Les auditeurs jugent le procès de Nicolas Sarkozy trop peu évoqué sur l’antenne de Franceinfo. Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo et David Di Giacomo, chef du service police justice, sont au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet: Nicolas Sarkozy est actuellement jugé pour corruption passive, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens. Il a toujours plaidé la thèse du complot dans cette affaire qu’il qualifie de fable, une affaire trop peu évoquée sur l’antenne, nous écrivent des auditeurs qui souhaiteraient en entendre parler plus régulièrement. Florent Guyotat, est-ce un ressenti de la part des auditeurs ou bien un choix éditorial, puisque ce procès, on le sait, est particulièrement long, il dure quatre mois ?
Florent Guyotat: Alors je suis désolé que certains auditeurs le ressentent comme cela, mais il me semble que notre couverture est vraiment à la mesure de l’événement. Je le rappelle, ouverture de ce procès le 6 janvier dernier, nous avons proposé un long dossier en matinale, puis une édition spéciale pour l’ouverture du procès entre 13h et 14h. Alors c’est vrai que dans ce procès, il n’y a pas d’audience tous les jours. C’est pour ça finalement qu’on en parle pas tous les jours, seulement trois après-midi par semaine. Mais nous sommes présents quasiment à toutes les audiences. Nous avons fait les comptes avec le service Police-Justice de Franceinfo. Il y a eu depuis le 6 janvier, quinze après-midi d’audience. Nous étions présents quatorze fois. Donc ça me semble à la mesure de l’événement, avec à chaque fois un compte rendu dans nos éditions du soir, voire un compte rendu le lendemain matin. Et c’est important pour moi et pour nous. À chaque fois, nous nous efforçons de respecter l’équilibre le plus total. Bien sûr, nous faisons état des reproches qui sont formulés à l’audience à Nicolas Sarkozy. Et à chaque fois, nous donnons la parole avec notre envoyé spécial, Yannick Falt à la défense et nous évoquons la manière dont Nicolas Sarkozy et les autres prévenus se défendent.
Emmanuelle Daviet: David Di Giacomo, cette affaire est tentaculaire et d’une réelle complexité juridique. Est-elle difficile à rendre compréhensible pour le grand public ? Comment vous relevez ce défi ?
David Di Giacomo: C’est vrai que vous avez raison j’allais dire de parler de défi, défi pour notre journaliste Yannick Falt qui couvre cette audience puisque, en effet, c’est une affaire économique et financière. Elles sont donc souvent complexes. Et ici, dans ce dossier de l’éventuel financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, et bien, il y a beaucoup d’intermédiaires qui interviennent à la fois français mais aussi libyens. Il y a aussi des affaires dans l’affaire. Et tout cela, il faut en rendre compte sur l’antenne de Franceinfo, mais de manière synthétique à chaque fin de journée d’audience. Donc l’objectif de Yannick Falt, c’est d’essayer de toujours rappeler de qui on parle, ce qu’on reproche précisément à tel ou tel prévenu et de ne pas se perdre dans les détails, ce qui peut être un risque dans ce type d’affaires ultra complexe. Donc on essaye vraiment d’aller à l’essentiel et en même temps d’avancer avec les nouveaux éléments que l’on découvre chaque journée d’audience.
Emmanuelle Daviet: On poursuit avec cette question d’un auditeur qui souhaite savoir si le suivi de ce procès est similaire à celui d’une affaire criminelle.
David Di Giacomo: C’est vrai que c’est complètement différent parce que là, nous sommes devant le tribunal correctionnel de Paris, donc ce sont des magistrats professionnels. Alors que devant une cour d’assises, et bien on a des magistrats professionnels, mais on a aussi des jurés. Ce n’est pas du tout la même chose pour les convaincre. C’est vraiment plus l’oralité des débats quand on est en cour d’assises. Et ce n’est pas la même chose de couvrir une affaire de crime qu’une affaire économique et financière. Donc évidemment, ça rend, selon moi en tout cas, le suivi de ce procès plus difficile. C’est pour ça aussi que Yannick Falt a pris du temps pour se plonger dans cette affaire, comme vous le disiez, tentaculaire.
Emmanuelle Daviet: Fin du procès le 10 avril prochain. Serez-vous présent jusqu’à cette date Florent Guyotat ?
Florent Guyotat: Oui, très régulièrement, nous allons assister à quasiment toutes les audiences avec, à chaque fois que je vous le disais, des comptes rendus. C’est une affaire importante puisque, je vous le rappelle, il s’agit de savoir si oui ou non de l’argent du régime du dictateur Mouammar Kadhafi a financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il y aura le jugement ensuite, sans doute plusieurs semaines après cette date du 10 avril, puisque l’affaire sera mise en délibéré. Et à cette occasion là, nous proposerons à nos auditeurs une nouvelle édition spéciale.