Aujourd’hui, par deux fois dans des journaux de France Inter, les journalistes annoncent qu’un ancien patron des sports sur des chaines audiovisuelles françaises (honnêtement, je n’ai pas noté le nom, mais l’auditeur lambda s’en fout, désolé de décevoir votre microcosme de journalistes parisiens) est atteint de la maladie de Charcot, et courageusement va demander à finir sa vie en Suisse par un suicide assisté. Plusieurs remarques : est-ce vraiment un sujet d’intérêt national (France Inter est une antenne nationale) ? Ce sujet vaut-il la peine de passer plusieurs fois par jour ? Et sur le fond : traiter cette information de la sorte est une forme de publicité pour le suicide assisté, le sujet est présenté comme un homme courageux, sensé, un exemple. La Convention citoyenne a été unanimement d’accord pour dire que c’est un sujet très personnel, qui touche aux plus intimes des convictions de chacun : alors, pourquoi faire ce type d’annonce, qui ne regarde que la personne concernée. Enfin, si vous inscrivez ce type d’information dans vos journaux, vous allez les transformer en chroniques nécrologiques : les 20mn du Journal n’y suffiront pas.

Je suis très étonnée d’entendre régulièrement sur Franceinfo l’avis de la Convention citoyenne sur la fin de vie et de ne pas entendre parler de l’avis de l’ordre des médecins qui pour moi a beaucoup plus de poids. En effet, de par leur expérience beaucoup plus large de l’accompagnement de la mort et leur formation éthique, ils sont beaucoup plus à même de mesurer les conséquences des décisions dans ce domaine.

Pourquoi dire que la France ouvrirait la voie à l’aide active à mourir, alors que de nombreux pays européens l’ont adopté depuis plus ou moins longtemps (Pays Bas, Belgique, Espagne, Suisse,…) ?
Je pense qu’il faudrait plutôt souligner notre retard (par conservatisme, manque de courage) sur de nombreux sujets de société : aide active à mourir ou suicide assisté, légalisation du cannabis, traitement de l’autisme, environnement (pesticides), etc

Avec l’air de faire venir tout le monde à l’antenne, vous ne recevez que des gens du même bord et sur les sujets de société, vous nous bourrez le crâne avec des idées toujours du même côté. Pour la fin de vie, je n’ai JAMAIS entendu à l’antenne de développements un peu LONGS et LIBRES sur l’interdiction de tuer (universelle) ni sur le fait que notre mort ne nous appartient pas plus que notre naissance. Que vouloir tout dominer dans la vie humaine est NIETZSCHEEN. Et se poser la question : se tuer soi-même est-il un gage de bonheur ? Tuerai-je mon enfant de 7 ans parce qu’elle souffre ? La précédente loi répondait assez à tous les cas. Mais qui l’a lue ? Dire comme j ‘ai entendu ce matin sur l’antenne, que 80% des personnes de la Convention sont pour le suicide ou l’euthanasie, est faux. Renseignez-vous. Bref, vous êtes déjà persuadés et vous voulez nous faire croire que vous faites très attention à la pluralité des avis à l’antenne ! C’est faux. On verra si la société française aura plus de joie et de bonheur avec ces pratiques de mort offertes à leurs vieux et leurs malades. Cela ne va faire qu’augmenter l’angoisse de tous et les disputes en famille avec les pour et les contre. C’est un instinct de mort qui parcourt la conscience humaine faite pour la vie.

Je suis psychologue en soins palliatifs en Belgique et suis confronté régulièrement aux questions relatives à l’euthanasie ainsi qu’à des pratiques plus « grises »… Je lis régulièrement dans la presse française des articles autour des questions liées à la sédation terminale, voire à l’élargissement vers un cadre légal d’euthanasie, voire encore autour de la situation belge « vue de France ». Récemment, plusieurs témoignages ont paru dans le contexte de la Convention citoyenne. Ayant une expertise dans ce domaine et étant averti des pratiques belges, je suis toujours très surpris de constater à quel point ce qui est décrit diffère de la réalité de terrain. L’euthanasie en Belgique est encadrée par la loi mais les pratiques sont loin d’être si évidentes et consensuelles. Je ne lis jamais de témoignages fidèles à ce que j’observe sur le terrain. Une interview sur la situation belge pourrait éclairer les réflexions françaises

Dans « L’Esprit public », j’ai trouvé le débat sur la fin de vie assez « politiquement correct » ; aucune réserve sur les résultats de la Convention sur la fin de vie, rien sur l’euthanasie pour les mineurs…etc… Mme Canto-Sperber a émis des commentaires juridiques instructifs. M. Badie rejoint le ministre sur le fait que chaque cas est particulier et qu’une loi ne répondra jamais à toutes les situations.
« Renforcer l’existant » comme dit le ministre de la santé n’a pas été évoqué dans l’émission.
J’ai lu que la Convention n’a même pas visité un centre de soins palliatifs ! C’est cela une Convention modèle, comme il a été dit dans votre émission ? Je ne vous comprends pas. Tout cela est bien plat.