La climatologue Valérie Masson-Delmotte était au micro du Grand entretien sur France Inter le 6 septembre dernier. Invitée lors du séminaire de rentrée organisé à l’Elysée, la climatologue a exposé aux ministres les enjeux du changement climatique pendant deux heures. A l’antenne, l’experte a évoqué l’intérêt de former les politiques et les citoyens. Un constat partagé de l’autre côté du poste puisque, depuis peu, des auditeurs réclament que les journalistes soient formés sur les questions climatiques et scientifiques, jugeant que les lacunes, les approximations et les erreurs commencent véritablement à s’entendre dans des flashs, des journaux, des reportages ou lors d’émissions où les invités peuvent tout exprimer (chiffres, données, prospectives, historique) et dérouler un argumentaire sans crainte d’être contredits par des journalistes insuffisamment au fait de ces questions.
Cette requête des auditeurs est sans précédent. Au cours des années et des mois passés, nous n’avons jamais été destinataires de courriels évoquant le déficit de connaissances des journalistes en matière d’environnement, de biodiversité, d’énergie ou du climat. Ce fait nouveau dans les thématiques reçues au service de la médiation coïncide avec le lancement en cette rentrée du plus grand plan de formation de l’histoire de Radio France à destination de ses journalistes, de ses producteurs, de ses animateurs et des équipes de production sur les questions climatiques et scientifiques. “Nous changeons de philosophie”, indique le Manifeste de Radio France, “l’environnement et la science ne seront pas l’affaire des seuls journalistes spécialisés, ils constitueront le socle de connaissances indispensables mobilisables par toutes nos équipes éditoriales.”

Je suis un peu remontée ce matin en écoutant vos questions à la climatologue. En tant que média et journalistes, il faudrait effectivement vous former pour parler et expliquer correctement aux gens qui vous écoutent le réchauffement climatique et de la perte de la biodiversité. Vous posez les mêmes questions en boucle…. comme si rien n’était imprimé. On dit depuis des lustres ce qu’il faut faire pour lutter contre ce changement dû aux habitudes de vie typiquement occidentales imposées, encouragées et même rendues indispensables par des mécanismes de satisfaction-récompenses à court terme. Comme cette experte l’a dit, il faut aller vous former scientifiquement. Vous êtes beaucoup plus à l’aise sur la politique politicienne que sur les sujets fondamentaux relatifs à la vie, à la nature, à se nourrir, le fonctionnement d’un écosystème, la santé (c’était très visible pendant la crise covid).
Savez-vous ce qu’est un écosystème ? que veut-dire le stockage du carbone concrètement ? savez-vous ce qu’est un étiage pour une rivière ? Savez-vous comment vit un arbre ? etc ….tout ce qu’autrefois les gens connaissaient et qu’on appelait le bon sens. Autre chose, savez-vous que beaucoup de gens en milieu rural font encore leur jardin ? savez-vous qu’on peut faire des conserves ? et c’est pas ringard. Quand vous invitez Bruno Retailleau, Rachida Dati, par exemple vous leur posez des questions politiciennes qui n’intéressent pas le dizième des gens qui vous écoutent, aucune question de fond pour que ces gens nous montrent vraiment ce qu’ils savent faire. Les journalistes sont responsables collectivement avec les politiques de ne pas avoir écouter ce que les scientifiques disent depuis 40-30 ans. Les candidats écologistes sont moqués, caricaturés et comme ce ne sont que les bons mots qui restent et bien les gens ne savent même pas ce que c’est que l’écologie, et qu’avant tout c’est une science qui s’enseigne. Ici pour le changement climatique et les pistes de sobriété, vous entendre dire « Comment les français vont vivre à 19°C cet hiver ? Débrancher la wifi ?” montre que vous êtes assez « déconnectés du monde ». C’est assez indécent, pour celles et ceux qui en France ne peuvent se chauffer et n’ont pas internet. Et c’est surtout montrer que vous n’avez peut-être jamais eu à vous serrez la ceinture dans votre vie. Vous n’avez pas parlé avec vos grands-parents qui ont souffert la faim, le froid pendant la guerre ? je pense qu’ici on en est très loin avec 19°C dans le salon. On est un peuple de privilégiés qui se plaint quand on doit rouler à 80km/h avec son gros SUV et j’en passe …. franchement il est là le problème. Alors il faut arrêter de plaindre les Français car les plus pauvres on ne les entend pas. merci quand même pour émission que j’écoute tous les matins, même si je râle parfois.

