Voici les principales thématiques abordées par les auditeurs dans leurs courriels envoyés du 21 au 27 juin 2024.

Les élections législatives :

  1. Le traitement éditorial des élections législatives
  2. Trop de Nouveau Front Populaire sur les antennes
  3. Trop de Rassemblement national sur les antennes
  4. « Le RN aujourd’hui : quelle idéologie ? » dans Les Matins de France Culture
  5. « Le RN aujourd’hui : quelle idéologie ? » sur France Culture : la réponse de Guillaume Erner

  6. Le viol antisémite à Courbevoie
  7. La situation en Nouvelle-Calédonie
  8. « Entendez-vous l’éco » sur France Culture
  9. « C’est bientôt demain » sur France Inter
  10. Soutiens à Guillaume Meurice dans « Le Masque et la plume » sur France Inter
  11. « Le grand dimanche soir » sur France Inter
  12. Le football sur les antennes
  13. Langue française

Points de vue d’extrême-droite sur France Culture 

Mardi 25 juin, Guillaume Erner recevait dans “Les Matins”, Mathieu Bock-Côté, sociologue et essayiste et Bérénice Levet, philosophe pour évoquer l’idéologie du Rassemblement national. Ce choix éditorial a incontestablement suscité le plus grand nombre de réactions de la part des auditeurs cette semaine. 

Beaucoup ont exprimé « un véritable choc » et leur consternation face à l’invitation de ces deux figures connues pour leurs opinions d’extrême droite. Certains se disent stupéfaits et critiquent le fait de donner la parole à ces intervenants, s’interrogeant sur les motivations derrière cette décision. 

Des auditeurs reprochent à Guillaume Erner de ne pas avoir suffisamment réagi face à leurs propos, qu’ils jugent outranciers et dangereux. Ils soulignent que ces interventions ont transformé l’émission en tribune plutôt qu’en un espace de débat réfléchi. Leurs réactions mettent en évidence une réelle préoccupation quant à la présence et la légitimité accordées à des voix de l’extrême droite sur France Culture.  

Quelques-uns félicitent néanmoins Guillaume Erner pour son professionnalisme et son courage à tenter de structurer le débat face à des discours qu’ils trouvent perturbants et inquiétants. Cependant, ils expriment aussi leur crainte quant à la normalisation d’une telle idéologie sur une chaîne publique. 

Face à l’afflux de réactions suscitées par les interventions de Mathieu Bock-Côté et Bérénice Levet, Guillaume Erner a décidé, le lendemain, de consacrer son « Humeur du matin » à cette question : « Les idées du RN sont-elles contagieuses ? ». Cette chronique, d’une grande finesse d’analyse, a suscité, à son tour des réactions d’auditeurs : 

Ils expriment un indéfectible soutien à Guillaume Erner et le félicitent pour son billet du jour, dans lequel il défend la nécessité d’inviter une diversité de points de vue sur France Culture. Plusieurs auditeurs approuvent sa démarche de permettre l’expression de différentes opinions, y compris celles associées au Rassemblement National, soulignant que cela renforce l’esprit critique et évite une approche partisane de la radio. Ils saluent également la manière habile et non agressive avec laquelle Guillaume Erner a conduit les interviews, même en interrogeant des figures controversées comme Mathieu Bock-Côté et Bérénice Levet. 

Certains auditeurs déplorent le climat actuel de censure et de conformisme en France, affirmant que le fait qu’un journaliste, Guillaume Erner, doive justifier ses choix d’invités démontre un sectarisme et une restriction de la liberté d’expression. D’autres auditeurs, tout en reconnaissant les préoccupations liées à la montée de l’extrême droite, apprécient que l’émission contribue à diversifier les points de vue et à éviter les biais de confirmation. 

Enfin, des auditeurs félicitent toute l’équipe des Matins pour la qualité de son travail pendant cette période électorale, soulignant son professionnalisme et son engagement à maintenir un débat ouvert et enrichissant. 

Ces très nombreuses réactions d’auditeurs invitent à la réflexion, bien au-delà du cas des deux invités des Matins de France Culture mardi dernier. 

La radio s’adresse à un public adulte, capable de discernement et de réflexion critique. Elle ne présuppose pas une influence passive sur ses auditeurs, mais plutôt une interaction intellectuelle active. Pour comprendre véritablement la structure et la logique d’une pensée, il est essentiel d’écouter attentivement celui qui l’exprime. Il ne s’agit pas de subir une influence, mais plutôt d’appréhender la cohérence interne et les arguments sous-jacents de cette pensée.  
Il va donc de soi qu’écouter un invité exposer ses pensées ne conduit pas à adopter son point de vue.  

