Hulot, Darmanin, Maëlys, Lourdes ; les réponses à vos nombreuses remarques

Nicolas Hulot, Gérald Darmanin, la petite Maëlys, mais aussi, dans un autre registre, les miracles de Lourdes, autant d’informations ou de sujets qui ont suscité des questions, des réactions, voire de sérieuses protestations. Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter, et l’humoriste Daniel Morin y répondent.   En ce mois de février, deux noms de… Lire la suite

Fausses infos, éducation aux médias et « Affaires sensibles »

Les fausses informations, la crédibilité des journalistes, l’éducation aux médias…

Beaucoup de questions que les auditeurs posent au Médiateur. Pour y répondre Emmanuelle Daviet,  déléguée de France Inter à l’éducation aux médias, à l’égalité des chances et à la diversité.
A écoutez tous les dimanches matin à 6h23 dans la chronique Interclass’

Les questions des auditeurs concernant les fausses informations

Emmanuel Macron y tient beaucoup : il veut une loi contre les fameux « fake news ». Des auditeurs, plutôt « militants », s’en réjouissent, mais à contre-sens, argumentant justement sur de fausses informations. Pour Germain, « au moins, vous serez obligés d’arrêter tous vos mensonges sur Trump ». Ou Adeline, « enfin, vous ne pourrez plus mentir sur les bienfaits des vaccins ». En fait, tout cela ne concerne pas les journalistes professionnels… Un journaliste digne de ce nom ne publie ou ne diffuse aucune information qui ne soit pas vérifiée ; donc, une information juste. Une erreur peut évidemment se produire, mais elle est rapidement corrigée.

Un renforcement de l’éducation aux médias

Comment arrivez-vous à montrer, par exemple, que les journalistes, eux, sont exigeants avec l’information ?  À l’inverse, les réseaux sociaux ou internet diffusent des informations souvent attirantes, mais très souvent fausses, non vérifiées, voire malveillantes et qui ont une influence néfaste sur de nombreux collégiens ou lycéens ?

Cette influence néfaste est surtout constatée par les enseignants et sociologues qui ont tiré la sonnette d’alarme pendant 15 ans, sans être entendus. Il a fallu l’Hyper cacher et Charlie Hebdo… pour se rendre compte que des jeunes remettaient en cause des faits et relataient une toute autre lecture du monde grâce aux thèses conspirationnistes. Cette génération construit son rapport au monde sur des bases fondées sur la manipulation. La principale source d’informations, ce sont les réseaux sociaux, car ces jeunes n’ont pas souvent les clefs pour décrypter une information.

Ce qui plaide pour un renforcement de l’éducation aux médias, comme le souhaitent 7 Français sur 10, selon l’enquête de La CroixC’est d’ailleurs ce qu’Emmanuelle Daviet a lancé il y a trois ans avec l’opération Interclass’. De quoi s’agit-il ?

Opération lancée après les attentats de janvier 2015 par la volonté de la directrice de France Inter, Laurence Bloch, pour une action citoyenne en créant des classes médias. Ce dispositif engage une partie des journalistes et producteurs de France Inter, en suivant pendant une année une classe. 800 personnes ont déjà participé depuis le début à Interclass.
« Bien informés, les hommes deviennent des citoyens,  mal informés, ils deviennent des sujets », disait Alfred Sauvy.
Grâce à Interclass, on apprend aux jeunes à développer leur esprit critique. On leur fait faire du reportage, on les confronte au terrain.
Pour les enseignants qui souhaitent développer ces classes médias, il faut se rapprocher du CLEMI.

 

Fabrice Drouelle. produit chaque jour à 15h « Affaires sensibles », l’émission qui revient sur de grands événements des 50 dernières années

Les auditeurs en redemandent, à tel point que certains, comme Joris, s’étonnent des rediffusions : « Pourquoi rediffusez-vous des émissions anciennes ? Cela n’apporte rien ».
Autre remarque d’auditeurs, comme Bénédicte : « Vos sujets soulèvent souvent des questions, des polémiques ; or, vous ne recevez qu’un seul invité. Donc une seule opinion… Pourquoi ne pas organiser de débats ? ».