A la réécoute de l’interview du ministre Clément Beaune, je dois dire que j’ai été vraiment déçu par le manque total de connaissance sur le domaine de l’environnement dont ont fait preuve l’équipe d’intervieweurs. Le ministre a été capable de dérouler ses « actions » et déminer 2/3 polémiques à la noix type Mbappé etc…
Par contre sur le fond rien… un été historique de sécheresse/incendie/canicule ? La grêle, les inondations et les rapports du GIEC ? Rien. Pas une once de maîtrise sur le sujet de l’énergie, il annonce tranquillement la passage et l’encouragement à aller vers la voiture électrique seul petit hic : 1°) c’est insoutenable électriquement on a déjà un gros souci de production (et avec les sècheresses d’été ça va être de pire en pire…) donc rationnement tout ça et on amplifie par 10 notre consommation d’électricité, je ne parle même pas de la 5G… 2°) qui dit électricité dit batterie, vous faites comment pour avoir des métaux rares en quantité suffisante, dans un contexte de guerre, sans produire 10X plus d’énergie grise ? Aujourd’hui des tas de constructeurs type Porsche et autre, font de la micro-hybridation pour avoir l’étiquette verte et les bonus etc…. le tout dans un véhicule qui consomme 15L au 100km …. Bref en 5mn il y avait moyen de démonter l’intégralité des inepties de langues de bois, et d’inconséquence de ce monsieur sur le sujet… ces gens sont inconscients des dangers qui nous guettent collectivement et vous leur demandez s’ils condamnent Mbappé… franchement ce n’est pas au niveau de journalisme qu’on peut attendre.

Lors du 7/9 de ce matin, Hugo Clément a indiqué vers 7h20 que l’élevage en France était majoritairement intensif (95% des porcs et volailles consommées) et que cela posait de graves problèmes environnementaux (consommation de céréales et d’eau, perte de biodiversité, mal être animal, pollution…). A 8h30, Gérard Larcher, indique que la viande n’est pas un grand mal écologique comparé aux transports (ce à quoi votre journaliste a rétorqué qu’il s’agissait d’un problème « très significatif ».). Je vois deux problèmes à cela. En premier, le manque de connaissances. (…) La donnée de 14,5% de responsabilité d’émission de gaz à effet de serre par l’élevage aurait permis de retourner l’argument de M.Larcher. La session de sensibilisation écologique qui sera donnée aux journalistes de France Inter devrait, je l’espère, combler cette lacune. Ensuite, l’absence de réponse sur l’argument des moutons, qui relève d’une image d’Epinal d’une France conservatrice qui ferme les yeux sur l’élevage intensif et nous ferait croire que les cochons (48% de la viande consommée) courent exclusivement dans les bois, laisse penser qu’il y a deux vérités : celle de 7h20 et celle de 8h30, sans que les arguments détaillés et chiffrés de l’invité de 7h20 soit opposés à celui qui passe une heure après sur la même radio. Est-ce par manque de temps ? Si oui, il convient qu’à une heure de grande écoute les sujets cruciaux de notre société soit débattus sur le fond. J’espère là encore que la session de sensibilisation jouera son rôle. Il ne s’agit pas de faire des journalistes des représentants d’EELV, mais de ne pas laisser passer des énormités environnementales de nos jours, chose qu’ils ne laisseraient pas passer sur d’autres sujets de notre époque (égalité femmes/hommes, racisme, discriminations,). Merci à vous pour le développement de cette sensibilisation à Radio France, en espérant que ces lacunes soient bientôt du passé.

Ce matin à 7:20, Hugo Clément nous informe de la réalité de l’élevage en France : 50 % de la viande provient de cochons élevés à 95% en usine. A 8:40, Gérard Larcher nous dit “les éleveurs, c’est le paysage, les moutons dans la montagne”
Aucune réaction ou presque alors vous aviez la possibilité de contrer G Larcher si facilement en le mettant face à la vérité. Chers journalistes, travaillez un peu vos chiffres sur l’environnement, faites-vous aussi la formation du GIEC, le sujet est trop grave pour que vous ne soyez pas intransigeants et ne colliez pas au mur instantanément vos interlocuteurs qui disent des énormités monstrueuses !
Allez, courage, on compte sur vous.

Oui à une formation à l’écologie pour les journalistes. Ça changerait peut-être le ton naïf adopté sur ces questions. Par exemple, se chauffer à 19 degrés est présenté comme un effort important. Les bras m’en tombent. 19 degrés, ça permet des économies notables, mais on ne grelotte pas dans son salon. C’est BANAL, ce n’est rien à faire. Mettre un pull. Quel avantage d’être en T-shirt chez soi au mois de décembre ? Vous disposez d’un auditoire très large. Vous pourriez peut-être l’utiliser pour aider les auditeurs à retrouver le sens des réalités. Ceux qui en ont besoin. Je me demande quelle proportion de vos auditeurs est bien plus avancée que vous sur ces questions.
Pour cela, il vous faudrait être formés au mieux, et travailler sur le sous-texte de vos formulations.

