Dans une vidéo publiée récemment le géopolitologue Pascal Boniface indique qu’il est victime « d’une mise à l’index », d’une « campagne contre lui pour l’empêcher d’être présent dans certains médias », sur France Inter et France Culture notamment.
Des auditeurs s’interrogent, ils nous ont écrit pour savoir si le directeur de l’IRIS était vraiment sur une liste noire
.

Laurence Bloch, directrice de France Inter et Sandrine Treiner, directrice de France Culture répondent :

Lire la réponse de Laurence Bloch, directrice de France Inter

« Chères auditrices, Chers auditeurs,

Pascal Boniface dans son blog sur Médiapart et dans une vidéo postée sur YouTube se plaint d’être interdit d’antenne sur 2 chaînes de la radio de service public – France Culture et France Inter – et de ne plus être invité depuis 2011 sur ces antennes.

En tant que directrice de France Inter, je voudrais d’abord revenir sur les faits puisque pour les universitaires comme pour les journalistes le travail premier est de partir du réel…. » Lire la suite

Lire la réponse de Sandrine Treiner, directrice de France Culture

« Chères auditrices, Chers auditeurs,

Le procédé employé par Monsieur Pascal Boniface est très singulier. Alors qu’il est invité sur tant d’antennes, il semble considérer que ce n’est pas assez.

Il se répand sur YouTube, mais aussi sur son blog sur Médiapart, sur Twitter, sur le fait qu’il ne serait jamais invité sur l’antenne de France Culture et que nos producteurs précaires ne l’inviteraient pas pour ne pas prendre le risque de se fâcher avec leur direction. C’est donc grave. » Lire la suite


 

La réponse de Laurence Bloch, directrice de France Inter

Chères auditrices, Chers auditeurs,

Pascal Boniface dans son blog sur Médiapart et dans une vidéo postée sur YouTube se plaint d’être interdit d’antenne sur 2 chaînes de la radio de service public – France Culture et France Inter – et de ne plus être invité depuis 2011 sur ces antennes.

En tant que directrice de France Inter, je voudrais d’abord revenir sur les faits puisque pour les universitaires comme pour les journalistes le travail premier est de partir du réel. Depuis 2011 Pascal Boniface a été invité à 8 reprises sur l’antenne de France Inter notamment dans « Le Téléphone sonne » et « Le Grand Face à Face », deux émissions à l’audience puissante et à la réputation solide. Prétendre être boycotté depuis 2011 est donc une pure et simple contre-vérité (cf. liste des émissions ci-dessous).

Par ailleurs, je voudrais exprimer ma profonde indignation sur le soupçon que fait peser Pascal Boniface sur les équipes de France Inter et notamment celles de la rédaction qui sont les plus à même de l’inviter compte tenu de son domaine de compétence. Affirmer que les journalistes de France Inter pourraient accepter une quelconque censure ou liste noire de ma part est une atteinte grave à leur intégrité professionnelle et un mépris affiché du respect scrupuleux par les journalistes de France Inter de la déontologie de leur métier : informer quoiqu’il en coûte.

Merci pour votre fidélité,

Laurence Bloch, Directrice de France Inter

Liste des émissions de France Inter avec Pascal Boniface :

Vendredi 17 juin 2011 : Partout ailleurs

Jeudi 05 juillet 2012 : Le débat de midi

Vendredi 17 janvier 2014 : Allo l’Europe

Mercredi 23 juillet 2014 : Le Téléphone Sonne

Samedi 18 juin 2016 : La librairie francophone

Vendredi 5 août 2016 : Le Téléphone Sonne

Vendredi 4 août  2017 : Le Téléphone Sonne

Dimanche 13 mai 2018 : Le grand face à face (2ème partie de Question Politique jusqu’en juin 2018)


 

La réponse de Sandrine Treiner, directrice de France Culture

Chères auditrices, Chers auditeurs,

Le procédé employé par Monsieur Pascal Boniface est très singulier. Alors qu’il est invité sur tant d’antennes, il semble considérer que ce n’est pas assez.

