La situation dans la bande de Gaza fait réagir les auditeurs de France Inter, Franceinfo et France Culture. Nous publions une sélection de leurs messages.
Messages reçus entre le 24 et 28 mai 2025
À la suite de la chronique de Pierre Haski sur la lenteur des réactions internationales face à la tragédie de Gaza, je m’étonne encore plus du silence des pays arabes. Comment se fait-il que ces derniers restent aussi mutiques face à l’innommable drame qui frappe leurs frères à Gaza ? Je m’attendais à ce qu’ils soient les premiers à réagir, et avec la plus grande vigueur, en raison de leur proximité ethnique et géographique avec Gaza. Or, ce n’est pas le cas. Comment expliquer ce silence ? Pourriez-vous consacrer une chronique à ce sujet ?
L’avenir réaliste ne serait-il pas, plutôt que deux États, la recherche d’une République unitaire démocratique arabo-juive, bilingue et multiconfessionnelle ? Une petite organisation arabo-juive d’Israël, le Matzpen, n’avait-elle pas cet objectif dans les années 60-80 ?
J’ai écouté avec consternation votre journaliste qui évoquait « l’indifférence des Français » face à la situation israélo-palestinienne. Cette affirmation m’a profondément choquée, tant elle me paraît réductrice et éloignée de la réalité que je perçois autour de moi.
Dans de nombreuses villes de France, des personnes se mobilisent depuis plusieurs semaines pour exprimer leur indignation face aux souffrances humaines et aux violences qui frappent cette région. Ces rassemblements, bien que souvent peu relayés médiatiquement, témoignent d’un engagement réel, sincère et pacifique.
Par ailleurs, nombre de nos concitoyens, même s’ils ne manifestent pas, sont bouleversés, inquiets et profondément affectés par ce qui se passe. Leur silence ne signifie pas indifférence, mais parfois impuissance, parfois peur de mal dire, ou encore le refus de simplifier un conflit si complexe.
Je pense que les médias ont un rôle essentiel à jouer : non pas pour simplifier, généraliser ou désigner des attitudes collectives, mais pour refléter la diversité des sensibilités, des engagements et aussi des indignations silencieuses.
Une fois n’est pas coutume, j’ai écouté la radio hier soir à 18h30. Une fois n’est pas coutume non plus, je devais vous écrire et vous remercier.
En effet, c’est bien la première fois que j’entends une telle honnêteté dans un média, un débat d’une grande qualité humaine. Merci surtout à Quentin Lafay d’avoir admis ne « pas savoir pourquoi » il ne pouvait employer le terme de génocide, incitant ainsi Pierre Haski à reconnaître la même chose.
Vous avez accordé une grande place aujourd’hui aux partisans de sanctions contre Israël pour mettre un terme aux bombardements sur Gaza. Or, la meilleure solution pour que cela cesse serait que le Hamas libère tous les otages, et tout s’arrêterait.
Mais qui fait pression sur le Hamas pour cela ? Personne.
Vous pourriez le dire. Objectivité.
France Inter : je n’ai pas les mots pour exprimer ce que je pense de votre émission sur Gaza aujourd’hui. Votre ton posé et réflexif, affirmant que tous commencent à peine à réagir à la situation des Gazouis… Depuis deux ans, les peuples se mobilisent partout dans le monde pour affirmer leur soutien. Certains sont incriminés, menacés de justice, d’autres insultés comme antisémites. L’ONU a réagi, le tribunal international aussi. Vous, vous voyez seulement aujourd’hui des images de Gaza. Mais nous, nous avons suivi ce que partageaient les divers journalistes palestiniens depuis le début—tous sont morts aujourd’hui. Vous adoptez un ton objectif, comme si toute cette réalité n’existait pas. Elle n’existe pas pour vous. Mais nous, nous n’oublierons pas ce que nous avons vécu, vu et entendu. Si être objectif et neutre, c’est ce que vous faites aujourd’hui, après avoir, de temps à autre, il est vrai, donné la parole aux humanitaires revenant de là-bas, alors que cette guerre est depuis le début une catastrophe… Quel sens cela a-t-il ? Qu’est-ce que l’information ? Pourquoi s’informer ?
France Inter : c’est quand même incroyable que vous vous rendiez compte de cela aujourd’hui, alors que ces images circulent depuis des mois, réalisées par des journalistes palestiniens assassinés ou par des civils.
Juste pour dire que, de mon point de vue vous ne faites pas suffisamment la différence entre l’antisémitisme et l’anti-israélisme.
Personnellement je ne suis pas antisémitisme mais je suis très clairement contre le comportement des Israéliens envers le peuple palestinien et du respect des lois internationales et humanitaires.
