Un sujet agite beaucoup les rédactions et les auditeurs depuis quelques semaines : ce sont les pressions que le nouveau gouvernement semble vouloir effectuer sur les journalistes. Il y a d’abord eu le choix par l’Elysée des reporteurs habilités à suivre Emmanuel Macron au Mali, la plainte à la suite d’informations publiées par Libération et, enfin, le coup de fil de François Bayrou au directeur des Enquêtes et de l’Investigation de Radio France. Pour en parler, Patrick Eveno, président de l’Observatoire de Déontologie de l’Information et historien des médias, est au micro du médiateur.
Le coup de fil
Comment interpréter ce coup de fil du Garde des Sceaux à un journaliste, Jacques Monin, chef du service des enquêtes de Radio France ?
Ce sont des pratiques d’un autre âge. François Bayrou a véritablement exercé une pression sur le service d’enquête avec des menaces de poursuite.
N’est-il pas risqué pour un homme politique de tenter de faire pression sur un journaliste ?
C’est très risqué puisque ça se sait tout de suite, ça ternit l’image de l’homme politique, de son parti et de son action. Il y aura toujours des gens qui essaieront d’influer dans un sens ou un autre. Le principal est que la rédaction n’y réponde pas et qu’elle fasse savoir quand il y a une menace.
Retour dans les années 60-70
À cette époque, il est sûr que le directeur des Enquêtes et de l’Investigation aurait été « viré » immédiatement.
Il n’y aurait même pas eu d’enquête. À l’époque, la télévision et la radio étaient nationalisées et appartenaient à l’État. Le ministre de l’information écoutait les journaux, le téléphone à la main, et ordonnait la démission du journaliste. Il s’invitait même à la radio après chaque conseil des ministres pour faire le compte-rendu.
Les enquêtes : une preuve d’indépendance des médias ?
Des auditeurs ont reproché les enquêtes sur François Fillon, les révélations sur Richard Ferrand, les mises en cause du MODEM ou du Front National; mais tout cela ne devrait-il pas plutôt rassurer les auditeurs ?
C’est l’éternel problème. Tout le monde est pour la transparence, mais moins quand cela touche le candidat qu’on soutient…