Je comprends que face à l’urgence climatique, des personnes se mobilisent de manière radicale. Il y a vraiment le feu au lac et si rien n’est fait de manière drastique pour sauver la planète et ses habitants, on va droit dans le mur. Malheureusement et heureusement, on peut comprendre que des personnes extrêmement conscientes et informées, se radicalisent. J’espère vivement que cela va alerter positivement l’opinion publique et accélérer les prises de conscience.

Écologiste depuis longtemps, je suis toutefois effaré par la façon dont de plus en plus de mouvements radicaux ont un rapport ambigu pour ne pas dire complaisant avec la violence. En résumé « la violence c’est mal, mais nous c’est pas pareil on est du bon côté de la morale ». Quel modèle de société construire sur cette légitimation malsaine ?
Et d’un point de vue stratégique cette radicalisation revient à mon avis à se tirer une balle dans le pied, car de très nombreuses personnes concernées par la crise écologique ne se reconnaissent pas dans cette attitude très idéologisée, alors que l’enjeu prioritaire est l’écologie populaire pour dépasser les 5 % dans les urnes. Et je suis effaré que personne à gauche ne semble oser émettre de critique sur ce sujet.

Je suis stupéfait de votre émission. Vos invités au sujet de la dissolution des soulèvements de la terre ne restent qu’au niveau politique très court terme et n’évoquent pas les connaissances scientifiques. Qu’en sera-t-il d’assumer politiquement les dégradations ? Les feux ? Les manques d’eau ? Vous réécouterez vos propos quand Perpignan fermera ses campings cet été. Ou pire qu’à force de trop tirer nous aurons salinisé la nappe. Que ce soit à Sainte Soline ou à la Maurienne, les gens se battent pour conserver la vie. Vous avez au moins le devoir d’évoquer que la science les soutient. Vous êtes avec vos propos victimes (ou coupables) de la création de l’ignorance du CAC40. Si les soulèvements de la terre proposent cette radicalité, c’est en ayant compris qu’elle n’est pas un choix. FORMEZ VOUS !

L’extrémisme violent comme celui des « Soulèvements de la terre » dessert l’écologie car ce type d’actions violentes est rejeté par la majorité des Français. Les mouvements qui se disent « écologistes », comme EELV par exemple devraient se féliciter de la mesure de dissolution.

Les Soulèvements de la terre imposent LEUR vision des solutions, ils ont décidé que LEURS solutions sont les bonnes et ne cherchent même pas à engager de débat.

La formulation de l’annonce du sujet de ce soir m’a interpelée. Vous avez utilisé le mot « violence » pour qualifier les actions du collectif Les Soulèvements de la Terre. Je navigue dans les milieux écolo militants depuis que j’ai 16 ans (37 aujourd’hui) et je travaille depuis 10 ans pour des réseaux paysans affiliés à la Confédération Paysanne. Mon constat est sans appel : les mouvements écologistes et la Confédération Paysanne (membres des soulèvements de la Terre) sont des mouvements profondément humanistes et pacifistes. Ce sont avant tout des mouvements d’éducation populaire au sens propre du terme : éduquer les citoyens sur des enjeux qui les concernent, afin qu’ils puissent agir et voter en conséquence. J’y ai appris à écouter la parole des autres, toujours remettre en question mes convictions, à argumenter tout en acceptant les désaccords. On est très loin de la réalité des réalité des réseaux sociaux. Je leur dois tout.
MAIS au cours de ma carrière, j’ai été tellement souvent témoin de dénis de justice et de dénis de démocratie, par les institutions elles-mêmes (les DDT qui favorisent l’artificialisation des terres, les groupes parlementaires qui s’organisent pour faire passer des lois qui vont à l’encontre de l’intérêts des paysans, favorisant le pouvoir de l’agro-industrie…). L’Etat, à tous ses échelons, est aujourd’hui porteur d’une réelle violence institutionnelle. Bien sûr que cela nourri une profonde colère. Bien sûr qu’on a envie de crever les pneus des 4×4 et torpiller les jets privés. Mais regarder les consignes données par les soulèvements de la terre avant Sainte Soline : surtout aucun appel à la violence, plutôt des consignes pour se protéger de la violence des forces de l’ordre. Par ce que la violence elle est là et c’est l’humanité de demain qui la subit !

J’étais très déçu par votre reportage sur l’éventuelle dissolution du groupe Soulèvements de la Terre. Je n’ai pas obtenu des informations complètes et équilibrées, vous avez donné le point de vue du gouvernement uniquement. Je vous prie d’adopter une ligne éditoriale plus neutre.

Au journal de 5h, ce mercredi 21 juin, à propos de l’imminence de la dissolution du mouvement « Les Soulèvements de la Terre » les journalistes de France Inter ont donné la parole à un porte- parole… des Soulèvements de la Terre et à une avocate favorable aux …. Soulèvements de la Terre. Voilà la propagande que nous assène France Inter. Des journalistes dignes de ce nom auraient donné la parole à des paysans dont les cultures les serres ont été détruites à des policiers blessés à Ste Soline, à l’entreprise (Lafarge ?) vandalisée avec des centaines de milliers d’euros de dégâts à la clé, tous victimes des agissements des « militants » des Soulèvements de la Terre.
Mais nous sommes sur France Inter et France Inter n’informe pas, France Inter milite,
Votre parti-pris est tellement flagrant qu’il vous discrédite.

