Pourquoi les attentats sont-ils traités de manières différentes ? Plusieurs auditeurs s’interrogent après l’attentat du 24 novembre dernier en Égypte qui a fait plus de 300 morts. Réponse avec Isabelle Labeyrie, chef du service Monde de franceinfo. Y aurait-il donc deux traitements différents ? Des auditeurs ont eu l’impression qu’entre des attentats ou des tueries aux… Lire la suite
Selon la police, 8 000 manifestants lors du dernier défilé contre les réformes « Macron ». 40 000, selon la CGT, cinq fois plus. Même écart lors du rassemblement Fillon au Trocadéro en mars dernier. 200 000 participants selon François Fillon ; pourtant, l’endroit ne peut accueillir que 40 000 personnes. Que faire pour approcher la vérité des chiffres que réclament les auditeurs ? Réponse avec Erik Kervellec, directeur de la rédaction de franceinfo.
Une nouvelle alternative ?
Les chiffres transmis par les organisateurs de manifestations sont de plus en plus fantaisistes et ne correspondent à aucune réalité. De nouvelles technologies tentent de répondre à ce problème :
« Oui ! Aujourd’hui, la presse frise le ridicule en affichant ces deux chiffres, ceux de la police et ceux des organisateurs des manifestations, ce qui entame notre crédibilité. Les représentants de la plupart des médias nationaux, dont Radio France, se sont réunis à l’initiative de Jean-Marc Four, directeur de rédaction de France Inter, avec une question simple :
Quelle alternative pour que les médias gardent leur crédibilité et proposent des chiffres justes aux auditeurs ?
« Nous avons décidé de faire appel à une société de comptage de foule. C’est un savoir faire déjà utilisé dans le monde de l’entreprise. Elle utilise un système de capteurs numériques dissimulés sur le passage d’une manifestation. Il s’agit pour nous d’avoir des chiffres justes afin de savoir si oui ou non il y a eu une mobilisation pour telle ou telle manifestation. »
Des auditeurs ont déjà réagi en mettant en doute l’honnêteté d’une société privée et le fait d’ « oublier » de compter les manifestants sur le trottoir.
Il faut évidemment s’assurer que ce nouveau « thermomètre » présente toutes les garanties de sérieux et d’indépendance.
« Il faut vérifier que la société ne soit pas instrumentalisée. C’est ce qui est en train d’être fait. Concernant les manifestants sur les trottoirs, le problème est inverse, puisque le système compte toute les personnes, y compris les éventuels passants. Donc il y a une marge d’erreur que l’on tente de corriger par une sorte de pondération. »
On peut rapprocher cela de calculs ponctuels menés il y a déjà quelques temps par des médias, des universitaires et des spécialistes indépendants. Les chiffres des syndicats ou des politiques étaient apparus totalement faux. Cela va permettre aussi de crédibiliser un peu plus les médias sérieux et professionnels face aux fausses informations qui circulent de plus en plus. Quand allez-vous mettre en place ce nouveau mode de comptage ?
« Nous avons déjà testé ce système sur trois manifestations.
Pour la dernière mobilisation : 8 000 personnes selon la police, 40 000 selon la CGT. Notre comptage par capteurs a relevé 8 250 manifestants.
La prise en compte systématique de ces chiffres devrait commencer dans quelques semaines. Nous devons être vraiment sûrs de notre système. »
La météo devient un sujet très sensible « Demain, il fera encore très beau, avec des températures bien au-dessus des normales de saison ». Ce genre d’annonce sur un ton enjoué provoque de plus en plus de réactions d’auditeurs. Sophie Bria, présentatrice météo, et Elodie Callac, ingénieur à Météo France et prévisionniste sur franceinfo, répondent aux auditeurs.
Les auditeurs supportent de moins en moins le « beau temps » ou, plus exactement, la façon de l’annoncer.
Comme Philippe : « Le temps magnifique annoncé sur vos antennes parisiennes est une catastrophe pour de nombreuses régions confrontées à la sécheresse ». Et Ghislaine ajoute : « Comment pouvez-vous annoncer avec bonne humeur « un beau soleil dans le sud », quand arbres et arbustes sèchent à une vitesse incroyable?Pas de vraies pluies depuis 5 mois ». C’est vrai qu’il est plus agréable d’annoncer du soleil, mais ce soleil peut finir par devenir catastrophique…
« On manque d’eau effectivement, mais il faut rester positif dans l’utilisation des mots en météo, sans exagérer. Le soleil, la lumière, amènent au sourire, au bien-être. Lorsque les conditions météos sont sources de grandes difficultés, elles sont traitées dans le sujet d’actualité (exemples récents: la sécheresse dans le sud, les ouragans aux Antilles en septembre)
Comment expliquer cette douceur automnale et cette pénurie de pluie ?
