Les élections européennes :
- La dissolution de l’Assemblée nationale
- « Et l’abstention ? »
- Le rôle des médias
- « Et les programmes ? »
- La désillusion envers la classe politique
- Guillaume Meurice
- Le décès de Françoise Hardy
- « Les mots du soir » sur France Bleu
- Langue française
À la suite des élections européennes, nous avons reçu de nombreuses réactions de la part des auditeurs. Beaucoup d’entre eux ont exprimé leur point de vue sur le traitement éditorial de toute cette séquence politique, en particulier la dissolution de l’Assemblée nationale, la question de l’abstention, l’analyse des programmes des partis et le temps de parole du Rassemblement national.
En parallèle, dans un abondant courrier, les auditeurs témoignent de leur profonde désillusion envers la classe politique.
Le choix de la dissolution de l’Assemblée nationale
Les messages expriment diverses réactions à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. A propos de la couverture éditoriale, certains auditeurs se demandent pourquoi les journalistes ont semblé surpris par cette décision, considérée par certains comme une possibilité évidente. Ils s’interrogent sur « la mise en scène dramatique » de cette réaction.
Sur le plan politique, des auditeurs perçoivent cette décision comme un mélange incongru des enjeux nationaux et européens et la considèrent comme un « suicide politique ». Ils estiment que les résultats de cette élection ne devraient pas automatiquement conduire à un changement de gouvernement national. Ils soulignent la possibilité que les électeurs aient des préférences différentes pour l’Assemblée nationale et le Parlement européen.
Certains critiquent sévèrement les éditorialistes qui qualifient le président d’« irresponsable » pour avoir proposé la dissolution. Ils estiment que sa décision offre une opportunité aux électeurs de « mieux connaître et juger » les programmes politiques, notamment celui du Rassemblement national.
D’autres pensent que le président de la République a tout à gagner avec cette dissolution, soit en mobilisant un vote massif contre le RN, soit en exposant les faiblesses de Jordan Bardella s’il accède au pouvoir. Cette stratégie serait « bénéfique » pour Emmanuel Macron dans tous les cas jugent des auditeurs.
L’abstention oubliée
Dans leurs messages, des auditeurs s’étonnent du manque d’attention accordée à l’abstention lors des élections européennes. L’abstention de 48,6% est jugée significative mais semble largement ignorée par les journalistes et commentateurs sur les antennes, déplorent nos interlocuteurs. Ils regrettent l’absence d’analyses approfondies, non seulement sur les raisons de cette abstention mais également sur son impact sur les résultats électoraux. Globalement les auditeurs considèrent que l’abstention reflète l’échec de l’ensemble de la classe politique.
Des auditeurs suggèrent de reconnaître le vote blanc comme un suffrage exprimé, afin d’influencer le taux de participation et de donner une alternative pour ceux qui votent par dépit.
Le manque d’analyse des programmes
Des auditeurs regrettent que les journaux ou les émissions se concentrent trop sur les sondages d’intentions de vote au détriment des comparaisons de programmes, ce qui, selon eux, ne favorise ni la réflexion ni le jugement éclairé. Certains auditeurs appellent les journalistes à interroger les acteurs politiques sur le fond de leurs programmes plutôt que d’insister sur les querelles personnelles et les guerres internes des partis : « évitez les questions polémiques ou simplistes qui nuisent à la compréhension des enjeux ».
Ils déplorent également que les interviews politiques ne fournissent pas assez d’informations substantielles aux électeurs, ce qui pourrait expliquer le désintérêt pour la politique et l’abstention.
Le temps de parole du Rassemblement national
Les messages traduisent également un sentiment de partialité dans le traitement médiatique, avec une attention jugée disproportionnée portée au Rassemblement national, « vous en parlez trop », comparé à d’autres formations politiques comme La France Insoumise. Certains auditeurs estiment que cette approche influence négativement le débat public et encourage la polarisation politique.
Ceux qui reprochent aux rédactions une couverture disproportionnée du Rassemblement national et de son président, Jordan Bardella estiment que cette « surexposition » contribue à la montée de l’extrême droite en France.
Concernant France Inter, ils se demandent même si les journalistes, en répétant au fil des semaines, le nom de Jordan Bardella, n’ont pas influencé les résultats des élections européennes… Des auditeurs, fidèles de longue date, expriment leur consternation de voir « leur antenne » donner autant de visibilité au RN, estimant que cela banalise ses idées. Ils appellent à un traitement plus équilibré de toutes les formations politiques et soulignent les dangers de favoriser les discours extrêmes.
