Thématique traitée dans l’émission « Grand bien vous fasse » ce 28 juin . Des auditeurs ont réagi, leurs messages à retrouver ici :
Relativiser les règles grammaticales et orthographique de la langue est pire que tout en termes d’enseignement. Un tiers des enfants ne sait plus lire, ni écrire, car ils ne comprennent plus ni le sens, ni la fonction des mots dans une phrase. Pour eux, quand ils entendent ces débats sur la langue, il n’y a plus de règle et chacun peut écrire comme il veut… Donc très souvent, ils ne savent même pas comprendre ceux qu’ils ont écrit eux même.
Le problème n’est pas tant de simplifier ou de conserver les règles telles qu’elles sont, mais d’avoir tous les mêmes pour pouvoir communiquer.
Nous avons l’écrit de la langue phonétique et l’écrit académique actuel. Pourquoi ne pas utiliser l’un et l’autre, en fonction des circonstances, plutôt que d’essayer d’oublier d’un côté l’historique et l’étymologie, sans pour autant, d’un autre côté, aller au plus simple avec une langue écrite à partir de l’oral, parfaitement intelligible pour tous ?
Je suis certains streameurs sur la plateforme twitch. Je suis affolé de constater comme un appauvrissement de la langue française en l’anglicisant, comme si c’était un effet de mode de parler un mot sur deux en anglais.
Exemple pour le jeu league of legend : « on va win cette game si tu feed pas ».
(traduction : on va gagner cette partie si tu ne meurs pas).
Cela couplé à une orthographe et conjugaison désastreuse lorsqu’ils écrivent en français. Devrions-nous nous inquiéter ? Si oui, que faire ?
Merci Ali Rebeihi pour tous ces thèmes d’émissions qui nous interpellent. Personnellement je ne suis pas une fanatique de la « pureté » de la langue française et encore moins de l’accent « officiel ». Toutefois je ferais 2 remarques. La 1ère porte surtout sur l’efficience de la communication : la langue française comporte un vocabulaire important avec une belle liste de synonymes. Cela permet d’être plus précis aussi bien dans l’expression des sentiments et opinions que dans les faits et les sciences. Partager cette richesse sémantique me semble un des rôles de ceux dont le métier est de s’exprimer ou d’informer la population, donc en particulier les intervenants des médias.
La 2ème porte sur l’intérêt de la grammaire qu’en réalité je n’ai perçu que parce que j’ai fait l’expérience de langues basées sur des règles grammaticales (latin, allemand, russe) : Le respect de la grammaire aide notre cerveau à développer des connexions logiques et critiques. Par exemple une personne qui a suivi une éducation dite « littéraire » aura une communication plus scientifique et partageable s’il pense aux règles grammaticales pour être compris de la majorité. Évidemment je serais OK pour supprimer les exceptions qui compliquent parce qu’elles ne s’appuient pas sur la logique mais sur le « par cœur »…
Oui, hélas ! La langue française est en grande perdition et il faut arrêter de nous expliquer « qu’elle bouge et doit bouger » pour être vivante. On ne peut comparer l’évolution de Molière à Jean d’Ormesson à la profonde dégradation dont elle est victime de nos jours à l’oral comme à l’écrit (exemple le plus bateau « dix heuros » sans liaison -et sans commentaire !) L’appauvrissement du vocabulaire chez certains jeunes, y compris ceux qui ont fait des études supérieures et la catastrophe de l’orthographe (je ne parle pas de nénufar mais des fautes grammaticales, de l’écriture phonétique qui brouille la compréhension etc). TOUS COUPABLES : enseignants, médias (les sous-titres truffés de fautes à la TV sur la chaîne publique comme sur les autres !) et les parents. Seuls les grands médias dont la notoriété est liée au niveau culturel y échappent… jusqu’à quand ? Et l’envahissement des anglicismes dans les dossiers !!! Il m’arrive de les renvoyer à l’expéditeur tant c’est insupportable. Pas plus tard qu’hier l’ambassadeur d’Inde en France nous expliquait que le français est la langue étrangère la plus appréciée dans son pays qui compte 22 langues nationales -l’anglais étant l’une d’elles. On pourrait s’en réjouir si ce n’était un cas isolé : en Autriche, où elle était encore magnifiquement enseignée il y a 10 ans, elle est maintenant reléguée au fond de la classe.