« Les anticyclones nous ont souvent protégé des perturbations atlantiques en les rejetant vers le Nord de l’Europe et ils ont favorisé des remontées d’air chaud en provenance d’Afrique, donc des températures élevées pour la saison ».
Plusieurs auditeurs, comme Mélanie, vous reprochent de « ne pas dire clairement qu’il s’agit des conséquences du dérèglement climatique »
« Le climat se réchauffe depuis des décennies. Il est difficile de relier directement un événement isolé au réchauffement climatique. Mais il est vrai que les cyclones ne seront pas plus nombreux mais plus intenses ».
Sur quoi se fondent ces « normales saisonnières » ? D’autres auditeurs, comme Jean-Louis, estiment qu’à propos des températures, on ne devrait pas parler de « normales saisonnières », mais plutôt de « moyennes », car des automnes peuvent être très frais, et d’autres plus doux.
« Normales » est un abus de langage, il faut plutôt parler en effet de « moyennes ».
Comment construit-on un bulletin météo ?
« Il faut tenir compte des contraintes de temps d’antenne imparti à la météo : parfois parler de l’hexagone en quelques secondes ! Il faut alors choisir les priorités ».
La Bretagne et la pluie Enfin, des auditeurs – un peu chauvins, dirons-nous – reprochent d’annoncer l’arrivée des perturbations par la Bretagne. Or, personne n’y peut rien ; c’est une réalité météorologique.
« Il s’agit de la région la plus à l’Ouest, mais c’est par là également que reviennent les éclaircies ».
Signer chaque jour un billet politique, c’est un plaisir et une liberté journalistique enviée. Mais il faut aussi savoir recevoir des critiques, car rien n’est plus clivant que la politique. Et l’intolérance n’est souvent pas très loin.
Frédéric Says qui propose chaque matin son Billet politique sur France Culture est au micro du médiateur.
Ses éditoriaux quotidiens suscitent de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux. Selon le thème qu’il développe, l’éditorialiste est qualifié de anti-Macron, de pro-Mélenchon, puis de pro-gouvernemental, anti-LR, anti-France insoumise, mais aussi gauchiste, etc, etc. Que répondre à ces auditeurs qui veulent absolument le « cataloguer » ?
« Si les reproches concernent toutes les tendances, c’est que je ne suis pas si loin du point médian. Evidemment, pour certains auditeurs, quand cela concerne « leur » parti, ils ont l’épiderme un peu plus sensible… Toutes les forces politiques ne sont pas au pouvoir et quand on est journaliste, on a tendance à questionner d’avantage le pouvoir : on s’intéresse plus à l’exécutif et en l’occurrence à Emmanuel Macron »
Pour Agnès, « Vous êtes toujours dans la critique. Vous ne relevez que ce qui ne va pas, au risque de développer le « tous pourris » ou le « tous menteurs ». Et pour Frances, « Vous jouez les chiens de garde en lynchant les élus ». N’y a-t-il pas du vrai dans ces remarques ?
« L’expression « chiens de garde » est souvent utilisée à l’inverse pour dire « chiens de garde du système ». Je prépare mon billet la veille, notamment en repérant différentes informations, mais il faut panacher et resituer le contexte d’où vient un billet politique ; il permet de faire un pas de côté, de saisir des signaux plus faibles, de les rassembler et d’en tirer un raisonnement, quelque chose qui parle de l’époque ».
Il est vrai que les hommes politiques sont très doués pour susciter les critiques. Vendredi 27 octobre, le « petit précis de tartufferie » de Frédéric Says était un modèle du genre et a d’ailleurs suscité beaucoup de réactions. Frédéric Says y relevait entre autres l’excuse surréaliste de la mélenchoniste Danielle Simonnet qui, malgré ses revenus confortables, refuse de quitter son HLM au prétexte qu’elle ne veut pas « enrichir un propriétaire privé ». Ou Laurent Wauquiez qui s’en prend à « l’élite parisienne déconnectée », alors que tout son CV correspond à cette élite. Les contradictions, les principes à géométrie variable, les revirements de nos politiques sont source d’inspiration ?
