Que ce soient les expériences de mort imminente ou les vécus subjectifs de contact avec un défunt, ces phénomènes interrogent. Y aurait-il quelque chose après la mort ? Est-ce que notre conscience pourrait perdurer après la mort physique ? Et quelle est la nature de notre conscience ? Questions posées dans l’émission « Carnets de santé » ce 2 novembre

Je trouve très regrettable qu’on donne un temps d’antenne considérable à un psychiatre qui se fait l’écho de croyances populaires, sous prétexte qu’elles sont partagées par un grand nombre. Le fait que certains éléments de conscience perdurent quelques instants après la mort clinique, la survivance des spermatozoïdes une quinzaine de jours après le décès, etc., semblent être désormais attestés, mais pourquoi confondre ces éléments d’observation scientifique avec les illusions qui se développent chez les esprits affaiblis par la maladie ou le deuil et ont été soigneusement cultivées de tout temps par les religions ? Donner une crédibilité scientifique en faisant soutenir ces idées par un psychiatre qui a publié récemment un livre grand public sur ces sujets, n’est pas digne de France Culture. Les discrets arguments critiques présentés par Marina Carrère d’Encausse ne font pas le poids face à aux propos de ce psychiatre qui manque visiblement d’esprit scientifique, mais pas d’esprit commercial pour vendre son livre. Un horaire de grande écoute pour de pareils contenus est infiniment dommageable et ne peut qu’encourager la vague complotiste. Où est le temps où France Culture diffusait d’excellentes émissions de divulgation scientifique ? Il n’y avait aucune nécessité de programmer le 2 novembre 2024 l’écoute de ce psychiatre sous prétexte que c’est « le jour des morts ». Un peu de respect pour les morts et les vivants…

Marina Carrère d’Encausse vous répond : 

Bonjour,

Certains auditeurs ont pu être choqués par l’émission consacrée à la mort dans laquelle intervenait Christophe Fauré, psychiatre, spécialiste du deuil et de son accompagnement.

Je peux comprendre que ces interrogations sur l’existence d’une poursuite de la conscience après la mort physique puissent surprendre.

J’ai pris pourtant des précautions oratoires pour dire à plusieurs reprises que ce dont parlait mon invité pouvait choquer. J’ai aussi avancé des objections à l’existence de certains phénomènes.

Mais ce que le Dr Fauré a dit dans cette émission c’est que ces phénomènes qui entourent la mort étaient décrits par des centaines de milliers de personnes à travers le monde, quelque soit le pays, la culture et la religion. Qu’ils concordaient. Et qu’ils ne pouvaient être pour beaucoup expliqués par telle ou telle raison médicale (médicaments, troubles neurologiques, défaut d’oxygénation du cerveau…) et donc que de nombreux scientifiques tentaient de mieux les comprendre. Il n’a jamais dit qu’on les expliquait mais que l’on n’avait pas d’explication scientifique aujourd’hui à leur existence. Donc que des questions se posaient et que des chercheurs travaillaient dessus.
Dans son livre que j’ai cité à l’antenne, « cette vie… et au-delà », chez Albin Michel ces phénomènes sont décrits, classés puis les hypothèses scientifiques sont avancées. A la fin 15 pages colligent les livres et études scientifiques qui étayent les propos du Dr Fauré et sur lesquels il s’est appuyé pour la rédaction de ce livre.