S’il nous apparait important de relayer les critiques de ces auditeurs, il est tout aussi nécessaire de souligner ici qu’il existe une confusion fréquente concernant le lien entre le temps de parole accordé à un candidat et ses résultats électoraux. La « performance » du RN aux élections européennes n’est pas corrélée au temps d’antenne qui lui a été attribué sur France Inter.
Il est utile de rappeler que France Inter et toutes les chaînes de Radio France, ont simplement appliqué les règles établies par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), à lire ici.
Les rédactions ont eu pour obligation de respecter ces règles afin de garantir une couverture équitable et équilibrée de la campagne électorale. Le temps de parole attribué à chaque parti a été calculé en fonction de critères objectifs et transparents, visant à assurer une représentation démocratique et pluraliste dans le paysage médiatique.
Nous comprenons les inquiétudes exprimées par certains auditeurs quant à la perception de partialité médiatique. Il s’agit là d’un ressenti. Les auditeurs ne doivent jamais douter que les chaînes se conforment strictement aux règles en vigueur pour informer de manière complète sur les événements politiques. Le non-respect de ces règles entraînant successivement une alerte, une mise en garde, une mise en demeure et potentiellement des sanctions financières et suspension d’antenne.
Profonde désillusion envers la classe politique
Les messages expriment une profonde désillusion envers la classe politique, accusée de ne pas faire preuve de responsabilité dans la crise actuelle. Les personnalités politiques invitées aux débats sont critiquées pour leur manque de remise en question et leur incapacité à s’attaquer aux véritables problèmes, préférant des querelles superficielles et défendant leurs partis et égos plutôt que les intérêts des citoyens.
Les socialistes, La France Insoumise et Les Républicains sont pointés du doigt pour leurs actions passées ayant contribué à la situation actuelle. La majorité présidentielle, en particulier Emmanuel Macron, est tenue responsable de la montée du Rassemblement national, accusée d’avoir banalisé ce parti et mis en œuvre des « politiques ultra-libérales » ayant conduit à « un sentiment de déclassement et de crise sociale ». Le manque de véritable débat politique et la fragmentation des partis traditionnels sont vus comme des facteurs qui ont laissé la voie libre au RN.
Les auditeurs expriment également un « ras-le-bol » des tactiques politiciennes. Certains témoignent d’une frustration profonde et d’un désir de changement radical, ils indiquent qu’ils ne feront plus barrage à l’extrême droite au second tour des législatives. Les « réformes antisociales » d’Emmanuel Macron, son traitement des manifestants, et son attitude perçue comme « méprisante » sont mentionnés comme « exacerbant le soutien au RN », ressenti comme une illusion de protection contre sa politique.
Demain dans le rendez-vous de la médiatrice sur Franceinfo à 13h20 et 16h20, nous reviendrons sur le traitement éditorial de toute cette actualité politique avec Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo.
Le licenciement de Guillaume Meurice
Les auditeurs sont nombreux à avoir écrit au service de la médiation pour exprimer leur incompréhension à la suite de l’annonce du licenciement de Guillaume Meurice, la plupart ne comprenant pas les raisons qui ont conduit à cette décision.
Afin de les éclairer, la lettre adressée mardi matin par Sibyle Veil, présidente de Radio France, aux salariés de France Inter est publiée ici pour clarifier les circonstances entourant cette décision.
Suppression de l’émission « Les mots du soir » sur France Bleu
Les auditeurs expriment une grande déception face à la suppression de l’émission « Les mots du soir » animée par Johann Roques sur France Bleu. Ils soulignent l’importance de ce programme qui promeut l’écoute, la bienveillance, l’entraide et la transmission d’expériences, des valeurs jugées essentielles pour créer du lien social, notamment auprès des personnes âgées et isolées. La décision de mettre fin à cette émission est perçue comme contradictoire avec les valeurs affichées par France Bleu et suscite une réelle incompréhension chez les auditeurs fidèles.
La direction de France Bleu indique qu’elle a pris la décision d’arrêter « Les mots du soir » pour “redistribuer les moyens et les forces sur d’autres émissions”. France Bleu continue de valoriser la proximité, l’humanisme et le lien social que « Les mots du soir » incarnaient, tout en explorant de nouvelles formes de contenu, pour rester au service de sa mission de service public.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France