Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo répond aux questions des auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet. 

Emmanuelle Daviet : Des auditeurs s’étonnent que les quinze premiers jours du mois de mai,  les invités politiques liés au mouvement NUPES aient été largement sur-représentés, notamment sur votre antenne, ce qui crée un déséquilibre avec les autres forces politiques. Les auditeurs souhaitent savoir comment vous allez rééquilibrer les choses et comment doivent se répartir les temps de parole lors de cette campagne des législatives, quelles sont les règles ?

Matthieu Mondoloni : Tout d’abord, effectivement, il y a un déséquilibre, mais qui est dû à l’actualité puisque vous le savez, à ce moment là déjà on est après le second tour, il y a beaucoup de partis politiques qui étaient un peu atones. Je pense notamment aux républicains, la majorité en revanche, à gauche, comme il y avait cette signature d’un accord dit historique par les principaux partis de gauche. On a beaucoup, beaucoup fait d’invités, mais notamment des invités, parfois d’ailleurs, qui étaient en contradiction ou en tout cas en désaccord. C’est le cas par exemple de Carole Delga, la socialiste. Mais qui est comptée quand même en socialiste alors même qu’elle est contre l’accord. Vous voyez, c’est un peu compliqué, mais ça ce sont les règles de l’ARCOM donc oui il y a un déséquilibre. Comment on le compense ? Tout simplement en faisant plein d’autres invités sur la suite. C’est à dire que le temps qui nous est donné pour équilibrer n’est pas seulement de quinze jours. Il n’est même pas d’un mois, il est trimestriel. Donc on a trois mois pour rééquilibrer tout ça. Et on s’y emploie évidemment parce que là, il y avait un déséquilibre sévère. Donc en ce moment, par exemple, on fait comme l’actualité, notamment avec les différentes affaires, plutôt du côté de la majorité ou des républicains en ce moment, on a beaucoup d’invités de ces partis là qui viennent s’expliquer notamment sur ces faits, mais aussi sur le nouveau gouvernement et la nouvelle politique qui doit être menée.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec l’affaire Damien Abad et en particulier le tout début de l’affaire. Je vous lis un message « auditeur assidu de FranceInfo. Je suis surpris du traitement concernant l’affaire Abad par vos journalistes. Pendant tout le week-end dernier, votre média a repris en boucle les infos de Mediapart sans aucun filtre. » Matthieu Mondoloni, quels ont été vos choix éditoriaux pour traiter ce dossier ?

Matthieu Mondoloni : Déjà, il y a un filtre en permanence. D’ailleurs, on peut retrouver sur franceinfo.fr la charte de Franceinfo qui revient sur les informations vérifiées par nos soins que l’on donne ou que l’on ne donne pas. On suit vraiment cette charte. En ce qui concerne Médiapart, on les a cité tout simplement parce qu’on a vérifié l’information de Médiapart, en l’occurrence, c’est un témoignage de deux femmes qui sont identifiées et dont nous avons eu nous-mêmes confirmation puisque nous avons d’ailleurs réussi à joindre l’une d’elles qui a témoigné sur notre antenne. Donc on a cité Médiapart tout simplement confraternellement c’est normal, ce sont eux qui sortent l’affaire et pour nous c’est important de donner le crédit de cette affaire qui est publiée à Médiapart. Ce n’est pas du tout un jugement de valeur. Ce n’est pas pour se défausser en disant « ce sont leurs informations et pas les nôtres. » Ce n’est pas du tout la façon dont on fonctionne. Et d’ailleurs, on a eu un traitement éditorial équilibré de cette affaire puisque nous avons donné la parole à Damien Abad lui même quand il a tenu sa conférence de presse pour annoncer à l’époque qu’il se maintenait, qu’il était toujours candidat aux législatives, qu’il restait dans le gouvernement. On a donné la parole à des soutiens de Damien Abad, que ce soit au gouvernement ou au sein de ses anciens partenaires des Républicains. Donc voilà, on a fait notre travail habituel de journaliste en donnant les différents points de vue, les différents regards sur cette affaire.

