Alain Finkielkraut était l’invité de l’émission Les Matins de Guillaume Erner sur France Culture, vendredi 26 septembre. Ses déclarations concernant la condamnation de Nicolas Sarkozy ont suscité de nombreuses réactions dont voici une sélection :
Lors de l’émission Répliques, Monsieur Finkielkraut a fait une remarque déplacée en disant que l’institution judiciaire « mettait à mal le principe de séparation des pouvoirs » entre exécutif et législatif au regard d’évènement récent…cela se passe ce matin 27 septembre, et la référence à la peine de Monsieur Sarkozy est évidente. Peut-il s’expliquer sur ce qu’il veut dire?? Justice a été rendue, M. Sarkozy fera appel, soit, il n’est pas nécessaire de faire en sus, le procès de la justice.
Merci de me donner des éclaircissements car Monsieur Finkielkraut a donné un avis, me semble-t-il, de nature à jeter l’opprobre sur la justice… ou du moins à avoir des soupçons à son propos.
Avant tout, je tiens à vous remercier chaleureusement pour l’épisode comique organisé ce matin autour de la condamnation de Nicolas Sarkozy grâce à l’intervention pleine de sel d’Alain Finkielkraut. Sa feinte dénonciation du pouvoir sans contrôle de la justice, au moyen de la critique d’un jugement qu’il n’a pas lu, et dont, n’étant pas juriste, il n’a manifestement rien compris, mais pour lequel il a un avis, et un avis définitif a été un grand moment de radio. Cette démonstration de cuistrerie parfaitement imitée (car qui peut croire un seul instant qu’un esprit aussi éclairé qu’Alain Finkielkraut, citant Montesquieu, ne surjouait pas de manière hilarante l’indignation sarkozyste) a été, je vous le dis franchement, un éclair de lumière et de gaîté dans une actualité plutôt sinistre.
Je regrette toutefois que notre brillant philosophe n’ait pas invoqué Socrate, pour nous confirmer que ce que l’on connaît le mieux est notre ignorance, et qu’il est pour le moins hasardeux de nous aventurer dans un champ de connaissance manifestement hors de notre compétence (ici le droit correctionnel français pour un philosophe). De même, il aurait pu invoquer Montaigne, qu’il a sans doute lu, pour nous confirmer que notre vision des évènements est toujours aveuglée par nos préjugés et par la surestimation que l’on a constamment de notre propre sagacité. Le recours à Sigmund Freud aurait même été un plus.
Monsieur Finkielkraut a pourtant été parfait jusqu’au bout, renonçant au bénéfice de la sagesse liée à l’âge et à l’expérience, en interprétant à merveille le rôle du vieil homme qui se dit toujours jeune. Molière n’aurait pas fait mieux.
Merci donc, cher Guillaume Erner, pour ce moment de pure joie, hélas trop rare dans vos émissions (il faut reconnaitre que l’actualité ne vous aide pas).
Et, de grâce, réinvitez le plus vite possible Alain Finkielkraut, dont je ne soupçonnais pas jusqu’alors qu’il possédait en réserve, au-delà de son style magistral, un tel potentiel comique.
J’ai été très choquée par l’intervention d’Alain Finkielkraut vendredi 26 septembre dans la matinale avec Guillaume Erner. Il critique ouvertement la condamnation de Nicolas Sarkozy et met en cause l’impartialité des juges. C’est honteux. Il dit aussi que la corruption n’est pas avérée alors qu’on sait bien qu’en matière de corruption, l’intention suffit pour être condamné.
Il est bien probable que les « Matins » aient reçu une volée de bois vert à propos de l’invitation faite à A. Finkielkraut, en dehors de son créneau du samedi matin. Eh bien pour moi, c’était une « fichtrement » bonne idée que de redécouvrir en condensé le parcours de ce dinosaure des années 80 qui, avec BHL et d’autres, remplissait les bibliothèques de nos parents, de livres finalement dispensables sur une société française aujourd’hui disparue. À cette époque, l’intellectuel faisait encore autorité, argument choc et définitif quand on ne savait pas forcément comment le critiquer. On aurait pu passer l’émission dans une certaine nostalgie d’un « débat » devenu obsolète, l’écoute de « Répliques » paraissant – hélas – comme l’expression idéologique des chaînes TV dédiées à une indignation – de fait – réactionnaire.
