Je remarque que presque tous les journalistes qui ont une émission de débat ou d’interview utilisent de plus en plus cette formule « ça dit quoi ». C’est un peu facile et surtout très irritant à la longue.
La médiatrice de Radio France répond chaque jour, de manière individuelle, à des auditeurs sur des thèmes aussi divers que l’actualité, la programmation, ou encore le traitement de la langue française.
À titre exceptionnel, elle souhaite aujourd’hui partager avec vous un échange avec une auditrice au sujet de la langue française qui témoigne à la fois des attentes du public sur ce sujet, de la réception des remarques par les journalistes et producteurs, et du travail de la médiation.
« Pourquoi, malgré le grand nombre de remarques sur le sujet de la langue française ne voit-on pas une réponse de la médiatrice ? S’il y en a une, où la trouver ? Et, surtout, malgré toutes ces remarques, pourquoi rien de changé sur le langage des journalistes ????? A quoi sert ce service ? »
Réponse de la médiatrice :
Chère auditrice,
Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à la défense de la langue française, un sujet auquel beaucoup d’auditeurs sont sensibles. Il m’arrive d’aborder cette question dans mes éditos publiés chaque vendredi dans la lettre de la médiatrice, mais je ne consacre pas une réponse à ce thème chaque semaine, les messages des auditeurs sont très étayés et ne nécessitent pas d’éclairage supplémentaire de ma part.
Il est important de rappeler que je ne suis pas le professeur de français des journalistes de Radio France. Si vous êtes abonnée à la Lettre de la médiatrice vous aurez noté que je relaie régulièrement les remarques des auditeurs, et de nombreux journalistes les trouvent d’ailleurs très utiles dans leur pratique quotidienne. Cependant, il n’est pas de mon ressort d’imposer des changements systématiques ou de jouer un rôle de « police » des antennes. Certains journalistes prennent pleinement en compte ces observations, tandis que d’autres peuvent ne pas y prêter autant d’attention, mais chacun est invité à les consulter et à progresser.
Concernant vos interrogations sur l’influence de ces remarques, je tiens à préciser que, si l’on se base sur le nombre de messages reçus au fil des années, il semble que les erreurs de syntaxe, de terminologie ou d’accord aient diminué. En effet, nous recevons beaucoup moins de critiques sur ces aspects, à l’exception des anglicismes qui restent un reproche constant.
Quant à la mission du service de la médiation à Radio France, il s’agit avant tout d’un espace de dialogue entre les auditeurs et les chaines. Il permet de transmettre vos remarques, critiques et interrogations afin de créer un échange constructif et respectueux. Mon rôle est d’assurer cette transmission et de faire en sorte que les préoccupations des auditeurs soient entendues et prises en compte, tout en veillant à la qualité du lien entre Radio France et son public.
Je vous remercie encore pour votre engagement et vos observations.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes
A propos du discours de politique générale de Michel Barnier, votre invité du grand entretien sur France Inter mercredi, Sébastien Chenu, déclare : “Tout ça me paraît pour le moins très déceptif”. Indiquez-lui que “déceptif” est un faux ami, un anglicisme, qui signifie “trompeur, fallacieux” or dans la logique du propos de Monsieur Chenu on comprend bien qu’il voulait dire “décevant”.
En employant “déceptif” on croit, de manière pédante, faire un effet de style en étalant son vocabulaire… Raté !
C’est la troisième fois que je vous supplie Madame la médiatrice pour que des consignes fermes soient données aux principaux animateurs de France Inter – qui sont à tort considérés comme des modèles – de poser des questions en utilisant la forme interrogative que leurs professeurs ont dû leur apprendre. C’est insupportable d’entendre cette manière de poser les questions en inversant le sujet et le pronom interrogatif.
« Voilà, du coup, en fait… » ces tics de langage répétés, sont pénibles.
Ils se sont répandus dans tous les micros et France Culture n’y échappe pas. Hélas.
Depuis ce matin votre journaliste nous dit que le Premier ministre en a dit « suffisamment assez » !!! Faut-il souligner ce pléonasme ? J’apprécie ses chroniques mais s’il vous plaît, signalez-lui son erreur.
Votre journaliste scientifique nous dit ce jour qu’il existe pour ce terme plusieurs… acceptations !
Le terme correct est ACCEPTION !
