Dans l’Expresso de ce vendredi 13 janvier :

Au menu de l’Expresso cette semaine : la réforme des retraites, la chasse, le port de l’uniforme à l’école, la diffusion de l’office de Noël des églises orthodoxes de tradition russe, Amazon, le coup de cœur des auditeurs et les remarques sur la langue française. 

La réforme des retraites 

La retraite à 64 ans d’ici 2030 : Élisabeth Borne a présenté mardi la réforme des retraites, engagement phare du président Emmanuel Macron, confirmant un report de l’âge légal de départ. Principale compensation au recul de l’âge légal, la revalorisation des petites retraites reste imprécise, tant sur le montant affiché de 1 200 euros minimum que sur le financement de la mesure. Un minimum de 1 200 euros par mois pour une carrière complète qu’aucun retraité concerné ne retrouvera sur son relevé bancaire. La faute à un mode de calcul qui crée de la confusion, ce que ne manque pas de souligner les auditeurs, très nombreux à nous écrire.  

Ils regrettent également le manque de précisions sur les mesures et le fait que les critiques soient parfois davantage exposées sur les antennes que le contenu même des propositions :  

« Je déplore que lors des informations et émissions, les contenus des réformes ou sujets d’actualité soient toujours beaucoup moins précisément traités que les critiques adressées à ces réformes par les différentes oppositions.
Il est normal de donner aussi la voix à ces dernières, mais ces voix seront d’autant plus fortes bien que moins légitimes que les sujets n’auront pas été abordés, traités avec suffisamment de temps et précisions. » 

Dans leurs messages, ils formulent aussi des critiques ou des propositions sur les critères de pénibilité, les régimes spéciaux, les carrières longues et l’emploi des seniors. Nombre d’entre eux, déjà à la retraite, témoignent de leur franche hostilité à l’égard de la réforme et annoncent d’ores et déjà qu’ils se mobiliseront :  

« Nous, retraités sommes aussi des parents. Nous voyons nos enfants ramer et avoir beaucoup moins de facilités au travail que nous n’en avons eus, qui galèrent, qui ont des vies pros hachées, et nous sommes effrayés de leur avenir qui se durcit encore.
Tous mes collègues et moi (71 ans) irons manifester, et protester de toutes les manières possibles ! » 

La chasse 

Le gouvernement a finalement tranché : au grand dam de ses opposants, il n’y aura pas de journée sans chasse, mais un délit d’alcoolémie sera instauré et la formation des chasseurs sera renforcée.  

Pour un meilleur partage de la nature, une application numérique à destination des promeneurs sera également déployée pour mieux informer le grand public sur les zones de chasse ou de non-chasse. L’objectif : mieux sécuriser la pratique pour « tendre vers le zéro accident ». Selon l’OFB, l’Office français de la biodiversité, le nombre d’accidents de chasse recule depuis 20 ans. Lors de la saison 2021/2022, 90 accidents (blessures corporelles liées à l’utilisation d’une arme de chasse) ont toutefois été recensés, contre 80 la saison précédente. Parmi eux, huit ont été mortels, dont deux sur des non-chasseurs. Des auditeurs déplorent un traitement sans nuance du sujet : 

« On le sait, la chasse est un sujet éminemment sensible. A chaque fois qu’il est traité, c’est de manière binaire et manichéenne (les pros vs. les antis), alors que c’est loin d’être si simple. Encore cette semaine, le sujet a été abordé de la même manière : on entend le son de cloche de Willy Schraen et celui des écolos anti-chasse. La tradition contre la cause animale à tout prix. Et on oublie systématiquement le « troisième volet » du débat : les surpopulations de certaines espèces et les dégâts induits. On n’entend jamais parler des dégâts sur les forêts. Dans plusieurs régions forestières, la régénération de la forêt est quasiment compromise tant les populations de cervidés (cerf et chevreuil) sont importantes. Or, si la forêt a toujours été indispensable pour tout ce qu’elle nous procure (source de biodiversité, de matière première, lieu de loisirs…), c’est encore plus prégnant aujourd’hui dans le contexte du dérèglement climatique. L’énorme enjeu de la forêt de demain est de trouver des peuplements résistants aux changements climatiques, ET de faire baisser de manière drastique les populations de cervidés. Sachant qu’en plus il y a de moins en moins de chasseurs, je ne sais pas comment on va résoudre ce problème. » 

