Les auditeurs ont été nombreux à réagir sur la situation au Proche Orient et à la non-reconduction des « Informés du samedi soir ». Pour leur répondre, Richard Place directeur de la rédaction de Franceinfo et Anne Soetemondt, directrice de l’information internationale de Radio France sont au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet: À la suite de la libération des otages Israéliens et des prisonniers Palestiniens, lundi dernier. Des auditeurs nous ont écrit car ils ne comprennent pas que l’on emploie le terme de prisonniers pour les Palestiniens, estimant qu’il faudrait les qualifier d’otages. Anne Soëtemondt quel éclairage, peut-on apporter aux auditeurs sur la distinction et l’utilisation de ces expressions ?
Anne Soëtemondt: Alors la réponse est en fait assez simple à Radio France, notre boussole, c’est en fait le droit international. Et pour le droit international, est dénommé « prisonnier » tout individu privé de liberté, qu’il ait été jugé ou non. C’est donc adapté, c’est conforme à la situation des Palestiniens qui ont été relâchés cette semaine. Certains avaient été emprisonnés après un procès, d’autres c’est vrai l’étaient sans procès. Mais sous le régime de la détention administrative. C’est un terme dont on a beaucoup entendu parler cette semaine, et ce, parfois de manière indéfinie. Ce qui est très différent de ce que le droit international dénomme « otage » une personne dont la vie et la libération dépendent de l’obtention d’une contrepartie par ceux qui les détiennent. C’est le cas des Israéliens ou d’ailleurs des étrangers, puisqu’il y avait aussi des étrangers qui ont été enlevés par le Hamas et ses alliés le 7 octobre 2023.
Emmanuelle Daviet: Et j’invite les auditeurs qui souhaitent avoir toutes les références sur cette question à se rendre sur le site de la médiatrice où nous avons publié un article. La situation à Gaza évolue et des auditeurs demandent s’il est envisageable que des journalistes se rendent prochainement sur place, puisque le territoire a été jusqu’à présent interdit à la presse.
Anne Soëtemondt: Alors ce qui est sûr, c’est que c’est souhaitable. C’est en tout cas ce que nous ne cessons de demander. Radio France. Comme beaucoup d’autres médias internationaux ont demandé l’accès à l’armée israélienne à la bande de Gaza. C’est impossible ou presque. Il y a eu quelques journalistes qui sont rentrés, mais dans des conditions extrêmement contrôlées par l’armée israélienne depuis le 7 octobre, ou une ou deux journalistes étrangers via la bande de Gaza, mais vraiment dans des conditions très particulières. Et nous, on n’a jamais réussi à avoir cet accès. Alors, est-ce que la première phase de l’accord de paix va changer la donne. À ce stade, c’est très difficile de vous répondre oui, et quand on a très peu d’informations. Ce que je peux vous dire, c’est que Radio France, comme plein d’autres journalistes et médias groupes de presse, essaie de le faire. Alors, on a plusieurs interlocuteurs. On a l’armée israélienne à qui on demande très régulièrement. Nous, notre correspondant Thibault Lefèvre le fait toutes les semaines. On demande l’accès. Sinon, on parle aussi à des acteurs humanitaires. Et puis des canaux diplomatiques sont possibles. On joue sur beaucoup d’acteurs. Je voudrais peut être terminer cette réponse en rendant un hommage aux journalistes qui sont aujourd’hui coincés dans la bande de Gaza, et ce depuis deux ans et qui nous aident à informer, à vous informer, vous les auditeurs. Nous, on travaille avec plusieurs d’entre eux. Je leur rends un hommage et j’ai d’ailleurs une petite image qui me vient, le week-end dernier au festival du reportage de guerre à Bayeux, il y a eu une standing ovation car plusieurs d’entre eux ont été récompensés, ont été primés pour leur travail, essentiellement des photographes ou des rédacteurs, des gens qui font de la télévision. Je pense que tout le monde remercie les journalistes qui sont à Gaza de nous aider à être informés.
Emmanuelle Daviet: Richard Place, vous êtes le directeur de la rédaction de Franceinfo et on termine avec des auditeurs qui nous ont fait part de leur déception de ne plus entendre « les Informés » du samedi soir avec des correspondants européens. Un auditeur écrit : « Nous regrettons vivement la disparition des informés du samedi soir avec comme invités des journalistes de la presse étrangère. Leur recul et leur excellent vocabulaire donnaient de la tenue et de la profondeur aux débats dans une ambiance jamais agressive. Bien au contraire, cela nous rendait curieux des autres pays et à l’écoute de cette émission, on se sentait européen. Pourquoi n’a t elle pas été reconduite cette saison ? » demande cet auditeur.
Richard Place: Je comprends cette déception parce qu’effectivement cette émission était régulièrement éclairante et nous emmenait sur d’autres points de vue. Néanmoins, nous avons souhaité que l’antenne soit encore plus réactive. Et parfois, avec cette émission, on était empêché de développer une autre actualité qui était en train de se passer à cet instant là, parce que nous avions ce plateau avec des correspondants à l’étranger qui ne pouvaient pas réagir sur tous les sujets, sur toutes les actualités. Et nous avons souhaité donc, se donner un peu plus de place et d’espace pour réagir à l’actualité, notamment sportive, les samedis soirs. Il y a des rencontres de l’actualité sportive que nous voulons suivre. Nous avons des journalistes sur le terrain et nous souhaitons les entendre. Ce n’est pas la seule actualité que nous pouvons du coup développer un peu plus dans ces horaires là. Par ailleurs, une partie de ces journalistes, nous les retrouvons dans les informés qu’anime Victor Matet. Il les animait pendant le week-end et les anime désormais pendant la semaine. Nous en retrouvons certains dans les Informés au milieu d’autres journalistes français, cela pour parfois décrypter l’actualité française ou étrangère, donner leur point de vue. Il y a aussi les Informés de l’Europe sur l’antenne de Franceinfo le week-end, ça se passe le matin, c’est rediffusé juste à la mi-journée. Ce sont aussi des points de vue qui sont importants, qui nous permettent de savoir ce qui se passe autour de nous et en particulier dans notre continent.