Guillaume Erner, producteur des Matins de France Culture, vous répond : 

Chers auditeurs,

Quelques précisions sur mon billet, consacré aux chevaux mutilés, qui a suscité de nombreuses réactions courroucées. 
Comme chaque jour, dans ce billet d’humeur, je m’efforce d’éclairer un aspect de l’actualité avec une notion, souvent issue des sciences sociales. Comme il s’agit d’une forme brève, je suis obligé d’être concis, voire elliptique. Mais en aucun il ne s’agit d’être provocateur. Dès lors, je suis évidemment désolé si ce billet a pu heurter certaines sensibilités, et je pense utile d’apporter quelques éléments de contexte. 
En premier lieu, cela va sans dire, je ne méconnais pas la souffrance animale, j’ai encore consacré dix minutes à ce thème dans les matins du 9/09. Je ne souhaitais pas, bien sûr, comparer la mutilation des chevaux à des pare-brise fendus, mais expliquer en quoi notre mode de perception d’un phénomène peut être identique dans ces deux situations, pourtant bien éloignées l’une de l’autre. 
Mon billet  partait des déclarations du Capitaine Jacques Diacono de l’office de lutte contre les atteintes à l’environnement, qui a déclaré dans Libération (6/09), au sujet des chevaux mutilés : « dans une bonne partie des cas, il n’y pas d’action humaine ». Et il poursuivait en expliquant : « pour 20 % à 25 % des cas, l’origine humaine ne fait aucun doute ». Et les autres cas ? Il les imputait à des « morts naturelles et des charognards ». J’ai cité cette personne dans ma revue de presse du 6/09 sans qu’aucune réaction ne vienne la contredire. A ma connaissance, personne n’a formulé un autre chiffre. D’où la question : comment expliquer que l’on agglomère des cas « naturels » et des crimes commis par un ou plusieurs sadiques. Ou bien, pour le dire autrement, comment un phénomène routinier – des chevaux qui meurent – s’agrège à une série d’exactions anormales. 

En sociologie, la réponse est claire : il s’agit d’un « biais de confirmation ». Autrement dit, si le Capitaine Diacono a raison, des cas anormaux sont additionnés à des phénomènes réguliers. C’est exactement ce qui s’est passé à Seattle en 1954 : à l’origine, il y a probablement eu des pare-brise vandalisés. Mais leur nombre a été démultiplié, dans les représentations, par d’autres cas qui n’avaient rien avoir avec une action humaine. Faire ce rapprochement, encore une fois, ne nie en rien la barbarie des actes commis contre les chevaux. Cela n’est par ailleurs en rien insultant pour ceux qui prennent ces actions comme un tout ; nous avons tous des biais de perception, cela n’a rien à voir avec la bêtise. 
Une radio comme France Culture tente d’éclairer l’actualité. C’est notre rôle d’invoquer les sciences sociales pour le faire. Evidemment, cette pratique ne doit blesser personne, mais justement une tentative d’éclairage n’a jamais pour intention d’être blessante. 

Cordialement,

​​​​​​​Guillaume Erner

Je suis professeure d’histoire contemporaine à l’Université et propriétaire de chevaux. Je tiens à vous dire combien j’ai été choquée et même scandalisée par la manière dont France Culture a traité ce matin, juste avant le journal de 7h00, l’affaire des chevaux mutilés, expliquant que le nombre croissant de cas relevé était en fait lié à une sur interprétation du phénomène due à sa médiatisation accélérée ces dernières semaines et comparant cette affaire à celle des pare-brise grêlés aux Etats-Unis dans les années cinquante. Si le souci de préciser les choses et de souligner que des cas de chevaux mutilés peuvent être confondus avec des morts ou des blessures dues à d’autres facteurs – ce qu’il n’y a pas lieu de contester – est tout à fait louable, la manière dont le sujet a été mené, sans revenir sur les nombreux cas avérés et malgré tout nombreux de mutilations atroces menées sur des équidés est inacceptable. Sans parler de la colère que j’ai ressentie, comme bien d’autres certainement, de voir cette affaire concernant des animaux tués ou torturés, comparée à des pare-brise grêlés. J’entends encore une fois l’objectif de cette chronique, j’entends aussi qu’il est difficile de traiter des sujets sensibles en quelques minutes, mais je tenais à souligner sa maladresse et son caractère totalement déplacé. Je suis particulièrement choquée, déçue et très en colère.

Je trouve la chronique de Guillaume Erner sur la mutilation des chevaux proprement scandaleuse.
Le parallèle fait avec les pare-brise est simplement révoltant.
Est-il vraiment en train de comparer la souffrance d’animaux inoffensifs avec des simple éclats de verre ?
Doit-on lui rappeler qu’un verre se remplace alors qu’un membre mutilé sur un animal non ?
Dirait-t-il ceci si une personne malveillante s’amusait à mutiler son animal de compagnie et ceux de son quartier ? Mais qu’il ne s’inquiète pas, c’est seulement un « biais de confirmation ».
Croit-il vraiment que les éleveurs de chevaux, dont c’est toute la vie, ne connaissent pas les phénomènes naturels qui peuvent arriver à leurs élevages ?
Et s’il veut vraiment étayer son propos, qu’il invite des vétérinaires réputés et qu’il nous explique en quoi ces mutilations peuvent avoir une cause « naturelle ».
Cette affaire est à prendre avec plus de sérieux. Toutes les études montrent que le premier signe de la psychopathie est de s’en prendre à un animal. Une fois cela fait, ces personnes s’en prendront aux humains.
Est-ce vraiment le travail d’une radio publique que de dire  » il n’y a rien à faire c’est naturel  » ? Et encourager ainsi les autorités à ne rien faire ?
Les autorités n’ont mis des moyens d’enquête (et encore très limités) sur cette affaire seulement par peur que les citoyens ne se défendent eux-mêmes.
La vraie question qui se pose est plutôt : Comment expliquer que l’Etat n’agisse seulement lorsqu’une affaire devient médiatique ? Et philosophiquement la question à se poser est : Si l’Etat n’est plus capable de remplir sa part du Contrat Social, suis-je en droit de reprendre mes droits naturels, dont la protection de la propriété fait partie ? Si oui, à quelles conditions ?
Voilà des questions beaucoup plus intéressantes que de nous parler de « biais de confirmation ».

Depuis deux jours je suis surpris et très agacé par vos théories sur les attaques de chevaux, en effet, d’après « un enquêteur » seulement 20 à 25 % des attaques seraient dues à des activités humaines malveillantes, les autres seraient attribuées à des « charognards ». Mais quelle est cette source ? Quelle espèce de charognard attaque un animal adulte en pleine forme pour lui ôter les parties génitales de façon chirurgicale, couper une oreille et éventuellement lui crever un œil, le tout sans une trace de sang. Pensez-vous que les hommes de chevaux, dont je suis, ne font pas la différence entre un accident survenu au pré et des lacérations à l’arme blanche. Pensez-vous sérieusement que la multiplication de ces attaques n’est que le fruit d’une confusion propriétaires d’équidés à cause d’une importante médiatisation ? Merci de vérifier la véracité de vos hypothèses, car sinon vous risquez de minimiser des faits graves et de mépriser par la même les gens concernés (et c’est déjà le cas à mon sens). 

Comme les « bien-pensants » veulent à tout prix convaincre le bas peuple qu’il ne doit pas voir ce qu’il voit – car l’insécurité n’est qu’un « sentiment » – voilà que vous essayez de convaincre ce même bas peuple décidément très stupide que « 75 à 80% » des chevaux mutilés l’auraient été par des « charognards » (qui à ma connaissance, et comme leur nom l’indique, ne s’en prennent pas à des animaux vivants) et pas du tout par de cruels humains ! Tout ça ne serait qu’un « sentiment de mutilation » ! Jusqu’où irez-vous dans le déni du réel ?

Il est des jours où Guillaume Erner pourrait faire l’économie d’un billet. Celui de ce matin concernant sa comparaison fumeuse avec des pare-brises rayés aux USA et le massacre et mutilations d’animaux innocents en France fait froid dans le dos. Car on pourrait faire ce genre de comparaison statistique avec de nombreux massacres impliquant cette fois des humains. Je suis profondément choqué par ce billet de M. Erner que j’appréciais. Nous attentons des explications.

Ce journaliste ne doit pas vivre à la campagne. Les charognards ne s’attaquent pas aux chevaux, et quand bien même, ils fuient. Cette explication est valable pour des pare-brises, mais pour les chevaux. 

Malheureusement, il est à remarquer qu’une large majorité de journalistes des médias d’informations dominantes semble affectée par ce biais de confirmation d’hypothèse. « Le journaliste moyen qui vous pose une question n’écoute pas votre réponse : il écoute son préjugé. »

Ce combat de la presse de gauche bobo (Le Monde, Libé, France Culture, parce que les 3 s’y sont mis sur cette fumisterie, on attend les Inrocks) qui, depuis ses bureaux parisiens, tente de faire passer des gens qui vivent avec des chevaux depuis des décennies pour des débiles incapables de voir ce qu’elle, depuis ses bureaux parisiens, a très bien vu, est ahurissant de mépris, en effet. 

L’article est assez trompeur car cela laisse croire à l’opinion publique que les annonces de chevaux mutilés sont principalement l’œuvre de charognards. Or, les faits communiqués au grand public sont clairement des faits criminels. 

C’est une plaisanterie ? Du 4ème voire du 5ème degré ? Parce que sinon, ça dépasse l’entendement ! 

Je suis éleveuse de chevaux.. Ceci est n’importe quoi.. Pff les charognards, vous voulez rire 

Ce 8 septembre 2020 vous avez osé suggérer le fait que des chevaux soient mutilés et la fêlure de pare-brise en laissant entendre que tout ça n’est – peut-être…- qu’histoire de paroles et mauvaise appréciation de ceux et celles qui signalent les actes immondes que subissent les chevaux en ce moment ! Honte à vous. Ravalez donc votre humeur et présentez vos excuses