Dans un des journaux du matin, la journaliste à plusieurs reprises a parlé du Manifeste des 343 or faute évidente il s’agit du Manifeste des 343 salopes et pas du Manifeste des 343…

Je suis stupéfaite de la façon dont on parle à l’antenne du « Manifeste des 343 salopes ». Dans plusieurs programmes, les infos, le mot « salope » a disparu. Or il me semble que cette disparition vide de tout son sens militant et historique ce texte. Bien-pensance ?

Je me permets de suggérer à votre journaliste d’écouter l’émission de Bruno Duvic à 13h30 ce lundi 5 avril : elle y apprendra sans doute que le manifeste pour la liberté de l’avortement, en 1971, était celui « des 343 », et non celui des « 343 salopes », comme elle l’a annoncé dans son flash de midi, qui est celui détourné par Charlie Hebdo, et trop souvent donné comme l’original… De la part d’une journaliste aussi pro que votre journaliste cela me déçoit beaucoup ! J’espère qu’elle fera un rectificatif. Merci pour tous vos programmes.

Ça fait plusieurs fois que j’entends, et notamment à l’instant dire : « le manifeste des 343 Salopes », et ça m’énerve !
Non pas à cause des gros mots, mais parce qu’il est capital de contextualiser (dire que c’est de l’humour, un soutien de la part d’un journal satirique). Si on ne contextualise pas il va y avoir une lecture au premier degré des intégristes, et des jeunes qui ne connaissent pas l’histoire de ce combat ! Arrêtez de prendre des raccourcis ! Merci de rectifier, surtout vous qui êtes des professionnels de l’information.

J’entends les journalistes célébrer le « Manifeste des 343″… Ils semblent oublier (sauf sur France Culture) que le titre complet était « Le Manifeste des 343 SALOPES ». Lorsque le roman de Sartre est paru, la censure de l’époque (1947 !!!!) a obligé l’éditeur de donner pour titre « La p… respectueuse ». Vos journalistes auraient pu parler des « 343 S.… » Même pas… Manque de courage ? Autocensure ? Dans ce cas, je suppose que Cambronne n’aurait rien dit à Waterloo ; le film de Jean Eustache s’intitulerait « La maman et la… » ; le film d’Aldrich  » Les douze… » le film de Tonie Marshall  » Enfants de… » etc. etc. . Ces 343 femmes savaient les risques qu’elles prenaient, et ne se cachaient pas derrière un écran d’ordinateur, elles. Elles ont sciemment utilisé le mot « Salope » et cette censure de radio France est tout sauf un hommage à ces femmes, mais une injure à leur courage. Si vous n’osez pas parler du « Manifeste des 343 SALOPES », alors, n’en parlez pas du tout.

En mai 68, j’avais 20 ans et 10 mois, donc pas encore majeure ! J’étais étudiante à Grenoble et avais fait une démarche avec une amie auprès du planning familial qui était en pointe à l’époque pour obtenir la pilule qui apparaissait dans notre environnement féminin (loi Neuwirth). Nous avons été refoulées sans même obtenir une écoute bienveillante, car pas majeures.
Un mois plus tard, avec la complicité de mes parents, j’ai subi un avortement avec les aiguilles à tricoter, heureusement sans conséquences sur ma santé, mais jamais oublié ! Le manifeste des 343 « salopes » a été très libérateur de culpabilité.

N’oubliez pas qu’il y avait des femmes gynécologues qui pratiquaient les avortements, en cachette dans leur cabinet, pour que cela se passe dans de bonnes conditions sanitaires ! Elles prenaient vraiment des risques…

Les femmes invitées à s’exprimer disent toutes vouloir avoir la maîtrise de leur corps. Il ne faut pas avoir fait beaucoup de biologie pour savoir qu’il s’agit du corps d’un ou une autre à partir du moment où il y a eu fécondation.
Pourriez-vous un jour prochain inviter un(e) biologiste qui expose le processus de l’embryogénèse pour que tous puissent s’approprier les connaissances nécessaires pour se faire une opinion.

Je ne comprends pas comment vous avez pu faire l’impasse sur les risques qu’avaient pris certains médecins en pratiquant les avortements clandestins. J’en connais un sur Lyon qui ne voulait même pas être payé pour le faire. J’aurais aimé pouvoir le remercier au nom de mes deux sœurs qui ont pu bénéficier de ses services (par aspiration, ce qui était autrement plus doux que les curetages pratiqués dans certains hôpitaux ! Comme si les femmes devaient souffrir pour oser mettre fin à une grossesse !)