Je suis fidèle à votre antenne. Ce matin, j’ai pris une gifle sémantique quand Macron se prenait une baffe : votre journaliste a en effet évoqué l’acte d’un homme “proche de la mouvance anarchiste d’extrême droite“. Même si chacun d’eux est multiple et connait ses chapelles et ses courants, l’anarchisme et la droite sont plutôt antinomiques : l’anarchisme prône une absence d’État là où la droite autoritaire ou bonapartiste veut un État fort. Même la droite économiquement libérale, si elle rejette l’État Providence, veut un État qui maintient l’ordre. Quant au néo-libéralisme, on est allé jusqu’à inventer pour le désigner le terme « libertarien » qui rappelle le mot « libertaire ». Mais le libertarien veut un capitalisme sans entrave étatique là où le libertaire veut abolir et l’État, et le capitalisme. Enfin, à l’extrémité de la droite, on a le culte du chef, Duce, Führer ou Caudillo. Revenons à la gifle : quand on pousse une exclamation royaliste (« Montjoie Saint-Denis ») pour accompagner le soufflet asséné à un président d’une démocratie parlementaire, c’est sans doute que l’on a des convictions royalistes. Et, que l’on sache, la monarchie absolue, et même sa petite sœur la monarchie parlementaire, ne peuvent pas être confondues avec la Catalogne de 1936 ou la Commune de Paris. D’ailleurs, dans l’Espagne libertaire, c’est précisément contre les « mouvances d’extrême droite » que l’on se battait. Voilà pourquoi j’en veux votre journaliste pour cette sémantique qui répand un brouillard politico-confusionniste.

Relevé dans les journaux de France Culture, l’appellation « mouvance anarchiste d’extrême-droite ». Cela me paraît une mauvaise utilisation du mot anarchiste dans son sens premier et historique. (Une pensée à Léo Ferré qui déplorait le mésusage du mot anarchie.)
Nommer les choses avec le plus de précisions possibles me semble être une des missions des chaines d’information publiques en ces temps de désinformation et de confusion…

Je suis particulièrement étonné de la formule utilisée pour illustrer l’origine politique éventuelle des agresseurs du président de la République. Vous évoquez des « anarchistes d’extrême droite ». Permettez-moi de vous préciser que je ne vois pas du tout à quel courant de pensée vous faites référence. Mon père était un libertaire espagnol, il doit se retourner dans sa tombe. Merci si je fais preuve d’ignorance de me faire part d’une information plus précise. Je vous en remercie vivement.

Outre le fait que France Inter ait donné le prénom de l’agresseur du président de la République, ce qu’elle ne fait pas pour d’autres faits divers, (!?), les journalistes ont insisté sur le fait qu’il était « d’extrême droite ». Or j’ai entendu une interview, à visage découvert, d’un ami de l’auteur de la gifle qui expliquait qu’il avait participé avec les Gilets jaunes à, je cite : « une ou deux ouvertures de péage » et qu’il a pu être énervé par des déclarations du Mr Macron. Il faudrait donc aussi que vous rappeliez cette proximité avec les Gilets jaunes pour faire véritablement œuvre journalistique. Question subsidiaire : Le mouvement des Gilets jaunes était-il d’extrême droite ou d’extrême gauche ? Sans doute beaucoup des deux et assurément beaucoup trop violent dans une démocratie.

Je suis étonné d’entendre, aux infos, sur une radio culturelle de qualité, qualifier une personne « d’anarchiste d’extrême droite ». Une telle méconnaissance de l’histoire politique et philosophique du mouvement ouvrier est indigne d’un média culturel, censé avoir une connaissance du socialisme et son histoire et l’extrême droite et son histoire.

Dans un journal, votre journaliste nous a précisé que l’agresseur du Président de la République était proche de la mouvance « anarchiste d’extrême droite. Confusion totale, si l’on se fie aux définitions, aux travaux des historiens les valeurs de l’extrême droite sont la négation de celles de l’anarchisme. Entretenir une telle confusion ne contribue pas à informer clairement les auditeurs.
Selon Michel Winock, historien français, les discours de l’extrême droite répondent à neuf caractéristiques :
 » la haine du présent, considéré comme une période de décadence ;
La nostalgie d’un âge d’or ;
L’éloge de l’immobilité, conséquence du refus du changement ;
L’anti-individualisme, conséquence des libertés individuelles et du suffrage universel ;
L’apologie des sociétés élitaires, l’absence d’élites étant considérée comme une décadence ;
La nostalgie du sacré, qu’il soit religieux ou moral ;
La peur du métissage génétique et de l’effondrement démographique ;
La censure des mœurs, notamment la liberté sexuelle et l’homosexualité ;
L’anti-intellectualisme, les intellectuels n’ayant aucun contact avec le monde réel (Poujadisme). »
En ouvrant un dictionnaire voici la définition de l’anarchisme :
« Conception politique et sociale qui se fonde sur le rejet de toute tutelle gouvernementale, administrative, religieuse et qui privilégie la liberté et l’initiative individuelles. »