Merci pour ce très bel instant quotidien que nous offrent les lettres d’intérieur depuis le début du confinement. C’est une jolie manière de prendre de la hauteur dans ces temps difficiles. Je suis médecin dans un EHPAD et vous confie la lettre d’intérieur que j’ai eu envie d’écrire à la suite de l’écoute de toutes les autres.
 » Quelque part en Bretagne, le 12 mai 2020 ;
A mon EHPAD, mes résidents, et l’équipe de soignants qui y travaille
Je dis « mon », je dis  » mes »… Quel orgueil, quelle prétention ! A vrai dire, je n’ai pas vraiment réfléchi. En pensant à vous, l’expression m’est venue comme cela. L’article est possessif, oui, mais il est aussi la marque du personnel, du familier, voire de l’affection. Je dis « mon » car de cet établissement, des gens qui y vivent et de ceux qui y travaillent, je me sens responsable, et j’y suis attachée. Je dis « mon » parce qu’ils sont devenus mon intime, ma famille, quand ma vraie famille m’a été empêchée, éloignée, et que je n’avais qu’eux, tous les jours.
Quelle drôle de famille nous formons, tous enfermés là. Tous dans le même bateau, sans nous être choisis mais pourtant pas si mécontents d’y être. Dans cette famille il y a les parents. Nous, nous avons deux mamans. Maman la cadre, qui porte bien son nom; qui cadre, qui rassure, qui protège. Et puis Maman la débrouille, qui trouve toujours des solutions, qui sourit, qui fait du lien, qui nous rassemble. Dans cette famille nous sommes aussi de nombreux frères et soeurs. Chacun son rôle, chacun son caractère, ses points forts et ses points faibles. On s’appuie les uns sur les autres, on se répartit les tâches, à sa juste place et dans le respect de chacun. Oh bien sur ça n’est pas toujours si simple, on s’agace, on se dispute, mais au fond, on forme une belle équipe. On se sert les coudes, on a peur ensemble et on rit ensemble.
Et puis nous avons des enfants, tellement d’enfants. Des enfants qui n’ont d’enfant que le statut fictif qui leur a été assigné depuis que l’âge et la vie les ont affaiblis. Ces très vieux enfants le sont redevenus parce qu’ils ont besoin qu’on prenne soin d’eux, qu’on les accompagne. C’est ainsi qu’ils nous ont été confiés. Les adultes savent faire eux. Ils n’ont besoin de personne, ils sont autonomes. Ah l’autonomie, le nerf de la guerre… Suzanne, René, Jacqueline, et tous ceux que je ne peux nommer car la liste serait bien trop longue, ne m’en voulez pas pour cette métaphore maladroite. L’enfance recèle bien des trésors et d’autres aspects que cette apparente régression. Elle véhicule tellement de tendresse.
Lorsque j’entends Léa, Evan, Yolaine et les autres vous appeler doucement par votre prénom et vous demander si vous avez mal ; lorsque je les vois vous prendre la main et vous faire la toilette avec une infinie délicatesse ; lorsque je les sens inquiets de vous savoir malades ou tristes quand vous l’êtes aussi; alors je me retrouve petite fille avec ma mère. Je l’entends m’appeler par mon surnom; je la vois me prendre dans ses bras la nuit; je la sens pleine d’amour pour moi. Colette, Jean-Paul et Liliane,… Il y a dans ces gestes et dans ces mots à votre attention, et qui ne sont censés être « que leur travail »; il y a la toute la bienveillance dont ils et elles sont capables. Nous vous la devons. A vous qui avez eu notre âge à une toute autre époque, et qui avez maintenant parfois le triple du mien. Qu’avez vous traversé pour arriver jusqu’à nous ? A vous que je vois souriants et fiers sur les photos en noir et blanc qui ornent les murs de votre chambre en souvenir de ce temps où vous étiez jeunes, libres et beaux. Vous n’êtes plus tout à fait jeunes, peut être un peu moins libres mais vous n’avez rien perdu de votre superbe. En témoignent les yeux claires de Marie-Louise, la tresse d’argent de Raymonde, la peau fine et délicate d’Emilienne. Nous vous devons cette bienveillance, par égard à ce que vous êtes, et à ce que vous représentez de l’Homme.
