresse car l’anglais est plus court. Ce qu’il faudrait c’est que TOUS les journalistes, animateurs parlent français et reprennent ceux de leurs invités qui par habitude, parce qu’ils ont des collègues à travers le monde et utilisent l’anglais pour communiquer, et immédiatement traduisent en français. Nous sommes des millions à vous écouter. Pensez-y, moins d’entre soi serait tellement mieux. Merci pour votre attention.
Entendre au réveil, ce vendredi 22 janvier, que les “viewers” peuvent regarder les “gamers” en “live” et même en “replay” ! Whaouh! “En termes de timing” (également entendu ce matin), il est à peine 7h30 et j’ai déjà les oreilles qui saignent!!!!!
Le tracking, mot constamment utilisé sur votre antenne, est un anglicisme inutile car traçage ou traçabilité fonctionnent parfaitement. De plus la méthode choisie par le gouvernement est le « contact tracing » et non le « tracking ». S’il vous plaît, contribuez à ne pas faire proliférer les anglicismes inutiles lorsque le français propose des solutions aussi simple (surtout que tracking est carrément faux…).
Les parleurs de la radio pourraient-ils s’abstenir de jargonner, et de se rappeler qu’il y a des auditeurs ? La parleuse questionne sur une éventuelle DÈDELAÏNE !! ça n’existe pas en français, C’EST QUOI ?
J’entends souvent « rippe-les », que nous invite-t-on à ripper ? Que faut-il ripper pour re-écouter une émission ?
« Les bloquebeustères sont en strimingue », qu’est-ce à dire ?
Des gens parlent entre-eux de notre (auditeurs-lecteur-péquin moyen) mécompréhension des faits de l’actualité. Moi auditeur, je ne comprends pas de quoi ils parlent quand ils disent « fastechèquingue » dont aucun élément français me permettrait de deviner un début de signification. Pourriez-vous me donner la clé qui me permettrait de comprendre de quoi ils parlent entre-eux au sujet de ma mécompréhension ?
Merci à Sonia Devillers d’avoir repris son invitée sur tous les anglicismes qu’elle prononçait à tout bout d’interview. C’est lassant quand on est retraitée et que bien connaissant l’anglais on ne comprend pas les significations de ces mots utilisés dans le milieu professionnel.
Dans un sujet sur l’opéra, on pourrait espérer entendre du français et pas du franglais. Aujourd’hui, parmi les commentaires sur la façon dont l’Opéra fait face à la situation actuelle, votre spécialiste culture annonce des opéras « en live ». Pourquoi ne pas parler de retransmission, en ajoutant, si l’on ne craint pas le pléonasme, en direct ? Ces anglicismes à répétition sont vraiment pénibles à entendre. Pour le journaliste, ce n’est bien sûr qu’un anglicisme en 5 minutes de commentaire, mais pour l’auditeur, c’est un anglicisme toutes les 5 minutes !
J’ai écouté votre invité politique à qui on pose la question du « benchmark », d’évidence, j’attends une explication sur ce terme et rien. Certes, vous avez une fonction d’information, de réflexion, d’éveil du sens critique, mais vous ne savez pas qui vous écoute, et l’important c’est que vous ne restiez pas dans « l’entre soi », l’important c’est que même si on n’a pas la même culture langagière que vous on ait envie de continuer à vous écouter. Risquer poliment une explication ne me choquerait pas, ce mot ou cette notion reste encore une énigme pour moi. Quand les choses ne sont pas nommées cela entretient une sorte de confusion.
J’écoute votre émission en direct et j’entends votre journaliste dire « main stream ». Ce n’est bien sûr pas le seul animateur à employer des anglicismes mais ne pourrait-on pas employer des expressions françaises autant que faire se peut ? Ne pourrait-on pas remplacer cette expression par » courant dominant » ?
Le terme « digital » (et ses variantes) est devenu couramment synonyme de numérique. Pour moi, ce qui est digital ne devrait s’appliquer qu’aux doigts, sans plus. En anglais, « digit » veut dire nombre. Par une espèce de paresse intellectuelle, on utilise le mot anglais, ce qui introduit souvent une imprécision. Par exemple « challenge » pour défis, « supporter » pour soutenir, etc. C’est plus grave quand ces « assimilations » vont jusqu’à rendre peu clair un discours, par exemple quand on parle de « régulation » (regulation = règlementation en anglais) on ne sait plus exactement si on parle vraiment de maintenir un paramètre à un niveau donné (le vrais sens français) ou règlementation. Liste non exhaustive…*
Les journalistes manquent souvent de vigilance lorsqu’ils traduisent leurs sources anglo-saxonnes. De nouveau aujourd’hui, ils tombent dans le piège à propos de ce que les Américains appellent « certification » et se contentent de reprennent le mot en le prononçant à la française. J’ai dû entendre parler une fois de la « validation » de l’élection de Joe Biden. La page Internet de France Info commet la même erreur alors que, divine surprise, celle de France Inter utilise bien « valider » et « validation ». Il y a peu, un de vos meilleurs journalistes titulaires de l’après-midi, traduisait le commentaire de Trump à propos des démocrates par « ils sont pathétiques »… Ah bon ? sont-ils émouvants ? poignants ? bouleversants ? Il aurait fallu dire « pitoyables ». Je trouve quand même décevant que vos journalistes ne fassent pas plus d’efforts pour éviter de répandre en français des anglicismes que l’auditeur moyen va ensuite répéter en toute bonne foi, pensant avoir pour ainsi dire la caution des professionnels de la parole de notre radio nationale.
Ce message est en référence au niveau de langage exprimé dans les programmes d’information de Radio France. Avalanche d’anglicismes, fautes de grammaire grossières, expressions infantiles, familiarité à la limite de la vulgarité ; le grief le plus fréquemment cité ici par les auditeurs est celui du mauvais usage de la langue française. Puisque les journalistes de Radio France sont si friands d’anglicismes, pourquoi ne pas soumettre les rédactions à un « benchmarking » par rapport à la radio nationale de référence mondiale — à savoir la BBC — sur laquelle les journalistes propagent un langage de très haute qualité qui tire chaque jour leurs auditeurs vers le haut ?
Était-il vraiment indispensable d’introduire le mot « Burn out » alors que les mots « épuisement au travail », ou « dépression au travail », disaient très bien ce qu’ils voulaient dire ? Je trouve affligeant que les médias en soient réduits à utiliser des mots « qui claquent » pour parler de choses que l’on connaît depuis toujours, souvent dans le seul but de capter l’attention du public. « Cluster » pour « foyer d’infection », franchement… L’apparition de nouveaux mots : oui, mais pas pour de mauvaises raisons.