Jean-Marc Jancovici, ingénieur, professeur à l’École des Mines, fondateur du cabinet de conseil Carbone 4 et président du think tank The Shift Project, était l’invité du Grand entretien ce mardi 30 mai.
Je tiens à préciser que pour privilégier le train, il faudrait que les tarifs soient plus attractifs pour des personnes ayant un petit budget comme moi. Je cherche toujours à voyager d’abord en train mais ce sont clairement les tarifs qui me font choisir l’avion.
Je vous écoute tous les jours…ce matin j’ai été très surpris par les arguments de M. Jancovici…En 2 mots il disait que les jeunes et les moins jeunes doivent prendre le train, et non plus l’avion… Le réel problème est que le train coûte très cher par rapport au même trajet fait en avion. J’ai le sentiment que trop souvent, vous semblez déconnectés de la vie des Français. Vous semblez poser des questions sans trop aller en profondeur, juste par professionnalisme et non par réel souci d’investigation. Car la question est bien là, et juste là. Si le train ne devient pas attractif en termes de tarifs, jamais la transition écologique des transports ne se fera. « Les jeunes se mobilisent pour le climat » comme vous disiez, mais j’ajouterai avec leurs moyens. Donc il serait temps que nos gouvernants mettent en place les moyens pour que le train devienne le moyen de transport numéro 1.
Je suis interpelée par votre remarque sur le comportement de transport de jeunes qui sont encore et toujours tenus responsables d’un réchauffement climatique qu’ils n’ont pas créés et qui, pour la majorité les inquiète.
Quelles sont les solutions concrètes proposées à ces jeunes pour changer leurs modes de vie : réduire la semaine de travail pour avoir plus de temps pour voyager en mode de transport doux, réduire le prix des trains par rapport aux avions, augmenter leurs salaires bien plus bas que ceux de leurs aînés … ? Comment nous faire rêver à d’autres imaginaires et vraiment penser à ce futur comme collectivité plutôt que nous condamner ?
Monsieur dit moins d’avion pour les Français, environ quatre fois dans une vie. Et qu’en est-il pour les politiciens et les célébrités qui prennent des jets privés ? Eux aussi pourraient prendre le train, il faut « juste s’organiser »… et augmenter les prix des billets pour des Français qui travaillent toute l’année, qui ne partent que très peu en vacances avec 3 enfants faute de moyen financier, mais qui ont envie de se faire plaisir de temps en temps en partant au soleil, c’est encore nous priver d’une liberté.
On insiste beaucoup sur la nécessaire sobriété pour contenir le réchauffement climatique. Or celui-ci est planétaire et chacun a le sentiment que son effort individuel, voire celui d’un petit pays comme le nôtre ne suffira pas à l’enrayer, alors que « les autres » (sous-entendu « les riches », « les chinois nombreux » ou « les américains arrogants » etc.) y participent plus que nous. Et que donc on nous engage dans une bataille perdue d’avance alors, « à quoi bon ! ». Mais les énergies fossiles sont épuisables et on s’achemine donc inéluctablement vers leur renchérissement qui précèdera leur pénurie. Et là, s’engager radicalement dans la sobriété permettra d’amortir le choc inéluctable, et c’est une bataille que l’on peut gagner face à ceux moins préparés qui prendront le choc de plein fouet. Insister sur cet aspect d’un combat « gagnable » me paraît plus mobilisateur et je pense que l’on devrait insister sur cet aspect des enjeux en cours…
Je suis musicien professionnel, je vais jouer dans le monde entier, je représente aussi la culture française à travers le monde à travers mon métier, je ne vois pas comment on pourrait continuer à rayonner avec 4 voyages en avion dans une vie. On ne peut pas faire 20 jours de bateau aller-retour pour 10 jours de concerts. Personne ne met 2 fois plus de temps pour aller à son travail qu’il ne travaille effectivement. Et il en est de même pour tout un tas d’autres métiers internationaux.
J’ai lu avec intérêt « Le Monde sans fin », bande-dessinée de Christophe Blain, qui présente avec talent les propositions Jean-Marc Jancovici en matière d’énergie. Juste une question/critique : les propositions sont à l’échelle de la France, ne pourrait-on pas imaginer d’élargir le champ de leur application et proposer des solutions à l’échelle internationale ? La construction d’une grande centrale solaire au milieu du désert du Sahara bénéficiant à plusieurs pays, un énorme parc éolien off-shore dans un mer internationale ventée, la mise en place de structures utilisant l’énergie de la houle dans une zone peu habitée… ne serait-ce pas des solutions qui pourraient répondre aux besoins mondiaux ?