« Cela fait partie effectivement de sources d’inspiration dans un contexte où l’actualité va très vite ; les politiques se contredisent souvent d’une semaine sur l’autre et c’est bien de le relever. «
Comment choisit-il les thèmes de ses éditoriaux ?
« La veille, l’après-midi, je fais une revue de presse classique et des réseaux sociaux ; je choisis un thème qui ne sera pas forcément traité dans l’actualité en longueur, et qui permet de faire un pas de côté… J’utilise aussi les interactions des auditeurs qui me suggèrent certaines idées de sujet : il s’agit d’une vigie collective… C’est le bon côté des réseaux sociaux ».
Il fallait oser traiter un tel sujet. LSD l’a fait et la majorité des auditeurs qui ont écrit trouvent cela formidable. « Hyper intéressant », dit Laura. Mounia, elle, « rêvait d’une telle série» Vous l’avez fait. Génial ! ». « Merci de contribuer à briser ce tabou », écrit Chloé. D’où est venue cette idée de traiter d’un sujet dont on ne parle jamais ? A partir du livre d’Elise Thiébaut « Ceci est mon sang » a germé l’idée du sujet autour des règles et suite aux discussions au sein de l’équipe de LSD notamment avec Juliette Boutillier et Nathalie Battus ; c’est un sujet qui concerne la moitié de la population mondiale
Finalement, comme disent certaines auditrices dans leur message, on en parle plus à travers la pub pour les serviettes, les tampons et les déodorants. Si bien, d’ailleurs, qu’il semblerait, selon certaines, que de jeunes garçons pensent que le liquide menstruel est bleu… Comme dans les pubs.
Il y a beaucoup d’ignorance sur ce sujet ; c’est un vécu intime qu’on partage peu et chacune a un avis bien arrêté sur la question ; il y a mille façons d’avoir ses règles
Il y a quand même quelques réactions comme celles d’Antony : « Sujet crade », ou Lucie : « Non, le sujet n’est pas tabou, mais on s’en fout », ou Jean-François et Paolo : « Sujet invraisemblable sur France Culture… Rien de social. Aucun intérêt ». Pourtant, une des invitées, la sociologue Aurélia Mardon, indique que la façon de parler des règles montre comment « le social construit le féminin et hiérarchise les hommes et les femmes dans notre société ».
Une forme de sexisme ? Il y a beaucoup de sexisme autour de cette question à l’image de la société (exemple, le débat autour du harcèlement en ce moment …)
Une question très « sociale » : la composition des tampons et les conséquences sur la santé.
Un sujet facile à construire ? La productrice a-t-elle rencontré des blocages ? Des Tabous ? Des refus ? Il est difficile d’invoquer l’intime Pas de difficulté particulière sauf avec les écrivaines qui ont refusé de témoigner de peur d’être cataloguées ; on aurait pu donner aussi la parole aux hommes. On glisse rapidement sur les questions féministes (la liberté de vivre les choses comme on veut)
D’une manière générale, des auditeurs se demandent comment se construisent les séries de LSD. Une équipe de documentaristes proposent des sujets et il y a ensuite des débats au sein de l’équipe de production ; place ensuite au bureau de lecture des projets ; une fois le projet accepté, il est retravaillé, découpé, c’est une aventure intime qui se met en place, entre un producteur et une réalisatrice qui vont travailler ensemble durant 3 mois. (3 semaines d’enregistrement de recueil des témoignages et 3 mois de montage)
Le référendum de dimanche 1er octobre sur l’indépendance de la Catalogne a suscité de très nombreuses réactions d’auditeurs. Mais des réactions très opposées. Isabelle Labeyrie, cheffe du service Monde de franceinfo, de retour de Barcelone, est au micro du Médiateur. Le travail des journalistes sur place et la difficulté d’entendre les anti-indépendantistes A en… Lire la suite
Depuis la rentrée, Le médiateur est assailli de messages à propos de deux sujets scientifiques : les vaccinations et les pseudo-sciences. Deux sujets abordés par Nicolas Martin dans son émission « La Méthode Scientifique »
Vaccins : pourquoi sont-ils si méfiants ? L’émission de Nicolas Martin posait cette question dans son émission du 18 septembre dernier. En effet, ces deux sujets provoquent des quantités de réactions parfois liées à des peurs irrationnelles. Une émission qualifiée par des auditeurs, comme Jérôme, de « propagande ouverte aux pro-vaccins » et il ajoute : « On informe et on éclaire, ou on joue les porte-parole de la ministre de la Santé ? ».
