Les diplômes jouent un rôle discriminant dans l’accès à l’emploi. Le baccalauréat, malgré sa “massification” ne déroge pas à la règle. Les auditeurs ont réagi au sujet des « Matins de France Culture » du 16 mai

On a beaucoup dit il y a quelques années – l’avez-vous oublié ? – qu’un des problèmes de l’éducation en France était que le système « éducation nationale » perdait parfois de vue un point essentiel : plus que la quantité de connaissances enseignées, ce qui compte au premier chef c’est leur véritable ASSIMILATION (ce n’est pas nouveau ; voir Montaigne …) – et ce d’autant plus que la révolution silencieuse de la formation continue (loi de 1971) et le fabuleux développement des medias et de l’information permettent plus que jamais la « formation tout au long de la vie ». A-t-on pleinement tiré les conséquences de cette double révolution ? Les horaires et les programmes du secondaire ne sont-ils pas pléthoriques ? le système ne doit-il pas veiller avant tout à cette nécessité d’une bonne ASSIMILATION en profondeur des connaissances dispensées ?

Lundi 16 mai, deux universitaires, sont invités pour commenter et expliquer la nature de la massification scolaire, ses effets sur le baccalauréat, ainsi que la manière dont les professeurs (des écoles ou bien du secondaire) adaptent ou pas leurs techniques pédagogiques. Je précise que j’enseigne l’histoire, la géographie et même la géopolitique dans un lycée de la banlieue toulousaine depuis deux décennies. L’un des invités s’est à un moment fendu d’une comparaison digne du café du commerce : en France les professeurs insisteraient sur ce qui ne va pas dans le travail réalisé par les élèves, et poseraient même des questions pièges pour que les résultats d’une classe ressemblent toujours à une courbe de Gauss. Il faudrait inviter, sur des sujets pédagogiques, des pédagogues de terrain, qui fréquentent de vraies classes avec de vrais élèves. Assez d’universitaires, de chercheurs en sciences sociales ou même en sciences de l’éducation (tous les gens respectables dans leur domaine propre) : plutôt des professeurs lambda, qui enseignent depuis des années. Il aiderait ainsi ses auditeurs à prendre conscience que non seulement ces derniers travaillent concrètement, mais réfléchissent à leurs pratiques, et savent faire la part de ce qui leur revient dans les résultats de leurs élèves, mais aussi celle des contraintes que fait peser sur eux un système de plus en plus comptable et bureaucratique, au fonctionnement de moins en moins transparent et humain. Je souhaite d’autant plus transmettre ce message à son destinataire que j’apprécie ses émissions, mais varier l’origine de ses invités, pratiquer une ouverture sociale réelle parmi ses interlocuteurs fait partie des attentes de l’auditeur que je suis. Il est vrai qu’un lundi matin, il est peut-être plus aisé de faire venir un conférencier qu’un professeur du primaire ou du secondaire, obligé par son emploi du temps de prendre en charge ses élèves à 8 h. 

J’en ai par-dessus la tête d’entendre toutes sortes de « pédagogisâtes », philosophes et sociologues sur l’enseignement.
Ils n’en sont pas les experts, ni les spécialistes.
Les spécialistes c’est nous : les enseignants du primaire et du secondaire.
Personnellement, je n’en peux plus des discours de ces gens qui ont oublié depuis longtemps l’enfant et l’adolescent qu’ils ont été. Ils sont pour la plupart des idéologues déconnectés du sujet.
Interrogez donc les vrais spécialistes. Nos avis sont contrastés mais au moins nous, nous savons de quelle réalité nous parlons.

Il a fallu attendre 7 h 59 pour entendre que les études servaient à apprendre quelque chose. Quelle horreur ! Si les études supérieures sont uniquement considérées sous l’angle de leur « rentabilité économique », si elles sont vues comme un moyen d’augmenter d’un an l’espérance de vie, rattachons-les au ministère de la santé et prescrivons-les. Je veux dire, rendons-les systématiques et obligatoires, comme le vaccin. Pourquoi maintenir un « examen » fantoche qui interdit aux 4 % qui parviennent encore à y échouer l’accès à un an d’espérance de vie supplémentaire ? Ouvrons l’accès à l’enseignement supérieur à TOUS les élèves de lycée qui le souhaitent. Mais surtout, ne leur donnons pas l’illusion qu’ils ont obtenu la certification d’un savoir, de compétences. Finissons de détacher le baccalauréat des apprentissages. Supprimons-le. Trêve d’hypocrisie.
Evidemment, je suis un « enseignant », qui se résigne difficilement à devenir un faux monnayeur.

Les mathématiques ont été un avantage comparatif pour la France.
Depuis 30 ans les gouvernements successifs déploient leurs efforts pour détruire cette compétence afin de complaire à l’opinion. Aujourd’hui le niveau des élèves en terminale – y compris de ceux qui suivent l’option math expert- est tellement bas qu’il ne permet pas de suivre des études scientifiques de haut niveau.
La France peut-elle se passer d’ingénieurs, de chercheurs, de médecins ? Faudra-t-il, demain, « importer » ces compétences comme aux Etats-Unis ? C’est la souveraineté scientifique de la France qui est en jeu. Merci de traiter ce sujet.

C’est avec grand intérêt que j’ai écouté ce débat sur l’enseignement supérieur en France.
Moi-même enseignante en Classes préparatoires, je voulais souligner que la différence de coût par étudiant à l’université et en CPGE tient en partie aux colles (oraux hebdomadaires de 20 minutes où chaque étudiant est seul avec un professeur). Ce sont des exercices très profitables pour les étudiants, mais inapplicables à l’université en raison du nombre d’étudiants.
Si les résultats comparatifs évoqués par un invité entre les cursus BTS, IUT et l’université sont exacts, ce n’est pas seulement une question de ratio professeur étudiant, mais de sélection des candidats à l’entrée des premiers.
Enfin, les frais de scolarité exorbitants à nos yeux des universités britanniques et américaines leur donnent la possibilité de fournir un enseignement de qualité. Ces universités sont également soutenues par des fondations.
Il ne faut pas se voiler la face : aucun des deux systèmes, français ou anglo- saxon, n’est parfait.
On pourrait s’inspirer des bourses au mérite issues de fonds privés qui existent aux Etats-Unis.
Parcours Sup devrait mieux orienter les futurs étudiants car la solution ne me paraît pas être enseignement supérieur gratuit (ou presque) et choix de filière quel que soit le niveau du candidat. Cela aggraverait encore la situation préoccupante des universités françaises.