Est-ce qu’un jour vous aurez la curiosité (votre métier à la base) de vous intéresser aux questions littéralement essentielles de l’environnement et du climat ? 🙂 Maigre consolation, seuls quelques journalistes de la presse écrite ont pris la mesure du « sujet « . Même les politiciens prennent des cours de rattrapage, mieux vaut tard que jamais.
Je m’étrangle, je râle, je désespère.

Ce matin dans le journal
« Le Piana un ferry qui ne pollue pas » « zéro émissions » « voilà qui intéressera la climatologue du GIEC Valérie Masson-Delmotte » « une excellente nouvelle pour les défenseurs du climat ».
Mesdames et Messieurs les journalistes de Radio France il devient urgent que vous vous formiez au sujet énergie / climat pour éviter de dire des bêtises à des millions de personnes.
Les filtres à particules de ce ferry ne filtrent pas le dioxyde de carbone (CO2) ! Donc ce ferry émet du CO2 comme tous les autres ferries !
Vous devriez savoir que 1 kg de carburant brûlé (essence, diesel, fioul, kérosène) c’est environ 3 kg de CO2 émis dans l’atmosphère.
Imaginez donc si ce ferry pendant sa navigation devait stocker 3 fois le poids de son carburant en CO2… D’autant que le CO2 est un gaz et prend donc beaucoup plus de place de stockage qu’un carburant liquide, il lui faudrait des réservoirs spécifiques pour accueillir ce gaz. Puis une fois arrivé à destination que ferait-il des tonnes de CO2 qu’il a produit ?!.. Pour le moment c’est bien plus simple de prendre l’atmosphère pour une poubelle à CO2 !
Climat / énergie va devenir un sujet grandissant.
Donc formez-vous, formez-vous, formez-vous SVP !!!

On entend de façon automatique sur l’ antenne de France-info : « les sécheresses qui vont augmenter avec le réchauffement climatique ». Cette affirmation maintes fois répétée est peut-être instinctive mais elle est totalement fausse physiquement. Le réchauffement climatique s’accompagne d’une accélération du cycle de l’eau : davantage d’évaporation sur les océans, plus de précipitations sur les terres. Une sécheresse résulte au contraire d’un manque de précipitations depuis plusieurs mois. Elle est donc théoriquement plutôt la conséquence d’un refroidissement. Concernant la sécheresse de cet été en France, c’est plus complexe car il n’y a pas encore de refroidissement global, bien que la température de la planète soit stable depuis 2016, et même en légère baisse. L’écart de température terres-océans par rapport à la moyenne 1910-2000 est passé de 1,05°C en 2016 à 0,87°C en 2022 (au passage il n’y a plus « d’urgence climatique », expression que l’on entend aussi répétée à l’envi…) . Voir la NOAA, administration US : Le climat en un coup d’œil | Centres nationaux d’information environnementale (NCEI) (noaa.gov)https://www.ncei.noaa.gov/access/monitoring/climate-at-a-glance/global/time-series/globe/land_ocean/12/7/2016-2022?trend=true&trend_base=10&begtrendyear=2016&endtrendyear=2022
Les faibles précipitations de ces derniers mois viennent surtout d’une faible activité solaire, principal paramètre dans l’évaporation des océans. En effet nous venons de traverser un minimum solaire qui s’inscrit entre le cycle 24 et le cycle 25, et même si la remontée d’activité du cycle 25 semble rapide, elle reste faible en valeur absolue comparée aux cycles 21 22 23. On peut comparer en déplaçant le curseur sur les années situées sous le graphique, voir ci dessous : | de progression du cycle solaire NOAA / NWS Centre de prévision de la météorologie spatiale https://www.swpc.noaa.gov/products/solar-cycle-progression. Je me permets donc de contester des phrases répétitives toutes faites telles que « l’urgence climatique », c’est un peu plus subtil que ça de nos jours, ou « les sécheresses conséquences du réchauffement climatique », c’est sans rapport. Est-il possible que les journalistes scientifiques de vos antennes soient un peu plus prudents et précis dans leurs affirmations ? Plus généralement sur les questions climatiques il convient d’être attentif aux paramètres qui président aux changements. En particulier est vrai que nous sommes parvenus à bien modéliser l’effet de serre, citons par exemple le CEA/DRF/LSCE, sauf que l’effet de serre n’est pas le seul paramètre. Bien au contraire il est très marginal dans les paramètres qui influent sur le climat, loin derrière la position de la Terre par rapport au soleil et l’activité solaire cyclique.