« Lors de cette émission les deux journalistes invitées ont examiné les doutes et les remises en question de la politique vaccinale et les raisons pour lesquelles en France plus qu’ailleurs on doute… Combien de vaccins obligatoires, la politique du gouvernement à ce sujet… »
Il y a aussi Vincent, par exemple, qui nous écrit : « Les grands médias, dont France Culture, soutiennent la politique vaccinale du gouvernement et appuient le lobby des grands groupes pharmaceutiques qui veulent simplement grossir leurs bénéfices ». Que peut-on répondre à de telles critiques ?
« France Culture n’est le porte-parole de personne… Les vaccins ne sont pas ce qui permet de dégager le plus de bénéfices pour les laboratoires. Combien de vaccins obligatoires ou recommandés ? 3 ou 11 ; la plupart des vaccins sont déjà prescrits aux enfants« .
Pas de débat autour de la vaccination sur France Culture ? Pas d’opposants parmi les invités ? Mais également des réactions inverses, comme celle assez forte de Sami : « J’ai peur de voir fleurir des émissions entre pro et anti-vaccins. Ce concept est pour moi aussi grave que d’opposer à égalité historiens et révisionnistes ».
« Il y a tout de même une forme d’opinion majoritaire qui ne remet pas en cause la vaccination. Les vaccins ont sauvé des millions de vies (notamment la disparition de pathologie grave comme la polio…)« .
Et cette crainte de l’aluminium contenu dans les vaccins ? les vaccins seraient moins efficaces sans adjuvant. L’aluminium est utilisé dans les vaccins depuis presque un siècle… Il faut mener aussi des recherches pour trouver de nouveaux adjuvants
Depuis plus d’une dizaine de jours, le cyclone Irma est à la une de l’actualité. Sur son passage, il a laissé des paysages de désolation et des victimes. Les auditeurs ont été nombreux à réagir ou à poser des questions. Erik Kervellec, directeur de la rédaction de franceinfo, répond au micro du médiateur des antennes.
Une actualité lourde impose des choix Beaucoup d’auditeurs ont apprécié les informations, les reportages, les invités racontant ou expliquant cette terrible catastrophe météorologique. Mais certains estiment que la rédaction de franceinfo s’est trop concentrée sur les îles françaises, en oubliant que d’autres îles avaient également été lourdement touchées. Jean nous écrit : « L’île de Cuba est frappée de plein fouet. A peine une allusion et même pas de reportage. Faudrait-il la mort d’un touriste français pour qu’on s’émeuve un peu ? ».
« Nous avons en effet parlé de Cuba uniquement de Paris, car nous n’avons pas de journaliste résident sur place. Et envoyer des reporteurs est très compliqué du fait du régime politique; notamment, le délai d’obtention d’un visa est très long et difficile ».
« Mais, pourquoi, en revanche, en avez-vous fait autant sur la situation en Floride ? » …demande Dominique. Certains – quelque peu complotistes – y voient d’ailleurs des raisons politiques : « Les habitants de Floride ont évidemment l’avantage de faire partie d’un grand pays impérialiste » … Des raisons logistiques… Et peut-être aussi politiques, mais liées aux postures de Donald Trump ?
» C’est en effet l’un des hommes les plus puissants et les plus « climato-sceptiques » : il y a une histoire à raconter de ce côté là… Par ailleurs, on attendait « l’apocalypse », et effectivement 6 millions de personnes ont été évacuées… »
Les coulisses des conditions de vie et de travail des reporteurs et des techniciens sur place « Alors que plus rien ne semble fonctionner, comment les reporteurs vivent-ils à Saint-Martin et Saint-Barth ? », s’interroge Elodie.
« Les journalistes en reportage sur place vivent dans les mêmes conditions que les habitants. Certains dorment sur la moquette de l’aéroport et trouver de la nourriture n’est pas toujours facile. C’est une situation de catastrophe; ils sont autonomes et doivent se débrouiller… «
La radio d’urgence à Saint-Martin et Saint-Barth pour venir en aide aux sinistrés Une initiative qui a épaté de nombreux auditeurs, notamment la rapidité avec laquelle franceinfo a monté cette radio.
« Il s’agit d’une mission de service public, de proximité. Tout cela n’a été possible que sur la base du volontariat et grâce à TDF qui a remis en service rapidement des émetteurs ».