Retour sur une année très particulière à cause de la pandémie, pour vous comme pour nous. Pour en parler, Jean Philippe Baille directeur de Franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet pour faire le bilan d’une année de Covid pour les rédactions de franceinfo.

Emmanuelle Daviet : Pendant la période du premier confinement,  Franceinfo a été la seule radio à faire du direct intégral de 5h à minuit et demi. Les journalistes ont  travaillé dans des conditions difficiles que l’on ne mesure pas toujours quand on est de l’autre côté du poste.
Jean Philippe Baille, diriez-vous que cette année Covid, avec tous les défis qu’il y a eu à relever à impulser de nouvelles manières de faire du journalisme ?

Jean Philippe Baille : D’abord, il a fallu s’adapter et s’adapter à la situation. S’adapter aussi au fait que la plupart d’entre nous, nous devions être confinés parce qu’il y avait une jauge ici à Radio France et tous les journalistes ne pouvaient pas venir en même temps parce qu’effectivement, il y avait ces risques sanitaires. Donc, il a fallu s’adapter avec des interventions à distance et on a déployé tous nos moyens techniques grâce à nos équipes techniques qui ont pu permettre à ce que finalement, nous puissions, comme vous l’avez fort justement rappelé, émettre de cinq heures jusqu’à minuit et demi, c’est à dire les horaires habituels de Franceinfo, avec des interventions à distance sécurisées, mais pour continuer à garder ce lien avec nos auditeurs. Deuxième chose dans notre façon aussi de travailler sur le terrain pour aller faire du reportage, nous avons maintenu nos équipes de reportage avec là aussi des protections pour justement les protéger eux-mêmes, mais aussi protéger leurs interlocuteurs. Masques bien entendu, des perches pour être à une distance de deux mètres de leurs interlocuteurs. C’est la première chose. Enfin, il a fallu s’adapter sur le fond parce que nous avons changé aussi toute notre façon d’aborder cette crise sanitaire et toute notre façon de travailler. On a mis en place, cela a été l’une des conséquences de cette saison ou en tout cas de cette première crise et de ce premier confinement, un service sciences santé environnement qui est aujourd’hui notre référent pour toutes ces questions-là parce qu’on voulait avoir de la fiabilité, valider les interventions qui pouvaient être sur l’antenne de Franceinfo, que ce soient les invités ou que ce soient les études auxquelles on fait parfois référence.

Emmanuelle Daviet : Vous avez évoqué ce lien à garder avec les auditeurs, ces auditeurs justement ont écrit pour remercier Franceinfo de sa mobilisation, d’avoir rempli cette mission de service public, éditorialement comment avez-vous fait pour être au plus près de leurs préoccupations ? 

Jean Philippe Baille : C’est vrai. Je crois que sur cette période-là, on a pu resserrer les liens qu’on a ou qu’on pouvait avoir avec nos auditeurs, avec le public. D’abord en allant, comme je vous le disais toujours, voir les gens, en allant sur le terrain, en continuant à aller sur le terrain. Ensuite, en les écoutant et en jouant quelque part, notre rôle de service public, plus que jamais en faisant du service, est devenu quelque part. Parfois, une radio de service en expliquant, en décryptant et en écoutant les gens puisqu’avec le hashtag et nos émissions, #OnVousRépond, on a pu échanger directement avec nos auditeurs en faisant venir des spécialistes, en faisant venir des politiques, en faisant venir nos propres experts de Franceinfo pour répondre aux questions des auditeurs. Ça pouvait être sur comment je fais pour mon attestation de déplacement. Comment je fais si je suis malade ? J’ai des symptômes, qui j’appelle, enfin toutes ces questions-là de la vie quotidienne. On a pu aussi échanger avec nos auditeurs et ça, je crois que c’était un moment important aussi de cette crise.

Emmanuelle Daviet : Au cours de cette année intense qui vient de s’écouler qu’est-ce qui vous a le plus marqué en tant que journaliste ? 

Jean Philippe Baille : C’est les différences de points de vue et les controverses. Finalement, on s’est rendu compte que les experts pouvaient être experts, mais en ayant un point de vue et que d’autres experts avaient un autre point de vue et que finalement, il n’y avait pas la vérité vraie que tout le monde pouvait se tromper. Et c’est ça qui m’a marqué de voir qu’effectivement, on le savait, mais que la science n’est pas une science exacte et qu’effectivement, les spécialistes et experts peuvent se tromper ou en tout cas, peuvent varier dans leurs analyses. Et puis aussi. Moi, ce qui m’a marqué, c’est que les politiques aussi ont avoué qu’ils ne savaient pas. Et ça, c’est nouveau. Et nous, les journalistes, on l’a dit aussi. On ne sait pas et il faut continuer à pouvoir le dire quand, effectivement, on ne sait pas.