Fort bien de faire une émission sur la langue française. Il ne s’agit pas de la figer ni de refuser des mots qui n’existent pas dans notre langue mais par négligence, paresse ou ignorance de propager des termes tels que Émiratis, Quataris et même Zanzibaris (ce dernier sur France Culture) à longueur d’antenne et même par des éditorialistes chevronnés au lieu d’utiliser Emiriens, Quatariens et Zanzibariens. J’espère qu’en tant que service public vous voudrez bien tenir compte de cette remarque.
Que ce soient les pubs ou les journalistes, je suis énervé par les « Heuros » sans liaison.
Quand j’entends « Deux cents heuros » au lieu de « Deux cents ZEuros », J’ai toujours envie de demander « Et pour deux cents Heuros, tu vas prendre un Havion avec tes Hamis ? »
Comme souvent votre émission est intéressante mais je regrette que votre débat n’ait lieu qu’entre personnes du même courant de pensée. Où est le Délégué général de la langue française du ministère de la Culture, Paul de Sinety ? Où sont les membres de l’association Défense de la langue française ? Donner la parole aux linguistes atterrés, soit ! Mais il y a des linguistes tout aussi éminents que les linguistes atterrés qui leur ont d’ailleurs répondu par une tribune dans la presse. Pourquoi ne pas donner la parole à eux aussi, qui sont tout autant atterrés que les linguistes invités, pour des raisons diamétralement opposées ? N’est-ce pas le rôle du service public de favoriser d’authentiques débats ?
C’est merveilleux d’entendre des êtres d’accord avec soi et les autres… quand ils pensent comme soi ! Vous n’avez pas trouvé de contradicteurs pour votre émission ? ou alors il n’y en a pas ?
Je trouve que le vocabulaire évolue beaucoup. Je suis avide des inventions d’argot en particulier, savoureuses. Mais j’entends souvent des gens démunis, qui utilisent des « scies » de langage, effet waouh, par exemple, faute de mots suffisants et précis pour exprimer leurs sentiments ou décrire une situation ou un paysage. J’ai dû renoncer à jouer au jeu du dictionnaire avec mes enfants jeunes adultes. Je connais beaucoup plus de mots qu’eux, je gagne trop souvent. Je continue à les écouter car leurs inventions de définition me ravissent.
Je suis sûrement un vieux con de 70 ans, mais je ne peux m’empêcher d’être agacé lorsque j’entends quelqu’un déclarer qu’il « supporte » tel ou tel sportif (encore que je finis par m’habituer à cet anglicisme), ou lorsque je vois au début d’une phrase « Hors » au lieu de « Or » (là, l’agacement l’emporte). Ai-je tout à fait tort ?
L’anglais a un vocabulaire beaucoup plus riche que le français dans certains champs, par exemple adjectifs descriptifs et verbes d’action. Pour les rendre il faut souvent plusieurs mots en français. C’est l’inverse dans d’autres champs, notamment tout ce qui est conceptuel, abstrait. Un record d’impression difficile à égaler est « decade » qui correspond la fois à « décade » = dix jours et « décennies » = dix ans. Pourquoi pas, pendant qu’on y est : dix siècles ou dix millénaires ?
C’est une véritable destruction d’un outil intellectuel performant quand des Françaises, ou plutôt des Galloricains pour reprendre le mot de Regis Debray, donne à des termes français le sens du mot de forme analogues en anglais. Exemples en sciences :– en anglais to falsify signifie à la fois « falsifier » = altérer par quelque chose de faux, rendre faux et « réfuter » = démontrer la fausseté de quelque chose. C’est dans ce dernier sans que Popper en à user, pour montrer qu’une hypothèse ne pouvant être testée en la confrontant aaux faits concrets donc impossible à, éventuellement réfuter, par nature, n’était pas scientifique. Il dit donc qu’une hypothèse ne peut être reconnue comme scientifique que si on l’existence faits incompatibles avec elles n’est pas exclue a priori, donc si on pourrait en principe la réfuter, si on établit de tels faits. Autrement dit si elle potentiellement réfutable. Or, la version courante de Popper en français n’est pas une traduction mais un décalque formel faussant radicalement le sens : on lui fait dire, faussement, qu’une hypothèse n’est pas scientifique si elle n’est pas réfutable. Paresse ? Insuffisante maitrise de l’anglais ? Recherche d’un effet provocant même au prix d’une faute majeure de traduction ?
