Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU, était l’invitée de Guillaume Erner dans Les Matins de France Culture, mardi 18 novembre. Cet entretien a suscité de nombreuses réactions dont voici une sélection :

Je fais suite à l’écoute de l’interview de Francesca Albanese. Cher Guillaume Erner, j’écoute avec beaucoup de plaisir et d’intérêt votre émission du matin. Je pense que vous êtes un des rares journalistes que j’écoute, à faire preuve de distance, d’éthique de manière systématique. Je comprends que l’interview de cette femme avait pour objectif de clarifier sa position pour aider à faire entendre sa voix.
Je ne comprends pas en revanche pourquoi il s’est agi à longueur d’entretien de faire porter à cette femme représentante de l’ONU, le poids de l’antisémitisme de gauche… Cela en est grotesque et surtout cela ne rend pas hommage à votre droiture intellectuelle.
La mettre en situation de répondre de l’atmosphère antisémite en France … Mesurer son action à ses éventuelles ambitions politiques futures…Je ne vois pas à quoi cela sert…
Comment peut-on mettre en parallèle le combat pour le droit des personnes et l’antisémitisme supposé ? Cela revient à faire écran à la construction historique de ce qui vient de se dérouler et se déroule encore en Palestine. Ce qu’elle circonscrit très bien en rappelant ce qu’est la déshumanisation d’autrui et ce vers quoi elle conduit.
F. Albanese recadre sans cesse la discussion sur les faits, le sujet et fait cesser la polémique stérile.Je suis très déçue, cela confine à l’obsession et au final, à la défense des exactions commises car tout se trouble. C’est très dommageable. S’il n’est pas possible de garder de la distance face à une situation dont on se sent trop proche, et cela est bien légitime, alors mieux vaut passer la main ce jour-là. Il en va de la crédibilité de votre travail, de l’émission et de la chaîne.
Un sociologue peut-il oublier tout cela ?

Les messages reçus après l’interview de Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés, traduisent une incompréhension chez des auditeurs qui, pour beaucoup, se disent fidèles et respectueux du travail de Guillaume Erner. Ce qui domine, c’est une impression de décalage entre l’image qu’ils ont d’un journaliste habituellement mesuré et attentif à la qualité du débat, et la posture qu’ils ont perçue ce matin-là à l’antenne. L’entretien est décrit comme tendu, orienté : non pas un échange d’idées, mais une mise en accusation qui aurait transformé l’invitée en objet de suspicion plus qu’en source d’analyse.

Pour beaucoup, la ligne de fracture se situe dans la manière dont le thème de l’entretien a glissé du fond, à savoir le droit international, la situation dans les territoires palestiniens, les conclusions du rapport de l’ONU, vers une focalisation récurrente sur l’antisémitisme, présenté comme un prisme imposé à l’invitée. Les auditeurs disent avoir entendu un cadrage qui la renvoyait sans cesse à une étiquette (« pro-palestinienne », « de gauche ») dont elle devait se défendre, au lieu de pouvoir exposer son travail. Ce déplacement du cœur du sujet est vécu comme une forme de brouillage, donnant le sentiment que l’intervieweur cherchait à disqualifier l’interlocutrice davantage qu’à comprendre ou faire comprendre.

Derrière ces réactions, on perçoit une déception proportionnelle à la confiance habituelle accordée au journaliste. Nombreux sont ceux qui rappellent combien ils l’apprécient, combien ils respectent son habituel sens de la nuance et son expertise.

Ce que révèlent ces messages, au fond, c’est un besoin d’un « journalisme d’écoute », surtout sur des questions aussi inflammables. Les auditeurs réclament un espace où les faits puissent être exposés sans soupçon préalable, où l’on ne confonde pas contradictoire et mise en accusation, où l’on donne le temps à des invités très informés de dérouler une pensée. Ils rappellent à quel point la crédibilité d’une antenne repose sur sa capacité à maintenir un équilibre entre fermeté dans les questions mais ouverture dans l’écoute.

Ils expriment leur attachement à ce qui fait la singularité de France Culture : une parole exigeante, mais jamais méprisante ; un débat soutenu mais jamais clos avant d’avoir commencé.

Emmanuelle Daviet

J’ai 71 ans, je suis athée.  
Depuis 1967 et la guerre des 6 jours (j’avais 13 ans), j’entends parler et suis sensible aux conflits israélo-palestiniens.  
Depuis des décennies, en tant qu’auditeur, je subis le filtre des commentateurs et intervieweurs de différentes radios et télévisions. Ce matin à la matinale de Guillaume Erner son invitée Francesca Albanese parle de ce conflit et de la politique d’apartheid du gouvernement israélien. J’ai été choqué par les propos agressifs de Guillaume Erner contestant ceux de son invitée, au nom d’un « bien parlé » consensuel. Il aurait au moins dû la laisser finir avant de contester son argumentaire.  

J’écoute France Culture tous les matins, j’apprécie la qualité des intervenants et interventions et ce matin 18 novembre, je suis déroutée. Toute critique vis-à-vis d’Israël est taclée d’antisémitisme. J’admire la patience de Francesca Albanese. Guillaume Erner ne laisse pas la parole. Dénoncer ce qui se passe en Palestine de manière documentée ne peut pas être ramené de manière lapidaire enrobée de références à de l’antisémitisme. C’est confisquer le débat.

