Le jour de la protestation exprimée par les juges et avocats, il paraissait logique de leur donner un temps d’antenne pour entendre leurs revendications. Au lieu de cela vous préférez donner 20 minutes au ministre. Certes, vous pouvez répondre qu’on a entendu s’exprimer ces personnes dans le journal de 8h, mais l’impact n’est pas le même selon qu’on parle 30 secondes ou 20 minutes…

Ma fille exerce la fonction de juge pour enfants depuis septembre 2021 en grande région parisienne. Hormis le fait de crouler sous les dossiers, d’être de plus permanence comme Juge d’assises pour « aider » à absorber le manque crucial de collègues de cette discipline, elle doit « partager » une greffière avec plusieurs autres collègues, ce qui se traduit par une prise de note faite par elle-même pendant les audiences. Forcément l’écoute est altérée. Mais plus « drôle » : elle a grillé son budget… stylo bille pour l’année ! Pas de nouvelles fournitures avant plusieurs mois. Elle a dû s’acheter elle-même un clavier et une souris pour son ordinateur de bureau… Après un parcours qualifiant passant par Sorbonne, Sciences Po, l’ENM son salaire net mensuel est inférieur à 2500€ pour bien plus de 40 heures par semaine. Les emplois de contractuels qui ne peuvent siéger pour rendre des décisions n’aident en rien. Désespérant pour ces jeunes magistrats.

Bonjour M. Le Ministre,
C’est le conjoint d’une magistrat qui vous interpelle ce matin.
Ma femme est magistrat depuis 10 ans. Elle est actuellement juge des enfants. Ma vie, c’est une épouse qui, malgré un temps partiel (3 enfants en bas âge), travaille plus de 50h par semaine. Elle quitte le domicile à 7h30 pour revenir à 21h, sans voir ces enfants. Son seul plaisir, c’est de s’accorder son « samedi en famille » avant de repasser ses soirées et son dimanche à travailler et rédiger ses jugements. Et pour cela, mon épouse touche à peine plus de 3 000€/mois (10 ans d’études je vous le rappelle). C’est un conjoint en détresse qui vous interpelle aujourd’hui. Le mal de la justice vous le connaissez, mais il dépasse largement les professionnels.

Stop. Mr le ministre. Derrière tout cela des individus en attente. De dossiers, non ouverts par ces magistrats. Les avocats, absents. Tout se passe effectivement par mail… Où est l’humain dans toute cette justice ? Stop.

Je suis personnel pénitentiaire et je suis effarée par le manque de transparence des budgets attribués aux associations qui interviennent sur le champ justice pour faire exécuter des peines a la place du service public (par opposition aux associations qui interviennent en complément du service public)… C’est de la dilapidation du budget de l’état.

Pour faire court, j’ai déposé ma demande de divorce en décembre 2018 au tribunal de Thonon à ce jour je n’ai toujours pas de date d’audience pour ce divorce… cela m’épuise, la justice ne fonctionne pas.

Pour éviter qu’il y ait des tonnes de dossiers sur le bureau les juges pourrait prendre des décisions un peu plus rapidement j’ai le cas de quelqu’un qui est en train de divorcer depuis 12 ans sa femme ne le veut pas certes mais lui il veut quitter le domicile conjugal et la juge l’empêche de quitter son domicile ce qui entraîne des tensions et bientôt peut-être des drames dans ce foyer les juges font trop traîner les dossiers…

Je suis greffier et gréviste…je travaille dans la justice depuis 18 ans, et depuis le début de ma carrière de fonctionnaire j’ai vu les conditions de travail se dégrader et des collègues et des magistrats en souffrance à raison des conditions de travail.
Pour les fonctionnaires de greffe, que vous travaillez ou pas, cela ne change rien, comme a dit un jour un de mes responsables, ils n’ont pas la carotte ni le bâton pour récompenser le travail ou sanctionner le manque d’investissement. En récompense d’un travail bien fait il y a la réduction de temps dans l’échelon allant entre un ou trois mois…cette « récompense » ne peut pas être donnée à tous ceux qui le mérite, car il y a un quota par cour d’appel et ce sera au directeur de greffe à défendre son personnel.
Comme évolution de carrière, pour les greffiers c’est de passer un concours comme le B1 le concours a lieu tout début de septembre…Sans doute pour pouvoir le préparer durant nos congés après une année de travail qui nous a épuisés…
Le tableau d’avancement…un miracle pour celui ou celle qui pourra accéder à cette reconnaissance.
Pour ma part, je fais mon travail en toute conscience professionnelle, et je sais que si des fois j’ai une reconnaissance de mes supérieurs, cela ne changera rien à mon salaire ni à ma carrière, même si j’ai redressé à plusieurs reprises des services en souffrance, si j’ai accepté d’exercer des fonctions supérieures à mon grade. Comme un bon nombre de collègues et de magistrats, je fais mon travail au mieux car derrière un dossier il y a l’humain. Et pourtant le côté humain est souvent oublié par mon ministère, même si le discours tenu veut nous montrer le contraire…nous ne sommes pas dupes, malgré les réformes qui s’empilent…qui ne sont là que pour justifier une réduction des effectifs et rendre le personnel encore plus corvéable.

C’est très bien de prendre en compte les conditions de travail des magistrats et les problèmes budgétaires, l’organisation de la justice etc. Je suis une simple citoyenne contribuable et je vous pose cette question, parce que je suis le témoin direct de ce problème : quid d’une justice rendue dans certaines régions de France -je pense plus précisément à la région PACA, dans certains coins, zone de « non-droit » ? Les professionnels de justice y fonctionnent en réseau d’influences et on aboutit à des décisions de justice bananière. Mme Guigou en son temps s’en était préoccupée. Cela empire maintenant derrière les pbs que vous évoquez.

Redonner du sens, en effet… 7 ans d’attente.. Juste une affaire de divorce. 4 ans pour récupérer un terrain volé. La justice est celle de ceux qui peuvent faire appel, donc, ceux qui ont le fric.. Et basta. Les avocats n’ont plus ce pouvoir de s’exprimer.. Et derrière chacun, un client qui le paye et qui croit en lui.. Un procès, aujourd’hui, le coût d’un avocat… Faut vraiment avoir les moyens de suivre etc. etc. L’humain d’abord….

Ce matin, en écoutant Franceinfo, le laïus sur la justice m’a quelque peu énervée. Il n’est question que des magistrats et non des greffiers, “ces travailleurs de l’ombre”. Les audiences tardives ne concernent pas que les magistrats, mais bien évidemment aussi les greffiers qui sont ensevelis sous les dossiers. Une vacance de magistrat, il est aussitôt remplacé. Une vacance de greffier, il faut des mois et souvent davantage pour le remplacer. Entrée en justice en 1981, je vais prendre ma retraite en avril et je n’ai jamais vu un tel état de « délabrement » de la justice. Les magistrats ont invité les greffiers à les rejoindre dans ce mouvement et pas une fois, il n’est question de nous dans les médias… Quelle injustice !

Au tribunal de justice de Saint-Brieuc, il n’y a pas de wifi. Les greffiers n’ont presque pas d’ultra portables. Les jugements au civil sont encore mis en forme sous word perfect soit un logiciel de Corel qui est obsolète. Il n’y a pas de manipulation politique, juste de l’épuisement !!!

Monsieur le garde des sceaux, quid de l’aide juridictionnelle, trop faible, payée tardivement aux magistrats etc… les bénéficiaires sont- ils des sous clients ? Pourquoi les avocats ont ils le droit de refuser de prendre les dossiers à l AJ ? Une bénéficiaire de l AJ peut-il réellement espérer une réelle défense ? Une citoyenne anonyme.

Mon fils attend depuis plus d’un an sa condamnation à un TIG. Est-ce raisonnable ? C’est une peine qui n’a plus de sens…