D’ailleurs, arrive, comme un retour du refoulé chère, à Géraldine Muhlmann, l’incise sur l’éternelle « République des juges » (pamphlet (in)oubliable de Jacques Médecin !!!), dans le cas Sarkozy. Et là, on constate – en live – la trajectoire funeste d’un intellectuel français pendant toutes ces années. À ce moment, Guillaume, vous avez dû préparer votre coup – à raison – vous avez l’intelligence de ne pas directement répondre en vous braquant – ce qu’un bon nombre d’auditeurs ont dû faire – mais de « Répliquer » avec les voix … des invités de Répliques. Grâce à vous, ce qu’on avait envie de dire à Alain Finkielkraut, c’est Catherine Chalier qui le fait : « si on veut avoir un petit filet d’espérance, c’est d’entendre la voix des victimes ». Or, voilà le problème de « Répliques », ce qui ne gâte pas son écoute par l’exercice intellectuel auquel l’émission invite, c’est qu’on s’y trompe très souvent de victimes, tout en prétendant les débusquer sous la gangue et le terme matraqué de « wokisme ». Ce vendredi matin-là sur France Culture, c’est bien Guillaume Erner et son équipe qui nous a offert une belle « Réplique » à Répliques. Et c’était bien (Cf le p’tit bal perdu)
Habituée de l’émission Répliques, j’ai été choquée par la remarque suivante d’Alain Finkielkraut « séparation des pouvoirs mise à mal par le pouvoir judiciaire » dans son émission du 27 septembre dernier.
Il ne fait pratiquement aucun doute que cette remarque faisait référence à la condamnation de Nicolas Sarkozy. Je ne pense pas qu’Alain Finkielkraut connaisse le dossier ou le détail de la décision de justice.
Aurait-il tenu les mêmes propos si c’était Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen qui avait été condamné ?
C’est la première fois que je fais part d’une forte gêne à l’écoute d’une émission de Radio France. Vendredi 26 septembre, A. Finkielkraut était l’invité spécial des Matins, émission produite et conduite par G. Erner sur France Culture.
A. Finkielkraut « à propos de Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, ¬ dénonce entre autres « un mépris total pour la présomption d’innocence » et a le sentiment que « certains magistrats ont un agenda politique » (voir le site de l’émission)» . Ceci est une opinion, qu’A. Finkielkraut a le droit d’émettre, mais à propos du verdict du procès Sarkozy, il énonce un certain nombre d’erreurs ou d’approximations sans être questionné, ni repris par G. Erner, pourtant souvent prompt à se faire l’avocat du diable. D’une part, A. Finkielkraut n’est ni juriste ni philosophe du droit ; d’autre part, entendre reprendre la vieille antienne des « magistrats avec un agenda politique » qui reprend de la vigueur en ces temps troubles de fake news et complotisme, et la laisser sans commentaire, c’est grave. De quel agenda s’agit-il ?
Il semblerait utile de rappeler que ce verdict est étayé par un rapport de 400 pages, en conclusion d’un procès d’une durée de trois mois et demi, à la suite d’une enquête de dix ans. On est loin d’une justice expéditive. D’ailleurs N. Sarkozy va faire appel de ce jugement.
Les propos de A. Finkielkraut pourraient être laissés pour compte, sauf que les magistrats qui ont fait leur travail et preuve d’indépendance (voir l’édito du Monde – pas vraiment un brûlot gauchiste – du 26 septembre « Condamnation de Sarkozy : nul n’est au-dessus des lois ») font l’objet de menaces graves. Laisser dire n’importe quoi dans un espace comme France Culture, lors d’une émission de forte écoute, fait naître une grande inquiétude.
Je me permets de vous écrire pour vous faire part de ma profonde indignation quant à l’intervention de M. Finkielkraut dans l’émission « Les Matins » du vendredi 26 septembre 2025.
Invité par M. Erner à réagir à la condamnation de M. Sarkozy, M. Finkielkraut s’est livré à une diatribe injustifiée sur une prétendue cabale du pouvoir judiciaire dont aurait été victime l’ancien président de la République. Il eût été bienvenu que M. Finkielkraut réserve ses propos pour les plateaux des chaînes d’information en continu, et qui me semblent plus appropriés à accueillir des affirmations sans justification et des jugements à l’emporte-pièce. Il me semble que l’on serait en droit d’attendre des émissions de France Culture une meilleure tenue des débats et du service public en général qu’elles défendent les institutions publiques et le travail remarquable des fonctionnaires de l’État (en l’occurrence ici, celui des magistrats de la cour) qui a été sali de manière ignoble par M. Finkielkraut.
Je trouve particulièrement déplorable l’absence de contradiction offerte par M. Erner. Le rôle d’un journaliste est en effet d’expliquer au public la nature de la décision ; à mes yeux, il aurait fallu que M. Erner insiste sur le fait que M. Sarkozy a été déclaré coupable par le tribunal en question d’association de malfaiteurs, dans le but de fausser une élection républicaine, ce qui est une condamnation d’une extrême gravité.
J’avoue avoir été extrêmement gêné, choqué même, de la tournure prise, le 26 septembre dernier, dans le studio de Guillaume Erner, par l’entretien avec Alain Finkielkraut. Invité pour les 40 ans de Répliques, ce dernier s’est en effet permis de réagir à la condamnation de Nicolas Sarkozy, évoquée dans la rubrique précédente. C’était évidemment son droit, mais il était aussi de son devoir de le faire avec honnêteté et rigueur intellectuelles. Il est par exemple impossible de reconnaître que l’ancien président de la République « a été condamné pour association de malfaiteurs » et de soutenir une seconde après que « tous les faits qui lui étaient reprochés ont disparu », au prétexte qu’il a été « relaxé d’enrichissement personnel, de corruption passive et de financement illégal ». Flagrant délit d’abus de langage. Il y a également distorsion de la réalité lorsque M. Finkielkraut affirme que la précédente condamnation de M. Sarkozy, dans l’affaire Bismuth, repose sur « un acte de corruption qui n’avait jamais été commis », car M. Finkielkraut devrait savoir que la notion d’intention est centrale dans le droit pénal et suffit à caractériser un fait de corruption. Il n’y a donc aucune « disproportion » de la peine énoncée. Enfin la décision des juges d’assortir la peine de 5 ans d’emprisonnement d’une mesure d’exécution provisoire est motivée dans le rapport de 400 pages que M. Finkielkraut n’a pas pu lire, mais qu’on trouve désormais analysé dans le site de Médiapart. La décision répond à l’ « exceptionnelle gravité des faits » et au comportement de dénégation de l’accusé, lequel peut faire craindre un trouble de l’ordre public. Il n’y a donc, manifestement, aucun « mépris » pour la présomption d’innocence, mais une disposition dont la sévérité est proportionnée à l’énormité du délit. Mais il y a plus grave. Tous ces arguments éminemment discutables n’ont fait l’objet d’aucun débat, un mot pourtant au centre de l’entretien avec Guillaume Erner, dans la première partie de l’émission, dont M. Finkielkraut a voulu rappeler la nécessité, dans une société en proie aux démons de la polarisation et de l’anathème. Je regrette profondément que l’animateur de l’émission, sans doute pris de cours devant la véhémence partisane du propos (l’idée d’un « agenda politique » des juges et à celle d’une revanche sur des vexations passées relève en effet d’une posture stéréotypée), n’ait pas répliqué (autre mot-clé) dans le souci qui devait être le sien de maintenir la « conversation civique » dans les bornes du contradictoire et hors de toute manipulation du langage.
Je suis très surprise de la manière dont Alain Finkielkraut a commenté une décision de justice en l’occurrence la condamnation de Nicolas Sarkozy. Il a laissé entendre que Nicolas Sarkozy est condamné alors que rien ne peut lui être reproché. Guillaume Erner qui avait posé la question n’a rien dit après cette affirmation. Je suis déçue car j’apprécie cette émission.
Comment pouvez-vous laisser Alain Finkielkraut s’attaquer à la décision de justice concernant Nicolas Sarkozy en invoquant une vengeance des juges sans aucun égard pour la motivation très circonstanciée du tribunal, sans lui opposer la moindre contradiction ?
Je prends le temps de vous écrire au sujet des propos entendus ce matin pendant votre émission par Alain Finkielkraut.
Avant tout, je regrette de m’exprimer ainsi au sujet d’un désaccord profond alors que j’écoute votre émission avec énormément d’intérêt, depuis plus de 10 ans, et n’ai pas pris le temps de vous le témoigner. Merci pour votre vivacité, votre perspicacité, votre dynamisme, et l’intelligence avec laquelle vous abordez vos sujets. Cela doit être un fabuleux travail d’équipe.
Ce qui a été dit ce matin par votre invité Alain Finkielkraut, auquel le tapis rouge a été déroulé, m’a choquée, qui plus est, parce qu’aucune réponse ou même, une information objective qui aurait repris les sujets de condamnation, n’a été formulée de la part de Guillaume Erner ou de Stéphane Robert. Un échange poli sur Montesquieu entre Guillaume Erner et Alain Finkielkraut n’était pas suffisant. J’ai alors éteint ma radio dépitée après cet événement. Je ne voulais plus écouter, tout simplement.
Alain Finkielkraut a été choqué du « pouvoir de la justice », a évoqué Montesquieu, comme Guillaume Erner lors de son humeur du jour d’ailleurs, et s’est offusqué du non-respect de la présomption d’innocence. Mais qu’il lise les derniers articles de Mediapart, qui résument tous les faits qui lui sont reprochés et qui sont d’une gravité extrême pour la République. Ce qui compte, ce ne sont pas les éléments sur lesquels il a été relaxé, mais bien ceux pour lesquels il a été condamné. Je pense que ce péril intellectuel est fâcheux, et ne souhaite pas en être la témoin sur vos antennes. J’écoutais Répliques il y a une quinzaine d’années, au moment où j’ai découvert France Culture, car je trouvais ce ton différent intéressant en termes de pluralisme. Mais Alain Finkielkraut a décliné, et franchement, adopte des postures qui me choquent, et je ne l’écoute plus depuis longtemps. Je sens bien que le sujet de cette personnalité sur vos antennes est un sujet brûlant, que vous assumez de le garder, et j’en suis perplexe. Mais au moins, vous auriez pu être loyal envers vos auditrices et auditeurs en le contredisant un tant soit peu ce matin.