Un commentaire : vous dites que les images arrivent et font que nous réagissons. Les photos sont visibles depuis octobre 2023, mais peu de monde voulait les voir. Les très nombreuses manifestations visant à informer sur la situation à Gaza et en Cisjordanie ont été très peu suivies, et cela reste toujours le cas aujourd’hui.
Les 200 journalistes palestiniens morts à Gaza nous ont adressé des messages, des films, des photos, mais les images ne passaient pas.
Plus grave encore, durant ces longs mois, les journalistes européens ne sont pas descendus en nombre dans la rue pour soutenir leurs collègues et porter leurs voix.
Il n’est peut-être pas trop tard, mais quel désespoir d’écouter ces émissions sur France Inter seulement maintenant. Continuez.
Je n’en peux plus d’entendre parler de ce qui se passe à Gaza tous les jours. Vous êtes devenus une chaîne pro-Hamas.
Vous ne parlez jamais du stress vécu quotidiennement par les Juifs. Ce peuple n’est pas responsable de ce qui se passe là-bas. C’est honteux. Combien de jeunes Israéliens sont morts ? Vous n’en parlez jamais.
Je suis de gauche et athée. Je n’écouterai plus votre chaîne.
Juste pour dire que, de mon point de vue vous ne faites pas suffisamment la différence entre l’antisémitisme et l’anti-israélisme.
Personnellement je ne suis pas antisémitisme mais je suis très clairement contre le comportement des Israéliens envers le peuple palestinien et du respect des lois internationales et humanitaires.
Bonjour, fidèle auditeur de France Inter,
Je m’étonne que de nombreux journalistes emploient l’expression « État hébreu » pour désigner Israël. Que font-ils des musulmans ou des Druzes, citoyens israéliens ?
Ce matin, c’était flagrant : JP Fillu, lui, n’employait que le nom Israël…
Messages reçus entre 17 et 23 mai 2025
Tant que le Hamas ne délivre pas les otages, je pense qu’il se moque des Palestiniens et que demander à Israël d’arrêter les combats n’est pas possible.
Une fois les otages libérés, si les combats continuent, là on pourra taper sur Israël mais tant que le Hamas, qui a tout déclenché, ne libère pas les otages, c’est qu’il est pour le massacre.
Insupportable d’entendre parler de “reprise des combats” à Gaza. 100 morts gazaouis par jour sous les bombes israéliennes. Parlons de “massacre”. Il est dangereux de ne pas être rigoureux avec le vocabulaire. Plus de sérieux. De rigueur. De courage. De professionnalisme. Merci.
Bonjour et félicitations à Radio France,
Quand je pense à Gaza, je repense au témoignage de Sabine Zlatin , ancienne directrice de la Maison d’Izieu au procès de Klaus Barbie : « Je veux dire surtout à la défense de Barbie que Barbie a toujours dit qu’il s’occupait uniquement des résistants et des maquisards. Ça veut dire des ennemis de l’armée allemande. Je demande : “Les enfants, les 44 enfants, c’était quoi ? C’était des résistants ? C’était des maquisards ? Qu’est-ce qu’ils étaient ? C’était des innocents !” »
En octobre 2023, chaque invité était sommé de condamner l’attentat Hamas comme « terroriste ». Depuis 18 mois l’armée d’occupation détruit systématiquement Gaza, écoles, hôpitaux, tentes des réfugiés, déplace 2 millions de personnes d’un bout à l’autre, terrorise donc ces 2 millions d’êtres humains. Et plus aucun journaliste ne demande aux invités si ces actions sont du « terrorisme », ce qu’elles sont pourtant selon la définition qu’a donné un intervenant de votre émission cette après-midi sur France Inter. Pourquoi ce double traitement ? Pour la Russie la demande de sanction était permanente après l’invasion. Pour Gaza la question est totalement absente. Ce double traitement est insupportable.
Auditrice depuis plus de 15 ans de Franceinfo (mais pas seulement), j’ai souvent été tentée de réagir à tel ou tel traitement de l’information, mais je ne l’ai jamais fait en définitive.
Aujourd’hui, toutefois, je me sens obligée de réagir, même brièvement, pour vous faire part de mon questionnement, voire de mon indignation, que partagent plusieurs personnes de mon entourage, au sujet de la situation terrible des Palestiniens dans la bande de Gaza. Il ne s’agit pas là d’une réaction spontanée à la suite des derniers événements, mais issue d’une mûre réflexion conduite depuis de longs mois.
Pour faire bref, beaucoup de personnes sont de plus en plus atterrées, voire horrifiées et scandalisées, à la fois par la situation humanitaire catastrophique à Gaza, qui s’apparente de plus en plus à une extermination de masse déguisée, mais aussi par l’absence de réaction des gouvernements, visiblement muselés par des enjeux politiques ou économiques, et encore davantage par ce qui s’apparente à une absence d’implication des journalistes et des médias qui semblent se contenter ponctuellement d’évoquer les faits sur un ton neutre. Leur déontologie alliée à la liberté d’expression devrait quand même aller bien au-delà. Si les attaques du gouvernement israélien contre les habitants de Gaza avaient lieu dans n’importe quel autre endroit de la planète, le monde entier hurlerait au « génocide » et dénoncerait une ignominie historique.