Ne nous leurrons pas. Dans ces temps chahutés chacun a pris conscience du besoin de l’autre, de notre interdépendance. La dépendance. Je dépens de la caissière pour faire mes courses, du facteur pour recevoir mon courrier, de l’éboueur pour relever mes poubelles. Mais aussi du journaliste pour m’informer, de l’humoriste pour rire, de l’écrivain pour m’évader. La liste s’allonge, on n’en verrait pas le bout…
Vous autres dehors, ne vous croyez pas si éloignés du bateau, ne vous sentez pas si solides et indépendants. La dépendance n’est pas un vilain mot, ce n’est pas une carence ni une faiblesse. C’est ce qui nous permet de nous rassembler, de faire corps. La dépendance nous rapproche et nous rappelle que nous ne sommes rien seuls et que nous faisons partie d’une seule et même entité qui porte un nom : l’Humanité. Prenons soins d’elle et de nos très vieux enfants. Ils le méritent tant. » Dr Sophie RM

Vendredi 8 mai 2020,
C’est étrange, voilà 50 ans que tous les 8 mai (et 11 novembre aussi) je me réveille et me lève avec un objectif : être à l’heure.
Discrètement, pendant que mon épouse dort encore, je vais me raser de près, puis me doucher. Ensuite je vais préparer un petit-déjeuner (il faut bien prendre quelques forces!). Quand les enfants étaient petits j’allais les réveiller, quand ils ne s’étaient pas réveillés d’eux même (comme leur papa). La fenêtre est ouverte, dehors c’est presque le silence habituel des jours fériés, je dis presque, parce que cette année, le silence est encore plus présent. Soudainement je réalise que je n’ai aucune raison de me précipiter, car cette année je dois rester à la maison. Les enfants, ils ont quitté le cocon familial depuis des années, mais eux aussi, aujourd’hui n’auront pas à sortir.
Né après la guerre, petit fils de 2 poilus de 14-18, fils d’un sous-marinier qui a réussit à quitter Toulon avant que la flotte ne se saborde en 42, j’ai eu droit très jeune à divers récits qui ont contribué à comprendre et à respecter ces « 8 mai et 11 novembre ».
Ah oui, j’ai oublié de vous dire, mes fils et moi sommes des musiciens. Nous faisons partie de ces instrumentistes amateurs, au sens amoureux et passionnés, même si certains parmi nous sont également des professionnels. Comme plus 300 000 françaises et français, nous faisons partie de ces musiciens qui constituent les quelques 5 000 sociétés musicales (Orchestres d’Harmonie, Fanfares ou Batterie-Fanfares) qui à travers le pays participent activement aux cérémonies commémoratives des victoires des 2 Guerres Mondiales et de la fête nationale.
Ces dernières années, avec les disparitions de nombreuses petites sociétés, dues en partie à l’exode rural et au manque de soutien des collectivités locales, nous avons parfois 2 voir 3 cérémonies à assurer sur plusieurs communes. Même dans les grandes métropoles, les disparitions de nombreuses musiques militaires font que ce sont là aussi nos sociétés qui sont sollicitées. Que ce sera étrange ces dépôts de gerbes, sans drapeaux, sans musique …
Non je n’irai pas me recoucher, à 11 h je jouerai ma partie de Marseillaise, puis … Puis j’écouterai le chant des oiseaux

Poésie à destination de la matinale pour les lettres d’intérieur d’Augustin Trapenard.