– mon fils, chercheur scientifique, m’a dit avoir entendu des collègues prononcer le mot français « évidence » en lui donnant le sens de l’anglais « evidence » = preuve.
– le livre de Darwin « The Descent of Man » = « La filiation de l’Homme » c’est à dire sa ligne antérieure a souvent son titre traduit par » La descendance de l’Homme », ce qui est l’inverse. Car les locuteurs de, l’anglais, en dépit de très important emprunt au latin, le plus souvent mais pas toujours via le français, est une langue germanique dont les locuteurs, en moyenne, n’ont pas même perception spontané des racines, suffixes, préfixes latins, dans ce cas : « de ».
On n’y comprend plus rien. Mieux vaudrait travailler totalement en anglais et, ensuite, parler en privé totalement en français. Le problème est que les Galloricains en sont incapable car, s’ils maitrisent leur langue maternelle, ils sont généralement très mauvais en anglais.
C’est encore plus grave quand on inverse le sens d’expression. Ce que le font les Galloricains en employant : « c’est juste » un rhume ! pas au sens français « ce n’est rien de plus que ». Pour minorer. Exemples « c’est juste un rhume ! » = » ce n’est rien de plus grave qu’un rhume ! » ou bien » c’est juste une imitation ! », sous-entendu et non pas une trouvaille personnelle. Mais au sens anglais, emphatique : « c’est rien de moins que « . Par exemple : « c’est juste génial ! » = « c’est rien de moins que génial !”
Media et publicités sont les vecteurs non uniques mais majeurs de ces dégradations. Eux aussi mauvais en anglais : quasi-certitude. Et médiocres en français ? C’est à craindre.
Je ne sais pas si vous avez parlé la perte du français vis à vis de l’anglais. Dans le domaine scientifique, culturel, économique, le français recule fortement. Il est impensable de trouver une publication aujourd’hui écrite en français, les noms de société nouvelles sont très souvent anglais. Il y a de plus en plus d’artistes francophones qui chantent en anglais, etc… Ce phénomène de fond est d’une importance cruciale à mes yeux.
“Le mot est un être vivant” écrivait Victor Hugo… Merci pour votre excellente émission !
A propos de la langue française, pourriez-vous vous intéresser à ces liaisons abusives et systématiques de la part de journalistes pressés qui n’ont pas le temps de respecter les virgules comme temps de respiration pourtant nécessaires pour la compréhension. Que penser aussi du choix de dire « selon n’eux » et les autres ‘enfants et non les autres z’enfants. Pourquoi les adjectifs ne donneraient-ils pas lieu à la liaison du pluriel ? Les journalistes pressés devraient se réécouter de temps en temps. Merci de votre attention.
L’exaspérant du moment : tous ceux (y compris sur votre antenne) qui ne peuvent poser une phrase sans y mettre un ou souvent même plusieurs « en fait ». Alors, en fait, ras le bol, en fait, des en fait… France Inter pourrait avoir un rôle éducatif sur ce sujet… Je préconise une amende de 1 € par « en fait » au profit d’association.
Une chose me gêne énormément et me trouble : en ces temps post me too, je remarque que de plus en plus de locuteurs publics hommes (journalistes, hommes et femmes politiques) ne font plus l’accord du participe passé au féminin et ceci même en plein discours féministe ! C’est la disparition du féminin dans la langue française d’autant plus que les mots féminisés sont plus longs et plus difficiles à prononcer, je ne suis pas sûre que l’usage perdurera…