1. L’incarcération de Nicolas Sarkozy : 
– La condamnation
– « Vous en parlez trop »
– Un traitement compatissant ?
2. Le cambriolage au Louvre
3. Les turpitudes de Shein
4. La campagne publicitaire Airbnb
5. L’optimisme du politologue Brice Teinturier
6. L’appellation « Première dame »
7. L’erreur sur le passage à l’heure d’hiver
8. LSD : « Le monde après le spécisme » sur France Culture
9. « Mon petit France Inter » : 
– Une programmation musicale jugée inappropriée
– Remarques diverses
10. Les rires dans la Grande matinale de France Inter
11. Langue française

L’incarcération de Nicolas Sarkozy 

La cour d’appel de Paris examinera ce lundi 10 novembre la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy, incarcéré à la suite de sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen. La décision devrait être rendue dans la journée ce qui donnerait lieu à une libération dans la foulée de l’ex-chef de l’Etat en cas de feu vert de la justice.  

Rappelons que le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné à cinq ans de prison et reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs rencontrer à Tripoli un dignitaire du pouvoir de Mouammar Kadhafi pour discuter d’un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.  
Nicolas Sarkozy a fait appel et un nouveau procès devrait se tenir à partir de mars. Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison qui a suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la « gravité exceptionnelle » des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par « la haine ».  

Depuis son incarcération à la prison de la Santé le 21 octobre dernier, nous recevons un courrier très abondant sur le traitement éditorial de cette détention inédite dans l’histoire de la République. Dans l’ensemble, les auditeurs regrettent un traitement « compassionnel » et « sensationnaliste » de l’incarcération de Nicolas Sarkozy. Ils reprochent aux antennes d’avoir « privilégié l’émotion » et la mise en récit avec les adieux à la famille, le bain de foule, les détails du quotidien en prison, jusqu’aux achats et au ménage de la cellule. Cette exposition de l’intime a suscité une réelle exaspération. De nombreux auditeurs dénoncent une « surmédiatisation » dans les journaux et revues de presse, parfois pendant de longues minutes, avec un focus jugé disproportionné précisément sur les conditions de sa détention.  

Le vocabulaire employé, « journée historique » (lors de l’incarcération), Gérald Darmanin « au chevet » de Nicolas Sarkozy, est également pointé comme biaisé, entretenant une compassion implicite et un narratif d’innocence, contraire à la neutralité attendue du service public.  

L’impression que la parole était majoritairement donnée à ses défenseurs, installant l’idée d’une « injustice », revient fréquemment dans les messages avec des critiques sur des invités perçus comme peu pertinents, notamment Pierre Botton, et des questions « people », qui banalisent l’enjeu judiciaire et brouillent la hiérarchie de l’information. Le tout au détriment d’un rappel rigoureux et sobre des faits, estiment des auditeurs. Beaucoup regrettent cet excès de réactions politiques alors que, selon eux, une majorité de Français seraient « indifférents » ou « favorables » à l’exécution de la peine, et que l’égalité devant la loi devrait primer.  

Des auditeurs auraient souhaité que les rédactions « prennent davantage de hauteur » en documentant cette décision de justice peu compréhensible du fait de la complexité des rouages du système judiciaire, et expliquent les éléments du dossier en rappelant le contexte de l’attentat contre le DC-10 d’UTA en 1989 qui avait fait 170 morts, attentat terroriste fréquemment évoqué dans les messages.  

Le cambriolage au Louvre 

La couverture du cambriolage au Louvre est jugée « surdimensionnée », au point d’éclipser le reste de l’actualité et d’enfermer les journaux dans une logique de « monoactualité ». Au-delà de la saturation, des auditeurs pointent des imprécisions de langage « braquage », « larcin » qui ne correspondent pas à ce qui s’est produit au Louvre. Ils rappellent qu’un cambriolage commis sans arme ni menace n’est pas un « braquage » et qu’un « larcin » est un petit vol sans effraction et de faible valeur. Les auditeurs considèrent que les journalistes du service public doivent utiliser un lexique précis.  

Plusieurs messages reprochent aussi une « focalisation sur la valeur des bijoux » ou leur dimension symbolique au détriment d’angles plus substantiels, comme la grève antérieure des salariés du Louvre sur la sécurité, la chaîne des responsabilités et l’importance réelle de l’événement perçu par beaucoup comme un « fait divers parmi d’autres », très loin de leurs « préoccupations quotidiennes ». S’y ajoute une critique d’un « prisme parisien » qui nourrirait l’idée d’un « récit gonflé à l’émotion » du fait de la proximité géographique des journalistes avec le Louvre. 

Changement d’heure : l’erreur qui a fait réagir les auditeurs 

En écoutant un journal sur France Inter, les auditeurs ont appris que le passage à l’heure d’hiver leur ferait « perdre une heure de lumière » (sic) ! Ils se sont donc empressés d’écrire pour rappeler quelques principes élémentaires : la durée d’ensoleillement dépend des saisons, de l’inclinaison de l’axe terrestre et de la position dans l’année, pas des horloges. Le changement d’heure ne fait que déplacer la lumière vers le matin, ce qui profite à de nombreux actifs et travailleurs en extérieur. Plusieurs auditeurs regrettent qu’à chaque changement d’heure, ce sujet soit traité sans précision scientifique et contestent des formules entendues à chaque fois et  présentées comme des évidences du type  « on dormira une heure de plus » qui relèvent davantage du fait individuel que d’une information vérifiée. Ils critiquent une « dramatisation » autour de « l’état dépressif » que cela peut engendrer et de la luminothérapie, jugée infondée si elle est attribuée au seul décalage horaire. Ils invitent à sortir d’un « prisme trop citadin » et, une fois encore, « parisien » et à rappeler clairement les bases : en octobre les jours raccourcissent de quelques minutes par jour, l’heure d’hiver n’y est pour rien, et la « perte de lumière » du soir correspond symétriquement à un « gain » le matin. 