Demain dès l’aube à l’heure où l’impatience me gagne,
Je sortirai, vois tu je sais qu’il fait beau temps
J’irai par la ville, j’irai voir les platanes
Je ne puis rester confinée plus longtemps
Je marcherai les yeux fixés sur la ville dépeuplée
En regardant le dehors en guettant tous les bruits
Seule, les poings dans mon jean serré,
Rêveuse mais le jour restera d’un tel ennui
Je ne regarderai ni les hommes à l’intérieur
Ni ces masques qui me font peur
Et je regretterai le boucan permanent
Qui résonnait dans les rues de Lorient
Lola

 » Ma vie confinée depuis un petit village de Provence.
J’accompagne mes journées de télétravail avec les chansons de Jean Ferrat. Et oui, j’en profite pour réécouter, redécouvrir l’œuvre formidable qu’il nous a laissés. Ses chansons, ses prises de paroles, ses valeurs.
Alors, alors je rêve les yeux ouverts
Je rêve à un monde à visage humain
Je rêve à l’abolition de la misère
Je rêve à plus de justice et de solidarité
Je rêve à notre Terre où il ferait bon vivre, où la nature reprendrait ses droits
Je rêve d’un monde où les peuples seraient frères
Je rêve d’un monde où la course au profit d’existerait plus
Je rêve à tant et tant de choses …
Je rêve que sa chanson, Ma France devienne notre Hymne national
Et je rêve d’un autre jour d’après, et il y tant à faire ; un autre monde est à construire
Et si pour réveiller nos consciences endormies, pour que ces rêves deviennent réalité, nous écoutions chaque jour une chanson de Jean Ferrat ?
Allez France Inter, faites-moi rêver, faites-nous rêver et relevez ce défi !  » Merci !

Merci à l’Univers.
L’univers, merci. Tu m’as obligé de rentrer dans mon univers.
Cela fait plus de cinquante jours, je suis reclus chez moi, à me recentrer, à m’apprendre à me connaître.
Ho, je n’oublie surtout pas les milliers de morts et de malades que tu as provoqué avec ton virus. Toutes mes pensées vont à toutes ces personnes parmi le monde, à leur famille et même à ceux, qui ne les connaîtront jamais.
La vie n’est pas ceci, la vie des hommes.
Univers, tu m’as donc bloqué chez moi, dans à peine 30 m2 au 2 iéme étage, juste à peine une fenêtre sur l’extérieur.
Pendant plus de 50 jours, je suis resté la, à me réinventer, sans voir personne, seulement la caissière du petit magasin, une fois par semaine.
Personne.
Certes, mes cahiers à dessin et ma peinture m’ont aidé, certains n’ont rien, d’autres des jardins et moi, mon art.
Aujourd’hui, j’ai « le droit » de sortir. On me donne ce droit?
Je n’en veux pas, dans « ce confinement » j’y ai trouvé une liberté, ma liberté.
Ma liberté, de ne plus culpabiliser, de ne plus me forcer, de vivre comme je voulais, de peindre comme je pouvais, et surtout sans rien demander.
Toute ma vie, je me suis débattu, à l’encontre de ma famille d’abord, pour m’arracher d’une éducation cartésienne. Puis après, à me forcer à voir des gens, des clients, des foules comme un acteur…..à passer des moments inutiles….à dire des « Je t’aime » à des filles que je ne voulais même pas connaître. On m’a reproché de ne pas répondre à mon portable. Je me suis exécuté, soigné et alors?
J’ai connu les angoisses du dimanche soir, à partir travailler pour essayer de gagner 3 sous, à obéir à des chefs, des clients qui imposaient leurs lois sans je ne comprenne l’intérêt. J’ai rénové des maisons car comme un homme, il me fallait que je prouve…
Toute ma vie, j’ai rangé un étalage en vitrine pour faire bien. J’étais en colère, mais je faisais. Le pire, est que parfois, cela n’allait toujours pas!!!!
Mon frère d’abord, certaines ex fiancées, certain(e) de mes connaissances, tous étaient contre ma façon, et je les ai perdus. Je n’étais pas comme eux.
Leur réponse toujours la même : »Pfffff tu es un artiste.! »
Alors, ce confinement m’a appris une seule chose:
Je ne et n’en veux plus, je ne et n’en ferais plus…
Demain j’irais voir la mer, juste pour son ressac, sa couleur…. la nature de campagne pour en connaître les saisons. Le mot « Ami » est un mot dur et je ne serais jamais plus lié à ce mot de mode. J’aime des gens et parfois, j’irais les voir, je partagerai avec eux sans force…..Je peindrai les toiles à ma façon, avec ma liberté.
Quand vous me lirez, si vous voyez de l’égoïsme, est peut être je me suis mal exprimé.
Voyez plus loin, derrière. Voyez la générosité. Voyez les gestes resserrés pour laisser la place à l’esprit. Voyez les silences qui disent. Voyez mon économie. Voyez mon renoncement au résultat. Voyez mon incertitude à ma créativité. Voyez donc ma liberté à exprimer ce qui amènera joie. Voyez l’aventure dans une journée.
Je n’ai plus peur…..merci l’Univers.
René

Les adolescents ont besoin de contacts proches, de contacts physiques.
Les personnes plus âgées ont besoin de plus de limites, de distance dans les contacts.
Alors comment cela se passe-t-il entre un adolescent et une personne âgée ?
Revient donc un mode de vie plutôt proche des années 70 … avant l’émergence de la société de consommation ?…
On peut se checker avec le pied, 50 cm de jambe chacun en général ne devrait pas poser de problème … ?
Se saluer « à l’indienne » 🙏, si j’ose dire (peut-être terme mal approprié, pardon), emprunt pour moi, de respect indifférencié qui que soit la personne en face de nous, comme une parenthèse de pureté, de neutralité, un petit réglage (?), compatible avec les notions d’amour, de respect.
Un temps de pause neutre.
Toutes ses secondes ajoutées les unes aux autres ne sont peut-être pas anodines 😉
Idéaliste ?
Merci pour vos émissions
Isabelle

Pardon pour cette entrée en matière cavalière mais votre émission me manque. Me manque? Non, NOUS manque, car mon compagnon l’apprécie autant, sinon plus, que moi.
La mélancolie: quel joli mot et quel adversaire terrible!
Nous aimons tout de votre émission: votre voix, votre écoute à l’égard de vos invités, toutes ces infinies définitions de ce mot dont nul n’en ignore les manifestations pour diverses qu’elles soient dans leurs effets, les témoignages de ceux qui la cultivent, de ceux qui la tolèrent, de ceux qui la réprouvent et/ou la combattent.
Il y a quelques années ce mot dont la sonorité me plaît tant m’a inspiré un texte. Puis ce texte est parti, avec autres, se cacher dans les tréfonds du disque dur de mon ordinateur. Confinement oblige (il faut bien trouver à s’occuper), j’ai tenté de mettre de l’ordre dans les caves et greniers de mon ordinateur (en vain, je le crains fort, n’ayant en fin de compte que remplacé une pagaille par une autre pagaille). Ce texte est remonté à la surface. Aussi avant qu’il ne regagne à nouveau les tréfonds, je vous l’adresse, je vous l’offre au nom du plaisir que nous avons à écouter votre émission. En espérant simplement qu’il sonne plaisamment à vos oreilles.
Cordialement, Sylvie

L’âme et l’ancolie
L’ancolie : Est-ce que les fleurs ont une âme ?
L’âme : Est-ce que les âmes ont des fleurs ?
L’ancolie : Des fleurs ? Les âmes ? J’ai entendu parler d’âmes en pleurs, en leurres, en fêlures, alors pourquoi pas en fleurs ma foi ?
L’âme : Ma foi si c’est une question de foi, et puisque les fleurs ont un cœur, alors pourquoi n’auraient-elles pas d’âme ?
