1. L’affaire Thomas Legrand et Patrick Cohen
2. La situation politique en France
3. Le traitement de l’assassinat de Charlie Kirk :
– Sur France Inter
– Sur Franceinfo
– Sur France Culture
4. Remarques diverses sur Franceinfo
5. Remarques diverses sur la grille de rentrée de France Culture
6. Remarques diverses sur la grille de rentrée de France Inter
7. La réduction de l’émission « Grand bien vous fasse » sur France Inter
8. Les changements dans « La Terre au carré » sur France Inter
9. Les rires sur France Inter
10. « Le billet de Mosimann » sur France Inter
Thomas Legrand et Patrick Cohen
Depuis quinze jours, les auditeurs sont très nombreux à écrire au service de la médiation sur « l’affaire Thomas Legrand / Patrick Cohen ». À l’origine de l’affaire, une vidéo, tournée en juillet dans un restaurant parisien, montre Thomas Legrand, éditorialiste à Libération et collaborateur de France Inter, et Patrick Cohen, éditorialiste sur France Inter et France 5, échanger avec deux responsables du Parti socialiste. La séquence a valu aux deux éditorialistes des accusations de connivence avec le PS et de parti pris à l’encontre de la ministre de la Culture sortante.
Les messages des auditeurs révèlent une fracture dans la perception des faits. D’un côté, une large majorité exprime un soutien chaleureux aux deux journalistes et dénonce ce qu’ils considèrent comme une manœuvre de déstabilisation fondée sur un enregistrement clandestin qui vise plus largement le service public. Ils estiment que Thomas Legrand et Patrick Cohen sont des professionnels attachés à la rigueur et à la qualité de l’analyse politique.
D’autres auditeurs au contraire, expriment leur déception, voire leur colère, estimant que la proximité révélée avec des responsables socialistes a brisé leur confiance. Ils parlent de « trahison », dénoncent une « connivence politique » incompatible avec la mission de neutralité du service public. Pour eux, cette affaire appelle à des garanties plus strictes de déontologie.
Dans les messages de soutien, il apparaît une réelle incompréhension des auditeurs quant à la suspension conservatoire prise, dès le début de l’affaire, par la direction, à l’égard de Thomas Legrand. Cette mesure, qui vise avant tout à protéger l’antenne, a été largement mal interprétée. Beaucoup d’auditeurs y ont vu une « sanction excessive », susceptible de menacer la liberté d’expression et, plus largement, la liberté de la presse.
Il est important de rappeler ici qu’une suspension conservatoire ne constitue en aucun cas une sanction disciplinaire. Elle ne signifie pas qu’une faute caractérisée a été établie, elle relève plutôt d’une mesure temporaire. La responsabilité de la direction est précisément de protéger la chaîne des accusations qui, si elles se répandent, peuvent s’avérer particulièrement délétères pour le travail des équipes. En l’occurrence, les conditions n’étaient pas réunies pour que Thomas Legrand puisse assurer sereinement son rendez-vous du dimanche matin à l’antenne ; c’est pourquoi une mesure conservatoire a été prise, le temps d’apporter les éclaircissements nécessaires et de disposer du recul indispensable à l’évaluation de la situation.
Une décision de suspendre à titre conservatoire s’inscrit donc dans cette logique : éviter tout risque de discrédit sur une antenne et sur l’ensemble des journalistes d’une rédaction.
Dans une époque de défiance exacerbée, la crédibilité des journalistes repose sur une indépendance sans ambiguïté. La confiance du public est au cœur de leur mission comme l’a rappelé le directeur de l’information de France Inter, Philippe Corbé, dans le rendez-vous de la médiatrice, vendredi dernier, au cours duquel Thomas Legrand a répondu aux questions des auditeurs.
Le Comité d’éthique de Radio France s’est prononcé également sur « l’affaire Thomas Legrand/Patrick Cohen », son avis est à lire ici.