La règle : une rediffusion par semaine pour apporter un nouveau regard sur une affaire déjà traitée. L’idée est de générer du débat et non de la cacophonie.

Le choix des sujets :  qu’est-ce qui fait une bonne émission ?

Une bonne « histoire » qui a des résonances sur l’actualité. Exemple : le Larzac a des résonances avec Notre Dame des Landes.

Airbnb, tutelles, rugby…les questions des auditeurs

Les commentaires des auditeurs sur les dernières enquêtes diffusées dans « Secrets d’info » La carte de crédit rechargeable offerte par Airbnb à ses loueurs qui permet d’échapper au fisc  Les loyers étaient versés via cette carte émise à Gibraltar. Tout bénéfice pour le particulier loueur, car le revenu de ses locations devenait invisible pour le fisc ! Sylvain Tronchet a… Lire la suite

Johnny, grandes ondes, temps de parole, csa, weinstein

Editions spéciales : trop de Johnny, trop de ministres ?

Trop de Johnny, trop de ministres, trop de pudeur à l’égard d’affaires internes, bon nombre de questions interpellent la rédaction. Nous évoquerons également la fin des Grandes Ondes ; c’était il y a un an. Et depuis, les services techniques de Radio France ont répondu à beaucoup d’entre vous. Jean-Marc Four est le directeur de la rédaction… Lire la suite

L’affaire des Paradise Papers et les réactions des auditeurs

PARADISE PAPERS

L’équipe de Secrets d’info répond aux questions des auditeurs.

 

L’affaire des Paradise Papers a valu au Médiateur un très grand nombre de réactions. Beaucoup d’auditeurs félicitent l’équipe de Secrets d’info pour ces révélations autour des paradis fiscaux et des méthodes – souvent légales – pour payer le moins d’impôts possibles. Pourtant, comme le dit Jeanne, « ces entreprises ou ces milliardaires peu citoyens sont heureux de bénéficier des routes, des hôpitaux, des chercheurs, des policiers et des pompiers ».

 » Bravo pour tout ce travail, mais qu’est-ce que cela va changer ? », c’est la question qui revient le plus souvent.

« Ces révélations ont déjà servi à quelque chose. Quelques exemples : une enquête du fisc lituanien, la justice indonésienne a elle aussi lancé une enquête sur les enfants de l’ancien dictateur Suharto, 4 personnes ont été incarcérées en Argentine, la Commission Européenne va lancer une enquête sur l’île de Man, les Pays Bas aussi… Le Parquet financier français a lancé une investigation qui a débouché sur 25 cibles et une personne a été jugée et condamnée…. Ce sont des petits pas, mais il y a des choses tangibles dans le monde qui se sont déjà passées ».

Pour Cédric, « tous les Présidents de la République ont annoncé la fin des paradis fiscaux. Or, ils existent toujours ».

 » Effectivement, mais on peut citer quelques avancées : l’Union Européenne va publier d’ici quelques jours, une liste noire, une nouvelle directive sur le contrôle des intermédiaires (notamment les cabinets d’avocats d’affaires qui seront obligés de déclarer les montages qu’ils proposent à leurs clients)… »

Beaucoup d’optimisations fiscales sont légales, bien qu’elles s’apparentent à de la dissimulation. « Savez-vous si les services fiscaux vont faire avancer les choses ? »

« Rien ne pourra changer si tout cela est légal. Il faut d’abord changer la loi… »

 

« Pourquoi n’avoir pas braqué les projecteurs sur ces cabinets d’avocats spécialisés qui vendent ce genre d’arrangements ?
Pensez-vous vraiment qu’un sportif comme Lewis Hamilton soit au courant de toutes les opérations qui touchent sa fortune ? ».

« Ces fuites sont parties d’un cabinet d’avocats Appleby. Les avocats d’Hamilton l’ont évidemment conseillé conseiller, mais c’est tout de même quelqu’un qui cherche à échapper à l’impôt. »

« Quel intérêt, demande Hélène, ont ces états « paradis fiscaux » ? Ils ne perçoivent pas d’impôts ni de TVA. Les sociétés qui s’y domicilient n’ont pas d’activités réelles. Donc n’offrent pas d’emplois aux habitants ».