L’ancolie : Dire pourquoi n’en auraient-elles pas n’est pas dire si elles en ont.
L’âme : Oui mais c’est déjà quelque chose que de poser la question.
L’ancolie : Poser une question n’est pas apporter une réponse.
… On ne pose de questions qu’à des réponses …
L’ancolie : Qui intervient ainsi dans notre conversation ?
L’âme : Quelqu’un qui dit quelque chose
L’ancolie : Qui dit quoi ?
L’âme : Là, quand tu parles, quoi que tu dises tu dis quelque chose.
L’ancolie : Même si on ne sait pas quoi ?
L’âme : On sait toujours même si c’est autre chose que ce que l’on croit savoir.
L’ancolie : Alors on ne peut jamais savoir si on se comprend ?
L’âme : On se comprend puisqu’on se parle et se répond.
L’ancolie : Oui mais si je dis bleu et que tu comprends blanc, on croira se parler quand ce ne sera que du vent.
L’âme : Ne prends donc pas à la légère les murmures du vent.
L’ancolie : Tes mots sont jolis mais ils ne sont pas clairs.
L’âme : Sont-ils sombres ?
L’ancolie : Non mais tu joues là, quand moi je cherche.
L’âme : Tu cherches quoi ?
L’ancolie : Si les fleurs ont une âme, si les âmes ont des fleurs, ce que raconte le vent quand il murmure dans les feuillages.
L’âme : Si les fleurs sont du vent jeté à nos regards, si le vent a une âme quand il rompt les amarres des navires au repos, si les âmes fleurissent sous l’écho d’un sourire…
L’ancolie : Oui, tout cela et bien d’autres choses encore… est-ce sans importance ? Que disent les mots qu’on dit de ce que l’on veut dire ? Ont-ils une réalité en dehors de toi, au delà de moi ?
L’âme : Les mots ne prennent vie que lorsqu’on les prononce.
L’ancolie : Alors ils n’ont de sens que celui que leur donne celui qui les énonce ?
L’âme : Non. Ils ont aussi le sens qui convoque celui qui les reçoit.
L’ancolie : Tu tournes âme, tu brodes, tu voltiges sur les mots.
L’âme : Je tourne, je voltige tout autour de ta tige fleur, j’erre tout comme toi dans l’air du temps, un petit air de rien du tout dans une des ères de la Terre.
L’ancolie : L’âme erre ?
L’âme : Elle ne fait que cela, sur la Terre du moins.
L’ancolie : Et sur le ciel du plus que fait-elle alors ?
L’âme : A l’or ? Elle ne fait rien. Sur le ciel du plus l’or est comme l’air, juste un souffle d’ambre dans le collier des ancolies.
L’ancolie : Juste des lamelles en colis ?
L’âme : Juste une peau éthique.
L’ancolie : Juste un désordre de mots ?
L’âme : Juste des mots-quête
L’ancolie : Juste des mots que rit le vent ?
L’âme : Juste une légère brise qui traverse les murs-murs.
L’ancolie : Les murs humains ?
L’âme : Les murs de l’entendement.
L’ancolie : Ainsi tu dis âme que les mots soufflent un air qui traverse les murs ?
L’âme : Oui.
L’ancolie : Que la parole dit de soi bien plus qu’on ne le croit ?
L’âme : Oui.
L’ancolie : Que les mots, toujours, dépassent les pensées ?
L’âme : Ils les pansent.
L’ancolie : Ils les blessent aussi.
L’âme : C’est vrai.
L’ancolie : Les embrouillent, les emmurent, les divisent, les éclatent.
L’âme : C’est vrai.
L’ancolie : Des éclats de pensée ça se fiche dans le cœur.
L’âme : Dans l’âme aussi tu sais.
L’ancolie : Alors comment on sait ?
L’âme : Comment on sait quoi fleur ?