L’optimisme du politologue Brice Teinturier sur France Inter 

Les propos de Brice Teinturier sur France Inter, mardi, dans le Grand entretien ont été plébiscités par les auditeurs, heureux de cette rupture avec le ton anxiogène qu’ils perçoivent dans le traitement quotidien de l’actualité. L’intervention du politologue, jugée mesurée et fondée sur des données plutôt que sur des postures, est saluée comme une respiration bienvenue dans un paysage médiatique souvent dominé, selon eux, par le catastrophisme, les polémiques et la survalorisation du conflit. 

Ce que ces auditeurs mettent en lumière, c’est leur aspiration à une information capable de rendre compte des difficultés sans pour autant les présenter comme une fatalité. Ils regrettent un discours trop souvent focalisé sur les failles de la société française, et qui tendrait à entretenir une forme de morosité ambiante, voire de désengagement civique. À leurs yeux, France Inter, en tant que média de service public, a un rôle essentiel à jouer dans la diffusion d’une parole constructive et représentative de la réalité dans sa complexité : ni angélique ni désespérée. 

Des auditeurs rappellent aux journalistes leur responsabilité et leur influence : à force de privilégier les tensions, les médias contribuent, selon eux, à une vision biaisée du réel, à un sentiment d’épuisement généralisé, voire à une défiance accrue envers le débat public. L’intervention de Brice Teinturier, en ce sens, semble avoir ouvert une brèche, celle d’un autre ton, plus apaisé, qui ne nie pas les problèmes mais rappelle aussi la force des dynamiques positives. 

« Le monde après le spécisme » sur France Culture 

Diffusée dans LSD, « La Série Documentaire » sur France Culture, la série « Le monde après le spécisme » a été perçue comme un travail remarquable, tant sur le fond que sur la forme. Ce podcast est salué pour la « qualité de sa réalisation », la « rigueur du propos », la « diversité des intervenants », la richesse des approches mêlant réflexion philosophique, témoignages intimes et analyses politiques. « Le monde après le spécisme » met en lumière un sujet encore tabou : notre rapport aux animaux et les mécanismes d’oppression qui le sous-tendent. 

La série ne se contente pas d’informer, elle interroge, remue, bouscule les certitudes et engage à la réflexion. Pour certains, l’écoute a entraîné une remise en question immédiate de leurs habitudes alimentaires. Certains parlent d’un « véritable choc », d’autres d’un « travail salutaire » qui ouvre des perspectives de changement.  Loin d’un discours moralisateur, le documentaire ouvre des pistes de compréhension et fait ressentir l’urgence d’un débat souvent esquivé sur les conséquences concrètes du spécisme. 

Cette série est saluée pour « sa portée pédagogique », sa « capacité à toucher au-delà des seuls convaincus », « sa force », « sa justesse » et son « potentiel à faire évoluer les mentalités » sur un sujet largement marginalisé. 

« Mon petit France Inter » : une programmation musicale jugée inappropriée 

Depuis son lancement, Mon Petit France Inter a suscité l’adhésion de nombreux auditeurs réellement séduits par l’idée d’une radio pensée pour les enfants. Mais après quelques semaines d’écoute, certains s’interrogent sur la pertinence et la rigueur de la programmation musicale. L’enthousiasme initial laisse place à la perplexité, voire pour certains à l’inquiétude. Beaucoup demandent « à qui s’adresse précisément la chaîne ? », « quel est l’âge ciblé ? », et « selon quels critères sont choisis les titres ? » car, nous écrivent des parents, plusieurs chansons diffusées ou celle utilisée en habillage promotionnel comportent des « grossièretés », des « allusions sexuelles », des « références à l’alcool et à la prise de drogue » (citations en anglais explicites, titres d’Orelsan, extrait d’Angèle, etc.). Ces titres sont jugés « inappropriés » au regard du jeune public visé, et paraissent en contradiction avec la promesse éducative de la chaîne. Ces parents ne rejettent pas l’idée d’ouvrir leurs enfants à des esthétiques musicales variées, au contraire ils plébiscitent l’éclectisme (pop, world, classique, folk) à condition d’un « filtrage » attentif des paroles et donc une réelle « vigilance » dans le choix des morceaux.  
Toujours au sujet de la programmation musicale, certains regrettent qu’il y ait si peu d’artistes pour le « jeune public », alors même que des alternatives existent et pourraient enrichir la diversité de l’offre. Si les podcasts sont largement salués, notamment pour leur ton et leur adaptation à l’âge des enfants, la musique apparaît comme le « point faible » de la chaîne, qui gagnerait à être mieux ajustée au jeune public et aux attentes légitimes des familles. 

Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes