Emmanuelle Daviet reçoit Estelle Cognacq, directrice de la rédaction de Franceinfo

Emmanuelle Daviet : On commence avec ce message à un auditeur nous écrit « J’écoute régulièrement votre antenne et je cherche vainement à entendre des journalistes politiques analysant le contenu des programmes des candidats. Au quotidien, on nous abreuve des faits et gestes des candidats, de leur déplacement, du nombre de personnes présentes à leurs meetings, de leur alliance ou non. Le contenu des propositions n’est jamais abordé en profondeur et analysé. « 
Estelle Cognacq, trouvez-vous cette remarque fondée ? Proposez-vous des analyses comparatives des programmes des candidats ?

Estelle Cognacq : D’abord, il y a plusieurs choses parce que dans une campagne présidentielle, il y a des temps différents et les programmes des candidats. On voit aussi qu’ils les révèlent progressivement au fur et à mesure de la campagne. Donc, on n’a pas toujours de quoi faire des comparatifs entre les différents programmes. Et tout ce qui concerne les alliances, les déplacements, meetings, ça fait partie de ce qui anime une campagne présidentielle. Après, on a déjà nous, traité des analyses comparatives de programmes ou les programmes des candidats à travers plusieurs émissions, notamment « Nos matins présidentiels » qu’on a démarré depuis le mois d’octobre où là, on a un candidat qui, sur la matinale, parle de l’actualité, certes, mais aussi d’éléments de son programme thématique. Et on a aussi dans cette séquence, des « Matins présidentiels », des questions des auditeurs. Donc, du coup, ça permet de se faire une idée sur le programme d’un candidat. On va rentrer à partir du 8 mars dans une nouvelle phase de la campagne où là, on aura les candidats déclarés où les programmes vont être un peu plus précis et on va mettre en place une nouvelle séquence dans la matinale. Et là, on confrontera les programmes de chacun et on les expliquera. Donc je dirai qu’il y a plusieurs temps dans une campagne.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec une remarque un peu particulière, mais qui mérite d’être relayée, car elle invite à rappeler le principe de rediffusion des sujets qui est propre à une chaîne d’info en continu. Voici le message. « Fidèle auditeur de France jugeant fiables vos informations, je regrette la pratique de rediffusion des interviews et reportages en faisant croire à l’auditeur que c’est en direct, en n’étant pas honnête sur la forme, vous instiller le doute sur le fond. Pourquoi faire croire qu’il s’agit de direct, notamment par le lancement dans cette période de défiance et de complotisme ? Je ne peux que vous inciter à être les plus honnêtes possible » Estelle Cognacq. Que répondez vous à cette remarque ?

Estelle Cognacq : Je pense que il ne s’agit pas d’honnêteté journalistique ou éditoriale de notre part, mais tout simplement aussi de l’organisation d’une chaîne d’info en continu. On ne peut pas nous aujourd’hui être en direct sur notre antenne 24 heures sur 24. Et puis, Franceinfo s’est construit avec une rediffusion d’un certain nombre de ses contenus éditoriaux, de ses reportages, de ses invités. Donc, quelque chose peut être en direct à un moment donné et rediffusé deux ou trois fois à d’autres moments de la journée. De la même manière, on a des journalistes qui travaillent sept jours sur sept et il y a des moments où ils peuvent être en direct ou pas, à la fois pour des raisons d’organisation, parce que quand on est sur le terrain, qu’on est en train de suivre un événement, un meeting, une manif ou aujourd’hui en Ukraine, ça n’est pas toujours possible d’être en direct. Mais par contre, pour le confort aussi de l’auditeur, nous enregistrons dans les conditions du direct. Donc, je crois que ce n’est pas une question d’être honnête ou pas par rapport à tout ça, mais plutôt une question d’organisation de Franceinfo.

Emmanuelle Daviet : On termine avec un coup de cœur des auditeurs de FranceInfo pour l’émission « Les Informés » avec des correspondants de la presse étrangère le samedi soir dès la première édition, il y a quinze jours, et ils ont écrit pour dire tout le bien qu’il en pensait. Alors voici des messages : « J’ai trouvé cette émission excellente. Ces journalistes étaient bien au fait de notre politique hexagonale et ils avaient également un point de vue extérieur que je trouvais très intéressant. » Autre message : « Quel souffle d’air frais aux Informés de FranceInfo le samedi soir. Un autre regard sur la France. Et puis des journalistes qui s’expriment à merveille. C’est à renouveler plus fréquemment. »

Estelle Cognacq, est-ce que ces messages ont été une incitation à renouveler la formule ?

Estelle Cognacq : Je dirais que oui, ça en fait partie. On a tenté cette expérience dans « Les Informés » parce qu’on est présent sept jours sur sept sur notre antenne. On avait envie de traiter la campagne présidentielle française à travers le regard de journalistes étrangers en France ou qui travaillent pour des médias étrangers, pour justement voir ce qu’ils en retiennent, est-ce qu’il y a d’autres faits, d’autres moments de politique de leur côté et à travers le prisme de leur pays. Et je dois dire qu’on a été nous aussi très contents du premier épisode et que les messages qu’on a reçus pour le premier et pour le deuxième nous incitent à continuer et à renouveler cette expérience en essayant aussi de l’ouvrir au plus grand nombre de correspondants possible pour que nous ayons des vues de plusieurs pays européens.