Accords oubliés, liaisons fantaisistes, tournures approximatives, chaque jour des auditeurs écrivent pour signaler des fautes de français entendues sur les antennes de Radio France. Certains parmi eux s’interrogent sur les cours dispensés dans les écoles de journalisme et souhaitent savoir si les futurs professionnels suivent des cours de français lors de leur cursus. Que prévoit leur formation ? Nous avons posé la question à huit des quinze établissements de formation initiale au journalisme, reconnus par la profession.
J’écoute France Inter tous les jours et je suis, dans l’ensemble, satisfaite de votre programmation.
Cependant, je trouve que les journalistes qui donnent les flashs tout au long de la journée font de plus en plus d’erreurs de syntaxe, de mots, d’accords, de liaisons et écorchent la langue française. Ils parlent vite, n’articulent pas et n’ont aucune intonation.
Le niveau baisse même dans les écoles de journalisme ! Que vos journalistes refassent une petite formation en français.
Avant l’admission dans l’école : le niveau constaté
« Lors du concours d’entrée, les lettres de motivation sans faute d’orthographe sont de plus en plus rares. Il y a une dégradation importante du niveau de langue. » observe Charlotte Dorn, directrice adjointe du CUEJ (Centre universitaire d’enseignement du journalisme) à Strasbourg. Comme d’autres responsables de formation, elle note une baisse générale du niveau d’orthographe et de grammaire chez les étudiants. Et précise : « Ce n’est pas un jugement générationnel, mais un constat pédagogique : les jeunes lisent moins, écrivent moins, et ça
se ressent. »
Les fautes d’orthographe, les maladresses de syntaxe et les tics de langage ne sont pas rares chez les futurs journalistes. Mais les écoles n’ignorent pas le problème, bien au contraire. À l’ESJ Lille, par exemple, « le français a été mis en tête de peloton dans les critères d’admission », affirme Corinne Vanmerris, responsable de formation. L’orthographe, la richesse du vocabulaire, la précision du style font partie intégrante de l’évaluation des candidats, même si les modalités de sélection ont évolué. Depuis le Covid, les concours sur table ont progressivement disparu cependant le contrôle du niveau de français a été maintenu. La majorité des écoles ont ainsi conservé une épreuve spécifique de français dans leurs concours d’entrée, qu’elle soit écrite ou orale.
Au CFJ (Centre de Formation des Journalistes) à Paris, par exemple, « l’orthographe et l’expression sont prises en compte dans toutes les épreuves écrites, et une des quatre épreuves orales est spécifiquement consacrée au français », précise Sophie Lutrand, directrice de l’école. À l’IJBA, (Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine), les candidats doivent, dès l’oral d’admission, corriger en direct les fautes d’un texte donné.
Pendant la formation : des exigences renforcées
Plusieurs écoles ont décidé de muscler leur accompagnement. À l’IPJ Paris Dauphine (Institut Pratique du Journalisme), les étudiants doivent valider le niveau 4 (le plus élevé) sur une plateforme appelée Orthodidacte. « C’est un outil obligatoire, utilisé dès l’entrée à l’école, et qui doit être validé avant la fin du premier semestre. Le niveau est vérifié. Et s’il n’est pas atteint, les étudiants ne valident pas un module d’enseignement décisif pour leur master », explique Stéphane Béchaux, membre de l’équipe pédagogique.
Même vigilance au CUEJ, où a été introduite depuis la rentrée de septembre 2024, la plateforme Écrit+, développée par plusieurs universités, qui permet de valider des compétences précises en orthographe, grammaire, conjugaison ou expression écrite. « C’est très exigeant », insiste Charlotte Dorn. « On leur laisse du temps pour la compléter, mais il y a une obligation de résultat. Certains étudiants s’y sont plongés sérieusement et valident tous les exercices, d’autres ont plus de mal, mais on ne peut plus faire l’impasse. »
À chaque rentrée, l’ESJ Lille organise une dictée. Méthode que certains jugent « vieille école » mais qui fait ses preuves puisque cet exercice fait office de véritable outil de diagnostic : il permet d’identifier, les étudiants en difficulté. Une fois repérés, ces derniers doivent obligatoirement passer la certification Voltaire. Pour l’année 2024-2025, cinq d’entre eux sont concernés. La direction réfléchit d’ailleurs à généraliser cette démarche. « C’est une réflexion en cours : rendre la certification obligatoire pour tous les étudiants serait un signal fort », affirme Corinne Vanmerris.
Des méthodes différentes mais une vigilance commune
À l’IJBA, le contrôle de la langue passe aussi par des cours de SR (secrétariat de rédaction, correction de texte) très présents, et par un accompagnement individualisé. Alyssa Appino, étudiante, se souvient avoir reçu un glossaire listant les expressions à bannir, les synonymes à privilégier, et insiste sur l’attention portée à la précision de l’expression orale.
Même stratégie au Celsa à Paris, où Marin Tezenas, étudiant en alternance, souligne la rigueur des intervenants : « Dès qu’une faute est repérée, elle est systématiquement corrigée. Il y a une pression positive entre les étudiants, on s’auto-corrige, on progresse ensemble pour tous être en mesure de travailler en rédaction. » Les cours de SR y sont également conçus pour confronter les étudiants à des textes volontairement truffés de fautes, afin de les entraîner au repérage et à la correction. C’est aussi un exercice emblématique de l’EPJT (l’école publique de journalisme de Tours) et de l’EJDG (l’école de journalisme de Grenoble) mis en place dès le premier trimestre de master 1.
Un symptôme plus large que de simples lacunes scolaires
Tous les responsables pédagogiques s’accordent sur un point : si les écoles de journalisme redoublent d’efforts pour corriger les lacunes, elles ne peuvent pas tout. La baisse du niveau de français ne leur est pas propre ; elle reflète des tendances profondes. Moins de lecture, plus de formats courts sur les réseaux sociaux, une culture du zapping informationnel : autant de facteurs qui pèsent sur la qualité d’expression des jeunes générations.
« On ne peut pas lire à leur place », résume Stéphane Bécheaux. « La richesse de la langue vient d’une fréquentation constante de textes exigeants. Or, aujourd’hui, la plupart des jeunes s’informent par TikTok ou via des formats très réduits. Ce n’est pas là qu’on enrichit son vocabulaire. »
Reste que la maîtrise du français demeure le socle du métier. À Radio France, les auditeurs sont particulièrement sensibles au bon usage de la langue comme en attestent les messages reçus chaque jour, publiés ensuite sur le site de la médiatrice et consultés par les journalistes.
Camille AMARA
Il ne s’écoule pas une journée sans que, sur les ondes, sur les plateaux ou dans les textes produits par les chaînes de radio ou les articles proposés aux auditeurs/rices ou aux lecteurs/rices de RADIO FRANCE, nous ayons droit à des fautes de français inacceptables. Aujourd’hui encore, sur le site de FRANCE INFO, il est proposé un « Inégalités filles/garçons, t’en penses quoi ? ».
Quand va-t-on imposer des cours de pratique de la langue française dans les écoles de journalisme ?
Vraiment, j’ignore ce que vous faites dans les écoles de journalisme. Apparemment, nul ne vous apprend le français… Non, pas le département DU Vaucluse, mais DE Vaucluse. De vallis clausa, la vallée close. CQFD.
France Inter est tombée bien bas (la radio, donc ça s’accorde)
Émission sympathique, mais… ne pourrait-on pas donner des cours de français dans les écoles de journalisme ??? Prenez un crayon et un papier, cochez chaque faute de français, à commencer par la non-conjugaison des négations…
Prévoyez un bloc !
Les intervenants des Petits bateaux sont également souvent une souffrance, alors que, ne l’oublions pas, ils sont supposés s’adresser à des enfants ??? Eux sont incontrôlables, alors on serre les dents… C’est lamentable, irresponsable d’arriver à un tel massacre de la langue française !
Quelle honte !!!
Quelle honte, une journaliste qui annonce au journal de 19 heures « des panneaux solaires installés sur la toiture d’un commerçant ». Même ma petite fille âgée de 8 ans, à laquelle j’apprends à parler un français correct, ne dirait pas une telle bêtise !
Faites de la maîtrise du français une obligation de stage pour les journalistes du service public ! Ils ne parlent pas le français correct que je maîtrisais en classe de CM2 dans une école primaire publique.
Honte à votre journaliste qui a dit à l’antenne ce matin : « Ce soixantenaire est prêt à assumer la tâche. »
Quelle inculture pour un journaliste ! Envoyez-le en formation continue pour des cours de français !