Le fonctionnement des antennes en période électorale
La campagne de la Présidentielle s’ouvre le 1er février. Pas la campagne officielle qui débutera en avril, mais la campagne contrôlée par le CSA, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, avec toutes ses contraintes imposées aux médias. Cette année, de nouvelles contraintes apparaissent. Explication avec Jean-Marc Four le directeur de la rédaction
Une nouveauté : de la comptabilisation du temps d’antenne qui passe mal dans les rédactions, car elle va faire perdre beaucoup de temps en calcul, en contrôle permanent des équilibres (en plus des temps de parole), mais aussi va assurer une surveillance tatillonne des journalistes, éditorialistes et spécialistes politiques; la comptabilisation du temps de parole est tellement complexe et chronophage que Radio France fait appel à une société spécialisée pour ses rédactions nationales. Mais c’est impossible pour le temps d’antenne…
selon Patrick Eveno « le temps d’antenne est une comptabilité monstrueuse »
Pourquoi, à chaque élection, les contraintes sont-elles de plus en plus sévères surtout à l’ère du média global ?
Réponse avec Patrick Eveno, spécialiste des médias et historien ; toutes ces contraintes ne risquent-elles pas d’inciter à moins parler de politique à l’antenne ?
Ces contraintes ne touchent que l’audiovisuel, public et privé (RTL, Europe 1 ou TF1, par exemple, sont également concernés). Cela ne concerne ni la presse, ni l’internet d’où l’absurdité du système. C’est l’exposition médiatique qui compte.
L’ » exposition comparable » qui va s’imposer à partir du mois de mars. De quoi s’agit-il ?
Tous les candidats, même les moins représentatifs ou les défenseurs d’une seule cause, sont capables de passer dans des créneaux de grande écoute comme le 7-9.
Jean-Luc, par exemple, s’est insurgé contre le fait qu’un candidat, totalement inconnu d’ailleurs, ait tenté de prendre la parole en téléphonant lors de l’émission avec Vincent Peillon et qu’il ait été coupé par Patrick Cohen. « Vous ne respectez pas la démocratie », écrit Jean-Luc.
Les programmes des candidats : Beaucoup d’auditeurs écrivent au Médiateur pour réclamer à l’occasion de la campagne présidentielle plus d’explications des programmes, plus de présentations des idées et des solutions proposées par les candidats, et moins de polémiques, « moins de commentaires, comme nous écrit Aurélie, moins de commentaires qui répondent à d’autres commentaires, eux-mêmes déjà commentés ».
A France Inter : les programmes sont expliqués et certaines émissions seront réalisées en direct des régions pour aller à la rencontre des électeurs.
La vérité des faits
Au lendemain de l’investiture de Donald Trump et suite au papier de Frédéric Carbonne, envoyé spécial permanent à Washington : plusieurs auditeurs ont protesté : « Vous vous en prenez systématiquement à Donald Trump, élu du peuple américain, en contestant tout ce qu’il affirme ».
Or, on a tous vu les photos aériennes comparant l’investiture de Barak Obama avec une foule compacte et l’investiture de Trump avec une foule clairsemée. Ce sont des faits objectifs et vérifiés.
Pour répondre sur cette question Patrick Eveno, vous êtes le président de l’Observatoire de Déontologie de l’Information. On parle de plus en plus de la « post-vérité », autrement dit : quand on a trouvé un leader, un chef, il a forcément raison, même si les faits lui donnent tort. Ce qui revient à douter de ce que disent les journalistes et à croire des mensonges ou n’importe quelle propagande. C’est dangereux… »Nous sommes passés à une individualisation de consommation de l’information » : on préfère entendre ce qui nous convient.