Chère Médiatrice de Radio France,
Je vous écris aujourd’hui au sujet d’une question d’intérêt public d’une gravité indiscutable, un véritable fléau qui menace nos précieuses oreilles chaque matin, midi, soir, et parfois même au cœur de la nuit : je parle bien sûr de la propagation galopante des tics de langage sur vos ondes, et plus précisément des redoutables « du coup » et « en fait ».
Permettez-moi de poser le décor : tranquille, un café à la main, je m’apprête à profiter d’un débat passionnant sur l’économie, la culture ou même le climat. Soudain, sans prévenir, un premier « en fait » retentit. Puis un deuxième, puis un « du coup ». Et voilà, c’est parti : les intervenants se renvoient ces tics de langage comme si c’était une compétition pour décrocher le record du nombre d’occurrences en une phrase. Du coup (oh pardon !), je commence à compter, puis je perds le fil du débat. En fait (zut !), j’en oublie même le sujet principal.
Alors, que faire face à cette épidémie ? Faut-il envisager un décompte en direct, avec un buzzer retentissant à chaque « du coup » et « en fait » lâché à l’antenne, façon jeu télévisé ? Ou bien une alarme sonore de type klaxon à vélo chaque fois que le quota des trois « en fait » est atteint dans une seule intervention ? Autre idée : organiser un « Challenge Substitution ». Chaque journaliste et invité se verrait remettre, avant l’émission, une liste d’expressions alternatives qu’il devrait s’efforcer d’utiliser. À la place de « du coup », pourquoi ne pas redécouvrir le charme de « par conséquent », ou même du classique « ainsi » ? Quant à « en fait », un bon vieux « effectivement » pourrait faire l’affaire, ou encore un « à vrai dire » qu’on n’a plus entendu depuis la troisième République.
Ce serait à la fois un exercice de créativité pour vos journalistes, un moment de détente pour vos auditeurs, et surtout un moyen efficace d’éradiquer ces tics ! Les plus joueurs pourraient même se lancer dans une collecte de points : 10 points pour un synonyme original, -5 pour un « en fait » glissé discrètement. Et, à la fin de la saison, un trophée de l’élocution élégante serait décerné au journaliste qui aura su se libérer de ces expressions avec le plus d’inventivité.
Je vous laisse imaginer le bénéfice pour la langue française et pour nos nerfs. De quoi redonner à la parole radiophonique toute sa richesse, son charme, et pourquoi pas son… en fait, non, je ne vais pas le dire !
Dans l’espoir que mes suggestions vous inspirent, je reste à l’écoute de vos ondes, armé de patience (et d’un compteur à « du coup »).
Cordialement (et sans tic !),
Un auditeur attentif et un brin taquin
PS : Si vous organisez ce challenge, je me porte volontaire pour compter les points !
Je suis très étonné de l’utilisation de « …. moins pire…. » par les journalistes. Je trouve l’expression choquante à l’oreille, voire incompréhensible dans le sens de la phrase prononcée. J’ai appris dans mes jeunes années à l’école – il y a longtemps désormais – que pire ne s’employait pas comme adverbe.
Quelle déception ce matin d’entendre Matthieu Noël faire cette faute de français devenue si courante chez les journalistes : « pallier au ». J’aimerais beaucoup que Matthieu le reconnaisse et pallie cette lacune dans une prochaine chronique. Je suis sûr qu’il saura battre sa coulpe avec humour et panache.
Juste ce petit message pour vous signaler que l’emploi du verbe « s’empirer » n’est pas correct.
Pourquoi parler de « fêter ses un an… »?
Fêter son premier anniversaire convient nettement mieux.
Merci d’en tenir compte.
Voici votre phrase : *nous recevons Francis Ford Coppola himself”…
Je me demande ce que veut dire « himself » ?
C’est vrai c’est à la mode sur Radio France d’utiliser des anglicismes, ça doit donner l’impression aux présentateurs de donner un peu plus de sens à leur émission. Ou ça fait bien sûrement de placer un anglicisme à tout bout de champ…
Après on s’étonne que les élèves parlent si mal le français, ils ont des exemples de l’audiovisuel.