« Lewis Hamilton,  par exemple, paie un cabinet d’avocats qui recrutent donc des gens… Il y a tout un business autour de ça et cela génère des revenus pour ces petits territoires. »

« Pourquoi a-t-il fallu une collaboration mondiale de médias et de journalistes pour sortir de telles révélations ? »

« Cette évasion fiscale se fait à l’échelle mondiale, donc nécessite une enquête mondiale. Le nombre de documents à étudier était considérable (13,5 millions de documents à traiter). Et puis, c’est aussi une forme de « protection »: les multinationales ont des moyens énormes. Par conséquent, il est plus difficile pour elles d’attaquer 96 médias qu’un seul. C’est ce qui fait la force de cette enquête. »

Les autres enquêtes du mois de novembre

Présidentielle 2007 : sur la piste de l’argent liquide © AFP / Matthieu Alexandre
Présidentielle 2007 : sur la piste de l’argent liquide © AFP / Matthieu Alexandre

l’affaire des cadres de l’UMP qui ont reçu en 2007 des primes versées en liquide à partir de soi-disant « dons anonymes ». Bertrand, par exemple, se demande « pourquoi les enquêteurs mettent-ils autant de temps à avancer ? Nous sommes 10 ans après les faits et les révélations arrivent au compte-goutte, grâce à la presse ». Et Sylvie ajoute : « Une affaire qui sera certainement enterrée ». Peut-on le craindre ? (réponse d’Elodie Gueguen)

« Il ne s’agit pas d’enquête de police classique. Le délit financier est dissimulé. L’enquête démarre souvent des années après les faits; elle commence par hasard après une perquisition d’entreprise par exemple. L’enquête qui concerne des cadres de l’UMP a commencé en 2012, entre les deux tours de la Présidentielle, après la publication d’une enquête de Médiapart … A ce stade de l’enquête, plusieurs personnes de l’entourage de Nicolas Sarkozy sont mises en examen, dont Claude Guéant, son plus proche collaborateur ».

 

Sait-on si oui ou non l’argent de Kadhafi a servi à financer la campagne présidentielle de 2007  (pour répondre Benoît Colombat)

« Évidemment, beaucoup d’auditeurs rapprochent ces « dons anonymes » à l’hypothèse souvent évoquée d’argent liquide libyen accordé par Kadhafi. Des témoignages de proches de Kadhafi vont dans ce sens. Il y a des documents écrits de Choukri Ghanem, ministre du pétrole libyen, qui consigne dans ses carnets ces versements… »

 

Interview exclusive  accordée Éliane Houlette, la procureure du Parquet national financier.
On reste dans les questions de dissimulation fiscale. Éliane Houlette a justifié sa décision d’infliger à une filiale de la banque HSBC une amende de 300 millions d’euros, et cela en échange d’une absence de procès pour « blanchiment de fraude fiscale ». Plusieurs auditeurs aimeraient savoir si, en définitive, « ce n’est pas une bonne affaire pour le fraudeur, en l’occurrence la banque, puisque l’amende est inférieure à la fraude ».

 

Une enquête a passionné les auditeurs, celle concernant le nombre incroyable de maladies qui touchent les riverains de la zone industrielle de Fos-sur-Mer.

Dans l'air de Fos-sur-Mer, on trouve des particules ultrafines © Maxppp / Florian Launette
Dans l’air de Fos-sur-Mer, on trouve des particules ultrafines © Maxppp / Florian Launette


Les riverains de ces usines hyper polluantes n’ont pas trop envie de dénoncer des industries qui fournissent de l’emploi. Mais Michelle demande « pourquoi des permis de construire sont finalement accordés à des logements dans une zone que l’on sait à risques pour la population ? »

« Aujourd’hui, aucune corrélation n’a été validée par les autorités entre un phénomène de pollution et  un phénomène d’explosion de maladies… Pour l’instant, seule une étude  publiée en début d’année par une association scientifique montre qu’il y a un taux de maladies graves bien supérieur à la moyenne… Mais les outils officiels n’existent pas … »

 

 

Nicolas Demorand s’explique sur l’interview controversée de Me Dupond-Moretti

Des centaines de messages d’auditeurs reçus à la suite d’un invité… Il faut dire que l’invité n’était pas n’importe qui: Me Dupond-Moretti, avocat d’Abdelkader Merah.

