À la suite du décès du pape François, survenu le 21 avril dernier, des auditeurs nous ont écrit pour exprimer leur étonnement face à la place importante accordée à cet événement. Pour leur répondre, Richard Place, directeur de la rédaction de Franceinfo, est au micro d’Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet: Des auditeurs nous ont fait part de leur étonnement, de leur lassitude face à la place accordée à la mort du pape le 21 avril dernier, jusqu’à ses funérailles il y a une semaine, certains auditeurs expriment leur attachement au principe de laïcité et, s’inquiétant de voir un événement religieux occuper autant de place sur une antenne de service public. Alors, j’invite les auditeurs qui le souhaitent, à lire la réponse apportée à leur message sur le site de la médiatrice. Richard Place, aviez-vous anticipé que cette couverture pourrait susciter chez certains auditeurs un sentiment d’excès ou de saturation? Comment gérez-vous la tension entre l’importance historique d’un tel événement et la diversité d’intérêts et de sensibilité de vos auditeurs ?

Richard Place: Le rôle de Franceinfo, c’est d’être là où se passe l’actualité, là où l’actualité est la plus chaude. La mort du pape est une actualité mondiale. Donc évidemment, nous nous devions de passer en édition spéciale à ce moment-là. Mais évidemment aussi, je sais que quand nous passons en édition spéciale, nous ne traitons plus qu’un seul sujet. Et donc les gens qui ne sont pas forcément intéressés de prime abord par ce sujet peuvent être décontenancés, voire agacés par l’antenne dans ces moments là. Mais on ne pouvait pas ne pas faire d’édition spéciale sur la mort du pape parce que c’est un événement, vous l’avez dit historique. Parce qu’à cet instant là, il y a plein de choses à raconter sur ce pape, en particulier sur son pontificat, sur la succession qu’il y aura derrière. Sur aussi le monde religieux et l’état de cette religion, du catholicisme, en France et dans le monde entier. Tout cela, nous l’avons évoqué dans cette édition spéciale qui a duré jusqu’au lendemain, parce qu’en effet nous nous sommes dit, je me suis dit qu’à ce moment là, il n’y avait pas d’autre actualité qui méritait d’apparaître sur l’antenne de Franceinfo, même si dans nos fils info, dans nos journaux, nous avons aussi traité d’autres actualités. Mais bien sûr, la mort du Pape et toutes ses conséquences ont beaucoup occupé l’antenne dans cette période là.

Emmanuelle Daviet: Comment définissez-vous, en tant que service public, la juste place à donner à cet événement religieux, politique, historique, sur Franceinfo ?

Richard Place: Il est religieux, politique et historique cet événement, donc il est énorme. Il prend une ampleur considérable. Souvenons-nous lors des obsèques, que nous avons donc abondamment traités samedi dernier, de cette image de Zelensky face à Trump dans la basilique Saint-Pierre, assis sur ces deux chaises. Rien que cette photo, c’est un moment que nous avons dû raconter, décrypter, expliquer. Comment les deux hommes se sont retrouvés dans cette situation. Et pendant les obsèques, nous avons beaucoup parlé de cet événement là, en particulier grâce, par exemple à Frédéric Says, de la rédaction internationale de Radio France. Parce que cet événement est protéiforme. Il y a les obsèques elles mêmes, il y a le religieux, il y a tout le cérémonial, mais il y avait aussi cette diplomatie des funérailles, tous ces chefs d’État qui étaient présents. L’ampleur que l’événement prend à cet instant là. Donc oui, nous nous devions de le traiter. Les obsèques, nous les avons traitées en étant en édition spéciale de 9h à 14h, il y a une semaine. Ensuite, nous avons repris le fil traditionnel du fonctionnement de Franceinfo et traiter les autres événements de l’actualité.

Emmanuelle Daviet: Le conclave chargé d’élire le successeur du pape François débute mercredi prochain. En 2013 et 2005, François et son prédécesseur Benoît XVI ont tous deux été élus après deux jours de vote. Quelle place occupera ce conclave sur l’antenne, demande des auditeurs ?

Richard Place: Il occupera beaucoup de place, mais nous ne serons pas en édition spéciale permanente. Nous ferons des pages spéciales régulièrement à partir du début du conclave, grâce à Nicolas Teillard qui sera sur place à Rome, grâce bien sûr à notre correspondant à Rome, Bruno Duvic, grand connaisseur du Vatican. Et puis nous aurons une reporter Agathe Mahuet, mais aussi pour faire parler les fidèles là bas, à Rome. Nous traiterons ici en France avec d’autres fidèles pour avoir leur sentiment par rapport à ce qui est en train de se passer, jusqu’à cette fameuse fumée blanche que nous attendrons, depuis la chapelle Sixtine et que nous décrirons avant d’avoir généralement 1h après le nom de ce pape, sa nationalité qui est aussi une dimension très importante. Et là encore, nous prendrons le temps sur Franceinfo d’expliquer qui est ce nouveau pape, quelles sont ses convictions et vers quelle direction il pourrait emmener l’Eglise catholique. Tout ça, ce sont des données importantes, même pour les non-croyants, parce que ce sont aussi des choix de société et que ce sont des moments qui sont aussi importants pour nous tous.