Une fois de plus il semble que le journaliste de la matinale de France Culture confonde le rôle d’une représentante de l’ONU avec celui d’une militante… parce qu’il estime ne pas être « d’accord » avec elle. La rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens a été décrédibilisée à plusieurs reprises dans son interview. Celle-ci a été contrainte à plusieurs reprises de rappeler que ce n’était pas le « plan Albanese » mais la décision de la cour internationale de justice …  
Ça serait bien que Monsieur Erner réécoute ses interviews sur le sujet avec un peu de recul, et compare son traitement des invités selon qu’ils confirment son point de vue ou viennent le perturber.

Je suis une fidèle de vos interventions et émissions à la radio que je trouve toujours très intéressantes avec une analyse fine, intelligente et des questions qui ouvrent à des échanges de qualité avec vos invités. 
Mais , mardi 18/11, avec votre invitée, Francesca Albanese (rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens), je ne vous ai plus reconnu ! Que vous est-il arrivé ? 
Vous cherchiez à acculer sans cesse votre invitée qui a été très solide face à vous, avec des réponses argumentées que vous cherchiez à récuser. 
Pourquoi cette attitude de votre part ? Avez-vous des pressions ? C’est le questionnement que j’ai aujourd’hui.

J’écoute à l’instant la matinale de France Culture. Je suis profondément déçue du fait que l’émission semble faire un procès de l’invitée (Francesca Albanese) plutôt que de parler de son roman qu’elle est venue présenter. J’écoute la matinale chaque matin depuis des années et je n’ai jamais entendu un invité être traité de la sorte ! Honteux et décevant. Veuillez accorder à tous vos invités un espace professionnel pour que les auditeurs puissent réellement se faire leur propre opinion.

Pousser l’invitée dans ses retranchements n’a aucun intérêt. Les questions étaient souvent déplacées. La radio n’est pas un commissariat et les journalistes n’ont pas vocation à faire avouer leurs invités. Grand respect pour Madame Albanese.

Ce matin l’accueil de la représentante de l’ONU commençant par « vous êtes une pro-palestinienne reconnue » ou similaire avant la moindre prise de parole laissait mal augurer de la suite, puis traitée de gauche, etc. Il fallait une personne aguerrie et très calme pour ne pas s’énerver et revenir à des explications de ses observations de longue date sur le terrain. Aucun autre intervenant n’a terminé l’entretien comme habituellement, laissant libre cours à toutes les questions du présentateur de la matinale que j’apprécie par ailleurs par ses connaissances mais dont je regrette le manque d’objectivité sur certains sujets. Cela dit, pour le moment nous n’avons pas l’intention de changer de chaîne mais France Musique n’est pas loin.

Scandaleux d’avoir présenté Francesca Albanese comme une voix pro-palestinienne décrédibilisant de fait son objectivité. Elle n’a d’ailleurs pas manqué de le faire remarquer à votre journaliste.
Je n’aime pas non plus cette façon de mener cet entretien comme un interrogatoire de police, alors même que cette femme essaie de faire en sorte que le droit soit appliqué.
Parlez des otages mais parlez aussi des milliers de prisonniers palestiniens. Soyez juste et équilibré dans vos propos, ce sera tout à votre honneur

Vous avez reçu ce matin Francesca Albanese, comment pouvez-vous dévier à ce point votre entretien ? 
Une première partie (avant 8h00) qui se passe bien, intéressante sur son travail et les conclusions qu’elle en tire. 
Et puis en 2e partie que vous a-t-il pris ? Vous voilà parti dans une direction sur l’antisémitisme … exit les questions importantes sur son rapport, sur ses écrits, ses constatations, vous n’écoutez pas ce qu’elle vous livre, vous n’entendez pas ce dont elle vous parle, ses rapports avec les Israéliens, la différence entre les extrémistes juifs et musulmans et les civils juifs ou musulmans, l’urgence.
70 000 morts. Une auditrice de droite.

Je voulais signaler à Mr Guillaume Erner que le rôle du journaliste dans une interview avec un invité(e) spécialement avec Mme Francesca Albanese, n’est pas d’essayer de dévier et de ramener le sujet de fond (qui était dans ce cas-là le respect du droit international) à une problématique personnelle de l’interviewer. Mr Erner devrait savoir que les auditeurs de France Culture ont en général une certaine connaissance des sujets traités et apprécient le discours de qualité sur le sujet des invité(e)s.
Le bagage universitaire du journaliste doit servir à mettre en évidence les qualités de l’invité, mais pas l’inverse.
Actuellement, c’est, peut-être, une vision désuète.

Je voudrais réagir à la manière dont s’est déroulée l’émission « Les Matins » d’aujourd’hui sur France Culture. 
L’invitée était Francesca Albanese, rapporteuse de l’ONU pour les territoires Palestiniens.
Ses propos étaient vraiment très intéressants malheureusement, l’animateur de l’émission, Guillaume Erner, n’a cessé de lui couper la parole à chaque fois qu’elle répondait à la question, toujours de manière pertinente et approfondie et non convenue. 
Guillaume Erner avait préparé ses questions et voulait sans doute toutes les placer et ses réactions aussi. 
Elle ne pouvait finir une explication sans qu’il lui coupe la parole. 
À la fin de l’émission, elle lui a même demandé par deux fois de la laisser finir. 
J’ai l’impression qu’il a finalement, parlé plus longtemps qu’elle. Voilà j’étais frustrée et en colère.