Opération « place nette » à Marseille : « On a bien rigolé devant la télé », s’amuse un trafiquant de drogue en prison. un sujet de Stéphane Pair. Des avis d’auditeurs à lire ici :

C’est inacceptable de donner la parole à ce genre d’individu qui fait de la publicité pour son trafic tout en bafouant le travail de la police…Sans parler du portable en cellule !

« Tous les prisonniers on a bien rigolé derrière la télé », a déclaré ce mercredi au micro de Franceinfo un détenu marseillais, au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron à Marseille pour le lancement de l’opération « Place nette XXL ». Ce dispositif vise à porter un coup d’arrêt aux trafics de drogues qui gangrènent la deuxième ville de France. L’opération doit durer plusieurs semaines, avec des centaines de policiers, gendarmes et douaniers déployés dans la cité phocéenne.

Interviewé par Stéphane Pair, journaliste chargé des enquêtes à Franceinfo, le détenu marseillais, âgé d’une trentaine d’année et condamné à une lourde peine pour trafic de stupéfiants et blanchiment, a témoigné sous couvert d’anonymat depuis sa cellule, à l’aide d’un téléphone portable clandestin. Il raconte avoir suivi la couverture médiatique de l’opération « Place nette » avec les autres détenus en regardant la télévision.  » Ça nous a fait rire », dit-il. Il estime que ce dispositif inefficace est fait  » pour les médias, pour montrer que [les forces de l’ordre] sont présentes, qu’elles font leur travail ». Mais il considère que  » ça ne change pas grand-chose » (…) On perd 20 jours ou un mois », soit  » l’équivalent de 200 000 ou 300 000 euros la semaine », détaille-t-il. Il précise que lorsque les forces de l’ordre arrivent en  » petites patrouilles, le guetteur prévient de leur arrivée ».  » Ils font un petit tour de 15-20 minutes (…) et avec un peu de chance, ils attrapent le petit ‘charbonneur’ ou celui qui a la sacoche, mais rien de plus », ajoute-t-il.

Se décrivant comme « haut placé », ce détenu continue à garder le lien avec l’extérieur. Il explique que la prison n’est pas un frein aux trafics de drogue. Au contraire,  » tout se passe en prison (…), on s’élargit, on se développe, on a plus de contacts, il y a plus d’argent qui se génère et il y a plus de consommateurs », assure-t-il.

Les auditeurs ont été nombreux à réagir à ce témoignage.

Le rôle des journalistes est de rendre compte de la réalité telle qu’elle est, même si cela peut parfois être dérangeant ou controversé. Dans le cas de cette interview d’un trafiquant de drogue en prison par un journaliste de Franceinfo, il est important de comprendre que cela s’inscrit dans le cadre du devoir d’information du public.

Tout d’abord, diffuser un témoignage de ce genre ne revient pas à faire la promotion de la délinquance. Au contraire, cela permet de donner la parole à ceux qui sont impliqués dans ces activités criminelles, afin de mieux comprendre les mécanismes qui les sous-tendent et les réalités du terrain, hors des murs de la prison ou bien au cœur de celle-ci. Ces témoignages peuvent également mettre en lumière les défaillances du système carcéral et les défis auxquels sont confrontés les autorités pénitentiaires.

En outre, de tels documents sonores peuvent avoir un vrai intérêt journalistique en ce sens qu’ils permettent de donner une perspective unique sur des sujets complexes, tels que le trafic de drogue et la criminalité organisée. Ils peuvent fournir des informations précieuses sur les motivations des criminels, leurs méthodes de travail, ainsi que les dynamiques sociales et économiques qui les influencent.

Il est également important de souligner que les journalistes sont tenus par un code déontologique strict qui les oblige à exercer leur métier avec rigueur et objectivité. Dans le cas de cette interview, le journaliste a contextualisé les propos du détenu dans le but de présenter une analyse équilibrée de la situation.

Enfin, il est normal que cette interview ait suscité des réactions vives de la part des auditeurs, étant donné la sensibilité du sujet et les préoccupations légitimes quant à la glorification de la criminalité. Cependant, il est essentiel de reconnaître que la diffusion de tels témoignages contribue au débat public et à la compréhension des enjeux sociaux et politiques auxquels notre société est durement confrontée.

Stéphane Pair a répondu aux questions des auditeurs dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo

Que « FranceInfo », de surcroît un média d’Information payé par nos impôts, se paye le luxe de mettre à l’honneur des criminels en prison est une honte !

Je ne vois pas trop l’intérêt de faire la Une sur les propos d’un délinquant en prison. En quoi sa parole est plus importante que celle de tout autre citoyen honnête ?

Franceinfo est certes une radio d’information mais je pense qu’il y a des limites. J’ai été choqué que vous donniez la parole à des délinquants qui se moquent de notre société et font tout pour en saper les fondements. Je pense que vous débordez largement de votre mission en permettant à ces personnes de s’exprimer librement. Journalistes, oui, mais pas pour faire n’importe quoi. A croire que vous souhaitez que continue cet état de délabrement de notre société pour faire de l’audience et de trouver des solutions pour que cela cesse.

Bravo les journalistes de Franceinfo qui donnent la parole à ce genre de personnage. La France est tombée bien bas et, malheureusement, ça n’est pas fini.

Faire de la publicité pour ce genre d’individus … Est-ce vraiment nécessaire ?

Le problème n’est-il pas de donner la parole à un malfrat qui roule sur l’or et qui méprise du haut de sa fortune les pauvres qui travaillent et au-delà l’état. On peut se moquer de Macron mais venant de sa part c’est assez indigeste. Et indigne de publier ses propos et d’en faire, de fait, une sorte de héros.

J’ai consulté ce sujet en ligne et je m’étonne que l’on puisse accorder du temps d’antenne et sur le web à un condamné, emprisonné, qui tourne en ridicule l’action publique sur un sujet aussi difficile que le trafic à Marseille.
Ma fille et son petit de 6 ans vivent depuis un an dans une petite cité, supposément ordinaire, au centre de Marseille. Je suis témoin à chaque visite de la dureté de cette vie avec la menace constante de l’entrée des dealers dans la cité. Pour le moment ils sont en périphérie du groupe d’immeubles mais s’ils entrent, les habitants savent que la guerre sera perdue et leur vie deviendra impossible, notamment pour les enfants les accès à l’aire de jeu centrale. Je suis profondément choquée qu’on donne la parole à ce genre de personne, que l’on fasse écho à sa désinvolture et qu’ainsi on tourne en ridicule une action publique difficile qu’élus et forces de l’ordre ont le courage, au péril de leur vie pour les seconds faut-il le rappeler ? d’entreprendre. Il serait tellement plus facile et plus lâche de les laisser faire. Il me semble que Radio France n’est pas dans son rôle en donnant le sentiment de leur offrir une tribune valorisante aux trafiquants et à leurs sbires. Tant mieux s’ils ont des moments de détente en prison, au détriment de la société, mais les citoyens n’ont peut-être pas à le savoir ni tous les petits manquements (téléphone illégalement) qui traduisent les failles du système que nous ne méconnaissons pas. Cette situation me semble nécessiter au moins une prise de position de la médiation de Radio France et une explication de la part de l’auteur !