Nicolas Demorand avait obtenu qu’il vienne dans son 7-9 dès le lendemain du verdict prononcé par la Cour d’Assises spéciale.
La très grande majorité des auditeurs qui ont écrit au Médiateur, n’ont pas compris l’acharnement du journaliste, contre Me Dupond-Moretti. Marie, par exemple, vous interroge : « Pourquoi êtes-vous tombé à ce point du côté du populisme, du voyeurisme, du lynchage médiatique ? Pourquoi une telle interview à charge contre Me Dupond-Moretti ? ».

Nicolas Demorand conteste chacun des mots de l’auditrice. Il est là pour faire entendre les souffrances des familles des victimes. C’est le travail du journaliste. Il rappelle que l’émission s’est déroulée dans les conditions du direct.

Pour rappel, la réponse de la directrice de France Inter aux auditeurs >>> réponse de Laurence Bloch

Un manque de distance dans cette interview de la part de Nicolas Demorand ?
Beaucoup d’auditeurs citent cette phrase sur le bébé assassiné par Merah  : « Enfin, vous avez défendu le frère d’un criminel qui a assassiné un tout petit enfant qui avait une tétine dans sa bouche… dans sa bouche ». En insistant, les auditeurs estiment que Nicolas Demorand a joué sur l’émotion et le voyeurisme. Perrine, par exemple,  écrit : « Je partage probablement les mêmes émotions que M. Demorand. Mais son rôle à lui est d’aider les auditeurs à enrichir leur réflexion. Pas à porter un jugement moral dépourvu de distance… ».

Le journaliste récuse le terme de populisme. Il n’a apporté aucun jugement moral, mais l’émotion des familles des victimes.

 

Pourquoi s’opposer au fait qu’un terroriste puisse être défendu ?
« Le droit à la défense est la base même de la démocratie », écrit Joëlle. Et Christian ajoute : « M. Demorand est l’un des rares journalistes qui fasse son métier avec compétence et honnêteté intellectuelle. Mais là, non… Tout accusé, quel qu’il soit, mérite un avocat qui le défende. C’est aux journalistes de le rappeler inlassablement. Il en va de la justice, cette justice qui nous éloigne de la vengeance et de la barbarie ».

Il ne conteste pas ce principe puisqu’il a reçu l’avocat.

 

Les réactions suscitées par un autre invité de la matinale de France Inter, Patrick Buisson
Homme de droite, très à droite, ses réponses ont énervé, notamment lorsqu’il vous dit : « En matière de terrorisme d’État, la Terreur, c’est nous qui l’avons inventée ». Et la question qui suit immanquablement, c’est : « Pourquoi invitez-vous ce genre de personnage ? ».

Nicolas Demorand a commencé son interview en contestant cette lecture de l’histoire. Y-aurait-il une liste d’invités à ne pas recevoir?, demande-t-il.

 

A propos du billet de 7h43 consacré à « L’hallucinante soirée anti-vaccins » durant laquelle d’anciens prestigieux médecins ont quelque peu « déraillé » à propos de la vaccination. Des auditeurs ont réagi, mais c’est justement le rôle des journalistes de rectifier les contre-vérités et les fausses informations…

Le Médiateur : « À propos des anti-vaccins et des contre-vérités, je voudrais aussi répondre aux nombreux auditeurs qui m’ont interpellé après les déclarations de la comédienne Audrey Dana dans l’émission de Nagui. Sans aucun argument, elle a affirmé que les vaccins étaient dangereux. Sa parole, évidemment, est libre ; mais il aurait fallu en effet corriger ses propos. »

Le 7h43, est un billet subjectif. Pour Nicolas Demorand, se faire vacciner, c’est protéger son prochain.

