Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée des personnes en situation de handicap et Claude Chirac étaient les invitées du Grand entretien de la matinale de France Inter ce 12 janvier pour le livre « La force des différents » aux éditions JC Lattès.

Je suis enseignante en école maternelle. J’entends la détresse des parents qui ne peuvent pas scolariser leur enfant faute d’AESH. C’est très dur d’entendre que l’école refuse de scolariser ces enfants. On fait croire que l’inclusion de tous est possible ! Il faut savoir que dans certains cas (et c’est du vécu.) avoir en classe un enfant handicapé sans AESH, ne nous permet tout simplement pas de faire notre travail. Il m’est arrivé dans cette situation, soit de négliger l’enfant handicapé, soit de négliger le reste du groupe-classe. Imaginez la terrible frustration et le sentiment d’injustice qui s’ensuivent. Je suis une enseignante motivée, impliquée, compétente. Les élèves sont heureux dans ma classe. J’ai eu en classe de nombreux enfants handicapés que j’ai accompagnés avec toute la bienveillance et le professionnalisme possibles. Certains, pourtant n’étaient pas bien dans ma classe : leur handicap n’était juste pas compatible avec les contraintes, classes surchargées, exiguës, bruit, mouvements inhérents à un groupe classe. Leurs éducateurs et psychologues en convenaient. 

La réponse récurrente de tous les politiques au pouvoir à la question : « ne peut-on pas les augmenter, ils n’ont même pas le smic ! » Est : « ils sont déjà au smic horaire mais sont sur le temps scolaire »(24h/semaine). Le vrai problème est précisément là ! Pourquoi devraient-ils être payés au smic horaire. Ce métier (stressant, usant) ne mérite-t-il pas un salaire horaire à 15, 16€/heure ?

Merci d’avoir abordé dans l’espace d’une seule matinale les sujets de l’enfance en danger (film sur les MECS) et l’entretien avec Mmes Cluzel et Chirac sur le handicap. J’ai (Président d’une Sauvegarde de 1200 salariés) attiré votre attention à plusieurs reprises depuis deux ans sur les conditions de travail des travailleurs sociaux qui prennent en charge les différentes formes de l’enfance en danger, mais aussi les différentes formes de handicap et soulignent, à chaque fois, les difficultés de ces professionnels, leurs salaires dérisoires et le fait que, durant la pandémie, tout comme les soignants, ils avaient été « sur le pont » sans que cela n’ait suscité la moindre réaction de la part du gouvernement (exclusion du Ségur). Pourtant, aujourd’hui (et vous ferez ce que vous voudrez de cette information, c’est-à-dire, sans doute pas grand-chose.) toutes les associations en France qui prennent ces personnes en charge sont confrontées à un problème MAJEUR de recrutement de personnel du fait, notamment, des salaires dérisoires qui leur sont versés. C’est un PROBLÈME RÉEL et si vous interrogez les différentes instances au niveau national, on vous dira la même chose. Mais, tout ce que je vous dis là n’est pas très médiatique en fin de compte, n’est-ce pas ?

Merci à Claude Chirac pour tous ces mots sur les personnes aidantes, très vrais, très justes et très sensibles. Des mots qui me permettent de mettre moi-même des mots sur ce que je vis au quotidien dans les soins apportés à ma mère vieillissante et malade, tout en travaillant. Bon courage à elle.

Bravo de mettre en avant le sujet des proches aidants si peu abordé ! Il faut considérer leur statut, valoriser ce travail par une indemnité et surtout des jours de congé avec des solutions d’accompagnement pour les aider ! Prenons exemple sur nos voisins du nord.

Éducatrice spécialisée auprès de jeunes handicapés moteurs avec ou sans troubles associés durant plus de 20, j’ai été confrontée quotidiennement à des difficultés environnementales, sociales… Les politiques publiques veulent tendre vers le tout inclusif sans donner les moyens aux établissements et services qui accompagnent les personnes en situation de handicap et parfois sans tenir compte des projets individuels des personnes accompagnées, donc en désaccord avec la loi de 2002. D’autre part, comment voulez-vous recruter du personnel quand, si le Ségur est mis en place, une aide-soignante gagnera plus qu’un moniteur éducateur qui a fait de plus longues études ! Et sans parler des éducateurs spécialisés qui, en fin de carrière sont loin des 3 000 € nets par mois alors que ce métier demande une grande implication avec des risques psychiques et physiques non-négligeables ! Les exemples cités par Mme Cluzel dans son livre sont encore et encore l’exception et ne ressemblent en rien avec ce que vivent les familles et les professionnels au quotidien !!! Je vais m’arrêter ici, mais il y aurait beaucoup à en dire. Je reste disponible si jamais mon témoignage est susceptible de vous intéresser. Je vous souhaite une meilleure année 2022.