Bonjour FranceInfo,
Merci pour votre média et travail que je suis quotidiennement. Je vous fais part en toute bienveillance de la remarque suivante. Ne pensez-vous pas qu’il serait temps à présent en 2024 de débaptiser votre rubrique platement nommée « faits divers » par la réalité de ce qu’elle ne nomme pas, c’est-à-dire les violences sexistes et sexuelles ? Il est grand temps de nommer les choses.
Si je regarde aujourd’hui cette rubrique je vois : Disparition de Lina, Procès des viols de Mazan, l’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles … Demain, je pourrai lire : procès d’un grand acteur du cinéma français pour agressions sexuelles, procès d’un rappeur américain ou d’un animateur de la télévision française pour viols …Ce ne sont PAS des faits divers mais une violence systémique. En cachant cette violence systémique dans votre rubrique « faits divers », vous contribuez à banaliser et à invisibiliser cette violence. Un fait divers est un » Accident, délit ou événement de la vie sociale qui n’entre dans aucune des catégories de l’information. «
Le procès des viols de Mazan est-il un « accident »?
Je suis consterné par l’envahissement du verbe impacter dans le langage médiatique, professionnel et même quotidien. On l’entend aussi bien pour parler des missiles qui frappent le Liban, les inondations, que pour « l’impact de la limitation de vitesse sur la pollution ». Mon chef (inspecteur de l’Education nationale), nous demande de mesurer les « impacts sur les apprentissages » de nos méthodes !
Pour moi, un impact est forcément soudain, brutal, destructeur, négatif. Comment ce mot a-t-il remplacé les terme effet(s), conséquences ou résultats dans le discours courant ? Un effet peut être diffus, différé, partiel… comment les gens ne se rendent-ils pas compte de ce qu’ils disent quand ils emploient « impact » dans un sens positif, ou pour parler de quelque chose qui s’inscrit dans la durée?
Dois-je y voir un signe de la culture de l’immédiateté, du résultat ? Du changement qui doit toujours être forcément immédiat et radical. L’impact est-il disruptif, comme dirait l’autre?
Nous constatons, avec plaisir, que de plus en plus d’auditeurs seraient favorables au remplacement du terme « américain » par « étasunien » lorsqu’il est question des USA. Pour faire une comparaison parlante, on pourrait imaginer qu’en Europe, seuls les Allemands (qui sont les plus riches) soient appelés « Européens ». Pour désigner les moins que rien, on parlerait des Européens du Nord, des Européens de l’Ouest, des Européens du Sud et des Européens de l’Est. Sympa non ?
J’ai entendu cette semaine l’une de vos journalistes parler d’habilité au lieu d’habilEté ! C’est une erreur de plus en plus répandue chez les jeunes mais ce n’est pas encore l’usage… De la même façon, vos journalistes pourraient-ils « sauver » l’emploi de l’interrogation indirecte en disant « je me demande ce que je vais faire » et non pas “je me demande ce que je vais faire » ?
Quoi qu’il en soit, merci à Franceinfo pour la grande qualité de ses programmes et de ses journalistes ; merci également d’avoir créé cette rubrique spécifique « faire une remarque sur l’usage de la langue française ».
La manie langagière de tout angliciser fourvoie parfois nos brillants journalistes du service public. Comme de ne pas prononcer à la française un mot parfaitement de chez nous : challenge (prononcer chalanje, et non tcha-laine-djeu). Il en est pareillement du mot « bunker », prononcé à tort beune-caire. Car il nous vient direct de nos voisins allemands. Il doit donc se prononcer : boune-coeur.
Votre journaliste parle toujours de profs et non de professeurs. Vous ne parlez jamais de flics, de docs ou de psy. On parle de respect. Il commence déjà par la base : Professeur.
Pourriez-vous signaler à France Culture que le français est la langue officielle de la France ! C’est pénible que des présentateurs ou invités se sentent obligés d’utiliser des mots anglais (et à les traduire ensuite). Et pourquoi donner des noms anglais aux émissions ? En quoi “book club” est-il meilleur que club du livre (sauf pour satisfaire une forme de snobisme) ?
Le billet de David Castello-Lopes dans la matinale du 1er octobre « Faut-il utiliser des abréviations ? » était fort à propos, très instructif comme toutes les lettres ou remarques envoyées ici à cette indispensable rubrique de la langue française. Mais les journalistes et autres de la matinale en tiendront-ils compte ? Gros doutes.