L’ancolie : Vers quels mots se tourner ?
L’âme : Je vais te confier un secret.
L’ancolie : Un secret d’âme ?
L’âme : Non un secret de fleur que les âmes apaisées ont saisi.
L’ancolie : Un secret de fleur ? Je ne connais nul secret que tu ne saches. Je ne suis qu’une fleur enracinée à la terre qui m’a faite, et si je brille quelques heures c’est juste pour offrir mon cœur aux papillons, aux colibris, et puis je meurs. Je puise dans la terre de quoi étancher ma soif, je m’ouvre au soleil qui me réchauffe et me fait belle, alors les papillons viennent se nourrir de ma sève et tout est dit sur ma vie d’ancolie.
L’âme : Et voilà, je le savais !
L’ancolie : Tu savais quoi ?
L’âme : Que tu savais. L’ancolie :
je sais quoi ?
L’âme : Que tu le connaissais le secret.
L’ancolie : Quel secret ?
L’âme : Celui que tu viens d’énoncer.
L’ancolie : Boire la pluie et se tourner vers le soleil c’est un secret ça ?
L’âme : Oui. C’est même le plus grand des secrets, le mieux gardé. Tout le monde le sait et personne ne le connaît.
L’ancolie : ?????
L’âme : Tu te tournes des racines aux pétales vers ce qui te fait belle, tu prends ce dont tu as besoin et tu le restitue en sucs, en miel, au peuple du ciel. Que veux-tu de plus ? Que peut-on espérer de plus ?
L’ancolie : Alors c’est ce que font aussi les âmes apaisées ?
L’âme : Je crois, oui.
L’ancolie : Prendre et restituer ?
L’âme : Se tourner vers ce qui leur fait du bien, et le restituer, oui.
L’ancolie : Mais je le fais sans y penser.
L’âme : Tu as bien de la chance fleur, ton instinct te rend sage. Les pensées sont si encombrantes parfois ! Si tu savais toute l’énergie dépensée dans les pensées empesées ! On se fait du mal tant on a envie de se faire du bien. L’ancolie : Ainsi donc le problème des âmes c’est la pensée ?
L’âme : Oui.
L’ancolie : Mais une âme qui ne penserait pas ne pourrait plus porter le nom d’âme.
L’âme : C’est effectivement là tout le problème.
L’ancolie : Alors les âmes devraient apprendre à cesser de penser ?
L’âme : Peut-être, oui, en effet.
L’ancolie : Et c’est si difficile que cela ?
L’âme : Si tu savais fleur !
L’ancolie : Es-tu une âme apaisée ?
L’âme : Et non fleur, je ne suis qu’une âme qui cherche.
L’ancolie : Qui cherche quoi ?
L’âme : …………….
L’ancolie : Âme ?

On offrirait la solution à l’Humanité, si ce n’est en son entier, pour le moins à tous ceux et toutes celles qui prétendent vouloir le changement,et bien, cette solution serait refusée au pire et au mieux, tant altérée, qu’il n’en resterait quasiment plus rien !!!
Ainsi,nous ne pouvons croire qu’au petit nombre,dénominateur commun pour une Vraie solution,un Profond changement,un Réel bouleversement .
Il ne suffira pas de renverser la table,d’écrire de nouvelles déontologies pour une action plus juste ; d’inventer des solidarités soi-disant nouvelles, mais vite fracassées sur les rivages de notre condition humaine au carré ; de tenter de prévenir d’autres catastrophes qui appellent d’ores et déjà les prochaines qui seront tout autant sidérantes, puisqu’il nous faut changer du tout au tout ,point à la ligne !!!
Ecrire ces mots m’engagent et j’en saisis la portée,jusqu’à m’autoriser à » froisser »si ce n’est plus, ceux et celles qui lisent ces mots tels quels, sans fioritures et absents de toute prudence .