Bien cordialement,

Marina Carrère d’Encausse

Message d’auditeur reçu à la suite de la publication dans la Lettre de la médiatrice (màj 12/11):

« Certains auditeurs voudraient qu’on ne parle pas des EMI sous prétexte que ces événements ne sont pas expliqués par la science. Soit, pourquoi pas ? Mais, le problème c’est que si on ne s’intéresse qu’à ce qui a déjà été expliqué par la science, il n’y aura plus de progression de la connaissance scientifique car, précisément, la science ne peut progresser qu’en s’intéressant aux événements initialement non expliqués et en remettant perpétuellement en cause ses interprétations du réel.
Par ailleurs, si certains tirent, de ces expériences, des conclusions sur l’existence de Dieu, c’est leur affaire. En ce qui me concerne je les respecte autant que les athées car s’il est vrai qu’on ne pourra jamais démontrer l’existence de Dieu, on ne pourra pas non plus démontrer son inexistence. Les deux relèvent de la croyance pure et simple.
Enfin on ne voit pas très bien pourquoi France Culture devrait interdire à ses invités de parler de leur livre s’il est en rapport direct avec le sujet abordé et qu’il ne peut pas faire de mal. Mais, peut-être même, un peu de bien à certains ? Churchill disait qu’il ne voyait pas de raison de refuser la croyance s’il elle peut aider à mieux vivre ! En tout cas, j’ajouterais que c’est moins dangereux, si on en fait un usage raisonnable, que les drogues dont nos contemporains sont si friands.
Merci à France Culture ! »

Chère Docteur Carrère d’Encausse, chère consœur, 
Je le fais rarement, je devrais dire jamais, mais l’émission de samedi m’impose une réaction. Au moment où Trump et les platistes relativisent les apports de la science, je trouve très risqué de donner une tribune à des thèses aussi « limites ». Je n’ai rien contre l’idée que l’homme puisse revendiquer un plus de conscience et j’accepte que certains lui revendiquent une âme. Mais habiller une démarche spirituelle des habits de la science me semble tout à fait risqué dans la période actuelle. 
Je peux comprendre l’intérêt qu’il y a pour le thérapeute de « jouer » avec la rémanence d’un enfant perdu, mais soyons sérieux et ne mélangeons pas les genres en distinguant bien ce qui est scientifique de ce qui est spirituel ! 
Nombreux sont ceux qui vous écoutent au premier degré ! Je profite du message pour vous remercier pour vos émissions et saluer votre carrière au service de la transmission de la culture pour la santé. 
Bien cordialement, Un auditeur médecin-chercheur

Je suis consternée par l’intérêt, et surtout l’audience (!), que vous prêtez à Christophe Fauré. Entendre de telles élucubrations, vieille rengaine sur le thème de la vie après la mort, est une vraie douleur : on se croirait à l’écoute d’une vague chaîne YouTube pseudo scientifique comme il en fleurit tant de nos jours… Évidemment, aucune référence scientifique sérieuse pour étayer son propos (« une université en Angleterre étudie ce « phénomène »). Je trouve vraiment scandaleux qu’une demi-heure d’antenne soit consacrée à commenter un ouvrage fumeux. La conscience étant un concept avant tout philosophique (seuls les neurologues tentent d’en faire un mécanisme physiologique) peut-être eut-il été nécessaire de définir ce terme dans le cadre de cet interview (les discours complotistes s’appuient souvent sur des termes mal définis, par exemple). Le vernis scientifique ne suffit pas !

Des lumières et des téléphones qui s’allument, etc. Vous êtes sérieux ? Suis-je bien sur France culture dans une émission prétendue scientifique ? Que le Dr Fauré vende son livre susceptible d’apaiser des familles en deuil, soit ! Mais qu’au moins un esprit rigoureux lui apporte un tant soit peu la contradiction…Il ne doit pas manquer de contradicteurs dans le monde de la psychiatrie.

Je suis profondément choquée par l’absence de réponse scientifique à votre invité et ses « expériences » de mort imminente. Je vous rappelle qu’un certain pourcentage de gens croit que la terre est plate et qu’une bonne partie de l’humanité croient aux fantômes et à un personnage barbu qui décide de nos vies. Le laisser dérouler ses croyances sans contradictoire, je ne comprends pas. Et vous avez qualifié de croyances les données qu’on a sur l’activité du cerveau en les mettant au même niveau que ses propos.