Cependant, certains auditeurs, estimant qu’ils connaissent déjà des idées qu’ils ne partagent pas, jugent inutile d’écouter tout invité dépositaire de thèses qu’ils rejettent. 
Cette attitude constitue, à notre sens, une véritable impasse intellectuelle. Se fermer à l’écoute des autres points de vue sous prétexte qu’on les rejette, empêche non seulement de comprendre la complexité de différentes pensées, mais aussi de développer sa propre capacité à analyser et à critiquer de manière constructive. 

Refuser d’entendre des opinions différentes, c’est s’enfermer dans ses propres certitudes et se priver d’accéder à une multitude de visions du monde. Pourquoi une telle radicalité : « Je ne suis pas d’accord avec vous, donc je ne vous écoute pas » ?  

Avoir connaissance d’avis divergents enrichit au contraire le débat public et stimule une réflexion plus approfondie et nuancée. Diffuser un point de vue sur une antenne c’est offrir un espace à la diversité des opinions et promouvoir le pluralisme. Radio France permet ainsi à chaque auditeur de se confronter à différentes idées, de les analyser et de se forger une opinion éclairée. La radio sert ainsi l’intérêt général et contribue à la santé démocratique de notre société. 


La situation en Nouvelle-Calédonie 

Le traitement médiatique des événements en Nouvelle-Calédonie suscite des remarques. Parmi les critiques : le manque de pluralité dans les reportages diffusés. Ils regrettent que les informations relayées semblent favoriser une seule perspective, notamment celle des partisans de l’indépendance kanak, au détriment d’autres points de vue et de la réalité complexe sur le terrain. 

Certains auditeurs soulignent que les récents troubles, comme les écoles incendiées par des groupes de la CCAT, ne sont pas correctement contextualisés ni expliqués dans leur gravité. Ils déplorent également l’absence de contrepoints à des déclarations souvent politisées et partisanes, qui ne reflètent pas la diversité des opinions et des expériences vécues en Nouvelle-Calédonie. 

Des auditeurs appellent à une couverture équilibrée qui tienne compte de toutes les communautés présentes sur le territoire, avec des témoignages variés, et qui examine de manière critique les actions entreprises au cours des dernières décennies pour réduire les divisions. 


Suppression d’« Entendez-vous l’éco ? » sur France Culture 

Les réactions à la suite de l’annonce de l’arrêt de l’émission « Entendez-vous l’éco » sur France Culture, produite par Tiphaine de Rocquigny, témoignent d’une profonde incompréhension face à la décision de mettre fin à ce programme qui donnait la parole à des spécialistes respectés dans le secteur économique.  

Des auditeurs rappellent que cette émission remplissait une fonction unique en proposant un décryptage approfondi et accessible des enjeux économiques contemporains. Pour eux, « Entendez-vous l’éco » ne se contentait pas d’informer, mais contribuait aussi à élever le niveau de compréhension du public sur des questions économiques souvent complexes et mal comprises. L’émission était également un outil pédagogique précieux pour les étudiants.  

Suppression de « C’est bientôt demain » sur France Inter 

Les messages des auditeurs expriment une grande déception face à l’annonce de la suppression de « C’est bientôt demain » animée par Antoine Chao sur France Inter. Ils saluent unanimement la qualité de cette chronique dédiée aux luttes environnementales et sociales, animée par un journaliste très estimé. Pour beaucoup d’auditeurs, « C’est bientôt demain » représentait plus qu’un simple « instantané sonore » : c’était un véritable outil d’éducation citoyenne permettant de comprendre les défis sociétaux contemporains et de promouvoir une action informée et responsable vis-à-vis de l’environnement. 


Soutiens pour Guillaume Meurice dans « Le Masque et la Plume » 

Des auditeurs du « Masque et la Plume » ont fait part de leur indignation à la suite de l’émission du dimanche 23 juin, marquée par des soutiens appuyés à Guillaume Meurice de la part de chroniqueurs, notamment Arnaud Viviant, qui, au passage, a taclé Sophia Aram. Des auditeurs ont trouvé cette partialité déplorable et non professionnelle, accusant l’émission de se transformer en une tribune politique et de favoriser un entre-soi néfaste.  
Au cours de la séquence « Coups de cœur », Elisabeth Philippe a conseillé « Le roi n’avait pas ri » signé Guillaume Meurice, quant à Arnaud Viviant il a chaudement recommandé la lecture de « Cosme » un roman de l’humoriste publié en 2018. Des auditeurs ont estimé que leurs interventions auraient dû promouvoir des œuvres d’auteurs moins connus, leur offrant ainsi une visibilité précieuse plutôt que de se concentrer sur un humoriste déjà très médiatisé. 