 

Dominique Seux, éditorialiste économique du 7-9 est également au micro du Médiateur
De nombreuses réactions ont suivi son édito consacré à la formation à l’informatique en France. Il y faisait l’éloge de l’Ecole 42, créée par Xavier Niel, et s’en prenait aux lourdeurs du système éducatif public qui, « n’a pas eu l’idée de lancer des formations en développement informatique ».

 Dans la précipitation de la matinale, Dominique Seux reconnaît s’être mal exprimé. Evidemment, l’université forme aussi de jeunes informaticiens.

 

diversité, exisme, machisme, rendez-vous du médiateur

Sexisme et machisme « ordinaires »

Sexisme, parité, misogynie, les auditeurs sont très vigilants à toutes ces questions. Encore plus depuis le début de l’affaire Weinstein, du nom de ce producteur d’Hollywood accusé par des actrices de harcèlements sexuels et de viols. Cette affaire a libéré la parole de nombreuses femmes victimes, elles aussi, de harcèlements et de sexisme. 

Bérénice Ravache, présidente du Comité Diversité et directrice de FIP,  est l’invitée du médiateur et répond aux remarques des auditeurs.

 

Un producteur de France Inter qui se réjouit de la rentrée, et dit « cela va permettre aux mamans d’écouter mon émission ». Réaction outrée d’une auditrice : « Evidemment, les mamans, après avoir déposé les enfants à l’école, n’ont rien d’autre à faire à part écouter la radio et faire un peu de ménage en attendant que leur mari rentre à la maison ».

« Cela montre bien qu’il reste beaucoup de travail à accomplir sur les stéréotypes et des préjugés ! », commente Bérénice Ravache.

Un autre producteur présente son invité – un acteur – en évoquant un membre féminin de son équipe, « Aujourd’hui, elle porte sa plus belle salopette. Elle transpire énormément ; la vitre du studio est couverte de buée ». Réaction d’une auditrice : « Je suis révoltée et humiliée. Je trouve dramatique qu’on en soit encore là en 2017 ! ».

« Je ne sais pas si on peut parler de machisme ou de sexisme dans ce cas particulier. Cette réflexion a pu mettre mal à l’aise la collaboratrice, donc c’est déplacé ! Cependant, il s’agissait, pour le producteur, surtout de faire un compliment à l’invité. Ce qu’il aurait aussi bien fait si les sexes avaient été inversés. Auquel cas, d’ailleurs, les auditeurs auraient probablement relevé le fait que le producteur fasse une appréciation sur le physique de l’invitée… »

Où se trouve la limite entre humour, second degré et sexisme ?

« La loi est très précise à ce sujet. Le code du travail définit l’agissement sexiste: « Tout agissement lié au sexe d’une personne ayant pour effet ou objet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile ou dégradant, humiliant ou offensant … ».

Dans l’émission de Nagui, la semaine dernière, Gérard Depardieu se vantait d’avoir présenté – comme il le dit – « des gamines à des soldats américains« . Nagui a réagi. Cependant, ces propos sont une bonne illustration du machisme et du sexisme ordinaires. On le retrouve également dans des formulations telles que  « L’actrice s’est fait violer ». Annie nous écrit : « Cette expression semble aussi banale que si vous disiez « Elle s’est fait coiffer », avec le fait d’induire une volonté. Non, on dit : « Cette actrice a été violée ». Y a-t-il des fondamentaux à revoir ?

« Oui, on est face à un problème que jusqu’ici on semblait ignorer et qui explose avec l’affaire Weinstein. Je pense néanmoins que le problème ne se situe pas là où le place l’auditrice. Il faut veiller aux bonnes formulations; mais, le problème est trop énorme pour s’attacher d’abord à des formulations. »

Deux autres points énervent un grand nombre d’auditeurs et d’auditrices. D’abord, les différences d’âges critiquées, par exemple dans le couple Macron, pourtant identique, mais inverse, au couple Trump dont on a peu parlé. Ensuite, il y a cette propension à nommer à l’antenne les femmes par leur prénom, alors que l’on cite le nom de famille des hommes.