Très émouvant. La sincérité de Claude Chirac est très vraie, bouleversante. Merci pour ces moments.

Merci pour ces échanges, c’est un sujet crucial de notre époque. Formation des agents, cias… Déserts médicaux… Le maintien à domicile est un parcours du combattant.

Changé de regard sur la « différence » signifie pouvoir intégrer les enfants porteurs d’handicap dès la maternelle… Pour cela, il faut des moyens, former les personnes et BIEN les payer, les traiter, ne pas les changer d’école chaque année, par e exemple. C’est aussi pour cela que nous faisons grève, demain.

Pendant plusieurs années, Sophie Cluzel a été la présidente de la FNASEPH, fédération des AVS. Elle militait pour changer le statut de ce personnel précaire. Si des changements ont été réels, la précarité existe toujours, rendant ce « métier » peu attractif à temps partiel imposé. Un salaire à la hauteur des missions, un temps complet à 35 h possibles, un CDI après un an de stage, bref, un vrai métier de la fonction publique permettrait à ces enfants de vivre l’école presque comme les autres, a des parents de reprendre une activité professionnelle, à des enseignants d’inclure réellement ces enfants, et à des jeunes de rejoindre un métier qui les passionne et qui est mieux considéré. Les points de vue et revendications changent quand on arrive aux responsabilités !

Je n’entends pas la parole des enseignants. Les enseignants sont dans leurs classes avec des enfants qui lorsqu’ils sont dans les centres de soins sont pris en charge avec une soignante pour 3 ou 4. Dans les classes, c’est parfois ingérable, même avec AVS. Il y a des enfants qui hurlent, se jettent par terre, frappent. C’est une violence pour tous, enfant en intégration, les autres enfants, les adultes. L’intégration permet surtout de baisser les moyens dans les prises en charge.

Je suis consternée d’entendre Mme Cluzel n’envisager l’augmentation de la rémunération des AESH que par le biais de l’augmentation des heures de travail (dont elle sait que c’est quasi-impossible) et pas du tout par la remise en cause de la base de rémunération au niveau du SMIC. Nous ne sommes donc justes que des professionnelles avec si peu de compétences et nous n’apportons que si peu de « valeur ajoutée » pour ne pas mériter mieux qu’une rémunération basée sur le SMIC ? C’est à pleurer…

Et merci pour le grand entretien de ce matin… beaucoup d’humanité, d’espérance…. Ça fait du bien d’entendre ce type de témoignages et d’entretien… Je lirai ce livre.

Mme Cluzel, Le secteur du Médico-social est en crise, les salaires n’évoluent pas, et aujourd’hui le Ségur de la santé ne prévoit pas une augmentation des salaires pour une grande partie des travailleurs sociaux. Les vocations tendent de ce fait à se faire rares et les recrutements sont très tendus.

Mme la ministre parle des possibles pour les personnes atteintes de handicap, mais comment se fait-il que l’état ne s’engage pas davantage dans l’investissement de centre spécialisé, car on sait combien d’enfants atteints de handicap sont en Belgique… Quantité de parents et d’enfants sont en attente de place…

Qu’attend le gouvernement pour étendre le Ségur à toutes les catégories professionnelles accompagnant des personnes en situation de handicap ? Sophie Cluzel parle du « care » : prendre soin, à ce titre, même si nous ne sommes pas tous « soignants », nous prenons soin des personnes accompagnées et à ce titre nous méritons une égalité salariale revalorisée pour tous nos métiers. 

Comment madame la ministre peut-elle dire que certaines familles font d’autres choix que de garder leur parent chez eux, c’est avec beaucoup de douleur et après des années d’aidant que l’on place son parent, la situation n’étant plus tenable physiquement et financièrement à domicile.

À force de fermer les IME des enfants sont en souffrance et les structures favorisent une inclusion (Sessad Ulis Aesh) est absolument surchargée…