Or actuellement, on a certes droit à des déclarations ponctuelles, par ailleurs jamais suivies d’effets – en dépit des condamnations par les principales instances internationales –, mais sans commune mesure avec l’horreur qui se joue sous nos yeux. Je tiens à préciser qu’il ne s’agit là aucunement d’antisémitisme, que j’ai toujours rejeté de toutes mes forces, mais d’une condamnation sans appel des actions et de la politique menées par l’état d’Israël.
Encore une fois, il m’échappe totalement, ainsi qu’à de nombreuses personnes que je côtoie (sans oser s’exprimer publiquement à ce sujet), pourquoi au moins les journalistes et les médias ne traitent pas ce conflit comme un autre en critiquant objectivement les attaques d’une armée contre des structures civiles comme des hôpitaux (et même des humanitaires !) et globalement des civils qui sont tués, mutilés, livrés depuis des mois aux maladies, au manque d’eau, à la famine, au manque d’abri et d’hygiène, etc. Autour de 55 000 morts + 120 000 blessés + 11 000 disparus, en grande majorité des civils ! Gaza est en passe de devenir un mouroir à ciel ouvert. Partout ailleurs, le monde entier bondirait d’indignation et brandirait les menaces les plus persuasives pour que cessent de telles violences.
Maintenant vos invités veulent nous faire avaler que l’armée israélienne fait du « nettoyage ethnique » à Gaza.
Quelle manipulation ! Où sont les otages s’ils sont vivants ? Où sont les terroristes du Hamas qui refusent d’arrêter leurs exactions et qui continuent militairement comme s’ils étaient victimes ? Quelle est cette hypocrisie?
Quel est le choix des Palestiniens ? Je pense qu’il n’est pas clair. Il faut parler des otages et du Hamas en même temps. C’est le Hamas qui met la population en péril.
Nous sommes lundi 19 mai et, au journal de 7h, ce matin, je n’ai RIEN entendu sur Gaza.
Sauf erreur de ma part, les chars israéliens sont entrés dans la bande hier, pour la coloniser, ce qui représente un crime de guerre d’après la définition de l’ONU et est de plus contraire aux accords de 1947 au Moyen-Orient.
Je trouve le traitement de cette actualité nettement insuffisant et je vous demande, svp, d’être plus complet sur ce sujet crucial en ce moment.
Ce que j’entends est horrible. Ce débat dans Le grand face à face : « Est-ce que le mot “génocide” est juste et opportun ? » est d’une horreur absolue.
Faisons donc comme pour le Rwanda : attendons de voir. Au fait, quel est le nombre de morts à partir duquel on a le droit d’employer le mot ?
Faut-il attendre que tous les spécialistes s’accordent sur la justification de l’emploi du mot à ce qui est en train de se passer ? N’a-t-on même plus le droit d’alerter sur la catastrophe qui est en train de se dérouler ? Faut-il attendre que la catastrophe soit réalisée ?
Attaché à votre émission Le grand face à face et respectant les 3 intervenants : je suis atterré qu’à aucun moment la possibilité de sanctions de l’Union européenne soit ne serait-ce qu’évoquée ! Vos discussions sur le choix des mots concernant les massacres est pathétique.
Sur ce sujet Israël/Palestine vous n’arrivez pas à sortir d’une fatigante mauvaise foi. Regrets sincères pour ce constat.
Les Nations Unies qualifient les atrocités actuellement en cours à Gaza de « génocide ». Cela se passe « sous nos yeux » et on en parle à peine, entre deux autres informations, comme si c’était anodin. Israël est en train d’affamer les gazaouis et s’apprête à mener de nouvelles frappes, c’est sidérant, stupéfiant, honteux, scandaleux. S’il vous plait France Culture, parlez-en plus, aidez-nous à comprendre comment il est possible que nous ne puissions pas arrêter cela ! Merci.
J’ai écouté lundi un entretien sur Franceinfo sur la situation du conflit à Gaza. J’ai été choqué par les propos de l’invité, aveuglément critique d’Israël qui est présenté comme le seul belligérant et le Hamas comme un interlocuteur respectable. Il est tout à fait normal de critiquer Israël mais l’intervention était complétement militante.
Une rapide recherche sur l’intervenant présenté comme un « enseignant chercheur » montre qu’il s’agit en fait d’un militant d’extrême gauche propalestinien. La présentation comme un chercheur est trompeuse devant la partialité du militant d’extrême-gauche. Le tout avec la complaisance du ‘journaliste’ qui ne relève aucune des dérives.