Ce matin a été diffusée la bande-son du passage à tabac du pauvre garçon aux États-Unis par plusieurs policiers. Cette bande-son était tout simplement insupportable, et elle a été diffusée sans aucun avertissement préalable, au milieu des autres informations que j’écoute par ailleurs tous les jours. Je suis hantée depuis ce matin par cette bande-son et les appels désespérés de ce garçon qui appelle sa mère au secours. Je ne veux pas avoir à subir cela, la journaliste aurait pu au minimum prévenir de la violence de cette bande-son, j’aurais éteint la radio. Ou ne pas diffuser le son et juste relater les faits, ce qui déjà aurait été très dur à supporter. Je suis très triste et en colère d’avoir eu à subir cette violence, surprise également par ma chaîne de radio qui d’habitude se montre plus sensible.

Dans leurs courriels, les auditeurs regrettent qu’aucune mise en garde n’ait été formulée avant la diffusion du sujet, or il va de soi, et c’est la règle, qu’un auditeur doit être averti que des propos ou des sons d’un reportage « éprouvant » peuvent heurter sa sensibilité. Comme le rappelle Vincent Giret, directeur de l’Information et des Sports de Radio France, sur les antennes, ce type de sujet doit être relayé de manière très encadrée

« Peut-on filmer ou enregistrer une personne entravée, prisonnière ou dans une situation jugée dégradante ? Cette question éthique fait toujours débat dans la profession de journaliste. La Convention de Genève, rédigée au lendemain de la Seconde Guerre, et ratifiée par plus de 150 Etats, proscrit les interviews et images des prisonniers au nom de la protection de leur dignité et entend ainsi les mettre à l’abri de la « curiosité publique ». Les médias sérieux s’abstiennent, par exemple, de diffuser des extraits vidéos d’otages récitant un texte appris sous la menace de leurs ravisseurs. Cette règle de droit pourrait aussi s’appliquer dans le cas américain. Mais elle fait débat car il est des cas précis où le devoir d’information doit pouvoir primer.  Dans l’affaire Tyre Nichols, comme dans celle dont a été victime George Floyd en 2020, l’agression de la police américaine doit pouvoir être caractérisée et donc montrée et racontée. Mais de manière très encadrée : en bannissant tout voyeurisme et en donnant des éléments de contexte et de recul. C’est un chemin de crête que nous défendons avec responsabilité ».  

Mon réveil, toujours réglé sur votre station, s’est déclenché à 9h samedi 28 janvier. Et là je me suis demandé avec frayeur dans quel monde grandissait ma fille : entendre la scène du passage à tabac de Tyre Nichols, comme si nous y étions, diffuser ses cris et ses derniers mots, était-ce nécessaire ?? Le journaliste présent là-bas venait de décrire tout ce qui s’était passé, y compris ce que cet homme disait dans ses cris de détresse, y avait-il une information supplémentaire dans cette bande-son qui fait froid dans le dos ? Par ailleurs, si je ne me trompe pas, la journaliste présente en studio ne nous a pas avertis du caractère extrêmement violent de ce que nous allions entendre. Une phrase comme « nous vous informons que ce que vous allez entendre est très choquant » aurait été le minimum. La diffusion de cette bande-son me renvoie à l’exécution des Ceausescu, la mort en direct devant les télés du monde entier. Eux étaient des tortionnaires mais souhaitait-on assister à leur mort devant nos écrans comme on assistait autrefois aux décapitations ? Avions-nous besoin d’entendre les hurlements de détresse de Tyre Nichols alors que tout venait d’être dit ? Et sans aucun avertissement ? Cet homme victime d’un meurtre aurait-il accepté que cette scène soit diffusée ? Aurait-il demandé cette diffusion ou en aurait-il eu honte ? Se serait-il senti humilié ?  Notre fille a 9 ans, elle écoute parfois le journal avec nous, nous lui expliquons ce qu’elle entend. Mais je me refuse à croire qu’un jour soient diffusés le dernier souffle d’un soldat sur le front ou les hurlements d’une femme se faisant violer. Ne prenez pas cette voie s’il vous plaît ; nous, auditeurs, méritons mieux, et vous, journalistes, êtes capables de mieux.  

Je souhaiterais intervenir sur l’information relayée ce matin sur France Inter concernant le lynchage mortel d’un jeune américain par cinq policiers et le choix de diffuser, durant l’annonce, la bande-son de ses cris d’agonie. Le fait relaté est extrêmement grave, et les mots se suffiraient à évoquer les horreurs de la scène. Les supplications de ce jeune homme, que je n’ai pas choisi d’entendre et qui me sont imposés, sont d’une violence extrême. Ils me renvoient au même effroi provoqué par les hurlements d’un prisonnier torturé dans les prisons russes enregistrés il y a quelques temps et diffusés un soir au journal de 18h sur la même antenne, et qui avaient suscité une vague d’indignation parmi vos fidèles auditeurs. Des cris que l’on ne peut oublier.
Je voudrais vous alerter sur l’escalade de cette violence, qui peu à peu, banalise les faits de cette nature. La radio fait partie de mon univers, partagée en famille, et c’est un choix, pour me protéger de l’effet destructeur des images violentes sur notre inconscient, présentées lors des journaux télévisés. Car il ne s’agit pas de fiction mais bien de la réalité, et c’est là une différence de taille. L’impact du son peut avoir le même effet que les images sur notre imaginaire et notre sensibilité. Ne pourrait-on pas avoir cette précaution sur nos ondes ? Il en va de la responsabilité de nos précieux médias de nous informer tout en veillant à construire un monde meilleur.

Je suis extrêmement choquée de la diffusion en direct à l’instant dans le journal de 9h00 de France Inter, en arrière fond des commentaires de la journaliste, l’enregistrement du passage à tabac de ce jeune homme noir américain par des policiers, dans lequel on entend les borborygmes de ses agresseurs et les supplications de ce malheureux jeune homme appelant sa mère. Cet enregistrement, diffusé sans aucun avertissement, m’a semblé d’une violence inouïe à mes oreilles de femme et de mère et je suis encore sous le choc. Il me semble qu’une telle diffusion en plein journal n’est absolument pas nécessaire à notre compréhension de la violence raciale qui règne aux États-Unis. Le laïus de votre journaliste était déjà suffisamment explicite. Une telle diffusion en direct transforme votre chaîne en tabloïd et devrait être accessible à ceux qui désirent l’entendre sur votre site et non pas imposée à tous. Je n’ai pour ma part aucun mal à me représenter la violence inouïe de cette scène révoltante à partir des propos de votre journaliste, et je suis révoltée par le racisme, mais votre choix éditorial m’est insupportable.

Mon réveil, toujours réglé sur votre station, s’est déclenché à 9h samedi 28 janvier. Et là je me suis demandé avec frayeur dans quel monde grandissait ma fille : entendre la scène du passage à tabac de Tyre Nichols, comme si nous y étions, diffuser ses cris et ses derniers mots, était-ce nécessaire ?? Le journaliste présent là-bas venait de décrire tout ce qui s’était passé, y compris ce que cet homme disait dans ces cris de détresse, y avait-il une information supplémentaire dans cette bande-son qui fait froid dans le dos ? Par ailleurs, si je ne me trompe pas, la journaliste présente en studio ne nous a pas avertis du caractère extrêmement violent de ce que nous allions entendre. Une phrase comme « nous vous informons que ce que vous allez entendre est très choquant » aurait été le minimum. La diffusion de cette bande-son me renvoie à l’exécution des Ceausescu, la mort en direct devant les télés du monde entier. Eux étaient des tortionnaires mais souhaitait-on assister à leur mort devant nos écrans comme on assistait autrefois aux décapitations ? Avions-nous besoin d’entendre les hurlements de détresse de Tyre Nichols alors que tout venait d’être dit ? Et sans aucun avertissement ? Cet homme victime d’un meurtre aurait-il accepté que cette scène soit diffusée ? Aurait-il demandé cette diffusion ou en aurait-il eu honte ? Se serait-il senti humilié ?  Notre fille a 9 ans, elle écoute parfois le journal avec nous, nous lui expliquons ce qu’elle entend. Mais je me refuse à croire qu’un jour soient diffusés le dernier souffle d’un soldat sur le front ou les hurlements d’une femme se faisant violer. Ne prenez pas cette voie s’il vous plaît ; nous, auditeurs, méritons mieux, et vous, journalistes, êtes capables de mieux.  

C’est insupportable d’entendre les cris répétés de la victime passée à tabac par des policiers aux États-Unis dans votre journal. France Inter ne doit pas tomber aussi bas.

Je vous écris car vous êtes une radio que j’ai toujours appréciée et qu’hier m’a placé en état de choc ! En effet, lors des informations, vous avez parlé de l’événement de ce pauvre noir aux États-Unis qui s’est fait passer à tabac par des policiers noirs eux aussi.
Le descriptif était extrêmement détaillé avec la bande sonore en arrière-plan. C’était insoutenable et il n’y a pas eu de mise en garde sur la violence du traitement de cette information ! J’ai eu la sensation d’une prise d’otage de mon attention, sans ménagement. Sans excuse de votre part, nous pourrions penser que vous vous complaisez à ces détails sordides d’une affaire déjà bien douloureuse en soi.
Je vous demande d’en parler et de vous excuser pour tous vos auditeurs qui pensent que vous ne vous complaisez pas dans les détails sordides des événements à transmettre, que vous demandiez pardon à tous les enfants, derrière leurs parents, non prévenus, qui ont été souillés par ce type d’informations…
Vos excuses me permettront d’éviter de vous boycotter et de lancer une discussion sur le sujet via les réseaux sociaux…

Aujourd’hui, samedi 28 janvier à 9h sur France Inter, est passé un extrait de l’arrestation et du passage à tabac de l’Américain noir Tyre Nichols, qui est décédé ensuite de ses blessures. L’extrait est passé comme ça, sans aucun avertissement, et même si c’était en anglais, on a bien entendu les terribles cris de détresse de l’homme qui était roué de coups. Un petit avertissement aurait été nécessaire, car la séquence était extrêmement choquante.

Je ne comprends absolument pas l’intérêt de passer la bande audio du passage à tabac du jeune conducteur américain noir par des policiers au cours du journal de 9h ce samedi 28 janvier. Cette séquence était choquante et n’apportait absolument rien au reportage. J’ai fait le choix de ne pas avoir la télévision pour éviter les images choc imposées, et j’attends un autre traitement de l’information à la radio.

Ce samedi matin 28 janvier, alors que j’émergeais tranquillement en ce jour de repos, j’étais à l’écoute de France Inter, quand, lors du flash d’infos de 9 heures, la diffusion d’un « son », comme vous dites, commenté par l’un de vos journalistes m’a profondément choquée et laissée abasourdie, dans l’incompréhension la plus totale.
L’information en question était la mise à mort — il n’y a pas d’autre mot… — d’un jeune homme Afro-Américain, Tyre Nichols, par cinq policiers également Afro-Américains, lors d’un contrôle d’identité. Eh bien moi je vous assure que c’est la diffusion du son de cette vidéo abominable sur votre antenne qui m’a horrifiée ! Pour deux raisons :
– d’abord, c’est vraiment prendre les auditeurs pour des imbéciles que de penser que l’expression « passage à tabac » et le fait que le jeune homme en soit mort ne va pas suffire à leur faire comprendre la violence de cet acte et la terreur qu’a dû ressentir Tyre Nichols ; personnellement, si j’avais besoin de plus que vos mots, je regarderais BFM-TV ou serais abonnée à Paris-Match ou Closer ;
– ensuite et surtout, diffuser à l’antenne, en longueur — ça a duré au moins quinze ou vingt secondes, c’était atrocement long, en tous cas —, les cris de souffrance et les appels à l’aide de cet homme, EN LES COMMENTANT TRANQUILLEMENT — quelle abjection, quand j’y repense : « Là, il appelle sa mère… », quelle inhumanité, quel manque de compassion ! —, c’était purement et simplement du « voyeurisme sonore » et une indignité sans nom. Aucun égard pour la victime et sa famille, ses proches ! Mais enfin, qu’est-ce qui est passé par la tête de ce « journaliste » ? Et comment la rédaction de France Inter a-t-elle pu le laisser diffuser ce son qui n’aurait jamais dû quitter les dossiers de la justice américaine ?!
Cela me fait penser à une autre affaire que nous a rappelée Fabrice Drouelle, dans son émission « Affaires sensibles », le 9 janvier dernier : l’affaire Élodie Kulik. Dans cette affaire de viol suivi de meurtre, la jeune femme a eu le temps d’appeler les secours avec son téléphone portable, et la police a pu récupérer l’appel, d’une trentaine de secondes, où l’on entend la jeune femme hurler de peur et de souffrance (elle a été accidentée avant le crime) ; cet appel n’a jamais été diffusé publiquement, seulement au tribunal lors du procès. Alors je pose la question : auriez-vous osé diffuser à l’antenne ce « son » s’il avait « fuité » ? Non, j’espère bien que non ! M. Kulik s’y serait évidemment fermement opposé et, le cas échéant, vous aurait poursuivi en justice. Mais là, dans l’affaire Tyre Nichols, les proches sont loin, n’est-ce pas, ils ne risquent pas de vous tomber dessus, et puis ça n’est qu’un pauvre Noir…
Je suis écœurée, vraiment, de ce que devient la radio que j’écoute depuis presque cinquante ans. Non seulement vous vous mettez à accueillir toute la médiocrité des radios privées en perte de vitesse mais vous vous mettez à adopter l’absence de scrupules et le voyeurisme des chaînes d’info en continu et de la presse à sensation : la dégringolade continue…

Je sais qu’il faut dire et raconter les choses mais le journaliste aurait pu nous prévenir que ce que nous allions écouter était l’incarnation de l’horreur. Je prends mon petit déjeuner samedi matin entre 8h30 et 9h avant d’aller au travail et le journal débute sur vos ondes. Le journaliste nous parle de l’horreur de ce jeune homme noir passé à tabac par des policiers… et nous passe la vidéo de l’horreur en traduisant… on entend le jeune qui appelle sa mère sous les coups…. je me pétrifie, le journaliste décrypte la scène, traduit ce que le jeune homme hurle… ce qu’il crie comme un appel au secours… : ‘ »maman ». Je m’effondre en pleurs… Je suis mère de deux garçons dont l’un âgé alors de 13 ans et demi, a subi des violences policières en bas de notre immeuble (cossu et bourgeois du 15eme arrondissement de Paris) alors qu’il allait rejoindre son copain pour manger au resto chinois… course poursuite par deux policiers qui le prenait pour un voleur car il courrait avec son portable à la main… Où en est-on ?
Bien sûr cette bande son me parle un peu plus, mais elle parle à toutes les mères. J’ai pleuré toute la journée, effondrée par cette violence. J’ai dû écrire un texte pour sortir de cette vision d’horreur. Mettre des mots sur les maux. Je vous les fais parvenir…… sans prétention…., avec à l’avenir j’espère, juste un mot du journaliste pour nous prévenir de cette violence ravageuse.
Merci France Inter.

Ils tapent, ils matraquent, il est au sol, il hurle « maman » comme le dernier cri de la mort. Il l’appelle, il ne sait pas s’il l’appelle vraiment, c’est juste ce mot vital qui sort d’une bouche qu’on n’a pas encore tue. Elle, elle est loin, loin de s’imaginer qu’on violente ses entrailles, qui bientôt seront vides. Il l’appelle pendant qu’eux frappent, de toutes leurs violences qu’ils portent en eux comme tout à chacun. C’est la haine, un truc qui vient aussi des entrailles, mais au lieu de créer ça va détruire, ça va tuer. Ça les défoule de taper, ils jouissent, ils ne pensent plus, ils sont autres mais les coups se répondent entre eux. Ils sentent la chair dure, qui résiste. Ils taperont jusqu’à ce que la chair soit tendre, ne répondent plus. C’est la curée. Il faudrait qu’ils mangent cette chair ensuite mais non, nous n’en sommes pas là tout de même. Nous avons dépassé ça, il ne faut pas exagérer. Ils vont chercher ensuite, plus tard, bien plus tard pourquoi ils ont fait ça. Ils créeront un alibi, s’en persuaderont, et tout sera réglé. Mais en attendant il y a toujours ce cri, cet appel… « maman », il crie parce qu’il sait qu’il va mourir, comme une bête qui lâche son dernier souffle : « maman ». Ce son qui est l’égal du premier souffle de sa vie. Elle qui lui a donné. Elle ne peut plus rien, ne pourra jamais plus, elle est ensevelie.