L’uniforme à l’école 

Le port de l’uniforme à l’école fait l’objet d’un débat récurrent bien qu’il n’ait jamais été généralisé en France. Hier, le sujet a de nouveau été mis sous le feu des projecteurs puisqu’il était débattu à l’Assemblée nationale dans le cadre de la journée réservée au groupe RN et que Brigitte Macron s’est prononcée en faveur de son retour dans un entretien au Parisien, estimant que ça « gomme les différences, on gagne du temps (…) et de l’argent – par rapport aux marques ». De son côté, le ministre de l’Education, Pap Ndiaye a rappelé que « les établissements en toute liberté, par une modification de leur règlement intérieur, peuvent imposer, s’ils le souhaitent, une tenue scolaire ». Il s’est opposé en revanche à une loi imposant le port de l’uniforme à l’école.  

Les éditos politiques consacrés à l’uniforme scolaire ont fait réagir des auditeurs de France Inter et France Culture qui, très majoritairement, se déclarent favorables au retour du port de l’uniforme ou de la blouse :  

« Je me permets de vous écrire concernant le port de l’uniforme dans les écoles et en particulier sur le fait que vous considérez l’uniforme « un cache misère ». Je suis étonné que la compétition vestimentaire dans les écoles n’ait pas été évoquée car elle est bien plus terrible que porter un uniforme.  
Porter un uniforme revient moins cher, donc un avantage pour les familles moins aisées. En effet les différences apparaitront toujours à travers les accessoires mais la comparaison ne tient pas lorsque l’on pense aux différences qui se manifestent à travers l’ensemble de la tenue vestimentaire + accessoires.  
D’autre part, porter un uniforme à l’école n’a jamais (ou presque) traumatisé qui que ce soit et n’empêche nullement de se construire en tant qu’adolescent à moins que le vêtement ne soit la seule manière de s’exprimer. » 

Retransmission de l’office de Noël orthodoxe de rite russe 

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, des auditeurs n’ont pas compris la diffusion, sur France Culture dimanche dernier, de l’office de Noël des églises orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale en la Cathédrale Saint Alexandre-Nevsky à Paris :  

« Diffuser en direct la messe orthodoxe (pour la première fois me semble-t-il) d’une Église très officiellement rattachée au patriarche Kirill de Moscou, lui-même soutien ouvert du chef d’un État agresseur au sens du droit international, c’est dépasser les bornes. Comment expliquer cette décision d’une radio publique française au moment où notre pays réitère par ailleurs très officiellement et fermement son soutien à l’État agressé ? » 

Recommander Amazon pour acheter un livre ? 
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Des auditeurs ont vivement réagi après avoir entendu dimanche dernier un producteur de France Culture leur suggérer de commander le livre de son invitée sur Amazon : « En terminant son émission, toujours pertinente, le producteur rappelle la parution prochaine du livre de son invitée, et invite à l’acheter sur… Amazon. Quelle surprise, et immense découragement ! Comment est-ce possible de recommander Amazon sur France Culture ? France Culture est un média extraordinaire, avec une force de frappe de recommandation/médiation/prescription importante pour l’écosystème fragile du livre. Ce sont les librairies et les bibliothèques, qui sont, tout comme France Culture, une « exception » en Europe et une fabrique d’économie culturelle positive indispensable ». 

Plébiscite pour la chronique de Baptiste Beaulieu 

Cette semaine, coup de cœur des auditeurs pour la chronique de Baptiste Beaulieu dans l’émission « Grand bien vous fasse » sur France Inter. Son thème ? Le travail des infirmiers et infirmières à domicile : « Merci M. Beaulieu pour cette pensée pour les infirmières libérales ce matin. Je suis en tournée, et je suis une invisible, hormis pour mes patients qui m’attendent chaque jour. Je fais ce métier depuis plus de 30 ans avec la même énergie et le même plaisir chaque matin quand je me réveille. Je travaille tous les jours, tous les week-ends et fériés, au détriment de ma famille, mais ils le comprennent car ils savent que j’adore ce que je fais. Ça m’a fait du bien d’entendre quelqu’un qui a un peu de respect pour ce que l’on fait chaque jour et qui permet à tant de patients de rester chez eux plutôt que d’être hospitalisés. Encore merci. » 

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France