Rebecca Manzoni, productrice de l’émission, a tenu à répondre à leurs messages : 

« Chères auditrices, chers auditeurs,  
 
J’ai lu attentivement vos réactions concernant les coups de cœur qui ont mis en avant deux des livres de Guillaume Meurice, l’un des critiques ayant clairement pris fait et cause pour Guillaume Meurice, récemment licencié par Radio France. 
J’entends vos désaccords, indignations et souhaite préciser qu’à ce jour, la parole à la tribune du Masque est libre. Différentes sensibilités s’y expriment d’une émission à l’autre. Par définition, cette liberté de parole n’a jamais fait l’objet d’une validation préalable.  
Cette liberté de parole, dans les limites définies par la loi, je la chéris. Elle fit, et continue de faire, les grandes heures de cette radio. Vos messages, comme ceux qui m’ont été adressés en nombre via les réseaux sociaux, qu’ils soient favorables ou critiques, feront d’ailleurs l’objet de la séquence courrier du prochain Masque dédié à l’actualité littéraire. 
Pour ce qui concerne l’expression d’opinion politique à la tribune, elle a toujours traversé les débats du Masque depuis le milieu des années 50, qu’il s’agisse de la guerre d’Algérie, de Mai 68, de l’arrivée de la gauche au pouvoir ou de ce qui a pu agiter Radio France. Grâce à la liberté de parole évoquée plus haut, ça fait bientôt 70 ans que Le Masque raconte l’époque, via des débats sur les créations de son temps. 
Au plaisir de vous lire ou de vous voir parmi le public du théâtre de l’Alliance si vous en avez l’occasion. » 

« Le Grand dimanche soir » 

« Cette fois, c’est vraiment la dernière. Vous ne trouvez pas que c’est exceptionnel d’assister à un enterrement un dimanche soir ? J’adore l’humour noir. » a déclaré Charline Vanhoenacker, dimanche dernier, signifiant la fin de l’émission.  
Les auditeurs n’ont pas manqué de réagir et, à travers leurs messages qui révèlent la profondeur des liens tissés entre l’humoriste et son public, ils expriment leur reconnaissance envers la troupe de Charline Vanhoenacker. Pour beaucoup, cette émission satirique n’était pas seulement un divertissement hebdomadaire, mais un rendez-vous attendu, un moment de convivialité qui enrichissait leur fin de week-end. 

Les auditeurs expriment une gratitude sincère envers l’équipe pour leur avoir apporté non seulement des moments de franche rigolade, mais aussi une impertinence nécessaire dans le paysage médiatique actuel, une combinaison qui a rendu l’émission inoubliable pour ceux qui l’écoutaient régulièrement. 

L’investigation à Radio France fête ses dix ans  

La Cellule investigation de Radio France, créée en 2014, célèbre ses dix ans d’activité. Composée de dix journalistes et collaborateurs, elle produit près de 40 enquêtes chaque année. Depuis ses débuts, la qualité remarquable du travail de la Cellule investigation a été distinguée à trois reprises tant en France qu’à l’international. En août 2023, elle a notamment reçu un Online Journalism Award pour son enquête « Story Killers ».  
L’existence de ce pôle d’enquêtes traduit l’engagement de Radio France envers la promotion d’une information libre et fiable au service de ses auditeurs, dont certains sont très fidèles aux différentes émissions d’investigation proposées sur les antennes :  

« Bravo pour cet anniversaire !! Je suis cette émission depuis sa création et ne la loupe jamais… en direct ou en podcast !! Un grand intérêt pour ce qui est tu, sans doute, ou ce qui manque d’infos. Bravo à toute l’équipe !! » 

Jacques Monin, directeur de la Cellule investigation, était l’invité du rendez-vous de la médiatrice ce jeudi sur France Inter, l’occasion de faire le point sur l’évolution du journalisme d’investigation en une décennie, avec l’influence des réseaux sociaux, la prolifération des fausses informations et le développement l’intelligence artificielle. Demain, Jacques Monin répondra aux questions des auditeurs de Franceinfo dans le rendez-vous de la médiatrice à 13h20 et 16h20. 

L’été, le service de la médiation continue à vous lire 

Tout au long de l’été, sans interruption, le service de la médiation prend connaissance de vos commentaires sur le traitement de l’actualité et de vos remarques sur les grilles estivales concoctées par les différentes antennes. N’hésitez pas à partager avec nous vos coups de cœur et vos réactions, tout est lu et transmis chaque jour aux directions, aux journalistes et aux producteurs concernés. 

Nous vous souhaitons un été propice à de belles découvertes radiophoniques.Tous les programmes des différentes chaînes sont à découvrir ici

Très bel été ! 

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France

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