« C’est extrêmement choquant et ça signifie énormément de choses. Concernant l’âge, ça révèle une image des femmes comme objet de consommation sexuelle. Concernant les prénoms, c’est une façon de diminuer la place des femmes. »

Que peut-on faire contre ce sexisme ou ce machisme au quotidien ?

« D’abord il faut encourager les hommes à voir le ridicule de vouloir montrer la légitimité de leur domination, ainsi que le fait qu’ils se dévalorisent par cette façon d’agir. L’affaire Weinstein permet de mettre cet effet en lumière et de montrer ce problème qui constitue le premier de tous les racismes, qui précède et fonde tous les autres, raison pour laquelle il est si invisible. A Radio France, qui a un devoir d’exemplarité, est mis en place une série d’actions de sensibilisation des salariés aux stéréotypes, afin de les réduire dans l’entreprise et d’éviter de les véhiculer à l’antenne ».

Il y a un reproche qui est fait régulièrement, c’est le manque de parité femmes/hommes parmi les invités politiques, les spécialistes et les experts.

« C’est un aspect mis en avant dans le rapport Grésy, sur lequel se sont fondé toutes les actions sur la place des femmes à l’antenne. C’est plus facile pour les producteurs d’inviter des personnes qu’ils connaissent, donc un peu toujours les mêmes, et ces « mêmes » sont des majoritairement des hommes. Par ailleurs, les femmes ont tendance à s’autocensurer. Le Comité diversité donne des outils pour y remédier. En partenariat avec le groupe Egaé, Radio France a développer le site Expertes qui recense les femmes expertes qui ont été coachées pour passer à l’antenne. Matthieu Gallet, PDG de Radio France, s’est engagé à augmenter chaque année de 5% le nombre de femmes sur les antennes. On voit des progrès, de 28% en 2015, on est passé à 33% en 2016.

Ça avance ! »

Isabelle Adjani : vaccination et contre-vérités

S’il est bien un sujet, qui, depuis la rentrée, suscite une quantité impressionnante de réactions, c’est le domaine de la santé. Et, notamment, les vaccinations. Le médiateur a reçu un très grand nombre de messages après la première du Grand Atelier de Vincent Josse qui recevait Isabelle Adjani. Vincent Josse et Danielle Messager, chef du service Santé-Sciences-Environnement de France Inter, sont au micro du médiateur.

 

 

Isabelle Adjani a proféré de belles contre-vérités qui ont choqué un grand nombre d’auditeurs, comme Pascale : « Une femme connue ne peut servir d’alibi à la propagation de fausses nouvelles qui met la population en danger ».
Pourquoi cette actrice connue et reconnue a-t-elle voulu aborder un tel sujet ?

« Elle pouvait s’exprimer sur tous les sujets, c’est le principe de cette nouvelle émission ».

 

D’autres auditeurs s’étonnent qu’aucune contradiction n’ait été apportée à ses propos. Pour Daniel : « Isabelle Adjani a pu développer un long plaidoyer anti-vaccin. L’opinion d’une actrice ne mérite pas de peser autant sur un tel sujet. Son prestige peut influencer fortement des auditeurs mal renseignés ».
Comment avez-vous imaginé parler de ce sujet des vaccinations ?

« Isabelle Adjani a pu inviter qui elle voulait ; elle a donc choisi le docteur Gherardi qu’a rencontré l’un des reporteurs de l’équipe du « Grand Atelier ». Mais je ne connaissais pas à l’avance les propos de la comédienne », explique Vincent Josse.

 

Comment peut-on parler de crime contre l’humanité à propos des vaccins comme l’a fait Isabelle Adjani ?

Danielle Messager :  » Malgré tout le respect que je porte à Isabelle Adjani en tant qu’actrice, elle a proféré des contres-vérités, car les vaccins ont sauvé des millions de vies. Concernant par exemple la polio, l’OMS pensait l’avoir éradiquée en 2000, 2005, mais le Nigéria a refusé la politique de vaccination obligatoire (pour des raisons religieuses) et on a pu constater le retour et la propagation de cette maladie,  non seulement au Nigéria, mais ailleurs en Afrique ».

