« Blocage », « galère », « jeudi noir » etc… les mots utilisés posent question. En écoutant on a l’impression que celles et ceux qui font grève ce 19 janvier dans les transports le font contre le reste de la population. A aucun moment on ne précise qu’une grande partie des usagers des transports sont contre cette réforme et seront dans l’action. On aimerait tant un peu plus de nuance et moins de reproduction des éléments de langage de notre gouvernement.
France Inter, mardi 17 janvier, ouverture d’un journal : « Ce sera l’horreur dans les transports jeudi ».
1- « L’horreur » c’est l’Ukraine ; s’il vous plaît, la mesure s’impose.
2- Les « transports » ; la suite des propos confirme bien que l’on parle ici d’une problématique parisienne et autour. Journalisme parisien autocentré (comme très souvent).
3- Cette phrase est une appréciation dépréciative sur ce mouvement social. L’objectivité journalistique doit être un souci permanent.
Je suis choqué du traitement de la Journée de Mobilisation sociale de jeudi prochain, qui est présentée, ce matin même, sur France Culture ou Franceinfo (et peut-être sur d’autres médias de Radio France). Cette journée, un mouvement social d’ampleur sans précédent, est l’occasion de faire entendre la voix de nombreux travailleurs, alors que deux tiers des Français (selon plusieurs sondages) se disent opposés à cette réforme. Dans le bulletin d’informations, la journée est présentée sous la forme d’une « journée de galère », dans les transports notamment. Aucun traitement politique n’est proposé, aucun argument, aucune idée pour venir expliquer qu’il s’agit, pour cette réforme, d’un choix politique, au niveau budgétaire. Pour ceux qui font grève, beaucoup préfèreraient garder le salaire de cette journée, plutôt que d’avoir à battre le pavé pour s’opposer à cette réforme si impopulaire (et injustifiée : cf argumentaires syndicaux, ils sont faciles à trouver pour des journalistes qui voudraient s’y intéresser). Votre information se doit d’être qualitative, d’apporter de la nuance, et de la pédagogie, au vue des valeurs prônées par votre groupe. Où sont ces valeurs dans le traitement de cette journée de grève et de manifestations ?
Qui et comment se fait le décompte du soutien du service public à la mobilisation contre la réforme des retraites ? Le seul décompte du temps de parole des adversaires de la réforme à l’antenne donnerait des indications sur le peu de neutralité du service public sur ce sujet.
Quel est l’intérêt de manifester un jour de semaine ? Les premiers impactés sont ceux qui se plaignent… Drôle de paradoxe. Et le week-end, est-ce que l’esprit syndicaliste disparaît ? De plus je n’irai pas défiler avec des personnes qui n’expliquent pas concrètement contre quoi ils sont.
Après chaque manifestation, les journalistes, tous médias confondus, établissent un bilan (chiffres de la police vs chiffres des organisations) et en tirent des conclusions sur la mobilisation, le degré de mécontentement… Depuis des années, les politiciens ayant pris les mesures contestées s’appuient bien évidemment sur ces chiffres pour en tirer des conclusions du type : finalement, « les Français » ont bien compris les nécessités de la réforme… Il serait temps de se poser la question : les grèves et les manifestations sont deux moyens de manifester un rejet de décisions politiques mais, si les grèves et les manifestations ont lieu le même jour, combien de personnes n’ont pas pu se rendre sur le lieu de la manifestation faute de moyens de transport ? J’ai signalé ce fait à mon syndicat, j’ai évidemment des doutes sur un effet positif, mais j’aimerais également, très immodestement, que cette information soit diffusée et prise en compte par les services d’informations.
Je suis très déçue de la façon dont vous traitez la grève de ce jeudi 19 janvier. Vous prenez le prisme des pauvres parents qui doivent s’organiser pour faire garder leurs enfants ?! Mais enfin c’est une grève pour défendre nos retraites, il n’y avait pas une autre façon de traiter le sujet ? Je précise que je ne suis même pas enseignante, je soutiens totalement cette grève.