Lundi 20 janvier avait lieu l’investiture de Donald Trump aux Etats-Unis. La couverture éditoriale de cet événement sur Franceinfo a suscité des questions d’auditeurs.
Agnès Vahramian, directrice de Franceinfo, est au micro d’Emmanuelle Daviet pour leur répondre.

Emmanuelle Daviet: On commence avec ce message : « Alors que Donald Trump vient de remporter une victoire magnifique, pleinement démocratique, alors qu’il est pleinement légitime, nous avons droit à du bashing contre lui sur franceinfo. Une seule ligne éditoriale a sa place sur vos ondes : la haine et la détestation de Trump. » Agnès Vahramian, que répondez-vous à cette remarque ?

Agnès Vahramian: Peut être que cet auditeur n’a pas pu écouter l’intégralité de l’antenne sur l’investiture de Donald Trump et je le comprends bien évidemment. Mais non. Nous avons donné la parole aux partisans du président Trump sur franceinfo. D’abord, nous avons déployé un grand dispositif et donc nous avons pu avoir des reporters qui étaient à proximité, notamment à l’extérieur du stadium de Capital One au moment de l’investiture, et qui ont donc tendu leur micro largement aux partisans de Trump pour les entendre sur la fierté qu’ils pouvaient avoir de cette cérémonie et aussi de leur frustration de ne pas être entrés dans le stadium qui ne contenait que 20 000 personnes. Et puis on a entendu aussi, à travers nos envoyés spéciaux, des reportages, notamment avec des militants trumpistes, des fermiers dans les Appalaches. Donc oui, nous avons donné la parole largement aux Trumpistes et par ailleurs, nous avons aussi tendu le micro à ses opposants. Donc nous avons tenté d’être équilibrés et nous veillons absolument sur Franceinfo à l’être.

Emmanuelle Daviet: On poursuit avec ce message : « Vous avez utilisé le mot déportation dans la traduction d’un reportage diffusé mardi. Dans le contexte américain, le terme anglais « deportation » est couramment utilisé pour désigner une expulsion. Mais en France, le mot « déportation » a une connotation historique extrêmement forte, évoquant le génocide perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale. L’emploi de ce terme en français suscite une confusion ou une résonance émotionnelle disproportionnée », écrit cet auditeur. Agnès Vahramian, que vous inspire cette remarque ? Avez vous passé des consignes particulières pour la traduction de ce mot ?

Agnès Vahramian: Alors il est vrai que « expulsion » en anglais se dit « deportation » et que donc, quand les Américains utilisent le mot « deportation », nous devons le traduire en français par « expulsion ». Il a pu y avoir sur notre antenne, à un moment donné, précis et très court, une erreur de traduction et nous en avons discuté ici à Franceinfo et plus largement aussi avec l’agence de Franceinfo qui a pu diffuser ce qu’on appelle une dépêche, c’est à dire une information délivrée à tous ceux qui sont derrière les micros pour les auditeurs. Et il a été bien précisé que « deportation » en anglais se traduisait par « expulsion » en français et que évidemment, si il y avait aussi l’utilisation de « mass deportation », on pouvait aussi le traduire par des « expulsions massives » et que le mot « déportation » en français a une connotation historique très particulière et qu’il ne peut pas être utilisé quand on parle de ces expulsions envisagées par Donald Trump en Amérique.

Emmanuelle Daviet: On termine avec cette question : « Maintenant que Donald Trump est à la Maison-Blanche et qu’il est adepte des vérités alternatives, comment envisagez-vous, en tant que journaliste, de démêler le vrai du faux et de rendre compte de son mandat ? »

Agnès Vahramian: A Franceinfo, Donald Trump n’a pas de statut particulier, donc il sera comme les autres chefs d’État, responsables politiques, qui portent une parole publique. Et bien sa parole sera confrontée aux faits, elle sera remise en perspective, elle sera contextualisée. Nous avons la chance d’avoir ici des experts et des correspondants aux États-Unis qui ont de la mémoire et qui donc pourront démêler, si vous voulez, le vrai du faux. Nous évoluons et nous en avons bien conscience, comme nos auditeurs, dans un monde de plus en plus complexe où nous sommes submergés par les contenus alternatifs qui relativisent. Nous ne souhaitons pas à Franceinfo donner une opinion, nous souhaitons plutôt donner à l’auditeur un maximum de faits pour qu’il se forge lui même son opinion. Nous serons vigilants avec Donald Trump, mais comme nous le sommes avec les autres responsables politiques.