1. 13 novembre 2015 : les podcasts de France Culture et France Inter plébiscités
2. « Questions politiques » du 9 novembre sur France Inter : retour sur les erreurs factuelles et les suites données
3. « Petite instit bornée » : les propos d’Éric Neuhoff dans la matinale de France Inter
4. La banalisation du gang des braqueuses sur France Inter
5. Remarques diverses sur l’antenne de Franceinfo
6. Remarques diverses sur l’antenne de France Culture
7. Des auditeurs touchés par une auditrice de France Inter
8. La programmation musicale de France Inter
9. Langue française
13 novembre 2015 : deux podcasts plébiscités
Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, les antennes de Radio France poursuivent leur travail de mémoire et de réflexion sur cet événement qui a profondément marqué la société française. Les reportages diffusés cette semaine ne se contentent pas de revenir sur les événements tragiques de cette soirée où 130 personnes ont perdu la vie, ils explorent la façon dont la France vit aujourd’hui avec cette date, comment notre pays a repensé ses valeurs, sa justice, ses libertés, et à quel point les traces de cette nuit continuent d’habiter les esprits, les corps et les récits.
Deux podcasts sont particulièrement salués par les auditeurs :
“Ce que le 13-Novembre a changé en nous”, signé Sara Ghibaudo, Charlotte Piret et Delphine Evenou, propose une traversée intime et documentée de cette décennie. Le podcast de France Inter mêle les voix de victimes, de rescapés, d’enfants, de policiers, de magistrats et de membres des services de renseignement pour comprendre comment chacun a tenté de se reconstruire et comment la société s’est adaptée à la persistance de la menace terroriste. Ce travail d’enquête, à la fois journalistique et profondément humain, interroge la mémoire collective et les conséquences durables de cette nuit sur notre société.
“Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé” la fiction écrite par Laurent Gaudé et produite par France Culture, fait revivre la soirée du 13 novembre à travers les voix et les destins de parisiens ordinaires. Dans la douceur et l’insouciance de cette soirée d’automne, la vie se déroule sur les terrasses. Des femmes et des hommes se retrouvent, simplement, joyeusement, avant que ne survienne l’horreur. Par la puissance poétique de l’écriture et l’intensité du jeu des comédiens, le récit réinvente la mémoire de cette nuit en lui redonnant son humanité, sa lumière et sa fragilité.
Les auditeurs se disent profondément touchés et saluent la qualité du travail journalistique et artistique de ces deux productions : la force du récit, la justesse des émotions, la beauté de la mise en onde. Ils soulignent combien ces podcasts honorent le rôle du service public : faire entendre la parole humaine dans toute sa complexité, rappeler la mémoire des victimes sans pathos, et offrir un espace de réflexion et de beauté face à la violence. Ces podcasts, par leur exigence et leur humanité, rappellent que la radio est à la fois un lieu de transmission, de connaissance, de mémoire et de partage.
« Questions politiques » avec Manuel Bompard
L’émission « Questions politiques » du 9 novembre 2025, au cours de laquelle Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise, était invité, a suscité de nombreuses réactions d’auditeurs et a fait l’objet d’une saisine de La France insoumise, notamment auprès de la médiation de Radio France.
Plusieurs erreurs factuelles dans les interventions de la journaliste Alix Bouilhaguet (France Télévisions) ont été relevées au cours de cette émission, coproduite par France Inter et Franceinfo TV.
À la suite de cette saisine, la direction de l’information de France Inter a procédé à une vérification complète des faits évoqués. Philippe Corbé, directeur de l’information de France Inter, reconnaît que des erreurs ont été commises et m’a indiqué que les journalistes extérieurs, invités sur l’antenne, s’aligneront désormais sur les procédures de vérification éditoriale appliquées pour toutes les émissions de France Inter. La médiation prend acte de cet engagement et rappelle que la rigueur journalistique reste pleinement garantie par l’ensemble de la rédaction. L’obligation de vérifier les faits avant de les évoquer dans une émission ou un reportage et la rectification des erreurs sont des engagements régis par les principes de déontologie journalistique au sein de Radio France. Ces règles ne sont pas des formalités : elles fondent la crédibilité du service public et la confiance que les auditeurs lui accordent.
Les corrections apportées par France Télévisions et par Radio France ont été publiées dès mardi 11 novembre sur le site de France Inter et sont à lire ici.
Il est sain que ces erreurs soient signalées et corrigées. C’est précisément la raison d’être de la médiation de Radio France : permettre à tous les auditeurs d’interroger nos pratiques, de comprendre comment l’information est produite et d’obtenir des réponses quand des manquements surviennent.
Nous reviendrons sur ce sujet dans « Le rendez-vous de la médiatrice », le 21 novembre prochain sur France Inter, pour expliquer plus largement comment la rédaction assure la vérification des faits, quelles sont les obligations déontologiques et de quelle manière les erreurs peuvent être corrigées dans le respect de la transparence.
Dans un contexte où la confiance envers les médias est fragile, l’audiovisuel public a un devoir particulier : celui d’être exigeant avec lui-même. Reconnaître les erreurs, en tirer des leçons et en rendre compte publiquement fait partie de cette exigence.
« Petite instit bornée » : les propos d’Éric Neuhoff dans la matinale de France Inter
Ce mercredi 12 novembre, les auditeurs ont été très nombreux à nous écrire après l’interview d’Éric Neuhoff dans le 7h50 de France Inter. Au cours de cet entretien, le nouvel académicien a qualifié la linguiste Julie Neveux de « petite instit bornée ». Les messages reçus expriment une très forte indignation. Les auditeurs dénoncent unanimement le caractère sexiste et condescendant de cette expression, qui rabaisse non seulement une chercheuse reconnue et habilitée à diriger des recherches à Sorbonne Université mais aussi les professeurs des écoles. Certains y lisent un symptôme plus large de mépris envers les femmes scientifiques et les enseignants. Ils estiment que ces propos sont d’autant plus choquants qu’ils proviennent d’un membre de l’Académie française et qu’ils ont été diffusés sur une antenne du service public. Beaucoup regrettent l’absence de réaction de la part du journaliste.
Je comprends parfaitement les interpellations des auditeurs et je rappelle que le service public de l’audiovisuel a la responsabilité de garantir un espace d’échange respectueux, exigeant et exemplaire. Le rôle du journaliste n’est pas seulement de donner la parole, mais aussi d’en assurer la qualité, de poser un cadre et d’intervenir lorsqu’un propos contrevient aux valeurs fondamentales de respect et de vérité.
Les auditeurs attendent du service public qu’il se montre à la hauteur de ces principes et qu’il ne laisse pas passer, sans contradiction, des paroles blessantes et discriminatoires. C’est une question d’éthique professionnelle, mais aussi de confiance envers ceux qui informent et représentent la parole publique. L’ensemble des messages a été transmis à la direction de France Inter.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes