Je me permets de vous écrire aujourd’hui, je n’aurais jamais cru le faire un jour. Je tenais à vous exprimer mon mécontentement de la façon dont vous traitez l’actualité sur les agriculteurs et le parti pris très marqué de vos journalistes contre eux. Je vous écoute tous les jours depuis une décennie au moins. C’est la première fois que je me manifeste auprès de vous. Vous donnez l’image de parisiens déconnectés du monde rural. J’ai honte pour vous.

Désolé mais les paroles des politiques, quel que soit leur bord, à propos du soulèvement des agriculteurs et les entendre parler des salaires et des suicides est insupportable !

Quelle solution ? Une seule. De la cohérence dans les décisions pour faire face aux incohérences des normes, incohérences des prix, incohérences des subventions, incohérences des taxes, incohérences administratives. Toutes ces Incohérences ont conduit les exploitations dans des incohérences de systèmes. Pour retrouver du calme il faudra que toutes ces incohérences soient débattues. Je suis éleveur et voulais partager mon ressenti à cette crise trop profonde pour en sortir rapidement.

Que nous disent les manifestations des agriculteurs ? Qui nous parle ? Qui sont les agriculteurs ? Un tout social et indivisible ou un groupe très protéiforme ? Ici, ce sont les adhérents productivistes des JA et de la FNSEA. Mais en vérité le monde agricole est multiple, des « gros » céréaliers chefs d’entreprises aux éleveurs bio en passant par les petites fermes qui crèvent jugulées par les coopératives (Très consanguines avec la FNSEA) et que d’autres attendent pour les racheter à peu, sans oublier les bacs+5 reconvertis. Pour qui parlent les manifestants ? Pour eux ! A l’évidence le métier est difficile et ces difficultés doivent être entendues par les bons interlocuteurs et les bons responsables. Mais les agriculteurs doivent aussi comprendre qu’ils ont des responsabilités qui dépassent leurs simples pratiques. 54% de la surface du territoire pour 400 000 personnes. Les responsabilités, elles, sont sur le paysage, la biodiversité, notre santé, celle des rivières, et elles sont incompressibles. Où l’on entend que les « contraintes » environnementales doivent être levées pour moins de « paperasse ». Que faut-il comprendre ? Laissez-nous polluer en paix ? Les 54% du territoire, de notre territoire l’interdisent et quelles que soient les enjeux propres à la profession ? Le sens de l’Histoire nous interdit des retours en arrière.

J’entends ce matin « l’agriculture est responsable d’1/3 des émissions de GES ». Mais où ? Si c’est mondial il serait opportun de le préciser ! Vous évoquiez l’agriculture française ce matin avec Arnaud Rousseau. L’amalgame est trop facile à faire pour les auditeurs. 1/3 C’EST FAUX ! L’agriculture française est responsable de 19% des GES en 2022 (Cf ministère de la transition énergétique), après les TRANSPORTS : 30% (« 1/3 » pour le dire vite) et l’INDUSTRIE (29%). Ok, c’est trop, mais ça a baissé et l’agriculture française est une des plus vertueuses du monde. C’est un peu facile de manipuler les chiffres, et donc les auditeurs…
Je n’ai pas entendu non plus ce matin évoquer le fait que les agriculteurs font vivre une quantité impressionnante de secteurs d’activité : matériel agricole et d’élevage, techniciens agronomiques, vétérinaires, labos pharmaceutiques, alimentation animale, tourisme… C’est quand même dommage et hypocrite de critiquer le secteur en bloc sans se rendre compte qu’on en a tous besoin et qu’on en profite TOUS. Pour info, je suis vétérinaire, pas agricultrice.

Grand merci pour la qualité de vos émissions. Je pense que le traitement de la crise agricole n’est pas sérieux. Pour comprendre l’origine de cette crise qui est le résultat de la FNSEA et non pas des normes environnementales européennes, il faut absolument lire les 7 ans d’enquête de Nicolas Legendre : « Silence dans les champs » ! Vous ne cherchez pas le point de vue de la Confédération Paysanne, des associations de protection de l’environnement… L’agriculture est massivement devenue industrielle, surendettée par la faute de la FNSEA, ‘mon tracteur sera plus gros que celui du voisin » ! Des jeunes qui veulent un seul hectare pour faire du maraichage agroécologique n’ont pas accès à la terre parce que les paysans tradi mangent tout ! Ils ont 500 hectares mais mettent encore la main sur un seul hectare ! Pour faire quoi ??

Je suis agriculteur et j’ai les cheveux qui s’hérissent sur la tête à l’écoute des journaux. Lorsque la CGT ou FO ou la CFDT manifeste, les journalistes ne disent pas “les” travailleurs manifestent. Donc s’il vous plaît ne parlez pas « des” agriculteurs lorsque la FNSEA et les JA (qui sont les mêmes…) manifestent…

Votre radio est pour moi depuis des décennies la source principale d’information ; je remercie vos équipes pour leur solide travail. Après avoir dirigé un bureau d’étude en génie-civil pendant des années, je me suis orienté vers l’agriculture et suis maintenant éleveur ovin dans le Lot. Je suis donc particulièrement intéressé par les informations concernant le coup de pression que mettent la FNSEA et les JA sur la population (blocages, …) et sur le gouvernement afin d’orienter l’agriculture dans une voie peu recommandée à bien des égards à mon sens. Comme moi, beaucoup de professionnels de l’agriculture que j’ai l’occasion de rencontrer ne se sentent pas solidaires de ces revendications. Je vous serais donc reconnaissant de bien vouloir dire dans vos audios et vos posts, lorsque vous évoquez le sujet, que (par exemple) « certains agriculteurs en colère » plutôt que « les agriculteurs en colère ». Ce serait bien plus exact et cela éviterait à bien des agriculteurs de se sentir associés à des demandes à l’opposé de leurs convictions.

Je vous contacte au sujet des actions des agriculteurs qui revendiquent moins de difficultés pour exercer leur métier.
Je suis paysan depuis toujours ou presque et je n’entends jamais, ou presque, sur vos ondes l’état général de la profession. Il serait parlant pour les auditeurs d’entendre que les paysans aujourd’hui ne représentent que 0,56% de la population française et 1,5% de la population active.
Je pense que cela devrait vous donner de quoi faire un tas d’émissions à commencer par une sur l’approvisionnement alimentaire du pays. Cela dirige inévitablement sur la véritable qualité des produits vendus ; la taille des « exploitations » de plus en plus grande par actif ; la quasi-impossibilité pour les jeunes et moins jeunes de s’installer (trop cher, trop grand, manque de confiance des locaux, etc.).
Vous pouvez tout vérifier car tout est public en vous rendant sur le site officiel :
Là j’entends justement que les agriculteurs n’arrivent plus à s’en sortir. L’exemple que vous êtes en train de diffuser image une ferme de 400 vaches laitières pour un ou deux actifs ! Non mais franchement, cela sert à quoi d’avoir autant à gérer, ne vaudrait-il pas mieux en avoir 10 avec 40 vaches chacun ? Bref…
Donc du coup, cela vous dirait de traiter ou faire traiter par un de vos collaborateurs le sujet en profondeur (histoire de l’agriculture, de la politique agricole, aller de l’amont à l’aval, les produits chimiques utilisés…). Nous savons que nous sommes dans une impasse mais nous fermons les yeux et nous préférons se persuader que nous n’y pouvons rien.

Les propos de votre journaliste ce 22 janvier témoignent d’une arrogance toute parisienne sur les agriculteurs, sans nuance aucune. Votre journaliste, pourtant professionnel reconnu, fait bien peu de cas du monde rural, il « oublie » totalement la dimension stratégique et l’impact économique de l’agriculture en France qui est, et doit être, capable de nourrir les générations actuelles et futures. Il « oublie » le poids de l’agriculture dans nos exportations. Il témoigne d’un mépris d’urbain sans urbanité sur ce monde grâce auquel s’est construite la France, grâce auquel nos paysages ont été sculptés et entretenus. Bien dommage que Monsieur votre journaliste s’exprime sur ce sujet, sans aucun recul, de façon superficielle, au travers d’un éditorial totalement à charge sur notre monde agricole. C’est à se demander la raison d’être de ses propos inexacts.
Un urbain qui n’a pas oublié notre monde agricole.

Je vous suggère de faire un sujet dans “le vrai du faux” sur l’affirmation du président de la FNSEA : “il est obligatoire de mettre en place 4% de ses surfaces en jachères”. C’est juste faux. Les sources documentaires pédagogiques officielles : https://agriculture.gouv.fr/la-conditionnalite-des-aides-pac
Cela relève de la bCAE8, une des règles que les agriculteurs s’engagent à respecter en signant leur demande d’aide, leur demande d’argent public. Ce n’est pas une norme, c’est un contrat moral entre l’Europe qui donne de l’argent et les agriculteurs qui veulent le percevoir. Pour rappel maintenant il leur faut 4% d’IAE + jachères, sous-entendu, ils peuvent faire sans la jachère et sinon c’est 3% en complétant jusqu’à 7% avec des couvertures des sols l’automne qui de toute manière sont obligatoire. Pour rappel enfin, entre 2015 et 2022 c’était 5% qui étaient attendus maintenant on est passé à 4% ou 7% dont 3. Ce n’est donc pas une nouvelle norme. Cela fait 8 ans que cela existe.

L’agriculture et la qualité des eaux ? Mais tout est pesticidé au dernier degré, sans compter les pollutions aux nitrates et microbienne avec les lisiers.
Les paysages ? Mais ça fait bien longtemps qu’ils ont été détruits par le remembrement total et le maïs. La Bretagne, ça vous parle ? C’est une région à l’ouest de la France.
La FNSEA qui pleure sur les normes ? Mais c’est la FNSEA qui a voulu transformer l’agriculture en industrie et qui plus est en industrie d’exportation alors à ça deux corollaires : les normes, tu perds les marchés ? Et ben tu crèves c’est tout (ah non c’est vrai on subventionne tout). Quand on veut être des gros capitalistes dans la « compétition » et ben faut pas venir pleurer quand on perd.
PS : Je rappelle que vous avez laissé dire le ministre de l’Agriculture quand il a déclaré sur votre antenne que la photosynthèse produisait des gaz à effet de serre.

Pourquoi dites-vous « les agriculteurs » sont en colère ? N’y aurait-il qu’une sorte d’agriculteurs (type FNSEA-FDSEA) ? Si même votre radio tombe si bas dans l’analyse…
Tout cela est savamment orchestré (ne nions pas les problèmes de la filière). Ici, ils ont démonté tous les panneaux d’entrée des communes pour les mettre à l’envers avec ce message populiste « on marche sur la tête ». Ils ont raison mais on ne les remercie pas d’en être la cause.

Pourquoi vous sentez-vous obligés de défendre « LES agriculteurs » ? Les auditeurs sont si idiots qu’ils ne peuvent pas comprendre qu’il y a plusieurs types d’agriculture ? Pourquoi donnez-vous la parole toujours aux mêmes ? Pourquoi ne pas parler de tous les impôts qui partent dans l’élevage maltraitant ou dans les pesticides ? Il y a un système en France de maltraitance organisé et financé par nos impôts, de même qu’il y a une agriculture morbide utilisant des pesticides et autres produits toxiques. 

Concernant le traitement de l’information sur la colère des agriculteurs, j’ai comme beaucoup, deux remarques :
-tout d’abord : peut-on considérer comme des gens travaillant avec la nature pour nourrir sainement la population ces « agriculteurs » embrigadés, pour la plupart, ou financièrement intéressés, pour d’autres, par la FNSEA ? Une organisation destructrice conventionnelle qui s’enrichit sur le pillage et la destruction de la Terre.
-deuxièmement, effectivement le bio est en baisse de 4% et 13% pour la viande. Si cela est dû à la paupérisation et l’accroissement des inégalités de nos Politico-Affairistes, cela montre aussi que les gens qui ont une conscience collective cherchent à consommer moins de viande pour réduire la pression sur l’environnement.
Il est bien plus coûteux pour le peuple de payer à petits prix des denrées alimentaires parce que les producteurs reçoivent de multiples aides et sont détaxés sur des consommables et pratiques destructrices comme le gasoil ou les intrants chimiques de synthèse. En effet, cela profite in fine aux gros industriels et aux méandres des jeux d’influences de la politique et de la PAC en particulier.
Je conçois qu’il est difficile de traiter le sujet tant les gens qui sont au cœur du système sont aux antipodes des enjeux de notre siècle et pérennisent une pseudo économie par l’absurde c’est à dire pillage et croissance démographique et matériel à outrance… dans un monde qui a des limites…
Merci de votre attention.

Beaucoup de responsables politiques soutiennent les manifestations. Pourtant ils sont grandement responsables de la situation actuelle par les politiques menées.