Radical – vraiment ? Parmi tant de mots dont le sens semble dévoyé, tant d’expressions qui qualifient mal, qui sont utilisés pour signifier quelque chose de manière erronée, je m’arrête sur le mot « radical ». L’utilisation de ce mot dans les discours des personnalités politiques en situation de représentation élue et de responsabilité, repris par les journalistes, repris par les personnes qui écoutent les politiques et les journalistes, me met hors de moi. Il est question depuis quelques jours, pour qualifier des mouvements s’opposant à la destruction du vivant, comme ceux des soulèvements de la terre, d’avoir repéré, identifié, compté, des « éléments radicaux », en grand nombre bien entendu, dans une manifestation, un mouvement, une occupation, une expression collective de personnes qui s’exposent dans l’espace public, pour défendre leurs convictions, pour défendre les communs, pour dire des messages, des solidarités, des convictions, des refus d’extraction, des refus de destruction.
Quel est le sens de ce mot, « radical », dans la bouche d’un homme politique, en responsabilité au gouvernement ? Celui de « militant radical », amalgamant les qualificatifs, sans les nommer, de violent, dangereux, hors-la loi par essentialisation et anticipation. Il est bien commode l’emploi de ce mot, pour justifier en rebond une présence policière armée disproportionnée, qui hélas conduit à des violences, bien réelles celles-ci. Est-ce radical d’être contre la destruction de la planète, du vivant ? Est-ce radical de manifester son opposition à une certaine vision de l’extraction, une certaine vision de l’économie qui broie les paysages, les sols, les vivants, les humains. Est-ce radical d’entrer dans une propriété privée – je veux dire juste d’y entrer ? Est-ce radical d’opposer aux tirs de grenades lacrymogènes, aux tirs de LBD, aux uniformes casqués, molletonnés, équipés comme pour une guerre, des habits noirs et des visages masqués d’un foulard ?
Dans radical j’entends, moi, racine. Des humains, des personnes, des êtres qui refusent que leurs racines soient broyées, qui plus est dans des buts de marchandisation inutiles et inexorablement, définitivement délétères, pour les terrestres. Les terrestres, tous, toutes, ont des racines, pas seulement les végétaux, ils ont des racines comme des métaphores de moyens d’existence, de prélever, chacun, chacune, dans l’espace commun, dans la terre commune, de quoi vivre. Comme les végétaux pompent l’eau avec leurs racines. Comme ces végétaux qui ne pourront plus le faire si un jour la terre n’a plus d’eau. Oui je suis radicale. Déterminée. Déterminée à appeler, à nommer correctement les choses. Je sais combien cela est difficile de bien nommer.
Vouloir, en rendant public un discours, un récit, profondément inexact, manipuler les esprits, est non seulement une faute lourde, une irresponsabilité toxique, c’est aussi un crime. Un crime par ce qu’il justifie la création de scènes de guerre, guerre contre ceux qui, avec leurs pulls noirs et leurs visages masqués, défendent avec allégresse, et courage, à mains nus, les possibilités d’existence des terrestres. Employer des armes, tuer même, pour un trou, pour un tunnel, pour une autoroute, pour une propriété privée. Nous en sommes là. Le pouvoir politique, nos représentants élus, sont prêts à risquer les bavures, les accidents – entre nous quand on tire des grenades dans une foule, même lacrymogènes, y a-t-il vraiment besoin d’être expert en balistique pour savoir que cela augmente considérablement la probabilité d’atteintes physiques ? Une foule désarmée. Une foule, un collectif, composée d’êtres singuliers, différents, venant de tous horizons, de tous les âges, réunis ensemble pour défendre le bien commun. Le bien commun à tous les vivants, pas seulement celui d’humains, pas seulement celui de ceux qui souhaiteraient privatiser ces mondes communs pour l’extraire, pour des profits à courts termes dont tout le monde sait pertinemment qu’ils ne ruisselleront pas et que cette fable – bien que je la qualifie de fable, ce qui est plutôt joli – est en fait un mensonge. Etes-vous aller voir ces personnes que vous qualifier de ce mot dont vous dévoyez le sens ? Etes-vous aller les rencontrer, les écouter ? vous êtes-vous demandé qui elles sont vraiment ? moi j’ai vu des jeunes personnes, joyeuses, vivantes, pleines de motivation et d’aspirations, de rêves d’un monde non opprimant, des personnes aimant les liens, attentives aux autres, appréciant le dialogue, les échanges de paroles, les rêves partagés. Profondément concernés par l’avenir de la planète, à la recherche de modes d’habitation et de relation non destructeurs et non oppresseurs. Ne savez-vous bien qu’aucune de ces personnes ne serait prête à attenter à la vie ou à l’intégrité d’autrui, contrairement aux militaires, aux guerriers, aux « forces de l’ordre ». De quel ordre parle-t-on lorsqu’on oppose « forces de l’ordre » et « militants radicaux » ? De l’ordre de laisser pourrir le monde et son avenir ? de l’ordre imposé par la puissance économique, la puissance de la force, la puissance de l’argent, la puissance des mots proclamés par celles et ceux qui ont le pouvoir de les asséner et de les proférer dans l’espace public. Les mots ont un sens. Radical n’a pas le sens de violent. Les radicaux sont les racines de mondes, les racines d’idées et de conviction sincères, des terrestres pour les terrestres.