Il se répand sur YouTube, mais aussi sur son blog sur Médiapart, sur Twitter, sur le fait qu’il ne serait jamais invité sur l’antenne de France Culture et que nos producteurs précaires ne l’inviteraient pas pour ne pas prendre le risque de se fâcher avec leur direction. C’est donc grave. Il parle, je cite, de « liste noire » et même de « censure ».

Je voudrais commencer par dire que je suis très étonnée par ces attaques violentes ad hominem, sur les réseaux sociaux, venue d’une personnalité que ses responsabilités devraient obliger. Ce sont des pratiques que je conteste et que j’interroge, mais on y reviendra. 

Je réponds à nos auditeurs. C’est très simple : il n’y a jamais eu de consignes de ne pas l’inviter. Et puis, j’ajoute qu’il n’y a pas non plus d’obligation à le faire. 

Pour être précise, j’ai demandé à mon équipe une petite recherche : il a été davantage, bien davantage, invité depuis que je suis directrice qu’avant. Les faits sont têtus. Voici les chiffres : 5 invitations entre 2011 et 2014. J’ai été nommée en 2015. Près d’une vingtaine d’invitations depuis, dont six en 2019 et notamment dans Les Matins. Les dernières fois au journal de 12h30 sur le G7, aux Matins sur la guerre de yuan, ou aux Enjeux Internationaux sur l’enseignement de la géopolitique. Son assertion est donc tout simplement mensongère. 

J’ai retrouvé dans mes mails des correspondances que j’ai eues sur le sujet avec lui, qui s’inquiète très régulièrement de sa visibilité dans les médias.

Un échange en 2017, par exemple, où je lui répondais très aimablement et il m’écrit le 17 mai : « Je sais parfaitement que vous n’intervenez pas dans les choix. ».

Le 16 novembre 2020, c’est récent, il m’écrit encore, me félicite que les experts de l’IRIS soient souvent reçus à l’antenne et s’ouvre de son propre sort en écrivant : « Je sais que ce n’est pas de votre décision que vous favoriser la diversité des opinions ». Alors oui, d’excellents chercheurs de l’IRIS sont régulièrement invités sur notre antenne et nous avons du reste un partenariat aux Enjeux Internationaux avec le trimestriel de l’IRIS dont Pascal Boniface est le directeur.

Dans son ultime prise de position, Monsieur Boniface s’interroge : « Est-il normal que sur le service public, une telle liste noire existe ? », prétendant ainsi qu’elle existe. Il jette le trouble sur tout le service public. C’est grave. Tout ça n’est vraiment pas sérieux et jette un drôle de trouble sur le chercheur lui-même. 

Je voudrais quand même articuler une question à mon tour, parce que je voudrais préciser que les livres qu’il a écrits et qu’il cite comme explication de l’éloignement de l’antenne de France Culture, dont je serais responsable, datent de 2003, pour « Est-il permis de critiquer Israël ? » et de 2012 pour « Les Intellectuels faussaires : Le triomphe médiatique des experts en mensonge », livre que je n’ai malheureusement pas encore lu. Son livre suivant d’ailleurs, a été co-écrit avec Hubert Védrine, qui est un des intervenants réguliers, comme vous le savez, de l’Esprit Public.

Alors, une question : que sous-entend Monsieur Boniface quand il affirme qu’il serait rédhibitoire pour lui de prendre des positions critiques sur le gouvernement israélien ou sur des personnages médiatiques importants ? Quel est le rapport entre le journal Le Monde, ma consœur de France Inter, Laurence Bloch, moi-même et les positions de Pascal Boniface sur Israël ? Sans commentaire.

Il va de soi qu’on ne répond pas aux injures et aux assertions mensongères sur les réseaux sociaux et que je ne le ferai pas. N’en déplaise à Pascal Boniface, qui aimerait probablement entretenir ainsi son activité numérique. Ce sera sans moi.

Bien cordialement,

Sandrine Treiner, Directrice de France Culture