 

L’aveu d’Isabelle Adjani à propos des faux certificats de vaccination de ses enfants a également choqué un grand nombre d’auditeurs. Quel en est l’impact ?

« Il y a effectivement des personnes qui ont recours à ce système, mais ils sont une minorité.
La vaccination est une idée humaine magnifique : la protection de l’humanité.
Exemple : le vaccin contre la grippe a une vertu collective, il stoppe le virus pour les personnes les plus vulnérables ».

 

Prochain Rendez-vous du médiateur sur France Inter le 27 octobre.

Les nouveautés de la rentrée

Beaucoup d’auditeurs ont écrit pour en savoir plus sur ce qui va changer à la rentrée sur France Inter. Laurence Bloch, la directrice, est au micro du médiateur pour expliquer tout cela.

Humour noir et bandérilles

D’abord, une chanson qui a enflammé les réseaux sociaux et provoqué des centaines de réactions auprès du médiateur de Radio France.

Chanson de Frédéric Fromet diffusée vendredi 23 juin dans l’émission « Si tu écoutes, j’annule tout », chanson consacrée à la mort du toréro Fandino. Il faut le reconnaître, certaines paroles de cette chanson parodique sont très crues. Ce qui a le plus choqué les auditeurs qui ont écrit, c’est « se réjouir de la mort d’un homme » « ne pas aimer la corrida est un droit. Se réjouir de la mort d’un toréro dans l’arène est une forme de terrorisme intellectuel ». Comprenez-vous cette indignation ?

« Je comprends complètement l’émotion et l’indignation qu’a pu susciter cette chanson. La mort d’un homme est un drame et une tragédie. Il faut rappeler que Frédéric Fromet intervient dans une émission parodique. Il ne s’agit pas ici de se réjouir de la mort d’un homme mais le chanteur s’indigne ici de la corrida dans un certain registre. 

C’est du second degré, il faut prendre de la distance. La règle, c’est la loi et la jurisprudence. Ce qui est en deçà de la loi, on peut ne pas aimer mais pour autant il n’y a pas de raison que ça n’existe pas. C’est du registre de la caricature et de l’outrance. »

Il faut savoir que, pour le médiateur, la corrida, à l’image du conflit israélo-palestinien, du Front National, de la France Insoumise, fait partie des sujets les plus clivants. D’ailleurs face à cette polémique, des milliers de messages se répandent depuis plusieurs jours sur le net et les réseaux sociaux. Pour Arlette : « Le taureau n’a pas le choix. Le toréro si ». Pour Patricia : « La liberté d’expression n’a pas de prix et doit être défendue ». Pour Mathias, « c’est salutaire de rire en toute liberté ».

 

La rentrée à France Inter

À la rentrée prochaine, puisque certains s’en inquiètent, France Inter sera-t-elle toujours un lieu d’expression particulièrement libre ? Et la plupart des auditeurs pensent évidemment à l’émission « Si tu écoutes, j’annule tout »…

« France Inter va rester ce qu’a été France Inter depuis toujours : lieu de liberté, de culture, de confrontations, d’information, une grande chaîne populaire avec sa liberté d’expression et d’information. 

La grande nouvelle, c’est le grand retour de Nicolas Demorand à la matinale… »

Beaucoup d’auditeurs se réjouissent de retrouver Nicolas Demorand aux manettes du 7-9. Des auditeurs se sont étonnés que ce ne soit pas une femme…

« C’est un couple avec Léa Salamé. Tous ceux qui font la force de cette matinale, ce sont aussi tous les chroniqueurs et les journaux d’informations. « 

Nicolas Demorand, lui, sera remplacé par une femme que vous êtes allée chercher sur la radio voisine…

« C’est Fabienne Sintès. C’est son goût du terrain et du réel qu’il faut dans le 18-20. Il faut qu’il y ait des lieux de débats, qu’on puisse débattre en profondeur. Il faut restituer la parole aux auditeurs. Nous allons faire en sorte qu’il y ait plus de lieux d’expression et de débats. « 

Quelles seront les autres nouveautés de la rentrée, après cette année très politique ?