J’entends d’ores et déjà, les considérations de tous ordres qui affleurent avec leurs cortèges de malentendus,finalisés par des injonctions polies ou plus virulentes selon le degré de résistance ou de refus .
,la Vérité est en marche .
Une Vérité, qui n’est plus alimentée par des dogmes étroits ; des idéologies usées et rebattues ; des restes religieux toxiques, loin du réel au jour le jour ; une, ou des sciences qui monopolisent tous les savoirs, de manière outrancière et suffisante armées d’un cadre soi-disant pragmatique,avec une semblance d’efficacité ,mais noyé par tant et tant d’actions paradoxales Non,une Vérité par delà la ligne égocentrique ,qui barre la route à d’autres Aventures,et plus particulièrement,celle de l’Aventure de la Conscience par le Corps de la Terre !!!
Oui,nos chemins de traverse furent source de progrès,avancées fabuleuses pour une approche heureuse,mais ,prisonnier en notre prison domiciliaire,nous ne voyons qu’au travers de nos murs bétonnées ou de verre, c’est selon …
Notre sentimentalisme » menthe à l’eau », au sortir d’un confinement,n’est qu’une des signatures de l’égo .Certains, mettront la barre plus haut ,avec envolées lyriques,et accents de vérité , d’autres, sauront descendre en les bas fonds,avec mise à nu d’horreurs qui attendent leur heure pour pénétrer nos prisons pourtant factices, mais terriblement pesantes à ce jour !!!
Ne serions nous que l’écho d’un passé mortifère,ou avancée vers un futur fantasmé ?
Nous sommes petits d’hommes, en route vers l’Homme accompli,suite à des bouleversements qui implosent du plus profond,afin de nous révéler le Sens profond et sacré de notre Existence.
Non orientée vers quelque paradis ou enfer dans un ailleurs improbable ,ni sur Terre,animée par nos semblances de vérité et de mensonge,mixés au sein d’une prison égocentrique confortable pour certains et devenue insalubre pour d’autres .
Non !!!
Nous sommes aux Carrefours d’une Mutation ,qui nous obligent à l’ardente obligation de nous défaire en avant toujours en avant,en tâchant de nous délester de mille et unes prudences,de nos bruits assourdissants et toxiques,de nos peurs anciennes et dérisoires, en regard de l’Avenir qui point par delà nos lignes de crête .
Ces dernières,s’estompent à mi chemin de nos attentes les plus folles,les plus osées, mais ô combien régénératrices, si nous devenons sincères.
La Sincérité vaut tous les pouvoirs du monde, en deçà et par delà nos lignes de crête.
Cet élan timide à l’orée des Possibles,ne demande plus qu’une once de courage si ce n’est plus,pour oser l’Inconnu,une prière au bord des lèvres et la lucidité en bandoulière.
Le courage, n’est plus l’énergie du désespoir ou de l’espoir ,mais celle qui s’abreuve en l’Infini,source de nos Actions les plus nobles,les plus téméraires,hautement créatrices à certains Moments de l’Histoire.
Et cette confiance innée et oubliée en nos conforts dérisoires,devient l’un des derniers moteurs allumés ,pour une escapade aux confins de nos limites devenues inutiles désormais.
Oui,la Vérité est en marche et l’Amour en escorte,pour éclairer ces lendemains post crépusculaires,qui autorisent une Aurore embrasée par un Soleil qui irradie de l’intérieur.
Il était enfoui,perdu en nos replis ultimes,mais il devient ardent,ainsi, la Beauté vaincra la résistance du monde.
Combien serons nous, ébahis,le regard dessillé,heureux,au bout du bout des malheurs et des bonheurs qui vont de paire .
A vivre,au jour le jour,pas après pas,mais avec l’écho merveilleux de la Vérité en marche ,quelles que soient les épreuves à venir,les obstacles en travers,la force des dénis autorisée.
Allons,debout les morts et advienne que pourra.Tendresse Infinie.Un homme.