Dans votre journal : Samuel Paty aurait été assassiné après « un cours sur les caricatures de Mahomet » sic ! Non Samuel Paty n’avait pas à faire et n’a pas fait un cours « sur les caricatures de Mahomet ». Il a fait, comme c’était son devoir, un cours « sur la liberté d’expression » illustré NOTAMMENT par des caricatures DONT UNE évoquant Mahomet.
Le raccourci proféré sur une antenne nationale correspond très exactement à la fable victimaire d’une islamophobie d’Etat dont font leur miel deux courants : le terrorisme jihadiste et l’islamisme antirépublicain. Or c’est précisément la jonction de ces deux courants qui est à l’origine de l’assassinat de Samuel Paty. Comment des personnes censées être journalistes sur le service public qui plus est, ont-elles pu écrire et dire à l’antenne une telle énormité sans se rendre compte du poids de leurs mots ? Merci de votre attention.
Je voudrais donner la précision juridique suivante : Seules “les caricatures danoises” ont été appréciées par la justice. Je vais donc évoquer la vision judiciaire des caricatures, et spécialement telle qu’elle fut bâtie par le tribunal de grande instance de Paris à propos des caricatures publiées par Charlie Hebdo le 8 février 2006. Il s’agissait des caricatures dites « danoises » et en conséquence pas de celle « très trash » présentée aux élèves de 4ème, laquelle a été publiée le 19 septembre 2012 dans « Charlie Hebdo », dessinée par le caricaturiste Charb, assassiné le 7 janvier 2015. Le tribunal de grande instance de Paris a rendu un jugement le 22 mars 2007, confirmé par un arrêt du 12 mars 2008 de la Cour d’appel de Paris allant dans le sens suivant : « Charlie Hebdo » en la personne de son directeur Philippe Val était poursuivi sur plainte avec constitution de partie civile (notamment de l’UOIF) pour injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur religion ou de leur origine par parole écrit, image ou moyen audiovisuel. Il a été statué ainsi : « …Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures, que nul n’est obligé d’acheter ou de lire (…) ; le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté d’expression et de communication des pensées et des opinions (…) ; ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie Hebdo apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d’offenser directement et gratuitement l’ensemble des musulmans ; les limites admissibles de la liberté d’expression n’ont donc pas été dépassées. » Et dans le contexte de la publication, le tribunal incluait la thématique générale du journal contenant les caricatures qui pouvait être regardée « comme participant à la réflexion dans le cadre d’un débat d’idées sur les dérives de certains tenants d’un islam intégriste ayant donné lieu à des débordements violents ». Tout porte à croire que si ces caricatures avaient été incluses dans un journal dont la thématique avait été axée non pas sur l’islamisme et sa déformation meurtrière mais sur l’islam en tant que tel et ses croyants, les juges n’auraient pas apprécié pareillement les caricatures. La cour d’appel dans son arrêt –décision définitive- souligne que les caricatures visant clairement une fraction et non l’ensemble de la communauté musulmane ne constituait pas une injure personnelle et directe contre un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse et ne dépassait pas la limite admissible de la liberté d’expression. Et l’on voit que ces caricatures ne sont pas l’étendard français de la liberté d’expression et que le tribunal ne reconnaissait pas ainsi le « droit au blasphème », expression couramment employée mais dénuée de sens juridique puisque, le blasphème n’existe plus dans notre droit depuis la loi du 29 juillet 1881 Quant à la caricature, présentée par Samuel Paty aux élèves de 4ème elle dessine, avec la légende « Mahomet : une étoile est née », le prophète nu dans une posture osée, à quatre pattes, son sexe pendant, une goutte s’en échappant avec une étoile jaune plaquée sur ses fesses. Cette caricature fut attaquée en justice pour « incitation à la haine raciale » mais une irrégularité de procédure fit que l’action fut déclarée irrecevable. Du fait de l’application de la loi sur la presse, cette caricature est ainsi inattaquable en justice. Mais bien sûr le débat d’idées est toujours possible. Personnellement, je partage le point de vue de William Marx, professeur au Collège de France, qui estime, dans Le Monde du 2 novembre 2020, que]. « Comme le comique et l’ironie, la caricature n’est compréhensible que dans le cadre d’une communauté qui en partage les codes symboliques et les attendus idéologiques. » En dehors de ce cadre, elle est « nécessairement déplacée, voire offensante et agressive » : elle doit donc être réservée aux musées, aux galeries, aux bibliothèques, aux journaux et aux livres ». Les attentats ont sacralisé toutes les caricatures sans distinction. Or la liberté de publier des caricatures n’est pas la quintessence de la liberté d’expression, elle en est seulement une modalité. On est libre de ne pas aimer les caricatures, ou de ne pas les aimer toutes sans pour autant se mettre en retrait des valeurs républicaines. L’humour est le sel de la vie et de la mort mais chacun est libre de préférer la fadeur sans bien sûr empêcher les autres de ne pas partager leur goût. On est même libre de s’indigner du caractère offensant de certaines caricatures sans être accusé de haïr la République. Les caricatures de Mahomet comme celles du Christ ne sont pas l’alpha et l’oméga de la liberté d’expression. Ainsi, à mon sens, c’est à tort que ces caricatures sont apparemment une référence obligée pour qui veut parler de liberté d’expression, y compris dans un cadre scolaire. Et allez faire comprendre- surtout à des enfants-, que le « blasphème » est permis sans risquer des poursuites alors qu’injurier des personnes en raison de leurs croyances religieuses ne l’est pas. Je précise que je suis fille d’instituteurs de la République, eux-mêmes fils et fille d’ouvriers paysans migrants de l’intérieur ; ils avaient pu franchir une première marche de l’ascenseur social grâce aux « hussards noirs de la République » dont est la figure emblématique Monsieur Germain, l’instituteur qui permit à Albert Camus, enfant d’une famille pauvre et illettrée, de devenir un futur prix Nobel. Ainsi, je suis tombée toute petite dans la marmite de la laïcité (une conception ouverte de la laïcité) et de l’attachement au système scolaire public de mon pays (ce qui n’éteint nullement mon esprit critique vis à vis de celui-ci). Je suis, en outre, sœur et belle-sœur de trois professeurs de l’enseignement secondaire. Alors plus que personne, j’ai été profonde émue et je le reste après cet assassinat barbare. Samuel Paty est un martyr.