« Il y a eu un réel intérêt pour la politique. Aujourd’hui, avec les nouveaux hommes politiques, il faut repenser la manière de voir la politique pour les journalistes. « 

Retrouvez la grille d’été de France Inter dès samedi !

Invités politiques « coupés » et humour «sélectif» ?

La politique suscite toujours autant de réactions de la part des auditeurs. Ces derniers temps, ce sont deux rendez-vous très différents qui ont fait réagir. Le premier, c’est l’invité politique quotidien de Léa Salamé ; le second, c’est le Moment Meurice de Guillaume Meurice, tous les jours dans l’émission de Charline Vanhoenacker.

L’invité politique quotidien de Léa Salamé

Couper la parole des invités ? 

Avec cette campagne électorale très atypique, les émissions politiques ont connu un gros succès. Mais elles ont suscité également beaucoup de remarques. Le plus grand nombre de messages concernent l’« agressivité » à l’égard des invités et « les coupures systématiques » des réponses.

Couper la parole des invités vient d’un problème de temps. Ne disposant que de 7 minutes, il faut recadrer l’interview pour avoir des vraies réponses sans éléments de langages.

L’interview politique : un exercice difficile ? 

Langue de bois, questions éludées, réponses mensongères… L’interview politique est-il un exercice difficile ?

La contrainte temps est difficile. Il y a un gros travail de préparation pour obtenir les réponses les plus intéressantes. Il ne s’agit pas de faire une interview « tiède » et banale. Pour cela, il faut travailler, il faut rechercher dans les anciennes déclarations, et il faut être très précis, très « sourcé ».

Le choix des invités

Certains auditeurs pensent que des invités sont imposés, souvent avec des « plans com », des plans de communication qui établissent des choix d’antenne ou d’émission, voire de journaliste…

« On choisit nos invités, sans aucune pression. Nous avons deux réunions par semaine avec la directrice de France Inter, le directeur de la rédaction et l’équipe du 7/9 pour essayer de trouver les meilleurs invités en fonction de l’actualité. Rien ne nous est imposé. »

 

Le « Moment Meurice »

Diffusé tous les jours dans l’émission « Si tu écoutes, j’annule tout » à 17h, le « Moment Meurice », grand moment d’humour avec Guillaume Meurice, fait réagir les auditeurs. La plupart des critiques qui sont adressées au médiateur émanent d’auditeurs qui apprécient beaucoup Guillaume Meurice. Nombreux se disent déçus par une orientation politique désormais « très marquée ».

Une chronique trop partisane ? 

Beaucoup d’auditeurs ont une impression d’indulgence à l’égard de l’extrême-gauche…

« Je n’ai jamais caché mes valeurs ». Guillaume Meurice essaie chaque jour de donner son avis de manière humoristique comme dans un édito. « Mais je ne roule pour personne ».

Un acharnement envers certaines personnalités ? 

Beaucoup de moqueries sur Emmanuel Macron, mais ce qui passe mal, vraiment très mal, ce sont les plaisanteries à propos de l’âge de sa femme. « Pourquoi cet acharnement à l’égard de Mme Macron ? »« Pourquoi les 24 ans de différence – dans l’autre sens – entre M. et Mme Trump ne font-elles pas, elles, l’objet de moqueries ? »

« On est caricaturistes, on grossit les traits. Mais je reconnais que ce ne sont pas forcément les blagues les plus finaudes. D’ailleurs, ce n’est pas un sujet que nous avons beaucoup exploité »

Guillaume Meurice, populiste ? 

Pour certains auditeurs, « Guillaume Meurice est très drôle, mais sa démagogie et son populisme ont fini par franchir la frontière du sectarisme. Casser de l’élite à longueur de chroniques devient nauséabond ».

« Si c’est la défense des plus faibles contre les plus forts, alors à ce moment là, oui, je veux bien être « populiste ». C’est aussi le rôle de l’humour ». « Il faut rééquilibrer les rapports de force en cherchant les failles, des contradictions, de l’absurde… »