Décryptage avec Raphaël Ebenstein du service Economie et social de la rédaction de Franceinfo
Dès aujourd’hui, les tarifs réglementés du gaz augmentent de 12,6% après une hausse de 8,7% au 1er septembre, plus de 5% en août et près de 10% en juillet. Les tarifs de l’électricité, qui devaient eux aussi connaître une nouvelle augmentation aux alentours de 12% en début d’année prochaine selon les prévisions du gouvernement, seront limités à une hausse à « 4% » en 2022, en baissant une taxe.
Intervenant après une chute en 2020 liée à la récession due à l’épidémie de Covid-19, le bond actuel des tarifs s’explique par une conjonction de raisons: stocks bas, forte demande avec la reprise économique, incapacité de la Norvège et de la Russie à augmenter leurs livraisons, spéculation sur les matières premières. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé hier « un bouclier tarifaire » avec le blocage du tarif réglementé du gaz jusqu’en avril et la limitation de la hausse de l’électricité face à cette flambée des prix de l’énergie. Depuis plusieurs jours et à moins de sept mois de la présidentielle, la pression montait sur le gouvernement conscient que ce bond de la facture énergétique « inquiète beaucoup les Français », selon le porte-parole Gabriel Attal. Du côté, des auditeurs de Radio France, cette augmentation des tarifs suscite des questions :
« Pourriez-vous nous expliquer lors de vos émissions, le pourquoi des augmentations d’électricité, alors que nous produisons à bas coût, grâce aux centrales nucléaires ? D’autre part, j’ai entendu, lu, que le prix de cette énergie était vendu plus cher par EDF, pour permettre une certaine concurrence avec des fournisseurs privés. Est-ce vrai ? »
« Monsieur Castaner (invité de la matinale de France Inter jeudi 30 septembre), vous expliquez que le prix du gaz n’est pas bloqué dans l’état actuel des choses, que l’augmentation du prix est dû au manque de matière première. En revanche, qu’en est-il pour électricité produite à 80 % par les centrales nucléaires en France ? »
La hausse des prix du gaz liée à l’explosion des cours mondiaux du gaz naturel, que la France importe à 99 %, a déjà été longuement expliquée sur les antennes et hier dans le 12/14 de France Info, au micro de Frédéric Carbone, Raphaël Ebenstein du service Economie et social de la rédaction, a très précisément expliqué les raisons de l’augmentation de l’électricité : « Les prix de gros de l’électricité dépendent en partie de ceux des matières premières, notamment du gaz naturel et aussi du prix de ce qu’on appelle « la tonne de CO2 », il s’applique à l’électricité produite par les centrales à gaz ou à charbon en Europe pour compenser les émissions de CO2.
Or, dans un cas comme dans l’autre, les voyants sont au rouge ! Le cours du gaz flambe et les producteurs d’électricité doivent payer plus de 60 euros par tonne de CO2 rejeté dans l’atmosphère contre 30 euros en début d’année. Donc, mécaniquement, ça fait augmenter le prix final de l’électricité payée par le consommateur, même en France, où les centrales nucléaires fournissent 70% de la production d’électricité car la France n’est pas isolée du reste de l’Europe ! Il y a interconnexion des réseaux des différents pays étant donné que l’électricité produite à l’instant T ne se stocke pas. La France peut donc en importer ou en exporter selon les périodes, en fonction de la demande et des températures ! Ça évite notamment le risque de blackout en hiver mais ça oblige à payer un prix élevé dans une situation comme aujourd’hui même avec un gros parc de centrales nucléaires comme en France. La production de ces centrales nucléaires permet juste d’atténuer un peu les choses et de limiter un peu la hausse de la facture pour les consommateurs français. De quoi faire bondir Bruno Le Maire… Le ministre de l’Économie a publiquement dénoncé la semaine dernière ce système de marché unique de l’électricité en Europe dont il juge les règles obsolètes et il compte porter le sujet lors d’un conseil des ministres européens des Finances prévu lundi prochain. ».