Le journaliste a dit en parlant de Samuel Paty : “son crime a été de montrer des caricatures”. Le mot crime est à mon sens plus qu’inapproprié. Il sous-entend que Samuel Paty aurait commis une erreur pénalement répréhensible et que son assassin aurait rendu justice. Un individu radicalisé a assassiné un professeur ayant fait son travail d’enrichissement et d’éveil des consciences. Enseigner n’est pas un crime. La présentation des faits ne doit pas se satisfaire de raccourci linguistique trop imprécis. Merci de veiller à la justesse des faits dans vos résumés.
A propos des commémorations de l’assassinat de Samuel Paty, j’entends aujourd’hui votre journaliste du matin parler du « prophète » Mahomet. Comme l’écrit Wikipédia, « Les musulmans le considèrent comme un prophète ». En revanche, sur une radio du service public, la neutralité voudrait qu’on se cantonne au personnage historique et qu’on parle simplement des caricatures de Mahomet.
Je vous exprime ma totale réprobation sur la façon inacceptable qu’ont certains journalistes de parler de Monsieur Samuel Paty en disant « Le Prof ».
Il s’agit d’un manque de respect qui déshonore la profession de celles et ceux qui ont en charge notre information.
Il va de soi que ma remarque concerne tous les enseignants qui ont droit à ce vulgaire raccourci de la part de certains journalistes.
Que dirait-on si on nommait « toubibs » les Médecins, « troufions » les Militaires ?
Je viens d’écouter votre émission sur le respect de la laïcité dans nos écoles. Le problème vient du fait que l’Islam (et on ne parle pas du catholicisme, du protestantisme, du judaïsme etc..) n’est pas compatible avec nos valeurs sociétales. Vous, médias, fermez les yeux sur ce fait depuis 40 ans. Vous êtes donc complice et coupable de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Et comme l’a dit la dame sur votre radio que vous interviewez, M. Samuel PATY s’il n’avait pas été victime de ce crime odieux, aurait été sanctionné par sa hiérarchie. C’est ce que l’on appelle la politique de l’Autruche et votre aveuglement, votre refus de voir nous conduit à une situation bien pire…
Bonjour chers journalistes,
Je vous remercie pour votre travail sur cette radio publique qui m’est si chère.
Concernant le journal d’information, je dois cependant vous faire part de mon indignation lorsque qu’à chaque journal, l’assassinat de Samuel Paty est relaté d’une façon très choquante à savoir : « professeur assassiné pour avoir montré les caricatures du prophète ». Ce valeureux professeur a été « assassiné pour avoir fait son travail, à savoir un cours sur la liberté d’expression en utilisant des caricatures comme support pédagogique… ». Cette phrase relaterait la réalité des faits et prendrait une valeur pédagogique fondamentale pour notre démocratie.
A propos de l’hommage à Samuel Paty, pourrait-on parler de Didier Lemaire ? D’une part une commémoration, d’autre part un livre qui vient de paraître, « Lettre d’un hussard de la République ». Que vous faut-il de plus pour aborder le sujet de l’islamisme dans certains « territoires de la République ». A trop vouloir éviter de faire le jeu de l’extrême-droite en évitant de traiter franchement ce sujet, Radio France laisse un boulevard aux représentants de la droite extrême. Mauvais calcul !
Une émission à la sauce habituelle de la bien pensance. A ne pas nommer vraiment les choses notre république se meurt. Vous parlez de laïcité alors qu’elle n’est en rien un problème, vous parlez de religions au pluriel alors qu’une seule fait problème : L’Islam, ce faisant vous donnez des gages à Zemmour, Le Pen et consorts. Notre république sera intransigeante et terrible avec ses ennemis où elle ne sera plus. J’entends que votre travail de journaliste doit être neutre, bienveillant mais pour quelques crétins et leurs familles vous stigmatisez toute une communauté et ne l’incitez pas à se poser les bonnes questions.
Remarque de ma femme prof de lettres à l’écoute des titres concernant Samuel Paty « assassiné pour avoir présenté des caricatures de Mahomet ». Elle me fait remarquer qu’il a été assassiné pour avoir fait son métier d’enseignant. Parler des caricatures de Mahomet, ce serait faire le jeu des islamistes.
Pourriez-vous respecter la laïcité et cesser de parler du « prophète Mahomet » ? En effet, pour la majorité des auditeurs, Mahomet n’est pas un prophète. Aussi il conviendra de parler soit de « Mahomet » soit » Du prophète de l’islam, Mahomet ». A moins bien sûr que votre radio soit orientée religieusement ?