Emmanuelle Daviet : On en vient à Kylian M’Bappé avec cette remarque d’un auditeur « Je suis effaré, écrit-il, que le foot puisse prendre autant de place sur une antenne de service public. La décision d’un footballeur de rester ou pas dans une équipe relève-t-elle d’une information avec laquelle je puisse devenir acteur de quoi que ce soit ? Il est vrai qu’il est moins complexe de faire comprendre le foot que le rapport du Giec qui fera moins d’audience. Pourtant ce que dit clairement le GIEC, la menace sur la vie de centaines de millions de personnes, et cela devrait occuper avec opiniâtreté vos journalistes. » Que vous inspire cette réflexion Matthieu Mondoloni ?

Matthieu Mondoloni : Tout d’abord qu’on a beaucoup parlé du rapport du GIEC, des différents rapports du GIEC. D’ailleurs, sur notre antenne, si vous l’écoutez en ce moment sur notre antenne, on a beaucoup, beaucoup de sujets qui ont attrait justement au dérèglement climatique notamment. Mais pas seulement. Parce que vous savez qu’on a une Première ministre désormais également en charge de la planification écologique, dont c’est un sujet qui devient plus fort, qui a plus d’écho dans la société évidemment, comme nous sommes aussi le porte voix de la société, de façon générale, on traite ces questions là. Pour le foot à proprement parler, je ne vais pas rappeler ce que je vous avais dit. Vous vous souvenez cette année Emmanuelle le nombre de licenciés dans le milieu du football c’est énormément, énormément de monde. N’en déplaise aux gens qui n’aiment pas le foot. Donc il y a beaucoup de gens qui s’y intéressent. Mais surtout le foot, ce n’est pas seulement le foot, ce n’est pas seulement 22 personnes qui jouent au ballon sur une pelouse aujourd’hui. C’est aussi des questions géopolitiques avec le Qatar, dont on sait que c’est le propriétaire du Paris Saint-Germain dont on sait qu’il organise la Coupe du monde cette année au Qatar. Une Coupe du monde d’ailleurs, où on a aussi parlé des points négatifs, des grandes questions qui se posent autour notamment des personnes qui ont pu construire les stades. On a fait des sujets là dessus. Donc on n’a pas un regard dithyrambique sur le football ? Pas du tout. C’est aussi des grandes questions économiques aujourd’hui, le football. Et puis après Kylian M’Bappé, qu’on l’aime ou qu’on l’aime pas, c’est aujourd’hui un phénomène dans le monde du football. C’est une décision historique. Qu’on l’aime ou qu’on l’aime pas, que de rester en France. Il a eu le coup de fil de deux présidents de la République, un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, un actuel Emmanuel Macron, qui l’a appelé pour lui demander de rester. Donc là aussi, il y a des questions qui se posent et des sujets qui sont analysés. Ce n’est pas seulement le regard froid de nos journalistes sur cette question-là. On l’interroge. C’était d’ailleurs le cas de l’édito politique de Renaud Dély qui s’est posé la question. Pourquoi un ancien président et un président actuel appellent un joueur de foot ?

Emmanuelle Daviet : Il y a un point intéressant dans la question de cet auditeur. Il soulève la notion d’audience comme si vous choisissiez vos sujets en fonction de l’audience qu’ils vont faire. Vrai ou faux ?

Matthieu Mondoloni : Non, c’est faux. Tout simplement parce que la mesure d’audience à la radio n’est pas la même qu’à la télévision. La télévision par exemple du jour au lendemain, ils peuvent savoir quelles ont été les audiences d’une soirée diffusée, d’un film ou d’une émission, etc. Ce n’est pas notre cas. Je veux aller plus loin à la télé. Ils peuvent savoir grâce aux box internet aujourd’hui en temps réel, quasiment si un sujet fonctionne ou pas. Ce n’est pas le cas de la radio. En fait, on ne choisit jamais nos sujets en fonction des audiences. Elles sont déjà déclaratives, donc on les a uniquement tous les trois mois. Et c’est sur la base de déclarations d’auditeurs qui sont appelés très régulièrement tout au long de ces trois mois pour savoir quel genre de radio ils écoutent, mais jamais quel type de sujets ils écoutent.