La mort de Charlie Kirk
Les messages reçus à propos du traitement éditorial de la mort de Charlie Kirk traduisent un profond malaise. Beaucoup d’auditeurs jugent que les antennes, France Inter, Franceinfo et France Culture, ont accordé une place disproportionnée à cet influenceur américain jusqu’ici totalement inconnu en France. Ils estiment qu’il a été présenté sans suffisamment de mise en perspective critique, avec un traitement éditorial semblant minimiser la dangerosité idéologique du personnage. Selon des auditeurs, les journalistes l’ont « édulcoré », en le qualifiant simplement de « conservateur pro-Trump », sans rappeler ses positions radicales mêlant ouvertement racisme, sexisme et homophobie. Certains auditeurs vont jusqu’à percevoir un biais idéologique, accusant les chaînes de donner une place croissante à l’extrême-droite, et disent percevoir une complaisance envers cette mouvance.
D’autres ont regretté que son décès occupe l’ouverture des journaux au détriment d’événements internationaux ou locaux plus significatifs pour eux. Ils considèrent que cela revient à adopter un regard trop américain.
Anne Soetemondt, directrice de la rédaction internationale de Radio France et Richard Place, directeur de l’information sur Franceinfo répondent à toutes ces remarques des auditeurs, demain, dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo à 15h53 et 18h50.
Parmi les chroniques consacrées à l’influenceur américain, le billet d’humeur de Guillaume Erner a suscité une vive indignation. Des auditeurs ont jugé indigne et choquant le parallèle esquissé entre l’assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo, victimes d’un attentat terroriste pour leurs idées, et Charlie Kirk, influenceur d’extrême droite dont les prises de position racistes, sexistes, homophobes et pro-armes nourrissaient la haine. Pour eux, sous-entendre « je suis Charlie Kirk » revient à susciter une empathie indue et à banaliser des idéologies contraires aux valeurs républicaines et à celles du service public.
Invité à venir répondre aux questions soulevées par ce billet, Guillaume Erner s’est exprimé dans le rendez-vous de la médiatrice sur France Culture, à réécouter ici.
Les réactions des auditeurs reçues après son intervention contrastent fortement avec celles exprimées dans les jours qui ont suivi son billet. Cette fois, beaucoup de messages lui témoignent soutien et reconnaissance. Plusieurs auditeurs disent avoir été éclairés par son propos qui leur a permis de réfléchir autrement, voire « contre eux-mêmes », et considèrent qu’il n’a pas à s’excuser. Ils saluent sa capacité à susciter la réflexion, à bousculer sans provocation gratuite et à maintenir une exigence intellectuelle rare.
Certains estiment que son intention était claire : rappeler que l’on ne tue pas pour des idées, quelles qu’elles soient, et jugent disproportionnée la polémique née de la chronique. Ils s’inquiètent même d’un manque de discernement chez ceux qui l’ont critiqué, y voyant un symptôme de la difficulté croissante à débattre sereinement. D’autres insistent sur la valeur du service public comme espace de liberté d’expression et de pensée, et voient dans les attaques contre Guillaume Erner une atteinte plus large à ce rôle.
Des auditeurs ont également réagi avec force à la chronique de Sophia Aram sur France Inter, perçue comme confuse et minimisant la nature d’extrême droite de Charlie Kirk.
Dans ce concert de critiques, signalons que des auditeurs saluent le débat organisé le 16 septembre, jugé de « grande qualité », animé avec rigueur par Nicolas Demorand et Benjamin Duhamel sur France Inter.
La rentrée sur les antennes
Depuis la rentrée, des changements ont eu lieu dans les grilles de France Inter et de France Culture. Nous avons choisi de laisser à ces programmes le temps de s’installer avant de publier les avis des auditeurs. Dans cette Lettre, nous vous proposons donc une sélection de messages reçus au cours des premières semaines de cette nouvelle saison. Vous y trouverez les réactions qu’ont suscitées certaines nouveautés, les modifications de formats ou de programmations, et aussi une sélection de messages adressés à Franceinfo.
Le plébiscite de la rentrée
La pépite qui illumine le mercredi matin c’est Mosimann ! Les auditeurs de France Inter accueillent avec beaucoup d’enthousiasme ses chroniques : une voix chaleureuse, intime, capable d’installer une atmosphère de douceur et de poésie dans la matinale. Ses créations musicales, perçues comme des instants suspendus, touchent par leur sensibilité et leur inventivité. Pour la plupart des auditeurs, c’est une véritable découverte artistique, un moment unique, créatif et précieux, qui s’impose déjà comme un rendez-vous très attendu. Vivement mercredi prochain !
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes